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mercredi 31 mai 2023

Honoré de Balzac : La Rabouilleuse

 

Flore Brazier est la Rabouilleuse. Elle donne son son nom au titre. C’est une pauvre fille de la campagne qui est la proie d’un riche et vicieux vieillard, le docteur Rouget.  Elle passe ensuite entre les mains du fils de ce dernier, Jean-Jacques Rouget, après sa mort et devient sa maîtresse. Par l’ascendant qu’elle exerce sur le vieux garçon, elle devient un danger pour l’héritage de ses neveux. 

Je rabouille pour mon oncle Brazier que voilà.
Rabouiller est un mot berrichon qui peint admirablement ce qu’il veut exprimer : l’action de troubler l’eau d’un ruisseau en la faisant bouillonner à l’aide d’une grosse branche d’arbre dont les rameaux sont disposés en forme de raquette. Les écrevisses effrayées par cette opération, dont le sens leur échappe, remontent précipitamment le cours d’eau, et dans leur trouble se jettent au milieu des engins que le pêcheur a placés à une distance convenable. Flore Brazier tenait à la main son rabouilleur avec la grâce naturelle de l’innocence.

Les personnages principaux


Mais Flore Brazier n’apparaît que tard dans le roman et n’en est pas le personnage principal. Nous ne la découvrons que tardivement par le biais d'Agathe Rouget, déshéritée par son père, qui cherche a récupérer son héritage.

 Mariée à Bridau, Agathe reste veuve avec deux fils Philippe et Joseph. C'est une femme bonne, généreuse, mais naïve, peu cultivée et peu intelligente. Son plus jeune fils, Joseph Bridau, est le fameux peintre, (Delacroix a, semble-t-il, servi de modèle à Balzac), que l’on retrouve comme personnage récurrent de la Comédie Humaine. Artiste désintéressé, dévoué, généreux, aimant, mais laid et malingre, Joseph a du talent mais ne flatte pas la vanité de sa mère, insensible à l’art, et qui lui préfère son frère Philippe. Celui-ci, beau, ardent militaire, s’illustre à la guerre mais n’est bon à rien d’autre. Il refuse de servir les Bourbons dans l’armée pour ne pas être traître à Napoléon. Rendu à la vie civile par la force des choses, il révèle un égoïsme total et n’aime que lui-même. Il est violent, boit, joue, et, dépensier, il se lance dans une vie de débauche, se couvrant de dettes que sa mère doit rembourser en entamant son capital déjà modeste et en s’appauvrissant.

L’Histoire

Le récit est d’abord une réflexion sur l’Histoire du pays. Il s’étale sur une large période puis qu’il commence en 1792 dans la ville d’Issoudun, couvre le Directoire, l’Empire et la Restauration jusqu’en 1830.
Il est intéressant d’un point de vue historique de voir comment Balzac considère les bonapartistes. Lui qui est légitimiste et anti-libéral éprouve cependant un certain respect pour leur capacité de combattant, leur courage sur le champ de bataille, leur sens de l’honneur : ils ne reculent pas devant un duel s’ils se sentent offensés et ils refusent de servir les Bourbons considérant cela comme une traîtrise. Mais son admiration ne va pas plus loin ! Les anciens bonapartistes sont tous des désœuvrés, incapables de s’adapter à la vie sociale, et qui n’apportent rien à leur pays. Il en est ainsi de Philippe Bridau mais aussi de Max Gilet, Grand-Maître des Chevaliers de la Désoeuvrance, association qui réunit tous les jeunes bonapartistes d’Issoudun pour faire les quatre cents coups !

Rien ne peut sauver Issoudun du marasme économique et moral, du point de vue de Balzac, puisque la ville se partage entre les bonapartistes, (trop) nombreux, et la bourgeoise libérale qui entretient l’immobilisme par manque d'initiative et de grandeur de vue. Et oui, n’y a presque plus de nobles à Issoudun, déplore Balzac..

