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mercredi 19 octobre 2011

Fanny Saintenoy : Juste avant


 Fanny vient d'apprendre que son arrière-grand mère est en train de mourir. Elle prend aussitôt un train jusqu'à Bergerac pour venir assister la vieille dame dans ses  derniers instants, apportant avec elle, dans cette chambre d'hôpital, tous les soucis de sa vie.
Dans ce dernier face à face qui les réunit, la jeune femme et l'aïeule en train d'agoniser vont égrener tout à tour leurs souvenirs personnels qui se croisent parfois et se complètent. Peu à peu, à travers des retours dans le passé se dessinent la personnalité de chacune et leur histoire qui recoupe celle de notre pays à travers les évènements du XXème siècle.

Ce court roman est très bien écrit  et l'on y sent l'émotion d'une fin de vie mais  sans rien de déchirant ou de tragique. La mort est présentée comme inéluctable, dans l'ordre des choses, et s'il y a nostalgie, elle vient des souvenirs évoqués, de l'affection qui lie Fanny et sa grand mère. Le personnage de cette vieille dame est intéressant, une femme du peuple à qui l'existence n'a pas fait de cadeau et qui a conçu la vie comme une lutte. Pourtant les bons moments, les amies, la convivialité, l'amour de sa famille viennent contrebalancer les tragédies, la déportation de son mari, résistant communiste qui disparaît dans un camp de concentration, la mort de sa fille atteinte d'un cancer. On sent très bien aussi le clivage qui se fait entre la vieille femme peu instruite, peu ouverte sur le monde par la force des choses, et son arrière-petite fille devenue une intellectuelle, un mode d'ascension sociale qui crée des fossés entre les quatre générations de femmes qui se succèdent, de l'arrière-grand mère à sa fille Jacqueline, sa petite fille Martine et son arrière-petite fille Fanny.
Ce premier livre me laisse pourtant un peu sur ma faim à cause de la rapidité du roman qui  ne permet pas à l'histoire de s'installer ni aux personnages de vivre. On a l'impression d'un survol, là où l'on attendrait que l'écrivain se pose un peu pour qu'il y ait plus de force dans le récit, une analyse plus approfondie des rapports sociaux. Mais les qualités d'écriture sont indéniables et ne demandent qu'à être développées.
 Un grand merci à Jeneen pour ce livre voyageur!


8 commentaires:

  1. un thème un peu à la mode en ce moment et du coup difficile de faire du neuf, je retiens le nom de cette dame pour l'avenir

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  2. @ dominique : Elle en parle d'une manière un peu différente, s'attachant à retracer la vie des gens, faire revivre leur passé . Et comme ce passé couvre presque un siècle, on a parfois l'impression d'une trop grande rapidité.

    Moi aussi j'attends de voir ce qu'elle va faire.

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  3. Je n'ai lu que la fin car Jeneen le fait voyager, donc je vais le lire prochainement... Ton avis à la fin donne quand même envie de le lire, c'est l'essentiel ! :)

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  4. @ Asphodèle : Tu me rappelles que j'ai oublié de remercier Jeneen pour ce livre voyageur! Car moi aussi je l'ai lu grâce à elle. Horreur!!

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  5. horreur, horreur, cache-toi ! (hihi) Je suis très contente qu'il t'ait interpellée, et comme toi je trouve qu'elle traite différemment ce sujet "tendance" en cette rentrée...C'est vrai qu'il est court mais en fait, je trouve que ça correspond bien à ce moment, qui pour moi est court dans le temps, on doit penser à des tas de choses en vrac quand on se sent partir...je ne sais pas, j'imagine...Et l'écriture de Fanny Saintenoy s'y prêtait bien...oups, je m'étale, horreur (;-) ) bonne soirée

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  6. @ Jeneen : c'est ça, c'est ça, moque-toi de moi!
    Oui, tu as raison , le moment est un survol comme on imagine que cela doit se passer au moment de mourir. N'empêche que ces personnages, l'arrière grand mère et grand père dans un milieu populaire et la période historique m'auraient passionnée s'ils avaient été développés.

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