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mercredi 20 octobre 2021

Villa Datris à L'Isle-sur-la-Sorgue : Exposition : Sculpture en fête !

Niki de Saint Phalle : La déesse bleue
 

Je suis allée récemment voir une exposition de sculpture Sculpture en fête ! à la villa Datris à L’Isle- sur- la- Sorgues à l’occasion d’une rétrospective des dix ans de cette fondation. J’ai été fascinée par la richesse et la grande variété des oeuvres sélectionnées qui représentent à la fois des artistes des années 60 et 70 comme Niki de Saint Phalle, Claude Viallat ou Daniel Dezeuze... et de jeunes artistes contemporains comme Antonella Zazerra, Chiharu Shiota, Marinette Cuesco, Katia Bourdarel, Samuel Rousseau et tant d’autres qui ont été pour moi autant de coups de coeur.

Claude Vialat villa Datris

Daniel Dezeuse, Claude Vialat et au premier plan Judy Tadman

  

Awena Cozannet : woman look at you

Caroline  Achaintre :  Brutus  

Dario Perez-Flores

Manuel Merida : cercle blanc et rouge

 

Laurent Baude

Je ne connaissais pas ce musée mais je suis certaine maintenant que je ne laisserai plus passer une exposition sans aller la voir. J’apprends qu’il a été créée par Danièle Kapel-Marcovici et Tristan Fourtine en 2011, tous deux amoureux de la Provence et de la création contemporaine. La Fondation est installée dans une grande demeure à l’Isle-sur-la-Sorgue non loin d'Avignon et son jardin luxuriant au bord de la Sorgue, près du lieu de naissance du poète René Char, est aussi une occasion de découvrir de belles sculptures.

Villa Datris façade côté rue


Villa Datris façade côté jardin


Jean Denant : Mare nostrum


Villa Datris façade jardin : Sculpture Philippe Hiquily


Villa Datris : Jardin sculpture Vincent Mauger 

 

Villa Datris  jardin Francoise Petrovitch : Sentinelle

 

Villa Datris jardin

Mikas Xanakis : Cinq créatures bleues

Les oeuvres sont regroupées et classées selon des thèmes précis au cours de l'exposition mais je ne retiendrai aucun classement dans ma présentation. J'ai simplement choisi quelques uns de mes coups de coeur. La visite sera, pour cette raison, incomplète car  la richesse de l'exposition permet à chacun de faire "sa" visite selon sa sensibilité, selon que les oeuvres parlent à l'imagination, interpellent par les matériaux employés, les couleurs, la forme, le mouvement, selon leur sens et aussi selon comment on les fait siennes ! 

 

 Mes oeuvres coups de coeur


Chiharu Shiota State of being

 Chiharu Shiota est une artiste japonaise née à Osaka en 1972. Elle travaille à présent à Berlin. J'aime énormément ce globe, notre monde, dans cet enchevêtrement de fils noirs. Pour l'artiste cette sphère est une image de "l'aspiration à l'unité et à la beauté" et le tissage serré autour d'elle nous rappelle que les liens qui nous lient, nous habitants de cet univers, sont étroits malgré les différences. C'est un message entièrement positif. J'y ai vu autre chose, l'idée que la terre est emprisonnée dans une boîte qui figure l'univers, étouffée par  cette noirceur, prise dans des toiles d'araignée, condamnée à disparaître malgré sa beauté d'or et d'azur.

Chiharu Shiota State of being (détail)

Antonella Zazerra Armonica
 

 Antonella Zazerra est une artiste italienne née à Todi en 1976. Ses sculptures sont en fils de cuivre tressée d'une manière rigoureuse. Les jeux de lumière jouent sur la sculpture surtout sur celle du jardin et la font paraître vivante, mouvante. On dirait une longue chevelure d'or qui descend vers le sol (conte traditionnel ? Les cheveux de Raiponce ? ) ou une langue de feu crachée par un volcan.

 

Antonella Zazerra Armonica
 
 
Pascal Bernier  : Accident de chasse

 On voit d'abord le renard puis tous ses bandages. On s'interroge puis on lit le titre : Accident de chasse et l'on rit ! Quel humour mais un humour noir ! Le recours à la taxidermie que Paul Bernier  utilise souvent est en lien étroit avec la mort. Regardez l'expression du renard, son visage tourné vers le ciel son air suppliant, souffrant. Il fait partie lui aussi de cette nature que l'homme est en train de détruire !
Pascal Bernier est un artiste belge né à Bruxelles en 1960. 
 
