Théodore Chassériau peintre romantique français (1819-1856)
La mort de Cléopâtre
La mort de Cléopâtre
La ballade Le roi de Thulé est extrait du Faust de Johann Wolfgang Goethe, pièce publiée en 1808 et qui est une des oeuvres de la littérature allemande universellement connue. C'est un alchimiste du XVI ème siècle, le docteur Faustus, qui a nourri ce mythe littéraire repris sans cesse au cours des siècles par de nombreux écrivains. Goethe s'est directement inspiré du dramaturge anglais, contemporain de Shakespeare, Christopher Marlowe.
Johann Wolfgang von Goethe
Le roi de Thulé
Il était un roi de Thulé
À qui son amante fidèle
Légua, comme souvenir d’elle,
Une coupe d’or ciselé.
C’était un trésor plein de charmes
Où son amour se conservait :
À chaque fois qu’il y buvait
Ses yeux se remplissaient de larmes.
Voyant ses derniers jours venir,
Il divisa son héritage
Mais il excepta du partage
La coupe, son cher souvenir.
Il fit à la table royale
Asseoir les barons dans sa tour ;
Debout et rangée alentour,
Brillait sa noblesse loyale.
Sous le balcon grondait la mer.
Le vieux roi se lève en silence,
Il boit, — frissonne, et sa main lance
La coupe d’or au flot amer !
Il la vit tourner dans l’eau noire,
La vague en s’ouvrant fit un pli,
Le roi pencha son front pâli…
Jamais on ne le vit plus boire.
traduction de Gérard de Nerval, poèmes divers, 1827,
À qui son amante fidèle
Légua, comme souvenir d’elle,
Une coupe d’or ciselé.
C’était un trésor plein de charmes
Où son amour se conservait :
À chaque fois qu’il y buvait
Ses yeux se remplissaient de larmes.
Voyant ses derniers jours venir,
Il divisa son héritage
Mais il excepta du partage
La coupe, son cher souvenir.
Il fit à la table royale
Asseoir les barons dans sa tour ;
Debout et rangée alentour,
Brillait sa noblesse loyale.
Sous le balcon grondait la mer.
Le vieux roi se lève en silence,
Il boit, — frissonne, et sa main lance
La coupe d’or au flot amer !
Il la vit tourner dans l’eau noire,
La vague en s’ouvrant fit un pli,
Le roi pencha son front pâli…
Jamais on ne le vit plus boire.
traduction de Gérard de Nerval, poèmes divers, 1827,
Je vous propose une deuxième traduction car il est toujours intéressant de comparer et de constater les différences entre plusieurs versions. Jean Malaplate Ballades et autres poèmes de Goethe (Aubier domaine allemand Bilingue)
Philip Otto Runge (1777-1810) peintre romantique allemand
Le roi David
Le roi de Thulé
Un roi de Thulé fut fidèle,
Sans se lasser jusqu'à la mort.
jadis, en expirant sa belle
Lui fit don d'une coupe en or
Rien n'avait pour lui tant de charmes,
Dans tous ses festins s'en servait
Et chaque fois qu'il y buvait
Ses yeux se remplissaient de larmes.
Comptant chaque ville et village
Lorsque le temps vint de mourir,
Il légua tout son héritage,
La coupe voulut retenir.
A son banquet fit comparaître
Ses chevaliers au regard fier
Dans la salle de ses ancêtres,
En son château près la mer.
Dans un dernier sursaut de vie,
Le vieux roi vida de nouveau
Puis jeta la coupe chérie
De la terrasse dans le flot.
Il la vit s'incliner et boire,
S'enfoncer sous la mer sans fin.
Sur ses yeux vint une ombre noire
Et jamais plus n'a bu du vin.
