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mardi 3 mars 2015

Vacances Toussaint 2010 : souvenirs, souvenirs...

Un petit ours polaire

J'ai retrouvé dans les dossiers de mon ancien ordinateur, ce texte que j'avais écrit en 2010 pour l'atelier d'écriture de Gwenaelle qui a disparu depuis. Il s'agissait de noter au jour le jour nos activités pendant les vacances de la Toussaint. Retrouver ces souvenirs m'ont fait bien plaisir parce qu'il y est question de ma petite fille Léonie qui avait alors sept mois! J'ai donc décidé, pour qu'il ne disparaisse pas, de le publier ici même s'il est très personnel. Peut-être n'intéressera-t-il personne à part moi et éventuellement les parents de Léonie? Mais je ne veux pas l'oublier!

J'ai mis quelques petites commentaires en  2015 (en mauve) à propos de certains passages de 2010  dont certains me paraissent plus que jamais d'une brûlante actualité.

Lundi  25  Octobre 2010, le soir : Marseille au temps du Choléra

Ma petite fille Léonie est couchée et j'ai un petit moment pour moi, c'est à dire pour lire et écrire.

Hier, Dimanche, nous sommes allés la chercher à Marseille chez ses parents. Aurélia, sa maman, partait à Paris pour son travail, photographier le musée Gustave Moreau, et nous allions ramener Léonie à Avignon jusqu'à samedi. Nous sommes arrivés dans une ville de cauchemar, les trottoirs débordant de sacs poubelles éventrés, des ordures répandues partout emportées par le Mistral, des rats grouillant autour des containers. Marseille au temps du choléra! Les Sdf profitant de l'anarchie ordurière avaient investi la place et installé leurs matelas souillés entre les poubelles. Mais ce qui m'a le plus surprise ce sont les personnes qui, au milieu des immondices et des odeurs délétères, avaient étendu des couvertures à même la rue pour vendre de menus objets.
Je n'avais vu la ville aussi sinistrée qu'une fois et c'était en 1968! Mais alors je ne l'avais pas ressenti de cette manière. Peut-être parce que j'étais jeune, peut-être aussi parce que la France entière était dans la rue et les mouvements de la jeunesse partout dans le monde occidental allait apporter un souffle, une liberté ardemment souhaitée dont nous allions parfois faire un mauvais usage. Certes, nous n'avons pas apporté des lendemains qui chantent à nos enfants et la France de demain s'est révélée ce qu'elle est aujourd'hui, celle du chômage, de la précarité, de l'individualisme et du capitalisme triomphant. Mais en ce temps-là nous ne le savions pas, tous les espoirs étaient permis et nous étions solidaires, enthousiastes et idéalistes.

 Voilà ce que  je pensais dans les rues de Marseille en allant chercher ma voiture pour ramener ma petite Léonie à Avignon. Bien enveloppée dans une gigoteuse en fourrure blanche, elle ressemblait à un petit ours polaire avec son capuchon orné de deux oreilles rondes. Un joli ourson aux yeux bleus!

Quand tu nous a vus, tu as eu un petit sourire mi-figue, mi-raisin, le sourire que nous connaissons bien maintenant et qui dit : "oh! je les aime bien ! mais qu'est-ce qu'ils viennent encore faire ces deux-là!  Ils vont m'arracher à mes parents! et je veux paaas!!" Par contre quand nous venons le mercredi pour t'amener à l'éveil musical, tu es toute heureuse, et le sourire est franc! Tu sais que tu ne vas pas repartir avec nous et je te sens heureuse d'être avec tes grands parents! *
Comment peux-tu savoir que nous venons te chercher mon petit sphynx?  C’est vrai que tes parents ne te prennent jamais en traître; Ils t'avertissent quand tu dois venir chez nous. Mais comment as-tu compris sans la compréhension des mots? Tu le sens, tu le sais? Que te transmettent tes parents au-delà des phrases? Maupassant disait en parlant des bébés : « un enfant encore sans gestes et sans parole ». Comme si le tout-petit n’appartenait pas tout à fait à l’espèce humaine. 