Marinette Cueco : Tondo
 
Marinette Cueco est une artiste française née en Corrèze en 1934. Elle crée ses oeuvres à partir de la nature, minéraux ou végétaux. Le tondo de la villa Datris est créé à partir de joncs que l'artiste entrelace, tresse, tisse formant des tissus légers, aériens, festonnés comme une dentelle. En transparence, une forme apparaît, lovée sur elle-même, chrysalide prête à éclore. Finesse, délicatesse, sensibilité,  cocon, nid,  douceur,  naissance, ce sont les mots qui viennent à l'esprit devant cette beauté délicate, naturelle et simple.
 
 
Marinette Cueco : Tondo (détail)



 Chul- Hyun Ahn : visual echo experiment

Chul-Hyun Ahn  est né en Corée du Sud, à Busan, en 1971. Visual echo experiment est "un jeu de miroirs qui multiplie les parois d'un puits sans fond, dans lequel se déploie une colonne de lumière centrale issue d'un seul disque de néon créant ainsi une illusion optique sans fin." Oui, c'est l'explication de tout cette magie lumineuse et tourbillonnante,  magnifiquement colorée, à la fois joyeuse et vertigineuse, qui semble nous happer pour nous entraîner dans ce "puits sans fond".


Chul- Hyun Ahn : visual echo experiment  (détail)


Katia Bourdarel : Je suis une louve.

Katia Bourdarel est une artiste  française née à Marseille en 1970. Le critique d'art Philippe Piguet dit à propos de son travail : "Quelque chose du conte, voire de la fable, est à l'œuvre dans son travail.". C'est ce à quoi j'ai pensé en voyant son oeuvre  Je suis une louve. Une louve-déesse des peuples nordiques,  (la parure qu'elle porte sur la tête me semble tisser dans de chauds matériaux aux couleurs qui me rappellent -très subjectivement- les vêtements des Inuits), louve-déesse, protectrice des enfants, celle de Rémus et Romulus  ? ou comme me l'a suggéré ma petite-fille, louve sortie du film de Myazaki, Princesse Mononoké ? Un animal lié aux mythes, aux légendes, à l'imaginaire de notre enfance.


Kate MCCGwire : Paradox II

Kate MCCGwire est née au Royaume-Uni à Norwich en 1964 et vit à Londres actuellement. C'est à partir de plumes de faisans patiemment assemblées que Kate MCCGwire a réalisé cette oeuvre étonnante. Au début l'on à l'impression d'être devant un immense serpent replié sur lui-même puis lorsque l'on regarde de plus près, impossible de trouver un  sens, l'on s'aperçoit qu'il n'y a  ni commencement ni fin ! Etrange bestiaire !


Cathrin Boch ; Sans titre


Cathrin Boch : Sans titre

Cathrin Boch est une artiste français née à Strasbourg en 1968.  Ce travail est réalisé à partir d'une carte routière que l'artiste peint, dans une palette à dominante noire, et sur laquelle elle coud, à la machine ou à la main, différents matériaux. Elle crée là un territoire fantasmé, une carte de l'imaginaire.

Elias Crespin

Elias Crespin : malla electrocinecita IV

Elais Crespin est vénézuélienne, née à Caracas en 1965, elle vit et travaille maintenant à Paris. Quand on s'approche de cette oeuvre qui paraît si légère, on s'aperçoit qu'elle est constituée de graines réunies par des fils de nylon et qu'elle ne cesse d'ondoyer d'un côté à l'autre. Elle paraît être un oiseau suspendu dans l'air, utilisant les courants aériens pour se laisser glisser dans le ciel. Une impression de grâce, de calme, d'apesanteur, émane de cette oeuvre.


Samuel Rousseau : paysage rupestre

Samuel Rousseau paysage rupestre

Samuel Rousseau projette une vidéo de détails des peintures des grottes de Lascaux et Chauvet sur une large lauze. Les animaux prennent vie et se déplacent sur la surface d'ardoise. L'effet est à la fois étonnant et d'une beauté émouvante, comme un retour à la vie d'un lointain passé.  Et comme le dit Samuel Rousseau, c'est "une collaboration avec des artistes qui sont morts il y a 30 ou 40 millions d'années."


