Pages

PAGES

dimanche 4 mai 2014

Retour de vacances : Les Cévennes, George Sand et le marquis de Villemer

A la demande d'une visiteuse de mon blog, une vue d'ensemble de la maison lozérienne

La grange à gauche, c'est chez moi et la maison à droite, celle de JackCactus, le sculpteur de totems


La maison aux Totems



L'atelier aux totems


Retour de vacances! Merci à toutes celles qui m'ont rendu visite dans mon blog et m'ont laissé des commentaires pendant mon absence!

La Lozère, Mes Cévennes en ce mois d'Avril, début mai? l'horreur... quand le ciel s'abat sur vous, quand les nuages, le vent du nord, du sud, de l'ouest, le froid, la pluie, la grisaille concourent à faire de ces quelques jours une épreuve... oui, à ce moment-là, tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire! Attendre les éclaircies pour sortir les enfants, se vêtir de plusieurs couches de vêtements pour lutter contre le froid! Pour moi, c'est l'hiver avignonnais lorsqu'il est... mauvais! Alors, comme je comprends mon grand père qui a quitté ce pays au début du XXème siècle pour s'en aller vivre sa vie loin de la terre où il est né! 
Pourtant que la montagne est belle! Car dans ce petit hameau situé à 1100 mètres d'altitude, ce que je considère comme l'hiver, c'est le printemps! Les prés sont verts, émaillés de primevères et de boutons d'or; les premiers narcisses pointent leur tête. Les genêts dorent les flancs des montagnes.

les couleurs du printemps

Les genêts et, sur le versant , en face, les verts des sapins et des feuillus.

Promenade au milieu des genêts
Cueillette des orchidées sauvages

Bon, me direz-vous mais que vient faire George Sand ici? Et bien le hasard a voulu que la LC  proposée par Eimelle à laquelle se sont jointes George, Miriam, et qui devait être une pièce de théâtre, s'est révélé un roman, en partie épistolaire, dont l'intrigue se passe à Paris d'abord puis dans les Cévennes.


George Sand : Le marquis  de Villemer

Il ne s'agit pas des Cévennes comme l'on entend cette région du massif Central de nos jours, située  dans les départements de la Lozère et du Gard, mais de la Cévenne au sens large, telle qu'on la définissait à l'époque de George Sand et qui englobait jusqu'à la Haute Loire avec le Mont Mézenc, le Mont Gerbier de Jonc. C'est dans ces lieux, en effet, et non loin du Puy en Velay, que se réfugie l'héroïne de notre roman fuyant Paris. Quoiqu'il en soit j'ai eu l'impression que George Sand était avec moi en lisant cet extrait!

Les sommets des Cévennes sont souvent chargés de vapeurs glaciales, et quand le vent les balaye, la pluie se rabat sur les bassins. Dans la saison où nous sommes c'est un éternel caprice; des combinaisons de nuées fantastiques, des éclipses subites de soleil et puis des clartés d'une limpidité froide qui ramènent la pensée à ces rêves de la première aube de notre monde, quand la lumière fut créée, c'est à dire quand l'atmosphère terrestre, dégagée de ses tourmentes, laissa percer les rayons du soleil sur la jeune planète éblouie.

Dans la saison où nous sommes, c'est un éternel caprice...

L'intrigue 

 Caroline de Saint-Geneix, après la mort de son père qui ne lui laisse aucune fortune et la disparition de son beau-frère, le mari de sa soeur Camille, qui meurt ruiné, doit se placer comme demoiselle de compagnie chez la marquise de Villemer, une vieille femme impotente, bonne mais imbue de sa caste et pleine de préjugés nobiliaires. De ses deux mariages, elle a deux fils, le duc Gaetan, charmant, dispendieux, séducteur et noceur, qui dilapide sa fortune et celle sa mère; et Urbain, le marquis de Villemer, un jeune homme mélancolique, de santé fragile, savant, qui consacre sa vie à l'étude et écrit un livre sur l'histoire de France. Il a eu une maîtresse, morte en couches, qui lui a laissé un fils mis en nourrice et dont il cache l'existence. Le marquis, altruiste, sacrifie une partie de sa fortune pour payer les dettes de son frère aîné et assurer une vie décente à sa mère. Quant au duc, toujours impénitent, il cherche à séduire Caroline mais en vain. Il cesse pourtant de lui faire des avances quand il comprend que le marquis aime sincèrement la jeune fille. Mais le mariage est-il possible entre la demoiselle de compagnie, sans fortune et sans titre,  et le noble et riche marquis? Camille blessée par la réaction de la marquise s'enfuit dans les Cévennes pour se réfugier chez sa nourrice. Mais Urbain la suit jusque là...