Le soir, difficile endormissement ; tu te calmes dans mes bras; je te transmets tout mon amour.

*Léonie n’a pas changé depuis!

Mardi 26 Octobre :  C'est une grande joie...

 Le Mistral continue à souffler avec une violence inouïe. Des rafales à 120 km secouent les volets comme pour les arracher. Je n'ai pas pu sortir Léonie et je me suis occupée d'elle toute la journée. j'adore! Je lui ai créé un petit monde à elle dans notre salon. Le parc qui s'ouvre sur le côté est devenue une cabane d'où elle peut entrer et sortir à quatre pattes même si elle n'aime pas beaucoup cette station. Elle préfère être debout. Un tapis en mousse, puzzle aux couleurs vives, lui permet d'évoluer sans danger. Elle est entourée de toutes sortes de personnages extraordinaires et insupportables. Figurez-vous, entre autres, Jojo lapin, roi des malins, avec des jambes démesurées, qui saute partout et atterrit régulièrement sur son nez de bébé.

Son grand père lui prépare des petits plats de sa composition, mixant, mêlant savamment les goûts, un zeste de Kiwi d'un vert acide neutralisé par une poire jaune, juteuse et fondante à souhait, une purée de patates douces nappée d'un coulis de courgette. Il a raison car il a affaire à un gourmet. Quand elle goûte, c'est du sérieux! Elle ferme les yeux, se recueille, grimace un peu avant de s'apercevoir qu'elle aime, qu'elle aime, qu'elle aime! Mmm! Le petit bec s'ouvre avec avidité vers les grands parents nourriciers, affolés, la petite bouille barbouillée de rouge ou de vert selon le cas, le soupir d'aise et le sourire final sont autant d'hommage au grand chef cuisinier.
Et puis, il y a les livres, la musique, les chansons...  Notre Minuscule se trémousse sur nos genoux, « à Paris, à Paris, sur un petit cheval gris » ou  Desnos«  Saute, sauterelle, car c'est aujourd'hui jeudi / Je sauterai, nous dit-elle, du lundi au samedi.

Simone de Beauvoir
...  Je pense à Simone de Beauvoir qui écrivait: "c'est une grande joie, à vingt ans, de recevoir le Monde de la main qu'on aime" et je plagie : "C'est un grand bonheur à tout âge de donner le Monde à l'enfant qu'on aime!"


 Tu babilles sans cesse, tu es très bavarde. Chaque nuit quand tu te réveilles tu m'assailles de :  "ga'de" ‘ga’de! » = "regarde" de ta voix.. pas très minuscule...  




Virginia Woolf

Quand nous passons dans le couloir tapissé de livres, je te montre une photo, toujours la même, sur la tranche d'un livre. Et quand je te dis Virginia Woolf, tu poses le doigt dessus.  
* Deux mois plus tard, c’est La Minuscule qui cherchera Virginia Woolf toute seule! Elle sera peut-être le seul Bébé du monde à connaître le nom et le visage de la grande écrivaine à l'âge de 9 mois. Rassurez-vous, elle n'a pas encore lu ses livres même si elle a …  du potentiel! En tous cas, elle n'en a pas peur!

 

 

Mercredi  27 Octobre: Des munitions en cet humain voyage... 

Médiathèque Ceccano

Le vent a presque cessé. Il fait encore un peu froid mais le petit ours polaire bien emmitouflée ne risque rien, donc nous sortons, la Minuscule et pour aller jusqu'à bibliothèque.

