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lundi 24 juillet 2017

La fille de Mars d'après le Penthésilée de Von Kleist Festival In d'Avignon

Achille et Penthésilée : la fille de Mars mise en scène de Jean-François Matignon
La fille de Mars d'après Penthésilée de Von Kleist

"Sur le plateau, Penthésilée l'Amazone apparaît. Elle raconte l'histoire. Celle qui a eu lieu, il y a longtemps, celle du siège de Troie. Elle y a combattu Achille qui a perdu la vie par amour pour elle, alors que la guerre ne devait engendrer que des captifs et des naissances. Penthésilée et Achille sont morts maintenant. C'est dans ce lieu, près des corps des amants, que celle qui revient d'après la catastrophe, raconte. Elle parle de l'histoire de son peuple depuis ses origines, de la loi des Amazones, des ultimes paroles d'Otréré, sa mère, de sa rencontre avec Achille, rencontre solaire sur le champ de bataille, et du bouleversement radical qui la saisit et l'entraîne loin de son devoir. Penthésilée se remémore « l'onde de choc », les corps engagés dans une guerre amoureuse, la terre brûlée, vibrante, zone de stridences et de crissements. Jusqu'au bout, par la force de la parole, elle rejouera la mise en scène de cet amour à mort, sous le regard de sa confidente et amie de toujours, Prothoé. La langue de Heinrich von Kleist, dans la traduction de Julien Gracq, fait revivre le chant désespéré de cette femme qui se déchire entre la culture qui l'a façonnée et la brûlure incandescente du premier homme".


Je ne connaissais qu'une pièce Le prince de Hombourg de Heinrich Von Kleist, écrivain romantique allemand, c'est pourquoi j'ai tenu à voir La fille de Mars que j'ai découverte pour la première fois dans la mise en scène de Jean-François Matignon.

 Sur le plateau des jeux de lumière, des clairs-obscurs, permettent au spectre de Penthésilée morte depuis longtemps de revenir des Enfers pour nous conter l'histoire : son amour fou pour Achille et sa condition de reine des Amazones. Elle se débat dans un conflit entre l'obéissance aux lois de son peuple dont elle est la représentante et la passion qu'elle éprouve pour le valeureux héros grec, Achille. Les filles de Mars sont vouées au dieu de la guerre, Mars, et ne doivent pas choisir leurs amants; elles doivent vaincre les hommes qu'elles attaquent, et se servir de leurs prisonniers comme reproducteurs, c'est tout. Sur les pans des murs écroulés d'un antique cité, défilent des images des fondatrices du peuple des Amazones. Mais le reste du plateau paraît bien encombré avec son arbre mort, ses fleurs, ses animaux empaillés.

Le metteur en scène a dédoublé le personnage de Penthésilée, celle qui est dans l'action n'est donc pas la même que celle qui raconte. Pourquoi pas? Une mise à distance entre le passé et le l'actualité du récit, une façon pour la Penthésilée disparue de faire revivre le présent. Mais il se trouve que la comédienne qui interprète la Penthésilée vivante est peu convaincante et j'ai trouvé, de plus, que l'acteur qui joue Achille, n'était pas à la hauteur et ne paraissait pas dans le coup.  Difficile alors d'apprécier la représentation.

La langue de cette pièce est recherchée mais paraît dépassée. Romantisme désuet ou ampoulé, peut-être ? La comédienne qui joue la Penthésilée morte a une très belle voix mais le texte sonne d'une manière grandiloquente ; on peut dire la même chose de celle qui raconte la fin terrible d'Achille, long récit qui narre la mise à mort du Héros comme dans une pièce classique. La pièce est longue, parfois redondante comme lorsqu'elle revient à deux reprises sur l'histoire des Amazones. Et surtout,  je ne me suis jamais sentie concernée par cette fille de Mars dont la passion dévorante et destructrice qui se poursuit en longs actes soporifiques ne m'a jamais touchée. Le débat qui l'agite est pourtant très courant dans la tragédie mais là je n'ai senti aucune empathie envers ses sentiments.  Le personnage est trop loin de nous, trop barbare, et m'a même été assez vite insupportable ! Je suis restée jusqu'au bout, ne voyant pas un moyen de m'échapper sans faire trop de bruit mais je me suis ennuyée !


 

6 commentaires:

  1. Oh zut mais ton analyse m'a permis de revivre ce bout de mythologie.

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    1. Euh! Oui, mais j'aurais préféré le lire plutôt que le voir !

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  2. tu avais raison d'être sceptique!

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  3. Dommage que ce soit raté cela m aurait tentée. L interprétation ou la pièce ?

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    1. La mise en scène, l'interprétation de certains comédiens et peut-être bien la pièce, oui. J'ai eu l'impression de ne pas être concernée, que la pièce avait vieilli.???

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