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Affichage des articles dont le libellé est Caspar Friedrich et la peinture romantique de Charles Sala. Afficher tous les articles
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mercredi 12 octobre 2011

Challenge Romantique : Caspar Friedrich, Falaises de craie sur l'île de Rugen



Merci beaucoup à tous ceux qui sont venus me dire qu'ils participeraient au challenge romantique que je suis en train d'organiser. Merci aussi à ceux qui nous ont sympathiquement encouragés. Je leur donne donc rendez-vous le 1er Novembre date du début du challenge où je vous expliquerai de quoi il s'agit exactement.  Je vous rappelle qu'il concerne la littérature  européenne mais aussi l'Art, peinture , musique.. à l'époque romantique
Dans le billet de Mardi 11, je vous demandais quels étaient le peintre et le tableau qui ont été utilisés pour le logo du challenge? Aymeline, Cléanthe Dominique, Jeneen ont trouvé : 

Il s'agit de Caspar David Friedrich

Peintre Allemand Caspar David Friedrich est né à Greifswald en 1774 et mort à Dresde en 1840, Il est considéré comme  le plus grand des peintres romantiques allemands.
Le tableau s'intitule : Falaises de craie sur l'île de Rugen


L'île de Rugen est l'un des plus grandes îles allemandes, située en mer Baltique. C'est là que Friedrich venait dans sa jeunesse, arpentant l'île et ramenant de nombreux croquis. La jeune femme en robe rouge, si gracile et si élégante, est Caroline Brommer, une jeune fille de vingt ans sa cadette que Caspar David Friedrich épousa en 1818. Rugen est le lieu de  leur voyage de noces et cette scène fut peinte à ce moment là. Elle se situe au bord d'un ravin, à l'est de Rugen, sur le bord  de cette côte crayeuse. La jeune femme s'agrippe à un arbuste d'une main et de l'autre désigne des fleurs rouges. Son mari est penché au bord du vide : regarde-t-il l'abîme comme le suggèrent les critiques d'art, spécialistes de Friedrich, ou bien est-il tout simplement, comme je le crois, en train de cueillir un fleur ou bien d'herboriser? Occupation peut-être prosaïque mais que  semblent corroborer son chapeau et son bâton déposés négligemment à côté de lui..  Je me suis demandée aussi s'il ne cherchait pas ses lunettes tombées sur le sol, risquant ainsi sa vie, en se rapprochant  de  l'abîme! Oui, je sais vous allez dire que mon imagination m'emporte trop loin!  Pourtant ce geste soulignerait la différence d'âge entre les époux, la vieillesse du mari, son angoisse face à cette trop jeune épouse et serait une sorte d'autodérision parce qu'enfin sa position n'a rien de noble.
Bref! Caroline adopte une pose étudiée, pleine de grâce, alors que Caspar  Friedrich paraît surpris dans ses activités bucoliques ou non. Un homme plus jeune, regarde les voiliers dans la mer, au loin, les bras croisés, perdu dans sa contemplation. Le départ d'un bateau est dans l'oeuvre de Freidrich le symbole des âmes qui partent vers l'éternité. Ce personnage introduit donc l'idée de la mort dans un tableau qui paraît pourtant serein, à priori, ce qui  met alors l'accent sur  l'impression de vertige et de danger.
J'aime beaucoup la composition du tableau. La végétation crée une sorte de cercle d'un vert sombre  autour des personnages comme pour les encadrer, au premier plan. Cela permet à la fois de faire ressortir la blancheur des falaises déchiquetées au deuxième plan et le bleu de la mer  en arrière-plan mais aussi d'enfermer les personnages au bord du gouffre, comme suspendus au-dessus du vide, prisonniers.  Chaque fois que je regarde ce tableau je suis d'abord frappée par la beauté de la jeune femme qui symbolise le bonheur et en même temps j'éprouve de l'angoisse; j'ai l'impression qu'elle est en équilibre et qu'elle risque de tomber. Il en est de même pour les autres personnages. J'aimerais pouvoir reculer mais la pointe en forme de V que présente l'angle du terrain, en pente,  un peu décalée par rapport à la ligne médiane, m'entraîne vers le bas. Il n'y a pas d'échappatoire... pour aucun d'entre nous!

Et ce sera ma citation ce jeudi :

Cette image est placée plus que d'autres sous le signe de l'esthétique romantique pure, celle des grands philosophes comme les frères Schlegel, Schelling, Höderlin et surtout Novalis qui prône le culte de l'inquiétude inexprimable cachée sous l'apparence des choses.
Le rappel de la mort dans l'exaltation du bonheur, la brisure mélancolique lors de la découverte de la nature, voilà le principe de contradiction interne, si fréquente dans l'oeuvre de  Friedrich von Hardenberg  dit Novalis et que Freidrich exploite.
Dans les falaises de craie sur l'île de Rugen on est saisi par une sorte de vertige, celui qui guette les promeneurs audacieux sur le bord de l'abîme. On éprouve comme un ravissement vital, un transport contemplatif, mais mélangée à une mélancolie subtile, subite.

Citation extraite du livre de Charles Sala, éditions Terrail, que je suis en train de lire. J'aurai l'occasion de vous en reparler :  Caspar Freidrich et la peinture romantique.


Citation avec Chiffonnette