Anne Claverie Arbrabra


Anna Claverie, artiste française est née à Paris en 1974. Cet Abrabra  est fait de pneus montés sur une structure métallique. L'artiste aime l'idée que le caoutchouc né de l'arbre retourne à l'arbre du moins dans sa figuration. Celui-ci ne peut pas laisser indifférent tant on le remarque de loin, dressant ses branches sans feuilles comme des bras désolés et morts. On dirait un gros pachyderme à la peau rugueuse, prêt à écraser tout le monde. Il a quelque chose d'un peu dérangeant alors que figurant l'arbre, symbole de la nature et de la vie, il apparaît comme son antithèse, fruit de l'industrialisation, complice de la pollution.

vendredi 8 octobre 2021

Anne Tyler : Leçons de conduite


Dans Leçons de conduite d'Anne Tyler,  Maggie Moran se rend à l’enterrement du mari de sa meilleure amie Serena. Son mari Ira l’accompagne. Le trajet en voiture, les retrouvailles avec les amis d’enfance dans le cadre de cette cérémonie peu banale, Serena étant toujours aussi excentrique, vont être le prétexte d’une remise en cause de leur couple. Il ne peut pas y avoir plus dissemblables, en effet, que Maggie, bavarde, insouciante, légère et Ira, introverti, taciturne, sérieux. Une occasion de faire le point sur leur couple. Remontent alors à la surface les différents, les reproches, les regrets accumulés au cours des années de vie commune.
 Au départ le récit est assez classique et il m’a fallu un moment pour y adhérer mais peu à peu j’ai découvert la subtilité de l’analyse psychologique des rapports entre mari et femme, mais aussi des autres personnages qui se retrouvent, vieillissants, après des années d’absence. Perte des illusions, des espoirs de la jeunesse, de la passion que l’on croit inconditionnelle.
Tout au long du voyage et des échanges du couple,  apparaît l’usure de cette longue vie matrimoniale, les déceptions, les malentendus. Non pas vraiment la fin de l’amour mais plutôt la naissance d’un consensus qui s’établit et qui finit par une acceptation de l’autre, un lien moins exaltant mais réel qui n’a plus rien à voir avec les rêves de la jeune fille qu’était Maggie.

Anne Tyler mène cette analyse tout en nuances et d’une grande perspicacité avec beaucoup de finesse tout en sachant nous amuser même si le rire se révèle grinçant. Bien que ce ne soit pas un thème qui m’attire, j’ai été prise par le grand talent de cette écrivaine et par sa chronique caustique, ironique, mais aussi nostalgique, qui est faite de petits riens et nous laisse une impression de désenchantement tant les travers et les faiblesses de la nature humaine nous sont révélés au grand jour.

Prix Pulitzer 1989

mardi 5 octobre 2021

Madeline Miller : Circé

 

Madeline Miller nous donne avec Circé un récit mythologique passionnant sur la magicienne Circé, fille du tout puissant dieu Hélios et de la nymphe Persé ou Perséis, cette dernière elle-même fille d’Océan et de Thétys. Circé est un personnage proche de nous. En effet, une relecture contemporaine nous la montre humaine malgré sa divinité.
Différente de ses frères et soeur, elle est une déesse mineure, considérée comme inférieure dans la hiérarchie des Dieux dont elle dénonce la cruauté, l’abus de pouvoir et la mesquinerie. Mais elle prend conscience de ses dons de magie qui fait d’elle une puissante sorcière. Ce pouvoir qui dérange Zeus, ainsi que son intérêt pour les humains - c’est la seule qui vient au secours de Prométhée - et son amour pour un mortel, lui valent son exil solitaire sur une île. Mais les hommes qu’elle idéalise révèleront leurs bas instincts et elle les transforme en porcs jusqu’au moment où elle rencontre des humains dignes d’être aimés.
Cette dualité de sentiments, entre rejet des Dieux et amour des humains, fait de Circé un personnage à part qui va être obligée de faire un choix quitte à refuser son immortalité.  