L’état dans lequel le triomphe de la bourgeoise a mis ce chef-lieu d’arrondissement est celui qui attend toute la France et même Paris, si la bourgeoisie continue à rester maîtresse de la politique extérieure et intérieure de notre pays.

Une réflexion sur l’éducation

Agathe Bridau aime ses enfants mais elle est incapable de les éduquer. Elle adule son fils Philippe, ne sévit jamais mais, au contraire, est d’une indulgence coupable envers lui, cherchant toujours à l’excuser, s’aveuglant pour ne pas voir ses défauts et n’ayant même pas conscience de son injustice envers Joseph. Si les défauts de Philippe se sont accentués, c'est donc la faute de sa mère.
Balzac affirme qu’il ne ressort rien de bon de l’éducation donnée par une mère à ses fils. Seul, le père est capable à la fois d’autorité et de justice. Pourtant le père Goriot a prouvé que non !

Le pessimisme de Balzac

Ce roman est l'un des plus sombres de la Comédie Humaine. Tous les personnages de ce livre sont régis par l’intérêt, l’amour de l’argent, au mépris de toute morale et tout sentiment à l'exception d'Agathe Bridau et de son fils Joseph.

La Rabouilleuse, petite paysanne, et les filles de l’opéra que fréquente Philippe sont bien sûr les premières à agir par intérêt. Mais Balzac semble avoir plus d’indulgence envers elles parce qu’elles connaissent la misère et la faim. La conscience s'efface quand on vit dans le dénuement et l'ignorance.

La vertu, socialement parlant, est la compagne du bien-être, et commence à l'instruction.

Mais toute la société bien pensante, bien éduquée, est fondée sur l'amour de l'argent et ne tourne qu'autour de lui :  la querelle entre Max et Philippe est sordide, orchestrée par la ville. La figure de l'avare s'invite à plusieurs reprises dans le roman à travers le vieux docteur Rouget, à travers aussi Monsieur Hochon, - madame Hochon est la marraine d'Agathe -. Même la Descoings, tante d'Agathe, pas vraiment avare, est obsédée sa vie durant par le désir de gagner à la loterie, ce fameux terne qui sera cause de sa fin ! La scène de la loterie présente d'ailleurs un aspect fantastique, le résultat du jeu, le terne apparaissant lorsqu'il a été impossible de le jouer,  introduit la Fatalité, invitant la Mort dans la maison.

 Le pessimisme de Balzac s'y affiche quant à l’être humain et la justice dans la société.  En effet, La Rabouilleuse présente un dénouement noir, amer.

Ainsi, quand Philippe Rouget reste fidèle à ses idées et à son amour pour Napoléon, il n’a aucune visibilité. Compromis dans une conspiration, il est même jeté en prison. Mais quand, rejetant tout honneur, tout sens moral et toute humanité, il se rallie aux Bourbons, il gagne à la fois l’héritage des Rouget, les honneurs avec un titre de comte, et le pouvoir.
Philippe triomphe, non parce qu’il est le plus méritant, mais parce qu’il est le plus cupide, le plus brutal et le plus cynique. Il spolie son frère et laisse sa mère mourir dans la pauvreté sans lui venir en aide et sans chercher à la revoir, rejoignant ainsi les enfants indignes de la Comédie Humaine.

Un grand Balzac !
 

Voir Maggie initiatrice de cette LC 

et Miriam  

Nathalie ICI

Keisha ICI

lundi 29 mai 2023

Danemark Copenhague : la tour ronde du conte d'Andersen : le briquet (Rundetarn)

La tour ronde de Copenhague  :  Rundetarn


Le Briquet, ce conte de Christian Andersen, paru en 1835, est fondé sur des récits entendus dans son enfance. Mais il connaissait bien l'histoire d'Aladin et les Mille et Une Nuits qui lui ont aussi inspiré La Malle volante. 

