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vendredi 23 octobre 2015

Moscou : Zenaïda Serebriakova : peintre franco-russe Galerie Tretiakov

Zenaida Serebriakova – Le déjeuner des enfants – 1914 – Galerie Tretiakov, Moscou

En rendant visite à l’Or, dans son blog, quand je suis revenue de Russie, je suis tombée nez à nez avec le tableau de Zenaïda Serebriakova : Le déjeuner des enfants que je venais juste de découvrir la galerie Tetriakov à Moscou.
Voilà le  texte qu’il a inspiré à L’Or :
Rien ne symbolise plus l’automne que ce tableau là. Dès que je l’ai vu, pour moi, il était l’image même de septembre et de la rentrée scolaire. Les repas se prennent à nouveau à l’intérieur, les enfants sont à table, ils dégustent une chaleureuse soupe d’automne, chaude et bienfaisante pour les petits bidons. Demain ils reprendront l’habitude de se lever plus tôt, d’enfiler leurs chaussures et de mettre leurs lourds cartables sur le dos. » lire la suite ICI  

Moscou Galerie Tetriakov : musée d'art russe détail du fronton
Galerie Tetriakov : détail
Moscou : La place des trois tableaux de Zinaïde Serebriakova  sur le mur de la galerie Tetraikov
La place des trois tableaux de Srebriakova sur le mur de la galerie Tetriakov

Quant à moi, ce qui m’a touchée dans cette oeuvre comme dans les deux autres tableaux qui sont exposés à Tetriakov, c’est la beauté des personnages et la force qui émane d’eux, une quiétude, une plénitude qui renvoient à une image du bonheur, de la joie de vivre. Ainsi, ces deux enfants aux yeux noirs qui  fixent le peintre -leur mère- avec sérieux, tandis que l’aîné plus rêveur contemple son verre comme s’il contenait un secret, ainsi ce cadre rassurant, paisible, celui de la table familiale, autour de la soupe du soir servie par une main que j’imagine être celle de la grand mère; ce décor délicat, cette vaisselle à la fois raffinée et simple, ces couleurs pastels rehaussés par le jaune plus vif du broc à eau; tout concourt à nous donner une image de sérénité.


Zenaïda Serebriakova : autoportrait  Galerie Tretiakov, Moscou
Et il en est de même de son autoportrait, cette jeune femme à sa toilette, si gracieuse avec sa longue chevelure et ses yeux noirs, les mêmes que que l’on retrouve chez les deux enfants tournés vers nous dans Le déjeuner, avec cette lueur malicieuse qui luit dans ses yeux, ce léger sourire mutin,  image de la beauté et de la séduction mais naturelle et saine.

peintre franco-russe Zenaïda Serebriakova :  Les lavandières tableau exposé à la Galerie Tretiakov, Moscou
Zenaïda Serebriakova :  Les lavandières Galerie Tretiakov, Moscou
Quant à Les lavandières, Serebriakova ne cherche pas à montrer un métier pénible et des femmes du peuple pauvres, usées par le travail. Au contraire, elles peint des jeunes femmes robustes, aux vêtements vivement colorés et elle les magnifie en les prenant en contre-plongée de manière à ce qu’elles apparaissent, souveraines, se détachant sur le ciel bleu. C’est une peinture résolument optimiste,  qui charme et procure du bonheur. On parle à son propos de peinture réaliste romantique!

Peintre franco-russe Zenaïda Serebriakova : autoportrait exposé à la Galerie Tretiakov, Moscou (détail)
Zenaïda Serebriakova : autoportrait  Galerie Tretiakov, Moscou (détail)