Circé
 
A travers la vie de Circé nous revisitons les grands récits et personnages mythologiques antiques, Dieux ou Hommes, Hélios, Zeus, Hermès, Athéna, Ulysse, bien sûr, et son séjour dans l’île de la magicienne, sa visite aux Enfers, son fils Télémaque… Pasiphaé, la perverse soeur de Circé et son époux Minos, la naissance du Minotaure, Dédale et Icare, Scylla, le monstre avaleur de navires et tant d’autres…

Scylla

Scylla nymphe transformée en monstre par Circé

 Un livre très addictif, agréable à lire ! Il remet à jour nos connaissances de la mythologie grecque tout en nous intéressant à ce personnage complexe, attachant, Circé, à la fois déesse et femme, redoutable et vulnérable, amoureuse, mère, libre, indépendante et courageuse… Circé qui nous interpelle par ses questions sur l’éphémérité de la condition humaine face à l’immortalité, cette dernière n’étant pas obligatoirement synonyme de bonheur.


lundi 27 septembre 2021

Margaret Atwood/ Mary Harron : Captive


 

L’un de mes livres préférés de Margaret Atwood, écrivaine canadienne, est Captive. C’est pourquoi j’ai hésité à regarder la série (2017) de Mary Harron, adaptée du livre que j’avais lu à sa parution en 1996 , tant je craignais d'être déçue. Ce qui n'a pas été le cas, bien au contraire !

Margaret Atwood

Margaret Atwood s'inspire d'une histoire vraie (1859) d’une jeune servante, Grâce Marks, condamnée à perpétuité à l’âge de seize ans pour avoir tué ses patrons. Son complice, le valet qui commis le crime, est exécuté mais avant d’être pendu il accuse Grâce d’être l’instigatrice et la tête pensante de ces deux meurtres. Grâce échappe à la peine de mort étant donné son jeune âge mais est condamnée à la prison à vie.
Les années passent, de prison en asile psychiatrique, des années de douleur et de maltraitance, quand un pasteur et ses ouailles qui croient Grâce innocente font appel à un médecin psychiatre, Simon Jordan. Ils lui demandent de parler avec Grâce qui se dit amnésique pour lui faire retrouver la mémoire, ceci afin de confirmer son innocence et obtenir une remise de peine. Pendant le procès, elle avait donné, en effet, trois versions différentes des meurtres. Les rapports médicaux de l’époque n’avaient pu émettre un avis tranché sur la santé mentale de la jeune fille ni sur sa culpabilité.

Sarah Gadon : Grâce Marks

J’ai retrouvé dans la série canado-américaine les mêmes finesses au point de vue psychologique que dans le roman. La servante, Grâce Marks, extrêmement bien interprétée par Sarah Gadon, est ambiguë à souhait. Simon Jordan, (Edward Holcroft) le médecin, lui demande de raconter sa vie, espérant faire remonter les souvenirs du meurtre à la mémoire. Mais bientôt, il est subjugué, se laisse prendre dans les filets de cette belle jeune femme d’une intelligence redoutable mais dont on devine les zones d’ombres. Que se cache-t-il derrière ce visage si doux, cette voix si sage qui sait si bien choisir ses mots, ce discours si habile, si maîtrisé ? Il en tombe dangereusement amoureux. Dit-elle la vérité ? Est-elle coupable ou innocente, folle ou perverse ? Que dissimule-t-elle ? Doit-on prendre comme vrai ce portrait innocent, ingénu d’elle-même, qu’elle brosse devant le jeune médecin qui doit décider de sa demande de remise en liberté ?
Dans le livre comme dans le film, on se laisse prendre à ce jeu subtil et haletant.

