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mercredi 8 octobre 2008

De Amy Homes à Duong Thu Huong et Chachdortt Djavann


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Les trois derniers romans que je viens de lire en ce début du mois d'octobre ont un point commun qui paraît évident de prime abord : ils sont écrits par des femmes. Ne voyez là aucun sexisme à l'envers, c'est un pur hasard. D'ailleurs je croyais vraiment que A.M. Homes était un homme (A pour Andrew par exemple...) et bien non! Il s'agit d'Amy Homes. Elle est américaine et a écrit Ce livre va vous sauver la vie  dont le principal personnage est un homme et dont l'action se déroule à Los Angeles, à notre époque. Ensuite, j'ai réalisé un bond formidable dans l'espace et dans le temps et me voici au Vietnam dans le hameau de la Montagne après la guerre avec les Américains. L'auteur Duong Thu Huon est une femme courageuse qui a payé très cher son opposition au parti communiste vietnamien et son soutien à la démocratie. Elle est aussi un grand écrivain comme nous le prouve son roman Terre des oublis. Enfin le livre de Chahdortt Djavann m'a amenée, via Paris, en Iran, dans le pays des mollahs où les femmes subissent un esclavage quotidien. L'héroïne, Roxane, soeur de la Roxane créée par Charles de Montesquieu, fuit son pays et s'installe dans notre capitale comme l'a fait Chahdortt Djavann elle-même. Le titre du roman Comment peut-on être français? est une allusion malicieuse aux Lettres persanes de Montesquieu et nous renvoie  avec ironie à la question : Comment peut-on être persan?
Un grand écart, donc, entre chacun de ces livres?  Oui... bien sûr
Et d'abord dans le style : prenez Amy Homes,par exemple, elle écrit comme le font beaucoup d'écrivains américains contemporains dans une prose dépouillée, presque sans description et où le dialogue est prééminent. Par moment il remplace le récit et ressemble à une pièce de théâtre dont on aurait simplement renforcé les didascalies. C'est un style efficace qui "montre" les personnages en action et en paroles comme au cinéma. Nous ne sommes pas à Hollywood pour rien! Aux antipodes, le style de Duong Thu Huong, descriptif, ample et lyrique où apparaît la beauté et la dureté de la terre vietnamienne.
Différence aussi dans les sociétés dépeintes : la richesse et le matérialisme des américains qui vivent dans de somptueuses maisons et ne se déplacent qu'en voiture forment un contraste frappant avec la misère des paysans vietnamiens... La démocratie américaine ou française avec toutes ses faiblesses est en balance aussi avec le totalitarisme religieux ou politique des deux autres pays.
Oui, disais-je et Non..  Car en dépit des apparences il y a des points communs entre ces trois écrivains, ressemblances qui tiennent à l'intérêt qu'elles portent aux êtres humains et à l'analyse de la société de leur pays respectif.
Bien sûr, chacune s'intéresse à la condition de la femme opprimée, étouffée par la société, par des lois  répressives, par des maris tout puissants, par leur éducation.  Cynthia, la femme au foyer que rencontre Richard Novak, le héros de Ce Livre va vous sauver la vie pleure sur des salades au supermarché. Elle ne peut plus supporter d'être traitée en esclave par ses enfants et son mari qui ne s'intéressent pas à elle et tiennent pour acquis son dévouement. Mais elle pourra se libérer contrairement à Roxane et ses amies humiliées, battues et violées par un pouvoir masculin qui prive la femme de toute liberté. Mien, la jeune vietnamienne subit une humiliation continue dans son corps et dans son âme parce qu'elle n'a pas le courage de résister à la pression sociale, à la peur,  tout comme Duong Thu Huong, elle aussi, fut obligée par la menace de se marier avec un homme brutal. Cependant ce ne sont pas les femmes seulement qui intéressent ces romancières. Hoan, le deuxième mari de Mien est un homme bon, attentionné, qui lui aussi sera entraînée dans la tourmente. Bon, son premier mari,  a un destin tragique. Richard Novak est un homme qui ne sait plus être vivant dans une société trop matérialiste où le luxe et le confort ne remplacent pas l'amour et l'amitié. Les hommes iraniens dit Roxane peuvent être aussi des victimes. Les trois écrivains montrent la difficulté de vivre dans des contextes entièrement différents et plus ou moins violents. Elles se penchent avec tendresse sur les personnages qu'elles ont créés et qui leur ressemblent  un peu.. ou beaucoup  et à nous aussi, bien sûr, car, selon l'expression de Montaigne : "chaque homme porte en soi la forme entière de l'humaine condition".

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         Terre des oublis : Le récit
Mien, jeune femme remariée à Hoan, mère d'un petit garçon, voit revenir son premier mari, Bon, qu'elle avait épousé quatorze ans auparavant. Il avait été déclaré mort à la guerre. Bon réclame sa femme et Mien sous la pression de la communauté, poussée par des sentiments complexes, la peur d'être mise au ban de la société, le sens du devoir, la compassion, accepte de reprendre la vie commune alors qu'elle aime Hoan. Elle doit tout quitter pour cela, son mari, son enfant qu'elle ne voit plus que dans la journée, le confort et l'aisance matérielle pour vivre misérablement, une vie sans amour où elle doit subir les assauts sexuels d'un homme qui n'est plus rien pour elle et qui la dégoûte.. La répulsion qu'elle a pour son ancien mari ne va pas cesser de s'accroître....

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