J'aime beaucoup la médiathèque d'Avignon. Elle est installée dans l'ancienne livrée du cardinal Ceccano, édifiée au XIVème siècle. C'est un un beau palais fortifié à la façade imposante ornée de créneaux, aux murs et aux plafonds à lourdes poutres en bois encore recouvertes de fresques colorées. Je passe d'abord rendre un livre chez les adultes et j'aperçois, ô miracle, un roman que je voulais absolument lire depuis sa parution : "La solitude du docteur March" de Geraldine Brooks. Je dis "miracle" car les livres de la rentrée littéraire sont très attendus et il est rare de pouvoir les lire dans les premiers mois. Or je viens de trouver tour à tour "La malédiction des colombes" de Louise Eldrich que je convoitais aussi et celui-ci. je complète avec mon Joyce Carol Oates mensuel, écrivain qu'en bonne challengiste je lis régulièrement. Cette fois-ci je choisis un roman d'elle qui n'est pas très connu, je crois, mais qui me plaît bien à priori. Il s'intitule : Zombi. Je ressens l'euphorie habituelle quand je fais ma récolte et engrange mes bouquins comme un écureuil ses noisettes. Je les emporte après enregistrement comme un trésor précieux.

 Léonie m'observe quand je les place sous sa poussette; elle ne sait pas encore que que je suis comme Montaigne et que les livres, pour moi, "c'est la meilleure des munitions que j'ai trouvée en cet humain voyage".
Dans la partie enfant, la salle est lumineuse, agréable. Pour les tout-petits un épais matelas installé à même le sol permet de les poser et de s'asseoir à côté d'eux. Nous "lisons" ensemble et surtout je l'inscris à la bibliothèque et j'emporte quatre petits albums pour elle. Elle aussi repart avec ses "munitions".

Le soir, je continue ma lecture des "Carnets retrouvés" de la jeune Vietnamienne Dang Thuy Trâm qui écrit pendant la guerre contre les américains dans les années 68-69. Cette jeune fille est attachante; on la sent à la fois si forte et si vulnérable. Si courageuse aussi! c'est elle qui a choisi d'aller soigner les blessés (elle est médecin) dans le Sud alors qu'elle vivait à Hanoï loin des combats dans une famille aimante et protectrice. Je pense qu'elle est si jeune (24 ans "l'âge à peine d'une enfance") et que depuis des années elle ne connaît que les bombes, la mort, la violence. La lecture d'un journal non officiel (je veux dire de personnes qui ne sont pas célèbres) est toujours émouvante. Ce sont des gens proches de nous qui n'écrivent pas pour la galerie mais pour eux-mêmes, pour exorciser leurs peurs, pour confier leurs angoisses. On se sent si proche de Thuy, de sa détresse, de son désir de pureté, de son idéalisme. Thuy, même si elle a fait des études scientifiques, lit beaucoup et écrit bien. Mais comme souvent dans ce genre de cahier on aimerait en savoir plus (d'autant plus qu'il manque les carnets du début de la guerre) parfois il y a des répétitions, des ellipses, des non-dits. On a l'impression non pas de lire une oeuvre littéraire mais de lire le journal d'une amie.

Jeudi  28 Octobre :   Illégal

Les réveils à 4 ou 5 heures du matin pour le biberon commencent à se faire sentir. Elle est peut-être minuscule ma Léonie mais quel appétit! Je n'ai plus les yeux en face des trous! et des cernes! Je regarde Francis. Il est à peu près dans le même état que moi! Nous ressemblons à des pandas. Nous rions ensemble. Etre grands-parents! Décidément, c'est vrai que le métier de parents est un métier de jeunes ! Mais quel bonheur de pouponner La Minuscule qui a envie de tout savoir, tout connaître
Ce matin elle a dit "dadou"! C’est ainsi que nous nous faisons appeler : dadou et manou…  mais pour moi? Rien! l'ingrate! Prononcer manou n’est pourtant pas la mer à boire! Le grand-Père frime et moi je me demande si cette petite a autant de "potentiel" qu'on veut bien le dire!