Vous connaissez peut-être ce récit qui raconte l'aventure d'un soldat qui revient de guerre sans un denier en poche. Il rencontre, au pied d'un arbre creux, une sorcière qui  le prie, elle-même étant trop faible pour le faire, de s'introduire dans l'arbre pour aller chercher le briquet qu'elle a oublié. Le soldat lui demande quel sera son intérêt à agir ainsi.

 Tu y prendras de l’argent, dit la sorcière. Quand tu seras au fond tu te trouveras dans une grande galerie éclairée par des centaines de lampes. Devant toi il y aura trois portes. Tu pourras les ouvrir, les clés sont dessus. Si tu entres dans la première chambre, tu verras un grand chien assis au beau milieu sur un coffre. Il a des yeux grands comme des soucoupes, mais ne t’inquiète pas de ça. je te donnerai mon tablier à carreaux bleus que tu étendras par terre, tu saisiras le chien et tu le poseras sur mon tablier. Puis tu ouvriras le coffre et tu prendras autant de pièces que tu voudras. Celles-là sont en cuivre 

Si tu préfères des pièces d’argent, tu iras dans la deuxième chambre ! Un chien y est assis avec des yeux grands comme des roues de moulin. Ne t’inquiète encore pas de ça. Pose-le sur mon tablier et prends des pièces d’argent, autant que tu en veux. 

Mais si tu préfères l’or, je peux aussi t’en donner – et combien ! – tu n’as qu’à entrer dans la troisième chambre. Ne t’inquiète toujours pas du chien assis sur le coffre. Celui-ci a les yeux grands chacun comme la Tour Ronde de Copenhague et je t’assure que pour un chien, c’en est un. Pose-le sur mon tablier et n’aie pas peur, il ne te fera aucun mal. Prends dans le coffre autant de pièces d’or que tu voudras.

 La suite du conte raconte comment le soldat fait fortune et comment il gagne aussi l'amour d'une belle princesse. Bien que l'on soit dans un conte de fées, l'histoire contient des propos désabusés quant à la nature humaine et la notion d'amitié : Tant qu'il a beaucoup d'argent, le héros a beaucoup d'amis, quand il en n'en a plus, il est solitaire.

 La belle chambre qu’il habitait, il fallut la quitter et prendre à la place un petit trou sous les toits. Là il était obligé de cirer lui-même ses bottes, de les raccommoder avec une grosse aiguille, et aucun de ses amis ne venait le voir : il y avait trop d’escaliers à monter.

 Il retourna dans sa belle chambre, reprit ses beaux habits ; et ses amis de revenir en hâte : ils l’aimaient tant !

Une certaine violence dans le texte (mais tous les contes ne sont-ils pas cruels ?), la manière dont on se débarrasse du roi et de la reine peuvent expliquer que Le Briquet paru avec La princesse au petit pois et Grand Claus et Petit Claus fit scandale avant d'assurer la célébrité à son auteur.

 Mais revenons à notre tour ronde !

 

 Rundetarn

 

La tour ronde : rundetarn

Ils sont bien grands les yeux du chien semblables à la tour Ronde ! Celle-ci mesure 35 mètres de haut et a été construite à la demande du roi Christian IV (toujours lui, le bâtisseur) en 1642 pour servir d'observatoire. Elle possède une rampe à spirales qui a permis, dit-on, au Tsar Pierre le grand de la monter à cheval.

Comme je ne l'ai pas gravie ni à cheval ni à pied je vous renvoie  à cette article Voyageway  ICI

 

 

dimanche 28 mai 2023

Danemark Copenhaque : Le château de Rosenborg, les jardins du roi et le palais d'Amalienborg

Château de Rosenborg vu du parc
 

 Je présente ici la visite  du château de Rosenborg et  les jardins du roi (Kongens Have), un  vaste parc où les habitants vont se faire griller sur la pelouse dès qu'il y a un rayon de soleil.