Les autres centres d’intérêt du roman sont aussi très bien rendus. L’aspect féministe étroitement lié à la critique sociale montre une classe sociale misérable dont les membres subissent la faim, le froid,  la maladie, l'insalubrité de taudis sans chauffage. Accéder au statut de domestique dans une maison bourgeoise leur permet d'échapper en partie à ces terribles conditions de vie. Mais c'est pour  subir, alors, comme Grâce Marks ou son amie Mary Whitney, le paternalisme ou la condescendance des patrons, dans le meilleur des cas, et dans le pire (surtout pour les femmes) les agressions sexuelles, sachant que si celles-ci se plaignent, elles auront toujours tort et seront mises à la porte. La scène de la mort de Mary est d’une violence incroyable aussi bien dans le roman que dans le film. Elle souligne, à travers le sort horrible fait aux femmes, l’hypocrisie sociale de ces bourgeois ou nobles qui fréquentent l’église chaque dimanche mais cachent les exactions et la culpabilité de leur rejeton dégénéré. Les journées de travail sont longues, pénibles, du matin très tôt jusqu’au soir tard, une véritable exploitation ! Mais dans tous les cas ce sont toujours les femmes qui sont les victimes puisque même dans leur milieu, elles sont aussi maltraitées par leur père ou mari violent, alcoolique, et machiste, subissent le mépris des domestiques mâles et sont les proies sexuelles aussi bien des dominateurs que des dominés. La femme n'a aucun droit !
Margaret Atwood décrit en particulier les migrants irlandais, écossais, qui fuient la misère de leur pays sous la domination méprisante et implacable des anglais mais qui retrouve au Canada les mêmes conditions de vie et les mêmes anglais exploiteurs et méprisants.
D’autre part, le film en utilisant la voix off de la servante et son récit à la première personne rend compte du style envoûtant de Margaret Atwood et est aussi un récit à plusieurs voix et à plusieurs entrées.
Une réussite !
 

mardi 21 septembre 2021

Avignon : Journées du Patrimoine : La chapelle des Ortolans et Le pont Saint Bénézet

 

Avignon : La chapelle des Ortolans
 

Pour les journées du patrimoine à Avignon, nous sommes allés visiter la chapelle des Ortolans que nous n'avions jamais vue et pour cause ! Bien qu'elle appartienne à la ville depuis 1890 et qu'elle ait été occupée à diverses reprises, les différentes mairies qui se sont succédé n'ont jamais pensé qu'elle pourrait être restaurée en dehors d'une réparation provisoire après un incendie. Elle est très rarement ouverte au public. Elle reste donc inconnue de beaucoup d'Avignonnais ! Elle est extrêmement dégradée, des fissures sont apparentes sur les murs latéraux. Des fresques presque effacées sont encore visibles sous les panneaux bleus qui les cachent. Pourront-elles être sauvées ? Et que dire des fils électriques qui défigurent la façade ? Heureusement, il semble que sa restauration soit programmée pour 2021 si j'en crois la presse d'où cette ouverture exceptionnelle ! 

La chapelle des Ortolans : fresque et fissure

Voilà ce que j'ai pu glaner sur internet sur cette chapelle mariale qui fut édifiée en 1659 par la congrégation enseignante des Bénédictines qui avait fondé leur couvent rue des Ortolans en 1639 (du nom d'un ancien propriétaire, Ortolani, qui y avait son habitation dès 1260). La chapelle fut ensuite agrandie par un vestibule et une tribune pour le choeur des religieuses. En 1698, Pierre Mignard avec les menuisiers Pierre Brunet et Charles Boisselin créent un plafond en boiseries qui encadrent des toiles peintes d'après des cartons de Nicolas Mignard.
 
Chapelle des Ortolans: plafond boiserie
 

Chapelle des ortolans : peintures d'après Mignard

Le chevet plat, qui regarde le sud, est entièrement occupé par un retable en bois sculpté peint et doré par Boisselin en 1712. 

 

Au départ des Bénédictines, le couvent fut cédé à l'Oeuvre des Orphelines qui s'y installèrent en 1774.  En 1820, le noviciat des Frères des Écoles Chrétiennes prit sa place, suivi par une loge maçonnique qui aménage la chapelle pour les rites maçonniques : signes symboliques sur l'enduit bleu et sol en damier.

Chapelle des ortolans : fresques recouvertes

Chapelle des Ortolans : symboles maçonniques  

Chapelle des Ortolans : porte d'entrée (détail)

Chapelle des Ortolans : porte d'entrée (détail)

Le Pont Saint Bénézet



 

Ma petite fille n'était plus montée sur le Pont d'Avignon depuis des années, aussi, c'est le monument que nous choisissons d'aller voir avec elle ce dimanche le 19 Septembre. Il faut dire que nous ne sommes pas les seuls! Cette vision du Pont empli de touristes, lui qui a été si désert pendant le confinement, est bien agréable de même que voir le Rhône animé, plein d'embarcations sorties pour l'occasion. 