Le soir, nous recevons nos amis, collègues de Francis, eux aussi profs de cinéma à la retraite ou encore en fonction et de quoi parlons-nous? D'une autre passion commune, le cinéma. Ils ont bien aimé "Les rêves dansants" un film documentaire que j'aimerais voir qui montre des adolescents sans expérience de la danse travailler avec Pina Bausch. Le film qui fait l'unanimité est "Illégal" que nous avons tous vu, une fiction qui emprunte un peu au documentaire tant elle paraît réaliste. Elle montre à travers le personnage de la russe Tania séparée de son fils Ivan, le sort des immigrés enfermés dans des centres de rétention avant d'être réexpédiés dans leur pays. C'est un film sans concession qui montre l'inhumanité, les dérapages, les violences faites à ces gens qui ne sont pas des criminels mais sont parfois traités comme tels.

Petit être doué de paroles. Tu parles, tu dis des mots et parfois au milieu d'eux j'en reconnais un et je m'émerveille. Tu accèdes au langage, j'accède à ta compréhension. Tu as dit : "voi " pour aurevoir "ca" pour canard et "pin" pour lapin.  Mais tant que les mots ne sont pas répétés et liés à du concret, est-ce déjà du langage? Bien sûr! Quelle drôle de question!

Vendredi  29 Octobre  : Nénègle ou la liberté

Francis-Wens est parti à Toulon chercher sa mère. Et Aurore la troisième de mes filles est arrivée cette après midi. Elle vit à Marseille chez sa soeur aînée et son beau frère, les parents de Léonie, aussi l'on peut dire qu'elle sert de deuxième maman à sa petite nièce et qu'elle a une adoration pour elle.

Elle lit les livres que j'ai ramenés de la bibliothèque pour la Minuscule. Parmi eux : "Nénègle sur la montagne" de Benoît Charlat. Nénègle est un petit aigle perché sur une montagne avec son biberon, sa tétine, son doudou, son camion rouge...  Quand il apprend à voler, il tombe et il est obligé de lâcher l'un après l'autre les objets qu’il tient dans ses bras (euh! ses ailes)! Et oui, c’est cela, grandir, un abandon de ce qui fait l’enfance; c’est la condition pour qu’il puisse s'envoler et gagner son indépendance, loin de ses parents.

 Je vois les yeux d'Aurore qui se voilent, s'attristent. Elle soupire : "C'est triste!"  Mais triste pour qui? Pas pour l'enfant bien sûr! Mais plutôt pour ceux qui le regardent partir! Aurore vient de comprendre ce que c'est être mère avant de l'être elle-même! Avoir le courage de pousser son enfant vers la porte de sortie et le regarder s'en aller en souriant!
A propos des livres d'enfant, je lisais l'autre jour sur le blog Livre de Malice, ses réponses à des lecteurs qui jugeaient les livres d'enfants "simplistes". Quel mépris et quelle ignorance! Il en est des livres pour la jeunesse comme des autres, il y a de bons crus et des mauvais. Le Nénègle de Charlat est bon; on peut dire que cet album est un livre d'initiation réussi, le Lucien de Rubempré ou le Julien Sorel des bébés!

Ce soir, papotage avec notre fille qui nous explique ses exploits de débutante en Haikido. Le pire c'est que c'est moi qui sers de cobaye pour la démonstration!

Tu revois Aurore, tu es heureuse, tu répètes sans cesse "tata " à la grande joie d’Aurore. Tu dis au revoir et agites ta petite main. Tu fais beaucoup de progrès à quatre pattes, tu te  suspends au bras d'Aurore pour te lever.

Samedi 30 Octobre : un message subliminal

Elle l'a eu!(le bonnet subliminal)

 Les parents sont venus et repartis en amenant leur bébé. Et voilà, le vide ! Pourtant la journée a été animée avec les quatre générations qui se sont retrouvées dans notre petit appartement : du bébé de 7 mois dont c'était le "moisversaire" à l'arrière grand-mère de 90 ans.