 Autour de Rosenborg, il y a aussi les adorables musées Davids Samlings et le Hirschsprungske, mes deux préférés, dont je vous parlerai bientôt et le grand musée national des Beaux-Arts, le Staten Museum for Kunst (SMK) ceint lui aussi d'un bel espace vert aux beaux arbres! 

Tout près aussi le jardin botanique qui est une belle promenade et sa serre.  C'est dire si ce quartier est riche et l'on ne peut tout visiter en une seule fois !

 

Château de Rosenborg et son parc :  Christian IV enfant et adulte

Le château de Rosenborg a été construit à la demande de Christian IV en 1606 pour en faire un pavillon d'agrément mais celui qu'on appelait le roi bâtisseur n'a cessé de le faire agrandir pour obtenir ce magnifique bâtiment en briques rouges dans le style de la Renaissance hollandaise. 

 

Château de Rosenborg : façade Renaissance hollandaise

 Rosenborg, baptisé Palais des roses, en l'honneur de la seconde épouse du roi, Kistern Munk, devint la résidence royale d'été des rois du Danemark jusqu'à 1710, Frédéric IV le jugeant alors trop petit ! A l'intérieur,  chaque souverain a apporté son style et a ajouté à l'ornementation.

La visite commence dans le salon d'hiver de Christian IV, là où l'on découvre la fameuse horloge d'Habretch (voir ici). Il est orné de nombreuses peintures flamandes, danoises et de portraits.


Château de Rosenborg, le salon d'hiver de Christian IV le duc Ulrich à droite


Copenhague château de Rosenborg :  le salon d'hiver la tour de Babel


Le salon de Frédéric III  présente une décoration exubérante avec des plafonds en stucs dégoulinants, décorés par le  peintre italien Francesco Bruno et des murs de faux marbre. Un Baroque, trop, c'est trop à mon goût !


Copenhague château de Rosenborg salle baroque de Frédéric III (1609-1670)
 

 La chambre du roi Christian VI avec son portrait et celui de la reine Sophie Amélie.

Chambre de Christian V (1646_1699) et Charlotte Amélie


Les appartements laqués de la princesse Sophie-Hedwige, fille du roi Christian V et de la reine Charlotte Amélie. Le style laqué chinois date 1665 et est une des plus anciennes représentations au monde.
 

  le salon  laqués de la princesse Sophie-Hedwige

 Le salon laqué de la princesse Sophie-Hedwige (détail)

Remarquable aussi le cabinet des glaces. Inspiré de la galerie des glaces de Versailles, il est beaucoup plus petit que celle-ci. Il témoigne de l'engouement des cours européennes pour ce genre de décoration luxueuse, les miroirs étant extrêmement onéreux à cette époque.



Une grande armoire en noyer de style rococco datant de Frédéric V ( 1723-1766) abrite une sorte d'orchestre mécanique  dotn on a retrouvé la musique originale.

 

Château de Rosenborg Armoire de Frédéric V

 

Château de Rosenborg Armoire Frédéric V (détail)
 

Château de Rosenborg : chambre de Christian VI (1749-1808)
 


L'horloge volière du cabinet de Frédéric V qui vient de Paris

Au deuxième étage, dans la grande galerie dite des chevaliers, douze tapisseries commémorent les batailles de Christian V en Scanie (1675-1669). Les trônes des rois du Danemark, gardés par des lions en argent, se dressent à chaque extrémité. Ils ne sont plus utilisés depuis 1840. Les fonds baptismaux à droite du trône est toujours utilisé pour baptiser les enfants royaux. A la mort d'un souverain son cercueil est exposé au public dans la chapelle du château, gardé par les lions d'argent.


