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lundi 14 septembre 2015

Virginia Woolf : Mrs Dalloway

Romans et nouvelles de Virginia Woolf Pochothèque
Classiques livre de poche

Et voilà j’ai enfin lu Mrs Dalloway de Virginia Woolf grâce à cette lecture commune faite avec Laure! Je dois dire que je n’avais jusqu’alors lu que les nouvelles qui laissent le temps d’admirer le style et on peu bien dire l’art de l’écrivaine. Le roman, c’est autre chose, car je n’aime pas être arrêtée par des considérations esthétiques qui nuisent à l’histoire mais aussi à l’intérêt que je porte aux personnages.
Au début de ma lecture, je m’impatiente! Ce genre de personnage, Clarissa, qui ne se préoccupe que du paraître, de ses invitations, de son intérieur et de ses vêtements, qui épluche ses sentiments avec préciosité, m’insupporte, parasite de la société! Elle ne m’intéresse pas mais peu à peu le tableau d’une société apparaît, déliquescente et consciente de l’être, les classes sociales se croisent, Lucy la domestique de Clarissa, sa cuisinière, la noblesse, les hommes politiques, et Rézia , Septimus, des gens du peuple… On rentre lentement dans ce monde.

Or, ce qui frappe d’abord dans ce roman c’est l’absence  « d’histoire » et la rupture avec la narration classique, chronologique, avec un début et une fin.
En fait, on pourrait résumer le récit ainsi : Mrs Dalloway, qui appartient à une classe sociale aisée, doit donner une réception. 
Tout se déroule au cours de cette journée, du matin jusqu’au soir. C’est ainsi que l’on fait connaissance de Clarissa, de sa fille Elizabeth, de son mari Richard, de son ancien amoureux Peter Walsh, de ses amis et relations, mais aussi de personnages qui lui sont totalement inconnus et que l’on croise dans un parc, une allée, un salon de thé; ce qui permet de passer d’un personnage à l’autre comme s’il s’agissait d’une course de relais ou plutôt d’une déambulation dans les rues de Londres où chacun laisserait son tour à l’autre, obligeant le lecteur à abandonner le personnage pour le suivant. Mais ce qui est aussi surprenant c’est que nous pénétrons parfois directement dans les pensées intimes de ces femmes et ces hommes et glissons des uns aux autres sans que rien ne nous avertisse du passage d’une conscience à une autre.
La construction du roman est comme un long ruban dépourvu d’ossature, une rivière qui coule doucement, de manière ininterrompue mais qui, loin de s’éloigner de son point de départ, nous ramène, le soir, à la réception de Mrs Dalloway. Chaque personnage va converger pour s’y retrouver, s’y ignorer, s’y ennuyer ou simplement sous forme de fait divers que l’on raconte entre deux petits fours, le doigt levé. Ainsi en est-il du drame vécu par la jeune modiste italienne Rézia et  son mari, Septimus, anglais, qui sombre dans la folie, dévasté par la guerre.
Cette image de la rivière qui coule et revient à la source peut être appliquée aussi à un des thèmes principaux du roman : le thème du temps qui passe, de l’inexorabilité. Mrs Dalloway et tout son entourage sont constamment en train d’évoquer le passé, d’y retourner en pensée, de s’interroger sur leur choix, de douter. Tout est décrit par petites touches, par impressions, avec un flouté qui fuit le réalisme et qui introduit la nostalgie comme une petite musique obstinée mais douce.
Finalement, pour lire Mrs Dalloway, il faut s’abandonner à sa lecture, ne pas vouloir tout lire d’un coup, savoir s’arrêter, déguster.

19 commentaires:

  1. Un de mes romans préférés ! Tu me donnerais presque envie de le re-re-relire.

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    1. Ne te prive pas! Quant à moi, je vais continuer (D'accord laure?) à explorer lentement cette écrivaine.

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  2. Se laisser faire, oui... Ce courant de pensée tellement bien rendu...

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    1. Oui, ce qui me surprend au début, c'est qu'on ne puisse pas le lire comme les autres romans. Il faut vraiment adopter un autre rythme.

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  3. C'est une lecture vraiment marquante, que j'ai préféré à Orlando d'ailleurs. A ton retour, on planifie la nouvelle Mrs Dalloway dans Bond Street ? ;-) Très bonnes vacances !

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    1. Je n'ai pas lu Orlando. Mais je suis d'accord pour la nouvelle Mrs Dalloway dans Bond Street. On ne reparle à mon retour de voyage. Un jour j'aimerais bien lire Les vagues? TU l'as lu?

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  4. un roman qui m'a ouvert les portes vers l'auteur, c'est aussi très réussi en livre audio car le flux de pensée passe très très bien à écouter

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    1. J'imagine ce texte en audio, s'il est bien dit avec cette musique intérieure, sa poésie, la nostalgie...

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  5. Je l'ai lu il y a pas mal d'années, ce serait bien que je le relise, j'ai un peu trop oublié.

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    1. C'est comme pour moi, Proust! Quand on a lu il y a longtemps une oeuvre, même inoubliable, il en reste une impression un peu floue mais persistante pourtant.

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  6. il est temps de lire Virginia Woolf mon préféré est Orlando

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  7. Virginia Woolf me fait le même que Proust: c'est une lecture dans laquelle il s'agit de se laisser aller. Moi, j'adore.

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  8. j'avais adoré, j'étais à la fac, ça remonte à quelques années déjà, il faudrait que je le relise!

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  9. Ton billet est magnifique, comme d'habitude. J'aime beaucoup V. Woolf mais je n'ai jamais lu ces nouvelles. Ce roman-ci, je l'avais encore plus aimé que "Vers le phare" qui est très bien.

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  10. Je l'avais abordé avec appréhension, ayant de Virginia Woolf l'image d'une auteure difficilement accessible. Et j'ai adoré, moi aussi... quel style, en effet, j'aime bien la comparaison avec la rivière, c'est vria que son écriture donne l'impression de suivre un flux...

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  11. L’après-guerre, une critique de la part de V. Woolf de la société de l’époque : ceux qui travaillent et ceux qui paraissent… comme quoi l’histoire se répète. Je me souviens de la fascination du groupe de lecture dont je faisais partie en Arizona pour ce livre.
    Pourtant c’est un livre que je n’ai aucun désir de relire.

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  12. Un chef-d'œuvre. Virginia Woolf n'est-elle pas plus près de la réalité que les réalistes en superposant ainsi toutes les strates de la pensée mêlée aux sensations et aux activités d'une journée dans la vie d'une femme ? Et peu à peu, nous distinguons Mrs Dalloway et Clarissa, la femme de... et l'être profond.

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  13. Merci pour tous ces commentaires auxquels je n'ai pas répondu car je partais en Russie le lendemain.

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