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mercredi 4 novembre 2015

David Lagercrantz : Millenium 4 ce qui ne me tue pas..


Parmi les reproches des détracteurs de Millenium 4, il y en a un qui revient sans cesse :  celui d’être un produit de marketing, ce qui est incontestable… Ecrire et publier une suite à cette trilogie après la mort de l’auteur peut en effet, inspirer quelques craintes.
J’ai eu envie, pour ma part, de le découvrir malgré toute cette polémique et je me suis dit que le roman ne pouvait être entièrement mauvais sinon Actes Sud ne l’aurait pas publié. Vous voyez ma confiance en cette maison d’édition. Je ne l'ai pas regretté.

Se posent les questions suivantes quand on aborde la lecture de Millenium 4 : 

Le roman est-il inférieur ou égal au roman d’origine?  Retrouvons-nous les personnage tels que nous les avons découverts et appréciés? Mais on pourrait aussi se demander tout simplement : est-ce un bon polar?


Lisbeth Salander interprétée par Noomi Rapace

J’ai beaucoup aimé les trois premiers « Millénium » : le personnage de Lisbeth Salander m’a fascinée comme la plupart des lecteurs, je pense! Cette Fifi Brin d’acier pour adultes était absolument géniale; une superwoman dotée de pouvoirs fabuleux qui prenait sa revanche, pour notre plus grand bonheur, sur les « méchants » qui n’aimaient pas les femmes. Le roman nous plongeait dans une Suède située entre le réalisme le plus sordide et le conte le plus farfelu, ceci grâce à son héroïne et au journaliste Michael Bloomkvist. Tous deux nous permettaient de découvrir la Suède actuelle bien loin de l’image du pays modèle qui nous était habituel. Ils nous plongeaient aussi, au cours de leurs investigations, dans son passé peu reluisant marqué par le nazisme, idéologie haineuse qui infecte la société actuelle.

Mikael Blomkvist interprété par Daniel Graig

Que deviennent les personnages de Stieg Larsson dans le roman de David Lagercrantz? 

Michael Bloomkvitz apparaît ici fatiguée, traversant une mauvaise passe, à un moment difficile de sa carrière, découragé par la menace qui pèse sur son journal. Il me paraît très crédible et vrai dans ce rôle de perdant qui va peu à peu reprendre du poil de la bête. Lisbeth Salander, elle ne m’a pas totalement convaincue. Certes, elle accomplit des exploits mais elle me paraît moins présente, moins au centre de l’action. Mais si Lisbeth me déçoit par rapport à l’original, j’ai, par contre, aimé les personnages qui sont les créations de l’auteur, qui sortent de  son imagination.

 Le personnage du petit garçon autiste, August, au regard étrange, savant doté de connaissances hors du commun dans le dessin et les mathématiques, enfant fragile et attachant, est un « super héros » et peut rivaliser avec Salander! Ce serait bien qu’il devienne un personnage récurrent s’il doit y avoir une suite à cette histoire comme tout semble l’annoncer. J’ai aimé aussi le père d’August, le savant obnubilé par ses recherches dans le domaine de l’intelligence artificielle, poursuivi par les services secrets américains alliés à la maffia, qui découvre l’amour paternel en retrouvant son fils dont il avait été séparé à cause de sa propre  négligence. C’est un personnage bien campé, qui préfère détruire l’oeuvre de toute une vie plutôt que de la voir mal exploitée. C’est lui qui pose l’éternel problème de « science sans conscience… », de la science et de l’éthique, toujours et de plus en plus tragiquement actuel.

D’autre part, en pointant du doigt les services de contre-espionnage américains, suédois et russes, David Lagercrantz sonde les pouvoirs abyssaux de ces organismes, la violation organisée de notre vie privée, la négation de la démocratie.  Big Brother a cessé d’être une fiction, Big Brother surveille vos faits et gestes.

J’ai lu chez Dominique (voir son billet dans A sauts et à gambades ici) qu’il faut être passionné en informatique pour parvenir à s’intéresser au roman. Il est vrai que les explications sont ardues, et surtout longuettes, bien qu’on nous les présente comme simplifiées, mais cela ne m’a pas outre mesure gênée. J’ai jugé, par contre, les thèmes intéressants et les personnages créés par Lagercrantz convaincants.