Copenhague Château de Rosenborg : galerie des chevaliers ou du trône

Plafond décoré de la salle du trône

Château de Rosenborg Tapisserie salle du trône


Château de Rosenborg Tapisserie salle du trône


Château de Rosenborg : tapisserie salle du trône


Château de Rosenborg Tapisserie salle du trône



Au sous-sol est exposé le  trésor royal que je n'ai pas vu.


Le  palais d'Amalienborg

Maquette de la place


Le palais Amalienborg se situe à environ un kilomètre du palais Rosenborg. En 1749, Frédéric V fit aménager une place octogonale, non loin de l'église de marbre, ou s'élevèrent quatre édifices identiques comme on peut le voir dans la maquette ci-dessus exposée dans la partie musée. Au centre est érigée la statue équestre de Frédéric V. C'est là qu'a lieu la relève de la garde.

Les quatre palais dits respectivement de Christian IX, Christian VII, Frédéric VIII et Christian VIII appartiennent à la famille royale. Ce dernier, appelé aussi palais Levetzau, est en partie occupé par un musée où l'on peut voir des salons somptueux, une collection de Fabergé et des portraits de la famille royale.








vendredi 26 mai 2023

Arnaldur Indridason : le roi et l'horloger

 

Au XVIII siècle, à l’époque ou l’Islande est sous la domination danoise, dans le château de Rosenborg, un horloger islandais, Jon Stiversen, est chargé de restaurer une vieille horloge hors d’état de marche, reléguée dans une remise du château au milieu d’autres objets abimés, abandonnés parfois depuis des siècles. Or, cette Horloge qui a été réalisée en 1594 pour ( selon la légende) le roi Christian IV du Danemark (1577-1648) est précieuse. Isaac Habretch (1544-1620), artisan de génie dont le chef d’oeuvre est l’horloge monumentale de Strasbourg, en est l’auteur.

C’est avec bonheur et passion que Jon Stiversen se met au travail et passe ses nuits à chercher à comprendre les mécanismes complexes dont est composée cette oeuvre d’art.  Une soir, il reçoit la visite d’un personnage étrange, un peu ridicule, en robe de chambre, qui n’est autre que Christian VII, le roi du Danemark (1749-1808) qu’il n’a vu jusque là qu’en grand apparat dans les rues de Copenhague.


Christian VII ( château de Fredriksborg)

Les deux hommes s’apprivoisent. Christian VII demande à Stiversen de lui raconter l’histoire de sa famille islandaise. Sigidur, le père de l’horloger a été condamné à mort pour usurpation de paternité et pendu selon les austères lois danoises, puritaines, la religion s'immisçant dans la vie privée des gens, appliquées de manière injuste par les représentants du roi en Islande. Il explique aussi au roi comment son frère, au regard de la loi, peut-être considéré comme un bâtard. Tous ces récits perturbent grandement le souverain qui ressent un sentiment de culpabilité vis à vis de l’Islande en même temps qu’il s’identifie à l’horloger privé de père, lui qui a été un fils mal-aimé (son père est Frédéric V 1723-1766), victime d’une éducation austère et dure.   

 

Frédéric V, le père de Christian VII ( château de Fredriksborg)


Peu à peu on s’aperçoit que le roi, malade mental, est écarté du pouvoir par son fils le futur Frédéric VI  (1768-1839) et les conseillers de la cour. Les secrets ( bien mal gardés)  finissent par voir le jour et la souffrance du roi se déverse en confidences auprès de l’horloger, son amour malheureux pour une prostituée, la trahison et l’exécution de son ami et médecin Stuensee convaincu d’adultère avec la reine Caroline Mathilde, la possible illégitimité de sa fille Louise-Augusta, vraisemblablement fille de Struensee.

