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samedi 9 mai 2015

Bruce Machart : Le sillage de l'oubli


Bruce Machart

Bruce Machart de JR Christopher source
Bruce Machart est né au Texas et a grandi à Houston. Il est issu d'une famille d'agriculteurs d'une contrée rurale proche du comté de Lavaca, où se déroule l'intrigue de son premier roman Le Sillage de l'oubli. Il publiera ce livre en 2011 puis un recueil de nouvelles, Des hommes en devenir. Lors de sa parution, Le Sillage de l'oubli est accueilli par une presse enthousiaste qui trouve dans son univers des accents de Faulkner. Bruce Machart vit et enseigne à Hamilton dans le Massachusetts.

Le sillage de l'oubli est un premier roman publié en 2011 aux États-Unis et qui a été acclamé par une presse dithyrambique. Bruce Machart s'est imposé dans son pays comme l'un des auteurs les plus prometteurs de ces dernières années. La traduction de Marc Amfreville fut récompensée par le Prix de la traduction du festival Lire en Poche en 2014. Source Editions Gallmeister

Le sillage de l'oubli

Le sillage de l’oubli, premier roman de Bruce Machart  paraît en 2012 pour la traduction française aux éditions Gallmeister.

Le roman s’ouvre sur un incipit qui donne le ton au récit 

 Tant de sang, elle avait perdu tant de sang que lorsqu’il se réveilla dans des draps trempés et qu’il la trouva contre lui, recroquevillée sur le flanc, la peau moite de sueur, gémissante et un chapelet entortillé entre ses doitgs crispés, Vaclav Skala sourit en pensant qu’elle venait de perdre les eaux.

un récit qui narre le quotidien des fermiers du Texas à la fin du XIX ème siècle et au début du XXème, une vie rude, sauvage et dure, qui laisse peu de place aux sentiments. La mort de sa femme enlève, en effet, à Vaclav Skala, immigré polonais, tout ce qu’il avait d’humain. Désormais, il n’y a plus de place que pour le travail. Ses quatre fils sont traités comme des bêtes de somme qu’il n’hésite pas à atteler à la charrue. Son seul plaisir est d’acquérir d’autres terres grâce aux paris qu’il gagne contre ses voisins avec ses chevaux. Un jour, un riche propriétaire mexicain Guillermo Villesanor vient lui demander ses fils aînés en mariage pour ses trois filles. C’est une course de chevaux qui décidera de ces unions ainsi que l’ont parié les deux pères. Celle-ci sera disputée par Karel Skala, un cavalier hors pair, le cadet, le quatrième fils, celui qui a coûté la vie à sa mère. Et Karel perdra face à son adversaire, la plus jeune des filles Villesanor, Graciela, dont la sensualité obsède le jeune homme. Mais celle-ci deviendra l’épouse de son frère.

Le roman se déroule avec de grands sauts en avant où l’on retrouve Karel mariée à Sophie, et père de trois petites filles mais aussi des retours en arrière qui nous livrent des souvenirs souvent incomplets jusqu’au moment où tout se mettra en place devant nous.

Le roman est d’une grande force d’écriture et nous plonge dans un monde âpre où la vie est un combat. On y voit les colons qui ont peuplé le Texas, évincés par des immigrés, une race d’hommes obstinés, durs aux coups, accrochés à la terre, arrachant d’elle leur subsistance. Les frères y sont ennemis, rendus sauvages par la brutalité du père, tourmentés par la jalousie, rattachés pourtant entre eux par des souffrances communes. Le fils s’y retourne contre le père, la haine et l’amour brûlent tour à tour les personnages, les déchirent, les éloignent et les rapprochent. Le ton du récit est parfois celui de l’Ancien Testament, oeil pour oeil, dent pour dent. Il faudra longtemps à Karel pour parvenir à la compréhension, pour redevenir un être humain.. Il lui faudra apprendre à pardonner et à se pardonner. Car le roman est aussi une histoire d’amour, un sentiment auquel Karel ne peut s’abandonner mais qu’il va finir par accepter grâce à son fils nouveau-né, le trait d'union entre son père et lui-même, un amour qui permettra aux plaies du passé de se refermer ... le sillon de l’oubli :

« Il lui demanda (à la jument) de s’arrêter pour qu’il puisse regarder en arrière et constater que le sillage de leur passage à gué s’élargit avant de s’effacer peu à peu, puis de se refermer et de disparaître au fil de l’eau »

Un beau roman plein bruits et fureur à la manière d’un drame de Shakespeare  mais qui se déroulerait dans les vastes espaces du Texas, dans un milieu de fermiers et d'éleveurs de chevaux et de vaches.


21 commentaires:

  1. Bonjour Claudia. J'ai aimé ce roman et l'avais chroniqué à sa sortie ou peu après. Bon week-end.

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    1. Oui, un beau roman! Je viendrai lire ta chronique.

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    2. Vu chez Edualc pour ma part, et lu dès qu'il fut dispo à la bibli, un livre passionnant ;-)
      Bisesss

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  2. Je note, pour le temps où j'aurai épuisé ma provision orientale et que j'Ouest me fera grand bien

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    1. Prolonge encore ton voyage avec tes lectures! Mais si tu vas aux Etats-Unis, c'est un livre à lire!

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  3. un bon roman de nature writing que je n'ai pas chroniqué par paresse et parce qu'il l'était largement ailleurs : la preuve :-)

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    1. Et oui, parfois, l'on n'a pas le courage de rédiger un billet. cela me fait penser que je n'ai rien fait pour la captive aux yeux clairs, roman qui le mérite amplement;

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  4. Voilà un auteur que je dois lire depuis longtemps, tant j'en lis du bien ici ou là. Je ne suis pas très férue de Nature Writing, mais j'avais des préjugés idiots: ce qui compte avant tout c'est le talent et l'histoire !

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    1. C'est ce que je dis toujours, qu'importe le genre! pourvu qu'il y ait le talent et l'histoire!

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  5. Je l'avais trouvé âpre et saisissant ce roman ; c'est le genre que l'on garde en tête un bon moment.

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    1. âpre et saisissant, c'est vrai! Les personnages sont terribles! mais j'ai aimé le parcours du dernier fils...

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  6. Un grand coup de cœur pour moi, le billet viendra...un jour ! ;)
    Le personnage de Karel est fascinant. Et il y a quelques scènes très impressionnantes (la course à cheval notamment entre Karel et Sophie, magnifique !)

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    1. C'est vrai, il y a de grands moments de bravoure! le talent de l'écrivain est réel pour rendre le vécu de certaines scènes.

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  7. Un souvenir de lecture plutôt fort pour ce roman.

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    1. Oui, je pense que le souvenir de certaines scènes ne doit pas s'effacer.

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  8. Pour moi aussi, le souvenir d'une lecture marquante... Contente de voir qu'il t'a plu.

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    1. Je vois que nous sommes nombreuses à l'avoir aimé!

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  9. Je découvre depuis peu les romans chez Gallmeister et je suis ravie!
    Celui-ci est tout à fait le genre de livre que j'aimerais.
    Dur mais vivant! Merci de nous l'avoir fait découvrir...
    Bises

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  10. C'est un roman qui m'a marqué : la fraternité, le sens familial, l'honneur masculin, le désir. Il est très réussi

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