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mardi 17 décembre 2013

Jocelyne Saucier Il pleuvait des oiseaux



Il pleuvait des oiseaux, voilà un beau roman écrit par une romancière québécoise, Jocelyne Saucier, où l'on découvre les paysages de l'Ontario, d'immenses forêts où l'on peut encore se cacher voire se perdre et  vivre proche de la nature.
C'est ce qu'ont fait pour des raisons diverses Tom, Charlie et Boychuck, le peintre. Leur cabane respective est rustique, sale et sent le graillon, les corps sont mal lavés, les paroles rares, mais leur vie s'accommode bien du silence, de la solitude et de… la liberté! C'est alors qu'ils reçoivent la visite d'une photographe à la recherche de Boychuck l'un des survivants des Grands Feux de l'Ontario qui ont ravagé le pays au début du XXème siècle. Mais celui-ci vient de mourir. Puis l'arrivée de Marie des Neiges, une vieille femme, frêle et fragile, chamboule leur vie et y introduit poésie et délicatesse..
L'histoire est  racontée par plusieurs  personnages, la photographe d'abord, puis  Bruno et Steve, les rares amis des vieux exilés, qui les entraînent dans un trafic louche;  puis la narratrice extérieure reprend la parole et c'est à travers tous ces points de vue que l'on découvre ce qu'ont été les grands Feux de l'Ontario en 1916, l'ampleur du désastre qui a marqué les esprits, les nombreuses victimes et les traumatismes des rescapés. A l'intérêt historique s'ajoute un style superbe. La catastrophe est décrite d'une manière évocatrice et prend le ton de l'épopée. La fuite de Boychuck à la recherche des siens au milieu de ces paysages ravagés est hallucinante.
A côté de la grande Histoire, celle des personnages, est captivante. Je me suis intéressée à ces hommes ainsi qu'à leur rapport avec la nature et leur désir farouche de liberté. Et pour eux, la liberté est d'abord de choisir leur mort car "personne n'a envie d'un vie qui n'est plus la sienne." C'est ce qui donne le goût de vivre parce qu'on sait que l'on a le choix.". Un thème qui me touche beaucoup, une revendication de la liberté que je trouve très belle.
Un récit où il est aussi question d'amitié et d'amour parce que les sentiments ont cours à tout âge.

Un roman original, attachant, même si, petit bémol qui n'enlève rien au plaisir de la lecture, j'ai été un peu déçue par le dénouement.

La petite vieille était une survivante du Grand Feu de Matheson. Elle lui avait parlé d'un ciel noir comme la nuit et des oiseaux qui tombaient comme des mouches.
Il pleuvait des oiseaux, lui avait-elle dit. Quand le vent s'est levé et qu'il a couvert le ciel d'un dôme de fumée noire, l'air s'est raréfié, c'était irrespirable de chaleur et de fumée, autant pour nous que pour les oiseaux et ils tombaient en pluie à nos pieds.




Les grands feux de 1916 (Photo archive l'express)


Merci à Aifellel ICI de m'avoir fait découvrir ce livre voyageur

Voir aussi Clara

14 commentaires:

  1. j'ai pris un vrai plaisir à cette lecture et même la fin ne m'a pas dérangé
    un livre plein de charme

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  2. La photo d'archives est impressionnante. J'ai adoré cette lecture, et la fin ne m'a pas particulièrement déçue. J'ai très envie de lire autre chose de l'auteur pour retrouver l'écriture et le style.

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    1. Moi, j'ai un peu eu l'impression qu'elle se débarrassait de ses personnages. Pourquoi décident-ils d'en finir à ce moment-là? pourquoi tuer les chiens si ce n'est pour tromper la photographe? Ceci dit , oui, cela m'a donné envie de lire d'autres livres d'elle.

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  3. J'avais déjà noté ce titre chez Aifelle

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  4. J'en avais entendu beaucoup de bien il y a déjà un bon moment sur France Inter,dans l'émission d'Emmanuel Khérad-que vous connaissez peut-être-.Elle m'avait donné envie
    de le lire,mais je ne l'ai pas encore fait:il y a tant à lire(...et à faire !).
    "personne n'a envie d'un vie qui n'est plus la sienne. C'est ce qui donne le goût de vivre parce qu'on sait que l'on a le choix.":c'est magnifique...

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    1. Oui, je trouve cette phrase et philosophie magnifique! A l'heure actuelle nous ne sommes pas libres de choisir, prisonniers de nos hommes politiques qui refusent l'euthanasie, de nos églises qui nous culpabilisent. Pourtant la liberté ne va pas sans ça!

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  5. Ce livre a connu un très grand succès au Québec, mais, un peu par esprit de contradiction, je l'avoue, je ne l'ai pas encore lu et je n'en connaissais même pas le sujet... seulement le titre, car je le vois depuis des lustres sur les présentoirs de la librairie où je m'approvisionne, ce qui est en soi une marque de son importance ici compte tenu de la vie éphémère des ouvrages en librairie.

    Merci donc de m'en avoir appris un peu plus. Je vais toutefois faire commet Henri IV dont il est dit que, n'ayant pas le temps de lire, il harcelait les lecteurs autour de lui de questions jusqu'à ce qu'il se soit fait une idée précise du contenu d'un ouvrage.

    Personnellement, ce n'est pas que je n'ai pas le temps de lire, mais j'ai relu toutes les Chroniques du Plateau Mont-Royal de Michel Tremblay, puis les six volumes de la Diaspora des Desrosiers qui est encore en cours. Grand plaisir depuis l'été...

    Portez-vous bien

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    1. Oui, Il pleut des oiseaux est un bon roman et j'ai envie de lire d'autres livres de Jocelyne Saucier. Je me promets toujours aussi (et un jour ce sera fait), de découvrir Les chroniques du plateau de Mont-Royal. j'en ai lu un qui m'a donné envie de connaître la suite.

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  6. J'avais aussi entendu l'émission de France Inter, et déjà noté ce roman, ton billet me fait remonter ce titre sur ma liste. Même si ce n'est pas exactement la même chose, ton billet m'évoque le plaisir que j'ai eu à lire la série de BD "Magasin général". Un Québec du début du 20ème siècle, une communauté perdue dans la nature immense, des personnages truculents et attachants, une langue que chante à l'oreille....

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    1. Je n'ai pas lu mais feuilleté la BD de Le Magasin général, c'est vrai qu'il y a là tout le charme de la Belle Province!

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