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samedi 18 octobre 2008

Utopia : Parlez-moi de la pluie d’Agnès Jaoui


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Parlez-moi de la pluie : c'était hier, dans mon cinéma préféré, Utopia, dans une des salles de ciné, à République, aménagée dans une ancienne chapelle. Les autres salles d'Utopia, à la Manutention, sont installées dans une vieille fabrique restaurée décorée d'une manière qui n'appartient qu'à Utopia, de tableaux rococos, de petits anges dorés. A l'entrée pend la tête d'un cerf qui aurait été tué pendant les chasses de Giscard D'Estaing ... et j'en passe. Voilà pour le décor.
Le film de Jaoui? Des passages amusants servis par de bons dialogues et des acteurs bien dirigés qui les mettent en valeur. Ce sont les principaux atouts du film.

Parlez-moi de la pluie

Le scénario de Jaoui-Bacri m'a semblé construit comme une succession de scènes dialoguées où la parole est omniprésente. Les deux scénaristes viennent du théâtre. Ils savent montrer des situations drôles, des gens de milieux différents qui parlent juste et avec naturel. J'ai bien aimé, par exemple, la scène chez l'agriculteur qui se met en colère contre les technocrates de Bruxelles et leur reproche même la pluie incessante. La tête d'Agnès Jaoui, en politicienne débutante et accablée qui découvre les aléas du métier, est réjouissante. Celle aussi de Jamel Debouzze pendant le rituel chrétien du baptême mené par un prêtre à l'accent pagnolesque n'est pas mal non plus! J'ai aimé aussi les relations épidermiques entre les deux soeurs qui prouvent que l'on n'est jamais vraiment guéri de son enfance, ou ceux entre la femme de ménage d'origine maghrébine et ses patronnes...
En fait, beaucoup de thèmes intéressants sont abordés ici : celui du féminisme et de la politique, celui des rapports d'un père divorcé avec le fils dont il n'a pas la garde, celui de la fragilité des êtres au-delà des apparences, celui de l'échec aussi bien amoureux que professionnel lié à une dévalorisation de soi-même...
Ce que je n'ai pas aimé? A mon avis, le film manque de rythme.L'image est sacrifiée à la parole, elle n'est jamais signifiante. La réalisatrice filme chaque action comme si elle se déroulait sur une scène, dans un lieu théâtral. Les personnages sont d'ailleurs très statiques, assis sur une chaise, dans un jardin ou une pièce. Même les paysages extérieurs, les Alpilles, ou la ville d'Avignon avec le palais des papes sont traités seulement comme des décors. On a l'impression d'être devant une pièce de théâtre filmée plutôt que dans un film.
Malgré ces réticences, le film reste un divertissement agréable.

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