 Comme je tricotais un col et un bonnet avec une très belle laine naturelle pour ma seconde fille Amandine dont c'est l'anniversaire ce mois-ci, la seule absente de la famille ce jour-là,  Aurélia m'a lancé des messages qu'elle appelle "subliminaux". Le subliminal pour elle, c'est ça : "Qu'il est beau ce bonnet, que j'aime la laine … et alors c'est pour Didine? parce que moi j'aime vraiment beaucoup, en bleu, ça me plairait ... beaucoup, beaucoup!".  Bon je vais en être quitte pour tricoter un deuxième bonnet! Heureusement que ma troisième fille trouve que la laine : "ça pique!" et que Léonie n'a pas encore l'âge de réclamer subliminalement!

Tu es heureuse de revoir ses parents mais pas de bouderie comme tu sais le faire parfois pour te venger de leur abandon/ Tu es très nerveuse, excitée. Départ sous la pluie, 2 h de voyage, bébé très fatiguée…

Dimanche 31 Octobre : Il pleut...

Inondation Avignon photo DR source
Il pleut! il pleut! Il pleut!  Il pleut comme il sait pleuvoir dans le Midi de la France. L'eau monte et le moral des avignonnais descend. Car, il faut le savoir, la pluie comme la neige sont considérées comme des offenses personnelles faites aux seuls provençaux. Qu'il pleuve ailleurs, c'est normal, mais chez nous! Il y a longtemps que le Rhône n'a plus débordé. Il a beau être canalisé, domestiqué, il fait encore bien souvent des siennes et ceci malgré les délestages et les pompages. La dernière fois ( 2003 ?) l'eau est montée jusqu'aux remparts de plusieurs mètres. Les portes de la vieille ville sont alors fermées par des bardeaux remplis de fumier. Celui-ci gonfle sous la poussée de l'eau mais ne cède pas. L'eau percole mais ne passe pas!  Ce qui n'empêche pas que cette masse grise et puissante qui pèse de toutes ses forces sur l'enceinte médiévale lorsqu'on a sa maison située derrière ces murs est impressionnante. L'île de la Barthelasse créée par les alluvions du Rhône au cours des siècles est alors submergée. Jadis les habitants vivaient au premier étage et avaient toujours une barque dans le hangar du rez-de-chaussée. Maintenant il n'en est rien et les maisons sont inondées. L'homme croit toujours pouvoir dominer la nature et ne plus craindre les colères du fleuve mais ce n'est jamais entièrement vrai.

 Lundi 1er Novembre : Automne

Lozère : le chemin du col à Grizac/Villaret
Lozère : automne

 Nous ramenons l’arrière-grand-mère chez elle, près de Toulon. Sur l'autoroute, la pluie continue et le flot incessant des voitures rend la conduite préoccupante. Nous ne parlons pas! Je ne conduis pas et j'ai le temps de regarder la campagne que je n'avais pas vue depuis quelques jours. La ville ne permet pas de voir vraiment le déroulement des saisons. Ca y est! les couleurs de l'Automne sont là, les vignes rouges qui virent au violet, les peupliers dont l'or contraste avec le vert-noir des cyprès. Je me rends compte combien la Lozère me manque. En ce moment ce doit être une orgie de couleurs là-haut, un flamboiement dont je ne me lasse pas. Et puis il y les odeurs végétales de l'Automne presque aussi importantes que la vue, lorsque l'on se promène dans la forêt, le sous-bois mouillé, les châtaignes que l'on délivre de leur bogue..  

Comment se fait-il que lorsque je suis à la montagne, la ville me manque et vice versa à la ville?


