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mardi 11 novembre 2008

De Christian Bobin à Edouard Boubat : pour un brin d’herbe …

 

Mozart écrit à propos d'un de ses concertos
"C'est brillant mais ça manque de pauvreté.



Edouard Boubat

Je publie régulièrement dans Ma Librairie un Florilège de poètes que j'aime et, en particulier, des extraits du livre de Christian Bobin, Autoportrait au radiateur.
Ce journal écrit par l'auteur peu après la disparition de la femme qu'il a aimée est composé de petites notations prises au jour le jour, chacune comme un poème, où se côtoient la mort et la vie, la souffrance et la joie, la vie dans ce qu'elle a de plus petit et apparemment de plus anodin; pourtant cette somme de moments arrachés à la grisaille du quotidien composent un tout qui donne du sens et qui rattache à la vie.
 "Je fais du tout petit, je témoigne pour un brin d'herbe. le monde tel qu'il va, mal, je le connais et je le subis comme vous, un peu moins que vous peut-être : dessous un brin d'herbe, on est protégé de beaucoup de choses.(...) Le désastre, je le vois. Comment ne pas le voir? Le désastre a déjà eu lieu lorque je commence à écrire. je prends des notes sur ce qui a résisté et c'est forcément du tout petit, et c'est incomparablement grand, puisque cela a résisté, puisque l'éclat du jour, un mot d'enfant ou un brin d'herbe a triomphé du pire. Je parle au nom de ces choses toutes petites. j'essaie de les entendre. je ne rêve pas d'un monde pacifié. Un tel monde serait mort. J'aime la lutte et l'affrontement comme j'aime la vie du même amour."
Or tous les livres de Christian Bobin dans la collection Folio sont illustrés - ce n'est évidemment pas un hasard -  par les photographies d'Edouard Boubat dont j'ai vu l'exposition en février 2008 à la Maison Européenne de la Photographie de Paris. L'on est frappé par les correspondances entre l'écrit de l'un, les images de l'autre.
"photographier c'est exprimer une gratitude" disait Edouard Boubat que Prévert surnommait "le photographe du bonheur" et Christian Bobin fait écho : "J'écrirai tant que j'aurai de la joie et de la surprise à écrire".

  
La beauté est une manière de résister au monde, de tenir devant lui et d'opposer à sa fureur une patience active.
Comme Christian Bobin, Edouard Boubat est, en effet,  à l'affût des moments de pureté et de joie, portraits d'enfant écoutant un coquillage, portraits de femme, droite, élancée,  sur la plage, regardant vers l'infini...
Petits instants sauvés du néant, éternisés par la grâce d'une photo, partout chez lui ou dans le monde, là où il témoigne de ce qui l'entoure.
Les enfants en bas âge prennent toutes les forces de ceux qui s'occupent d'eux, et, par la grâce d'un mot  ou d'un rire, ils donnent infiniment plus que tout ce qu'ils avaient pris.
L'enfance est longue, longue, longue. Après vient l'âge adulte qui dure une seconde et la seconde suivante la mort éclate, ruisselle.

1 commentaire:

  1. Ton intéressant billet fait suite à mes lectures de Christian Bobin, que j´aime tant.

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