Faust et la ballade du roi de Thulé ont inspiré de nombreux musiciens. J'ai retenu le nom de deux musiciens romantiques :
Frantz Schubert (Vienne 1797-1828) est un musicien autrichien qui représente le mieux l'éclosion du Romantisme en Musique. Il est mort du typhus à Vienne et n'a vécu que 31 ans mais il a laissé une oeuvre abondante. Il a écrit plus de six cents leader et est considéré comme le maître du genre. Parmi ses oeuvres les plus connus citons sa Belle Meunière, Le quintette de la Truite, son Voyage d'hiver, sa Symphonie inachevée, ses Impromptus et ses Moments musicaux. Il est aussi l'auteur de six opéras.
Le lied du roi de Thulé est paru en 1816.
Schubert : Le roi de Thulé chanté par Brigitte Fassebender
Hector Berlioz (1803-1869) représente le renouveau de la musique romantique en France : "Il ne se contente pas d'audaces calculées comme Meyerbeer ou Rossini, il va faire explosion. Berlioz a été plus qu'un musicien romantique : il fut le Romantisme personnnifié avec ses qualités et ses défauts." (Francis Claudon Le Romantisme; Somogy Editions d'Art)
Belle compagnie que tu nous présentes là.Et mon cher Gérard...
RépondreSupprimerUn dimanche avec Nerval et Goethe pas mal pas mal
RépondreSupprimerc'est intéressant la comparaison des 2 traductions
Quelle merveille, ce billet.
RépondreSupprimerParole et musique!
deux versions quel luxe!
Je préfère la première traduction et Schubert
Un beau billet pour ton challenge! Merci de nous faire découvrir ce roi de thulé
RépondreSupprimerCôté poésie, je préfère de beaucoup la version de Gérard de Nerval, que je trouve plus subtile et plus évocatrice.
RépondreSupprimer@ Eeguab : ton cher Gérard et le mien! Tu as vu comme sa traduction est belle? Il a créé un poème.. nervalien!
RépondreSupprimer@ Domnique : Que de romantiques pour un seul billet! C'est en comparant les traductions que l'on peut mieux se rendre compte combien c'est un art à part entière!
RépondreSupprimer@ miriam : merci! et bien sûr j'ai moi aussi un faible pour celle de Nerval!
RépondreSupprimer@ ogresse : J'aime les ballades de Goethe même si lui-même, paraît-il n'attachait pas une importance particulière à ce genre qu'il jugeait mineur. j'ai découvert pour la première fois la ballade du roi de Thulé avec le Faust de Gounod puis ensuite avec la Damnation de Faust que j'ai vus à l'opéra de Marseille il y a longtemps. Ce n'est qu'après que je l'ai lu dans Goethe.
RépondreSupprimer@ Nanou : moi aussi je préfère la traduction de Nerval mais la seconde traduction est bonne aussi. Peut-être est-elle plus proche du texte? Je ne sais pas en juger parce que je ne connais pas l'allemand.
RépondreSupprimerJ'aime bien le roi de Thulé, je ne sais pas si tu connais aussi le Lied de Schubert " Der Koening von Thulé". Super joli....
RépondreSupprimerMél : oui, c'est le lied que j'ai choisi pour écouter avec le texte ainsi que la damnation de Berlioz.
RépondreSupprimerZut, je pensais avoir laissé un commentaire mais j'ai oublié (?)
RépondreSupprimerJe suis tombée amoureuse de ce poème, c'est magnifique !!!!
Cet article me rappelle que j'ai Faust dans ma PAL^^
RépondreSupprimer@ maggie : oui je le trouve très beau aussi. C'est pourquoi il a si souvent été mis en musique. Il y a bien d'autres versions que les deux que j'ai retenues.
RépondreSupprimer@ Aymeline ; Allez, lecture de Faust! J'ai hâte de lire ton billet.
RépondreSupprimerOn avait étudié ce poème il y a longtemps à la fac ♥
RépondreSupprimer@ Little cat : en allemand? Moi je l'aime beaucoup mais dans la traduction de Nerval (une merveille).
RépondreSupprimerMerci pour cet article intéressant et bien documenté
RépondreSupprimermerci pour cette visite
SupprimerTrès complet cet article ! Un plaisir total ! Merci
RépondreSupprimerMerci!
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