 

La reine Caroline-Mathilde ( château de Fredriksborg)

L’idée géniale du roman réside d’abord dans cette « amitié », bien sûr, improbable, imaginée par Arnaldur Indidason, entre le roi du Danemark et un simple homme du peuple et qui permet de mêler étroitement le passé de son pays, l’Islande, et du Danemark, l’un soumis à l’autre qui lui impose ses lois et une implacable colonisation.
Les romans historiques m'intéressent toujours parce qu'ils font vivre les personnages dans leur intimité, leurs pensées, comme si nous les avions réellement rencontrés (et le roman d'Indridason n'échappe pas à la règle), ils nous projettent dans une époque comme si nous en étions familiers. Aussi, lors de mon récent voyage à Copenhague, j'ai cherché partout, dans les musées et les châteaux, les personnages rencontrés dans ce roman. Cela n'a pas été difficile à trouver : toutes les demeures royales sont à la gloire de la monarchie danoise, actuelle ou ancienne, et Christian VII, son père Frédéric V, son fils Frédéric VI mais aussi Struensee, son médecin et Caroline Mathilde, son épouse la reine, sont partout présents.


Struensee, médecin, premier ministre, amant de la reine( château de Fredriksborg)

 

La vie et le caractère des personnages, le roi et l’horloger, (le titre rappelle celui d’un conte) se révèlent peu à peu aux lecteurs mais ils apprennent aussi l'un de l'autre même si ce n'est pas toujours facile d'être "l'ami" d'un roi qui peut vous envoyer à la potence à tout instant !  Tous deux  découvrent leur parcours douloureux qui se rejoint au-delà de tout ce qui les oppose, au-delà la différence sociale et de la nationalité. C’est aussi une occasion pour Indridason de décrire la vie rude des hommes et des femmes islandaises. D’autres personnages comme le père, Sigidur et Gudrun, la belle-mère de Jon Sitversen,  sont des personnages qui ont du relief.

Très intéressante aussi la description des étapes de restauration de l’horloge qui nous fait découvrir toutes les merveilles du mécanisme et la complexité de l’horloge. J'étais impatiente de la découvrir lors de mon voyage.  Elle est au rez-de-chaussée du palais de Rosenborg dans un salon couvert de peintures, en particulier, flamandes.


Château de Rosenborg : Horlode d'Habrecht

Si j’ai quelques réserves envers le récit d'Indridason, elles s’adressent surtout à sa construction : au départ Jon Stiversen raconte l’histoire de son père au roi, mais lorsque le roi est absent, il s’adresse directement à nous, lecteurs. Si bien que lorsque Christian VII revient, il est obligé de recommencer le récit et d’en faire, en fait, un résumé. Ce qui crée des longueurs et ralentit l’action.

L’horloge d’Isaac Habretch

 

Château de Rosenborg : Horlode d'Habrecht

 
"Au même instant, un cliquetis discret se fit entendre à l'intérieur de l'horloge d'Habretch qui se mit en mouvement comme actionnée par une main invisible. Toute la merveille prit vie sous les yeux : les Âges de l'homme s'animèrent, l'Enfance céda la place à la jeunesse, la Lune avança sur son axe dans le ciel, les Rois mages défilèrent avec dignité en se prosternant devant la Vierge Marie, la Mort s'approcha et sonna l'heure, le coq se dressa, déploya ses ailes et se mit à chanter, comme s'il en allait de sa vie, les clochettes du carillon se mirent à tinter grâce au nouveau mécanisme que Jon avait fabriqué..."
 
L'horloge est une réplique en miniature de celle de Strasbourg. Elle donne non seulement l’heure mais les semaines, les mois, les années et les phases de la lune. Elle a une aiguille pour montrer les heures mais pas pour les minutes, la technologie n’étant pas assez avancée pour cela à l’époque.
 Les quatre âges de l'homme (enfance, jeunesse, âge adulte et vieillesse) sont représentés pour évoquer le cycle de la vie  et c'est la mort qui sonne les cloches de la carillon. Il y a aussi un calendrier hebdomadaire, symbolisé par les sept dieux qui ont prêté leurs noms aux jours de la semaine.