Zinaïda Ievguenina Serebriokov est une peintre franco-russe; elle est née en Ukraine en 1884 ; sa mère était d’origine française, et sa famille les Lanseray compte des artistes connus en France comme en Russie. Nicolas Lanceray, son grand père, est un des architectes de Saint Péterbourg, son père Ievgueni Serebriakova est un sculpteur célèbre.
 Elle perd toute sa fortune avec la révolution de 1917 et sa propriété Neskoutchnié (Sans Soucis) lui est confisquée. Son mari Boris est emprisonné par les Bolchéviques et meurt du typhus en 1919. Elle  doit élever toute seule ses quatre enfants. En 1924, elle se rend à Paris pour une commande de peintures murales mais elle ne peut rentrer en Russie et est séparée de ses enfants et de sa mère. Plus tard, elle parviendra à faire venir deux de ses enfants dont sa fille cadette Ekaterina et son fils aîné, Alexandre, peintre reconnu et décorateur d'intérieur qui l’aidera à subvenir au besoin de la famille restée en Russie ; elle  ne reverra plus les autres Tatiana et Evguiéni pendant 36 ans, ce qui sera pour elle un tourment constant. Le temps du bonheur est passé. Sa peinture deviendra plus grave mais c'est toujours avec respect qu'elle peint ses modèles et les met en valeur.
A Paris, Zinaïda Serebriokova refuse l’influence de l’avant-garde française et continue à peindre d’une manière classique comme le feront les peintres soviétiques à la même époque. Aussi, même si beaucoup admire ses oeuvres, ses tableaux ne se vendent pas très bien. Pourtant la période française de Zinaïda Serebriakova est très riche. Elle voyage au Maroc et en Afrique, est inspirée par les femmes et des hommes de l’Atlas, par les paysages aux couleurs ardentes; elle peindra aussi un cycle de tableaux consacrés à la Bretagne et aux marins. La France influence donc son oeuvre. Elle obtient la nationalité française en 1947. Elle meurt  Paris en 1967. 

Zenaïda Serebriakova Marocain en bleu Marrakech 1932 (collection privée?)
Une rétrospective de ses oeuvres a lieu en 1960 à Moscou, Léningrad et Kiev. Elle y est reconnue comme un grand peintre. À partir de 1966, ses tableaux sont de plus en plus exposés en Union Soviétique, surtout dans les grandes villes russes. Mais en France où elle a passé tant d’années et exercé son art si longtemps, on la connaît fort peu alors qu’elle appartient à la fois au patrimoine russe et français. Beaucoup de ses tableaux sont dans des collections privées semble-t-il. Je ne crois pas qu’il y en ait dans les musées français. Pas de rétrospective en vue et l’on ne peut que le regretter!

8 commentaires:

  1. ah j'aime beaucoup le tableau à la Delacroix

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    1. Sa période marocaine a l'air effectivement très belle.

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  2. Je me souviens très bien de ces tableaux... Tu crois que la petite avec la main dans l'assiette, c'est pour ne pas en avoir? (elle n'aime pas)

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    1. Et tu crois qu'elle (Tatiana?) a réussi à obtenir de ne pas en manger? Autrement dit, l'assiette qui est en train d'être servie est-elle la sienne ou celle du frère aîné, Alexandre?

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  3. Je n'ai pas vu les toiles de Zenaïda Serebriakova à la Galerie Tretiakov, il faut décidément que j'y retourne ! Mais je l'ai rencontrée quelquefois sur la Toile et sa peinture me réjouit.

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    1. Moi aussi , je l'aime beaucoup. C'est vrai que l'on a envie d'y retourner quand on se rend compte de tout ce que l'on a raté!

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  4. Quel gentil clin d'oeil à mon billet, merci Claudia Lucia ;0) Quand à tes mots pour ton ressenti propre par rapport à ses peintures c'est tout à fait, une quiétude, quelque chose de très quotidien, très sain, positif, une joie de vivre oui, comme tu dis, c'est sans doute pour ça que ça me plait tant. L'autoportrait est superbe, je le découvre chez toi... bisous, bonne semaine

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    1. Tiens, j'avais laissé passer ton message. Oui, nous avons eu le même ressenti vis à vis de ces oeuvres; c'est une peinture qui fait du bien. Quand on pense combien le bonheur a été éphémère pour elle et sa famille! C'est terrible ce qui leur est arrivé.

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