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mercredi 22 octobre 2008
Donald Westlake : Le Couperet (2): Michel Rocard, écrivain de roman noir?
"Il faut continuer à lire des romans" a déclaré Le Clezio, prix Nobel de littérature, le roman est un très bon moyen d'interroger le monde actuel."
Je lis aujourd'hui dans Le Monde une interview de Michel Rocard par Sylvain Besson sur la crise financière actuelle. Je ne peux m'empêcher de mettre face à face l'extrait du roman de Weslake que j'avais précédemment relevé dans : Le couperet (1) et les déclarations de Michel Rocard :
Extrait du Couperet de Dolnald Westlake :
"Ce sont toutes des propriétés anonymes et c'est le besoin des actionnaires qui les pousse, toutes autant qu'elles sont. Pas le produit, pas la compétence, certainement pas la réputation de l'entreprise. Les actionnaires ne s'intéressent à rien d'autre que le rendement, et cela les conduit à soutenir des cadres de direction formés à leur image... qui gèrent des entreprises dont ils se moquent éperdument, dirigent des effectifs dont la réalité humaine ne leur vient jamais à l'esprit, prennent des décisions non pas en fonction de ce qui est bon pour la compagnie, le personnel, le produit ou encore (ah!) le client, ni même pour le bien de la société de façon plus générale, mais seulement en fonction du bénéfice apporté aux actionnaires. La démocratie dans son état le plus dévoyé; on ne soutient les chefs qu'à condition qu'ils assouvissent son avidité. c'est pourquoi des firmes saines, largement bénéficiaires, riches en dividendes pour leurs actionnaires, licencient néanmoins des ouvriers par milliers : pour extirper juste quelques gouttes de plus, pour paraître juste un peu mieux aux yeux de cette bête à mille bouches qui maintient les cadres au pouvoir, avec leurs indemnités à un million de dollars, dix millions de dollards, vingt millions de dollars."
Extrait de l'interview de Michel Rocard
"Les actionnaires ont fini par considérer qu'ils étaient mal traités. Ils ne venaient pas aux assemblées générales – on en rigolait, d'ailleurs. Ça a changé quand se sont créés les fonds de pension qui regroupent des milliers, des millions d'actionnaires. Ils ont envahi toutes les assemblées, en se moquant des problèmes internes de l'entreprise, et en disant "je veux plus". Dans la foulée se créent les fonds d'investissement, plus petits mais beaucoup plus incisifs, et les fonds d'arbitrage, les hedge funds. Ces fonds ont créé une vaste pression sur les managers. Ils disaient : "Si vous ne payez pas plus, on vous vire." Puis il y a eu un mouvement plus puissant encore, celui des OPA. Celui qui ne distribue pas assez à ses actionnaires devient "opéable". Il en a résulté une externalisation formidable de la main-d'œuvre, qui a rendu précaire un quart de nos populations. Au final, cela donne une économie fatiguée, minée par la méfiance, où l'idée de fidélité à l'entreprise commence à disparaître et où la croissance ralentit."
Voir l'article complet dans Le Monde : Propos recueillis Sylvain Besson
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