Mercredi 3 Novembre : La malédiction des colombes


 Je lis "La malédiction des colombes"... pas envie d'écrire! 
Extrait de mon billet sur ce roman que j'ai vraiment beaucoup aimé  : La malédiction des colombes s'ouvre sur une scène superbe racontée par Mooshum qui donne son titre au livre : la  vision hallucinante de milliers de colombes s'abattant sur les récoltes et la procession qui s'ensuit menée par le curé, un indien catholique. Le ton est  neuf, vif, nerveux, évocateur d'images, de sons, d'odeurs et de couleurs. Un récit partagé entre le réalisme de la description, voire la trivialité, la cocasserie et l'irruption de la fantaisie, de la poésie.
Pour ma part, j'ai tout de suite été séduite par ce style et ce va-et-vient entre tragédie et comédie. Mélange de genre qui n'est pas sans me rappeler le Steinbeck -en plus noir tout de même- de Tortilla Flat ou de Tendre jeudi en particulier avec le personnage du vieux Mooshum, menteur, buveur, paillard mais plein d'humour, imprévisible, farceur, gamin insupportable parfois mais... si attachant!

Jeudi 4 Novembre : Je te le donne pour l'amour de l'Humanité

Dom Juan : la scène du pauvre

Aujourd'hui, le matin je suis allée faire du sport ! Quel courage! J'ai pris de bonnes résolutions. Le tout est de savoir combien de temps cela va durer? En tous cas je suis inscrite pour un mois! Avant de partir j'ai publié la citation du jeudi. Montaigne, bien sûr!

L'après midi je rédige mes commentaires sur mes livres en retard. Je ne sais si les autres blogueuses sont comme moi ou si c'est un effet de ma mauvaise organisation (ou de ma paresse) mais je suis toujours en retard de plusieurs livres pour les commenter. Cela prouve au moins que je lis plus vite que ce que j'écris et aussi que j'aime plus lire qu'écrire.

J'ai envie d'écrire sur ce fait divers lu dans le Monde. Il paraît presque anodin de prime abord mais si l'on y réfléchit, il est inquiétant pour le devenir de notre société. Un joueur italien a été suspendu pour propos « blasphématoire » parce qu’il a juré : "Porco Dio"! Preuve que les intégristes n'appartiennent pas qu'à une seule religion; ils  peuvent être partout. Cela nous ramène à des siècles en arrière et me rappelle la scène de Molière où Dom Juan promet une pièce à un pauvre à condition qu'il jure. Ce dernier, après un débat de conscience, refuse et Dom juan lui dit : "Tiens, je te la donne pour l'amour de l'humanité ».
 j'ai toujours jugé la réponse de Dom Juan sublime parce qu'il place l'amour de L'Humanité avant l’idée de Dieu. C’est la réponse d’un athée. Et le pauvre? Lui aussi sa conduite peut paraître sublime, c'est  la réponse d'un croyant; il préfère mourir de faim plutôt qu'être impie. Oui mais... pour juger son acte, il faut savoir qu'à cette époque un blasphème était puni de plusieurs années de galère. Il était dangereux de jurer et plus d'un a connu les bûchers de l'Inquisition pour moins que ça!*
Nous n'en sommes pas encore là direz-vous**? Non, on est puni seulement de participation à un match! Mais c'est grave! Car où est la liberté de pensée? N'aurait-on plus le droit d'être athée ou même d'être croyant et de jurer sans avoir de compte à rendre? Où va s'arrêter cette hypocrisie, cette ingérence de tout un chacun sur les consciences? Ah! Voltaire, que tu t'éloignes de nous et le siècle des lumières aussi!

* Dès les premières représentations la scène du pauvre fut censurée; La pièce de Dom Juan fut jouée pendant quinze jours du 15 février au 20 mars 1665 et puis elle disparut; elle ne fut plus interprétée jusqu'en 1841. Pièces, caricatures, peintures, expositions censurées, interdites, reportées, c'est notre lot quotidien de nos jours!
** Hélas! oui, nous en sommes là! Les évènements de janvier 2015 l’ont tristement prouvé!  Il y a un retour du bâton partout, exacerbation des intégrismes religieux.

