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mardi 21 juillet 2015

Retour à Berratham : Angelin Preljocaj/ Laurent Mauvignier

Retour à Berratham : Angelin Preljocaj source  L'express

Au moment où je cherche à rassembler mes idées pour parler du beau ballet-théâtre Retour a Berratham d'Angelin  Prejlocaj dans la cour d’Honneur d’après le texte  de Laurent Mauvignier, je lis le titre d’un journal : Le fiasco du Retour à Berratham ... Certes, il y a eu des sifflets et des mécontents comme d’habitude mais les applaudissements et les bravos étaient bien assez suffisants pour dominer et saluer comme il se doit ce spectacle à la fois émouvant et d’une grande recherche esthétique.

J’ai  entendu aussi une spectatrice parler de la « banalité affligeante »  du texte et, certes, c’est banal la guerre! Banale cette histoire qui peut se passer n’importe où, à n’importe quelle époque y compris la nôtre (témoin les évènements de janvier), banal la haine des hommes, leur intolérance, les hécatombes, les femmes violées, assassinées, les maisons détruites, la faim, la violence, les amoureux séparés et d’une banalité affligeante - et en tout cas qui m’afflige-  car c’est un sentiment de tristesse qui domine à la fin du spectacle au-delà de la beauté de la danse et des corps des danseurs et des danseuses, de la beauté des voix des narrateurs.  Et ces voix nous content le retour à Berratham de cet homme, qui revient d’exil après une guerre qui a ravagé son pays, pour retrouver Katja, la jeune fille qu’il a aimée jadis.
Il est vrai que j’ai eu un peu de mal, au début, à entrer dans la pièce car la part laissée à la danse ne me paraissait pas suffisante - j’étais venue voir un ballet- mais peu à peu les mots m’ont prise et je me suis laissée emporter par ce récit et par cette danse d’une grande beauté et qui colle aux mots, à la musique. Il y a des moment sublimes dans la chorégraphie comme celui où les femmes tuées par les soldats dansent ensemble comme si elles ne formaient plus qu’un seul corps, celui où Katja morte assassinée et violée est sortie de l’épave de la voiture par son amoureux et ne semble évoluer que par la volonté de son partenaire… Et c’est là que la cour d’Honneur rend toute sa magie, avec cette ouverture sur le ciel nocturne et cette grande étoile illuminée sur le mur de fond du palais. Le décor, ces grandes structures d’acier qui témoignent de l’après-guerre et de la misère, peut à la fois figurer des cages où les danseurs sont de grands oiseaux retenus prisonniers et les escaliers des maisons à moitié détruites par les bombes. Elles délimitent aussi une sorte de terrain vague jonché de voitures abandonnées où se réunissent les laissés pour compte, les héritiers haineux de la guerre engendrés par la violence et la destruction.
La troupe de danseurs d'Angelin Preljocaj est excellente et la qualité de leur danse n’est égale qu’à celle des voix et des sentiments qu’ils expriment. Un très beau spectacle!

8 commentaires:

  1. Avec des moments très émouvant !

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    1. Oui, cette chorégraphie était d'une grande beauté et en même temps elle exprimait bien toute l'horreur de la guerre.

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  2. J'ai entendu ces jours-ci sur France-Culture que Laurent Mauvignier trouvait lui-même que le texte était trop long et cherchait à la raccourcir. Il y avait aussi une interview intéressante de Preljocaj dans un récent Télérama.

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    1. Si le texte est raccourci pour donner plus de place à la danse, ce sera parfait.

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  3. j'attendais avec impatience ta critique/ Je ne loupe pas un spectacle de Prejlocaj quand il danse à Créteil (sa compagnie tout au moins).

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  4. Je l'aime beaucoup aussi! Et ses danseurs sont splendides.

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  5. Il y avait des moments de grande beauté, certes, mais le texte tuait la danse, et c'est vraiment dommage. la façon dont le texte était déclamé était assez pénible. Il y avait beaucoup de vent et on avait du mal à entendre. Je n'ai pas trouvé cela réussi. Malgré l'évidente recherche esthétique et la grande qualité du tout. J'aurais préféré qu'il n'y ait que la danse, car effectivement c'était bouleversant de force et de beauté.

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    1. J'ai eu un peu de mal à accepter le texte au début et puis je me suis laissé prendre et j'ai trouvé que les acteurs le disaient bien. Il n'y avait pas de vent ce soir-là et j'ai bien entendu. C'est vrai que la danse est d'une grande beauté.

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