 

Vue du pont Saint Bénézet

Pont Saint Bénézet : le châtelet et la vierge du rocher des Doms

Vue du Pont Saint Bénézet

Le pont envahie pour la journée du patrimoine

Le châtelet

Le pont (détail)

Prendre la mesure de l'île de La Barthelasse qui sépare l'immense fleuve nous permet de mieux comprendre pourquoi il pouvait être effrayant, d'une largeur démesurée, impétueux voire violent, tel que le peint madame de Sévigné au XVII siècle. L'île de la Barthelasse, en effet, constituée d'alluvions, ne s'est formée que peu à peu au cours des siècles.

 

Le pont Saint Bénézet au XVII siècle
 
Le Pont Saint Bénézet

 Le pont Saint Bénézet, édifié en 1177, part de la rive gauche d’Avignon, au pied du rocher des Doms. Il se dressait alors en terre papale et aboutissait à la Tour Phillipe le Bel, domaine du roi de France. Il enjambait le Rhône sur 915 mètres avec un angle droit pour offrir le moins possible de prises aux courants malgré cela il fut partiellement emporté plusieurs fois pendant de grandes crues. Il ne reste plus que quatre arches aujourd’hui alors qu’il en possédait 22 à l’origine .

A voir la reconstitution numérique du Pont d'Avignon tel qu'il était au Moyen-âge sur ce site  : sciences et avenir; J'ai lu quelque part qu'il était non seulement étroit mais aussi qu'il avait été construit sans parapets ce qui le rendait vertigineux. Mais c'est peut-être une erreur car sur cette image, il est représenté avec parapets.

 

Reconstitution numérique du Pont d'Avignon vers la tour Philippe le Bel

 Quand on est sur le pont on prend la mesure de l'île de la Barthelasse constituée d'alluvions, qui s'est formée au cours des siècles et partage le Rhône en deux. On peut alors imaginer la largeur de ce fleuve au courant impétueux, capricieux et violent et pourquoi il était si effrayant comme en témoigne la lettre de madame de Sévigné en 1696.

Lettre de madame de Sévigné à sa fille Madame de Grignan (1696)

Madame de Sévigné

Ah ! ma bonne, quelle lettre ! quelle peinture de l'état où vous avez été ! et que je vous aurais mal tenu ma parole, si je vous avais promis de n'être point effrayée d'un si grand péril ! Je sais bien qu'il est passé. Mais il est impossible de se représenter votre vie si proche de sa fin, sans frémir d'horreur. Et M. de Grignan vous laisse conduire la barque ; et quand vous êtes téméraire, il trouve plaisant de l'être encore plus que vous ; au lieu de vous faire attendre que l'orage fût passé, il veut bien vous exposer, et vogue la galère ! Ah mon Dieu ! qu'il eût été bien mieux d'être timide, et de vous dire que si vous n'aviez point de peur, il en avait, lui, et ne souffrirait point que vous traversassiez le Rhône par un temps comme celui qu'il faisait ! Que j'ai de la peine à comprendre sa tendresse en cette occasion ! Ce Rhône qui fait peur à tout le monde ! Ce pont d'Avignon où l'on aurait tort de passer en prenant de loin toutes ses mesures ! Un tourbillon de vent vous jette violemment sous une arche ! Et quel miracle que vous n'ayez pas été brisée et noyée dans un moment ! Ma bonne, je ne soutiens pas cette pensée, j'en frissonne, et m'en suis réveillée avec des sursauts dont je ne suis pas la maîtresse. Trouvez-vous toujours que le Rhône ne soit que de l'eau ? De bonne foi, n'avez-vous point été effrayée d'une mort si proche et si inévitable ? Avez-vous trouvé ce péril d'un bon goût ? Une autre fois ne serez-vous point un peu moins hasardeuse ? Une aventure comme celle-là ne vous fera-t-elle point voir les dangers aussi terribles qu'ils sont ? Je vous prie de m'avouer ce qui vous en est resté ; je crois du moins que vous avez rendu grâce à Dieu de vous avoir sauvée. Pour moi, je suis persuadée que les messes que j'ai fait dire tous les jours pour vous ont fait ce miracle.

Vue du Pont  vers le sud : La Barthelasse à droite