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samedi 12 août 2017

André Gardies, Jacques Mauduy : Je t'écris du Gévaudan, ma Lozère

Le Causse et la stippe pennée (source)
Retirée dans mes Cévennes natales, voici ce que je lis en ce moment : Je t'écris du Gévaudan, ma Lozère. Je rédigerai un billet sur ce livre qui se présente sous forme épistolaire quand je l'aurai terminé. En attendant voici  des extraits de la lettre 7 sur le Causse Méjean pas très loin de l'endroit où j'habite.

 Aujourd'hui, je t'écris de Hielzas sur la Causse Méjean.

"Ce qui me fascinait aussi c'était le paysage. Une immense steppe ondulée, grise en hiver, soyeuse, plus que verte au printemps, surmontée de croupes chauves. A l'assaut de ces versants doux, des murs, des murailles délimitaient d'immenses rectangles. J'y voyais volontiers d'anciennes fortifications, des enclos préhistoriques. Les chazelles, les capitelles couvertes de pierres m'attiraient : à l'intérieur de ces cabanes, un banc de pierre permettait de s'asseoir, un trou dans la couverture laissait échapper la fumée d'un feu dont on voyait les brandons éteints au sol dans un foyer sommaire. Je croyais dur comme fer que tout cela était préhistorique jusqu'au jour où, gardant les moutons avec l'oncle Sully, un violent orage nous attaqua et, réfugiés dans une de ces bories ("construite par le grand-père de sa femme") l'oncle avec son briquet en amadou alluma "un petit feu pour se sécher" avec un fagot qu'il prenait soin de renouveler après usage. Sa capitelle lui servait aussi à se mettre à l'ombre car elle  était bien fraîche en été grâce au frêne qui la protégeait."

Stippe pennée (source)

"Nous étalions nos cueillettes des plumets doux et chatouillants, de ce que les savants nomment la stippe pennée pour moi ce n'était que de l'herbe de soie joyeuse jouant au vent; lorsque j'ai vu la mer pour la première fois, je me suis retrouvé devant les ondulations de cette steppe. Mais la mer bleutée est violente alors que la mer herbue du Causse apaise. Pourtant les oiseaux, les araignées et les sauterelles y mènent d'âpres combats."

Le chardon-baromètre ou Carline à feuilles d'acanthe
"Quand mon grand-oncle venait voir son frère (discrètement) et et que nous cheminions tous les trois de chardons en chardons-baromètres, une grande tranquillité me gagnait : les histoires de beau temps, les légendes du géant enterré sous le dolmen et le mystère de ces eaux souterraines, des grottes, des avens, me fascinaient. Nous passions dans les combes ou du blé, de l'orge, attendaient d'être moissonnés. Des taches circulaires, vertes, jaunes et rouges en hiver, trouaient l'espace gris du Causse. J'avais alors, comme Tintin, aluni dans ces cratères, et les vrombissements des moteurs de ma fusée sortaient de la doline*, se perdaient dans l'immensité de la planète lunaire."
                                                                                                                  Jacques Mauduy

Doline en Lozère (source)

*Les dolines :  Les dépressions circulaires créées par la dissolution dans le calcaire du Causse sont appelées dolines ; elle sont cultivables.

Editions du Mont Ici


AndrRené Gardies, spécialiste de cinéma, est l’auteur de nombreux romans, enracinés dans le pays languedocien, cévenol et lozérien. En Gévaudan, il réside en Margeride.
Jacques Mauduy, géographe, historien, cartographe des Camisards, a inventorié et publié l’ensemble des monuments aux morts des pays catholiques et huguenots de la Lozère. En Gévaudan, il vit sur le versant nord du Bougès.

4 commentaires:

  1. Chazelle, capitelle, j'apprends ces jolis mots et aussi chardon-baromètre, doline. Je connais la carline acaule mais je n'en ai jamais vu avec ces belles feuilles d'acanthe.

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    1. C'est vrai que ces mots chantent et sont pittoresques !

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  2. Ah ! voilà qui va me faire encore une fois regretter mon causse ! Je suis partie cet été sur le causse Méjean, un lieu magique et d'une beauté qui m'a envoûtée. Je ne connaissais pas du tout cette région, et voilà, ce fut LE coup de cœur. Il m'a fallu plus d'une semaine pour m'en remettre, au retour... Tout ce que j'ai lu dans ce billet m'a rappelé ce que j'ai vu sur place ! Il faut dire que nous avons passé de très nombreuses heures à arpenter le plateau à pied. Que du bonheur :-)

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    1. Ce Causse est très beau et réserve effectivement bien des coups de coeur; je suis heureuse que tu aies aimé !

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