Un sujet traditionnel

On voit que le sujet choisi est  traditionnel au XIX  siècle : les soeurs Brontë, obligées de gagner leur vie en se plaçant comme gouvernantes, ont vécu cette situation qu'elles font revivre dans leurs romans respectifs; on se dit que chez Thomas Hardy, la tragédie serait au rendez-vous, avec une jeune servante séduite, enceinte, rejetée et mourant dans un fossé. 

 Un  roman optimiste et féministe

Mais George Sand est avant tout optimiste et elle a foi en la nature humaine. Sa Caroline, intelligente, lucide, instruite, pleine de dignité, sait mettre ses sentiments sous le joug de la raison. Elle sera de taille à résister à ce Dom Juan qui s'amuse à séduire les femmes, à les perdre de réputation, parce qu'il les méprise et ceci d'autant plus, si elles occupent une position subalterne. Urbain de Villemer découvre en elle, une femme cultivée, une âme soeur, avec laquelle il peut partager des idées et des discussions philosophiques. L'auteure ne se prive pas, d'autre part, de critiquer un autre type de femmes ambitieuses, rouées et superficielles qui n'ont de cesse de s'établir dans la bonne société en flattant, mentant, intriguant sans cesse, type incarné dans le roman par Léonie, l'amie de couvent de Caroline. Le roman est donc féministe même si la vision de la femme parfaite obéit à certaines conventions du XIX siècle : Caroline doit être vertueuse, dévouée. Douce et maternelle, elle soignera le marquis malade et admirera son génie, elle aimera son enfant comme une vraie mère. Elle doit aussi reconnaître qu'elle agit par orgueil et abandonner ce sentiment pour répondre à cet amour, ce qui passe par le sacrifice et l'oubli de soi-même : Je vous aime plus que ma fierté et que mon honneur! J'ai été assez orgueilleuse, assez cruelle et vous avez trop souffert par ma faute."

Un roman critique sur la noblesse

Le roman est un prétexte aussi à George Sand pour exposer ses idées sur la société et la noblesse. Elle fait du marquis de Villemer, historien, le défenseur de la cause du peuple spolié par les nobles : Ce fils d'une grande maison longtemps privilégiée, nourri de dans l'orgueil de la race et le dédain de la plèbe, apportait devant la moderne civilisation l'acte d'accusation du patriciat, les pièces du procès, les preuves d'usurpation, d'indignité ou de forfaiture, et prononçait la déchéance au nom de la logique et de l'équité, au nom de la conscience humaine, mais surtout au nom de l'idée chrétienne évangélique.

George Sand critique les préjugés, les hypocrisies de la noble société parisienne, leurs fastueuses réceptions mondaines et leurs dépenses ostentatoires pour tenir leur rang dans le monde. La marquise Villemer doit d'ailleurs quitter Paris pendant six mois chaque année pour s'exiler à la campagne afin de se reposer mais aussi pour renflouer ses finances. George Sand oppose à ce mode de vie factice, superficiel, une vie saine à la campagne, des plaisirs simples, et la joie de vivre proche de la nature.

Un roman intéressant mais qui présente quelques faiblesses dans la construction romanesque qui repose parfois un peu trop sur le hasard et les coïncidences; il est aussi peut-être trop optimiste car la plupart du temps les bergères n'épousent pas les princes! Il se révèle donc un peu trop romantique au sens où on prend parfois le mot, c'est à dire sentimental!  Mais il est agréable à lire!

chez George


27 commentaires:

  1. je ne connais pas ce roman, il y en a tellement à découvrir!
    mais en tout cas, gris, froid et pluie en Touraine aussi!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, j'ai vu le titre chez toi et j'ai cru qu'il s'agissait d'une pièce puisque notre Lc devait porter, en effet, sur le théâtre! Tant pis! De toutes façons, j'ai pris plaisir à cette lecture.

      Supprimer
  2. J'aime ta présentation et j'ai lu ce roman il y a déjà une bonne vingtaine d'années et j'ai toujours admiré le style qui parait simple, et je dis bien qui parait, de George Sand. sujet bateau : la pauvre fille de bonne famille ruinée qui va se placer chez les riches...
    Mais sous la plume de George le vernis craque et l'on sent toute son âme de féministe.
    Alors certes l'histoire est banale, car la nature humaine ne change pas depuis des siècles et des siècles et les sentiments demeurent mais que c'est bien écrit et revendiqué.
    avec le sourire

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui et chez George, c'est toujours intelligent même si cela paraît parfois utopiste! Mais d'ailleurs, elle revendique l'utopie.

      Supprimer
  3. Ce petit village a un charme fou ! Avec une cheminée, des plaids et des livres... j'y passerais bien mes vacances !
    Quant à la romance de George, je suis preneuse ! J'aime les histoires qui finissent bien...
    Bonne semaine !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un charme fou mais je t'assure que cette fois-ci j'en avais "soupé" de ce charme! Une semaine, ça va, deux, bonjour les dégâts! Heureusement qu'il y avait les petits enfants!