Elle s'étage, de bas en haut, exposant d'abord l'aiguille des heures, puis l'aiguille des quart d'heure avec  deux cadrans montrant les jours ( à gauche) et les saisons (à droite), puis la Vierge et les rois mages, au-dessus les âges de l'homme, ensuite la mort qui sonne l'heure,  la lune ( je suppose ?) et le coq.
 
Dans le château de Rosenborg, elle n'était pas en fonctionnement mais elle est toujours en état de  marche ! Vous pouvez écouter le carillon sur you tube.

 

 L'horloge astronomique d'Habretch au château de Rosenborg


L'horloge astronomique d'Habretch La Vierge et les rois mages

"Par exemple il avait maintenant  saisi comment le déplacement des Rois mages (autour de la Vierge) et celui, très lent, des figurines qui représentaient  les âges de l'homme et le cadran qui affichait les jours de l'année fonctionnaient de concert pour constituer l'harmonieuse symphonie de l'exacte mesure du temps." "

 

L'horloge d'Habretch Rosenberg, Copenhague : les quatre âges de l'homme

 

 J'ai eu des difficultés a reconnaître les âges des hommes ! Mais oui, pourquoi pas ? A droite, l'enfance ou le page, au centre et de dos, la jeunesse ou l'écuyer, à gauche, la maturité ou le chevalier et j'aurais bien aimé savoir comment était représentée la vieillesse.


Horloge d'Habretch château de Rosenborg Copenhague


 L'aiguille des quart d'heure surmontés de deux cadrans gravés :  A gauche, les jours de la semaine symbolisés par les dieux qui leur ont donné leur nom en commençant en haut par dimanche, le soleil ; lundi, la lune ; mardi, Mars ; mercredi, Mercure ; jeudi, Jupiter ; Vendredi, Vénus ; Samedi, Saturne. A droite figurent les quatre saisons, l'hiver, le printemps, l'été, l'automne


Horloge d'Habretch château de Rosenborg Copenhague

 Au niveau historique, contrairement à ce qui est communément admis, cette horloge qui date de la fin du XVI siècle n'a pas appartenu à Christian IV. Elle était dans le cabinet de curiosités de Gottorf en Allemagne et a fini par être transférée à Copenhague sur l’ordre du roi Frédéric IV (en 1764). Ce dernier avait conquis la ville et fait transférer les oeuvres d'art vers son pays. Elle a été placée d’abord à Christianborg et puis, après des péripéties, elle a été installée définitivement à Rosenborg en 1846.


Christian VII, la reine Caroline-Mathilde et Struensee


Johann Friedrich Struensee


Si je m'intéresse à ces personnages cités ci-dessus,  c'est bien sûr, parce que je les ai rencontrés aussi dans un autre roman de l'écrivain suédois Per Olov Enquist : le médecin personnel du roi que j'aime beaucoup. Je reprends ici ce que j'en disais :

"Mais lors d’un séjour de Christian VII en Europe, on  le confie  au docteur Struensee qui gagne la confiance et l'amitié du malheureux souverain. Johann Friedrich Struensee va exercer une telle emprise sur lui qu’il devient son premier ministre, le seul autorisé à signer des documents sans avoir besoin de la signature royale. Autant dire que le médecin est l’égal du roi et même plus puisqu’il règne seul, le jeune malade ne pouvant comprendre ce qui se passe. Malgré la vindicte des conseillers, Struensee gagné aux idées philosophiques, de Voltaire à Rousseau en passant par Diderot, en profite pour entreprendre des réformes fondamentales, révolutionnaires, très audacieuses, qui suscitent le mécontentement non seulement des nobles mais du peuple. De plus, l’amour réciproque de Johann Friedrich Struensee et de la reine, Caroline Mathilde de Hanovre, soeur du roi d’Angleterre George III, épouse de Christian VII qui a peur d’elle et la délaisse, va être un des facteurs de sa chute…
Un complot fomenté par tous ceux qui souhaitent sa perte, en 1772, enlève son pouvoir au médecin qui sera exécuté. Je vous laisse découvrir les détails de cette extraordinaire histoire dont Per Olov Enquist tire un récit passionnant, réflexion sur le pouvoir, sur le rôle des Lumières, sur la vie…"


