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dimanche 22 décembre 2013

Un livre/Un film : James Cain, Le facteur sonne toujours deux fois


Réponse à l'Enigme n°80
 


La bonne réponse : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Dominique, Eeguab, Pierrot bâton, Somaja


Le roman :  James Cain Le facteur sonnera toujours deux fois


Le film :  Tay Garnett : Le facteur sonnera toujours deux fois



Franck Chambers est un vagabond qui aime sa vie de baroudeur désargenté et aventureuse. Pourtant lorsque Nick Smith, qui tient une station essence et un restaurant sur une route californienne, lui propose du travail, il va accepter, non parce que le travail lui plaît mais parce qu'il a aperçu l'épouse du patron, la sensuelle et belle Cora. Celle-ci ne supporte pas son mari, un brave homme qu'elle a épousé pour sortir de la misère. Elle ne peut vivre sur les routes comme Franck Chambers. Aussi lorsqu'ils deviennent amants, la seule solution qui s'impose à eux est de tuer Nick. Il faudra qu'ils s'y reprennent à deux fois pour y parvenir.

 Le livre, Le facteur sonne toujours deux fois est paru en 1934 et il a fait scandale. Cette histoire d'amour passion, brutale et sensuelle, pour ne pas dire violente, a choqué la censure américaine. Et ceci d'autant plus qu'à deux reprises, les amants s'en sortent et ne sont pas inquiétés. Si enfin Franck Chambers est condamné, c'est pour un crime qu'il n'a pas commis. On ne peut pas dire que la morale soit sauve! D'autre part James Cain semble ne porter aucun jugement sur ces personnages. On peut même dire qu'il reste neutre. C'est pourquoi le film de Tay Garnett a dû attendre 1946 pour que la réalisation en soit autorisée.
Le titre peut paraître mystérieux puisqu'il n'y a aucun facteur dans l'histoire. J'ai lu une explication  : James Cain surpris par la réponse positive donné à son manuscrit a dû trouver un titre sur le vif, sans avoir le temps de trop y réfléchir. Dominique du blog Les nuages et le vent propose une explication différente que je trouve plus riche : Le titre est une métaphore il faut l'entendre comme messager de mort ou de malheur. Le facteur serait une image de la fatalité, car la passion des deux jeunes gens ressemblent bien à une maladie et ils ne sont pas libres de s'en défaire même s'ils essaient d'y parvenir après la première tentative de meurtre et leur essai avorté de s'enfuir ensemble.
Cora dit de leur amour : Nous étions en haut d'une montagne. Nous étions si haut, Franck, et c'était si beau cette nuit-là!
Et Franck lui répond : Nous sommes enchaînés l'un à l'autre, Cora. Tu croyais que nous étions au sommet d'une montagne. Je crois, moi, que la montagne est sur nous, et qu'elle y est bien.

Quant au style, dépouillé, brut, sans analyse et qui présente des faits et seulement des faits, voilà ce qu'en dit Irène Némirovsky dans la préface du livre de poche : 

Littérature brutale, ardente, fiévreuse et frénétique, sans une once de raffinement, littérature en coups-de-poings, elle plaît malgré cela ou à cause de cela selon les tempéraments. Elle est rapide et dure: on y goûte quelque chose de sains, de vif et de fort qui ne se trouve actuellement nulle part ailleurs.
Comme toujours, lorsque la manière d'écrire est parfaitement adaptée au sujet et aux personnages mis en scène, de cet accord, de cette mystérieuse harmonie naît une sorte de poésie : la poésie des meilleurs films américains.

Un bon roman devenu un classique et auquel l'adaptation de Tay Garnett rend bien hommage.