La trilogie de Larsson, brillante, m’a certainement plus captivée, plus subjuguée que le Millénium nouveau mais celui-ci est un bon roman. David Lagercrantz gagnerait, certes, à éviter les longueurs, à élaguer les détails techniques et à être moins didactique, mais c’est un écrivain qui sait faire vivre des personnages et conter une histoire.

18 commentaires:

  1. En lisant ton billet, je pensais bien sûr à l'avis de Dominique. Pour l'instant je boude, très contrariée par cette mainmise sur l'œuvre de Stieg Larsson et l'éviction de sa compagne, mais rien ne dit que je ne changerai pas d'avis plus tard ..

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    1. Tu sais, Aifelle, il n'est pas le premier écrivain, ni le dernier (et même des grands) à proposer une suite ou une autre version d'un roman. C'est aussi le principe de l'adaptation au cinéma; Le réalisateur s'empare d'une oeuvre et en fait quelque chose de personnel. Cela n'a rien de choquant; Par contre, c'est certain que c'est une opération commerciale. Mais toute publication l'est!

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  2. Vous êtes plusieurs a avoir apprécié malgré des réserves, alors je me laisserais tenter, c'est certain !

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    1. Oui, des réserves mais je persiste, c'est un roman tout à fait convaincant.

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  3. je trouve ton billet tout à fait pertinent même si ma lecture n'a pas du tout été celle là
    c'est bien de trouver sur les blogs des avis opposés ce qui se fait rare sur les critiques officielles

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    1. C'est ce qui est intéressant dans la blogosphère, la liberté et la variété des avis.

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  4. les opinions divergent, de toutes les façons, ma PAL est pleine. Vive victor Hugo!

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    1. Et oui, vive Victor Hugo! Ta lecture avance?

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    2. j'e'n ai lu une petite moitié avec des bonheurs divers, jubilation pour les deux premières parties un peu d'ennui dans la description détaillée (très) de Notre-Dame et du Paris du Moyen Âge, et puis maintenant c'est reparti avec Quasimodo et Frollo

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    3. Moi de même! des moments d'ennui dans les longues descriptions de Paris, je me demandais justement si la partie sur Paris paraissait plus intéressante à un parisien ou quelqu'un qui connaît bien la ville. Et bien non, apparemment. Et voilà, moi aussi, c'est reparti ensuite! On en est à peu près au même point, dirait-on.

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  5. Je m'en tiendrai à ton résumé. Merci encore de partager toutes ces lectures avec nous.

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  6. Rebonjour Claudialucia, pris indépendamment sans faire de comparaison avec les trois tomes de Stieg Larsson, ce roman se lit agréablement et moi, j'aimerais bien savoir ce que va devenir la "méchante" de l'histoire. Il va y avoir une suite, c'est sûr. Bonne après-midi.

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    1. exactement! Ce livre se lit agréablement et il faut cesser la comparaison ou ne pas le lire! Oui, c'est une "méchante" très méchante!

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  7. Je vais quand même le demander au père Noël ! Je n'ai pas très envie de le lire mais j'ai aussi envie de le lire... Va comprendre Charles !!! En fait, j'ai tellement AIMER la trilogie que j'ai peur.

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    1. J'ai préféré la trilogie, c'est certain; Mais celui-ci est un roman très honorable!

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  8. Je vais bientôt publier mon billet aussi sur ce roman et j'ai détesté ! à cause des arguments que tu énonces à la fin ( des passages didatiques longs, et je n'ai pas aimé le fouillis que ça formait...). En plus, contrairement à toi, je n'ai aimé que le premier qui est somme toute assez classique. Le tome 3 de Millenium, je ne m'en rappelle plus vraiment car je l'avais trouvé trop échevelé !

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    1. Si tu n'as pas aimé la trilogie, c'est certain que celui-ci ne pouvait pas te plaire! Moi j'avais lu avec intérêt sans pouvoir décrocher!

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