Un peintre satirique au musée Hishsprungske

 


Au musée de Hishspungsket le peintre satirique Christina Zarthmann a représenté ainsi la scène de séduction du médecin et de l'épouse. Pendant que le roi, l'air niais, affalé sur le canapé, inconscient de ce qui se passe, tourne le dos au couple et taquine un perroquet de la pointe de son épée, les deux amants jouent aux échecs, échangeant des regards amoureux sous l'oeil complice de la suivante.



Kristian Zarthmann  musée Hirshsprunsket

 

Le style réaliste et caricatural de Zarthmann est assez surprenant surtout quand il s'agit de peindre la royauté.


Kristina Zarthmann : il était une fois un roi et une reine


mercredi 24 mai 2023

Danemark : Copenhague en quelques images

Copenhague : Radhus, l'hôtel de ville

 

Me voici de retour du Danemark. Avant de présenter les châteaux, les musées et autres merveilles de Copenhague en détails, je commence par quelques images qui donneront un aperçu de la capitale du Danemark.

 

Radhusplatzen : place de l'hôtel de ville

 Sur l'immense place de l'hôtel de ville  ou "radhus" construit par Nyrop en 1905, ce vaste monument  rappelle l'architecture siennoise. A l'intérieur, on y voit la célèbre horloge astonomique de Olsen qui date de 1955 (qui n'a rien à voir avec celle de Habretch au château de Roseborg).

 Le soir de notre arrivée, sur la place, là ou doit se dresser la fontaine des Dragons, des camions sont en train d'apporter d'énormes statues de bronze pour les replacer dans au centre la fontaine en restauration.



De l'autre côté de la place, le bâtiment en verre vert  et le jardin de Tivoli, parc d'attractions.



 
Et bien sûr, Christian Andersen dans le boulevard du même nom.

 
Autour du Radhus, nous avons découvert une oeuvre étonnante, anarchiste (?) ou, en tout cas, qui règle ses comptes à la société : un doigt d'honneur dressé entre des bustes de Dante. Celui-ci crie sa colère aux quatre coins de la ville, entouré de silhouettes drapées dans de grands manteaux, représentants du pouvoir ?  de la justice ? ...  des hommes à tête de porc.
 
 
 
 
 
Ce qui est magnifique  à Copenhague, c'est l'abondance de parcs et de châteaux...
 
Jardin botanique
 
 
Jardin botanique

 
Jardin botanique

 
Le château de Rosenborg et son parc

 
 Le château de Frederiksborg à une trentaine de km de Copenhague
 
 
 Le château de Frederiksborg

 
Elseneur : le château d'Hamlet au nord de Copenhague
 
Et  puis de nombreux musées :  Les français du musée Glyptotek
 
 
Van Gogh

 
Edger Degas
 
 
Les danois des musées SMK, Hirschsprungske ou Davids Samling avec tellement de diversité et de richesse...
 
 
Wilhem Hammershoi



Anna Syberg


Cristoffer Eckersberg



Christen Dalsgaard



Carl Ramussen : voyage au Groëland



ou les expositions du musée contemporain de Louisiana


Exposition Pirosmani au musée de Louisiana


et encore les vikings du musée national de Copenhague


Musée national de Copenhague: les Vikings


Enfin en s'éloignant un peu du centre, le nouveau port, Nyvhan, si pittoresque,  puis gardienne du port,   la petite sirène et enfin le Kastallet.
 
 
Nyvahn : le nouveau port

 
Très gracile et fragile la petite sirène

 
Le kastellet : forteresse fortifiée gardant l'entrée du port


Autour du kastellet