      Supprimer
  4. Les photos sont ma-gni-fi-ques!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci! Magnifiques? pas les photos mais le paysage, je crois...

      Supprimer
  5. J'ai lu ce roman il y a longtemps, j'hésite à relire mon exemplaire fort défraichi, hélas... Mais comme tu dis, on pense aux Bronté (et, oui, Hardy aurait sûrement rendu ça tragique... ^_^)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui,Goerge Sand est la catho optimiste face aux austères protestants pessimistes, Les Brontë ou Hardy!!

      Supprimer
  6. Si c'était pour nous faire rêver un peu tu as gagné :-)
    superbes ces maisons qui respirent la vie simple et rude des terres cévenoles

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais je ne voulais pas faire rêver! je voulais que tu me plaignes d'avoir eu si froid!

      Supprimer
  7. .
    Bon retour du printemps! Avril à 1100m, c'est risqué! Ta maison est drôlement belle!
    Tu me fais bien envie avec de roman de George Sand que je ne connais pas. Pour la pièce, je me suis inscrite mais je n'arrive toujours pas à la télécharger, je vais peut être te suivre dans les romans!
    les lettres sont de retour pour la capcha j'aimais mieux les chiffres
    a propos de lecture commune Lermontov c'est pour quand,? je l'ai fini mais pas écrit mon billet

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. A gla gla! oui, 1100 m , c'était quitte ou double : soleil ou l'horreur!

      Supprimer
  8. L'endroit est formidable,
    ta maison belle et confortable
    tes petits-enfants sont adorables..
    et, misère ! le temps fut déplorable.
    Sincère compassion ;-)
    À noter que, pour les orchidées, il y a un hic !..

    Merci pour la découverte de ce roman et pour tes superbes photos
    Bises et belle semaine en Avignon

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Autrement dit j'ai bien tort de me plaindre; tu as peut-être raison mais n'oublie pas... que je suis d'Avignon!

      Supprimer
    2. Les habitants d'Avignon ont pour coutume de toujours se plaindre du temps, c'est ce que tu veux dire ?
      Contrairement à ce que tu as interprété, mon commentaire n'était pas ironique. Quand je dis "sincère compassion" ça veux dire que je te plains sincèrement d'avoir enduré l'enfermement forcé de tes bon petits diables !
      As-tu cliqué sur le lien pour les orchidées ? (petit suggestion au passage : les liens de la même couleur que le texte ne sont pas facilement repérables. Je dis ça je dis rien :-))

      Supprimer
    3. Oui, c'est ce que je veux dire et aussi que les habitants d'Avignon sont frileux, ne tolèrent pas que le soleil disparaisse et prennent la pluie comme une offense personnelle!

      Ainsi "sincère compassion" était .. sincère!! Merci, merci!

      Non, je n'avais pas cliqué! Etonnement!

      Supprimer
    4. Tilia : tu veux dire que ce ne sont pas des orchidées? ce qui est bien possible mais cela y ressemble un peu.. et ne fait, je ne sais pas vraiment ce que c'est.

      Supprimer
  9. Il est beau ton coin de Cévennes, mais avec les conditions météo que tu décris, j'aurais souffert aussi ! C'est amusant cette coïncidence avec le roman de George Sand. Je le note, pour le côté féministe.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah! enfin quelqu'un qui me comprend! Oui la coïncidence était amusante. j'ai cru qu'elle parlait de moi!

      Supprimer
  10. Malgré le temps, je vois que vous vous êtes bien divertis ! quant à Sand, trop de romans ! Je ne connaissais pas celui-là et je le note même si je pense que je ne lirai pas tout de suite mais c'est un auteur qui me fascine moins que d'autres romantiques peut-être parce que justement je la connais moins...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai que Sand est une auteure prolixe. On n'arrive pas à en faire le tour! Plus je la découvre, plus je l'aime.

      Supprimer
  11. Beaux et rudes ces paysages... sinon moi qui suis si frileuse, je peux comprendre ta plainte. L'été, en revanche, on doit s'y sentir très bien. Je connais pas ce roman de Sand.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce sont les mots exacts : beaux et rudes!
      Ce n'est pas un des grands romans de Sand mais il se lit bien.

      Supprimer
  12. J'aime beaucoup ce roman et même si, oui les hasards et autres coïncidences sont un peu trop fréquents, j'aime son charme et son héroïne. Je me rends compte que je ne l'ai pas chroniqué sur mon blog, il me faudrait le relire pour cela !

    RépondreSupprimer
  13. C'est vrai, il a du charme ce roman et j'ai bien aimé le découvrir.

    RépondreSupprimer

Merci pour votre visite. Votre message apparaîtra après validation.