Vendredi 5 Novembre : Rendre sa copie!

Aujourd'hui "la chef" (j'ai nommé Gwen) a réclamé notre copie. Je la lui enverrai demain. Il faut que je complète et corrige! J'ai quelques doutes sur l'intérêt de mes élucubrations mais tant pis!

Samedi 6 Novembre : Cinéma et Manifestations 2010

 Ce matin ciné-club au cinéma Utopia. "Trouble in Paradise" ("Haute-Pègre", je n'aime pas le titre français) est un film de Lubitch présenté par une ancienne collègue de Francis-Wens. j'aime beaucoup ses explications et le débat qui s'ensuit.
Je viens de consulter la carte des manifestations aujourd'hui contre les retraites. Le nombre de manifestants a bien diminué. Les syndicats commencent à ne plus avoir une ligne commune. Le gouvernement aura gagné! Tout le monde est persuadé qu'il faut une réforme mais celle-là est la pire! Ce soir, aux informations, j'ai entendu Martine Aubry dire sa solidarité avec les syndicats mais jamais elle n'a déclaré que les socialistes reviendraient sur cette loi quand ils seraient au pouvoir. Surtout pas! Pourtant une loi, ça se change!

Nouvelles du bébé : La Minuscule est allée à une expo avec ses parents, a été très enthousiaste, très sociable. Elle se lève toute seule y compris dans son lit. Le 30 Novembre elle aura 8 mois.

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22 commentaires:

  1. je me suis régalée à te lire, le paragraphe sur le blasphème est tellement actuel, celui sur les retraites aussi, quand au retard sur les lectures à chroniquer...

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    1. Ah! merci, je suis contente que tu aies eu le courage de la lire! C'est vrai, cinq ans après on se rend compte combien la situation a évolué... en mal!

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  2. oups tous ces billets là d'un seul coup !
    j'aime bien cette présentation plus claire

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    1. Oui, je me doutais bien que c'était trop long pour être lu et certainement trop personnel pour intéresser! mais ce n'est pas grave, je garde ce texte; pour moi, il est précieux!Qui sait? peut-être un jour Nini le lira!
      Merci pour la présentation; personnellement je la trouve plus pratique!

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  3. Merci pour ce partage.
    Des mots et un journal qui trouveront leur place plus tard dans la vie de cet adorable petit ours polaire.

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  4. Long et personnel mais j'ai aimé lire tes chroniques.
    Tu as raison de dire que c'est précieux...

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  5. La fille au message subliminal a aimé aussi :-)

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  6. Non, ce n'est pas trop long pour être lu, je viens de le faire :-)) C'est intéressant de reprendre ses textes cinq ans après, Léonie est sans doute celle qui a le plus changé et dont c'est réjouissant. Pour le reste, on cherche désespérément une lueur d'amélioration.

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    1. Oui, Léonie a changé mais pas tellement au niveau du caractère; c'est fou comme les bébés ont déjà des traits bien affirmés! Pas de lueur d'amélioration par rapport à 2010 mais au contraire un durcissement!

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  7. C'est joli de retrouver des mots d'avant, des souvenirs, j'adore car on se replace devant un autre soi-même. C'est mignon aussi et précieux, de relire les moments avec ta famille :)

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    1. J'ai aimé retrouver ce texte , c'ast pourquoi je l'ai mis ici, pour ne plus le perdre!

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  8. C'est chouette de garder des traces du passé comme ça, ta petite Léonie sera effectivement heureuse de lire cela et je pense qu'elle ne s'en lassera pas !

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  9. Vous écrivez très bien. On a déjà du vous le dire, bien sûr ! Un récit vraiment charmant.
    Merci de le partager.

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  10. de jolis souvenirs!
    PS: je participerai bien à la LC d'Hernani, je l'attaque ce soir!

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  11. Message subliminal : c'est bien d'avoir d'avoir des textes de sa Manou...
    Signé Liam

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