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mardi 8 mars 2016

Sigrid Undset : Jenny

Sigrid Unset

Après Henrik Ibsen, je continue la préparation de mon voyage en Norvège, en lisant l’une des plus grandes écrivaines norvégiennes :  Sigrid Undset, prix Nobel de littérature. Je relirai un jour Christine Lavransdatter considéré comme son chez d’oeuvre mais je veux commencer par découvrir d’autres oeuvres d’elle qui me sont inconnues.

Jenny, en partie autobiographique, est un roman qui aborde le thème de l’indépendance de la femme et de sa liberté sexuelle. Jenny Winge est une jeune peintre. D’un milieu modeste, elle a dû aider sa mère veuve à élever ses frère et soeurs, puis elle est partie à Rome, rêve de tout artiste et de tout voyageur cultivé. Elle partage un appartement avec son amie la belle et fragile Fransika, et toutes deux se lient d’amitié avec deux amis norvégiens, peintres comme elles :  Gunnar Heggen et le Lennart Alhin. C’est dans un rue de Rome que Helge Gram, étudiant en archéologie, les rencontre et se joint à eux. Bien vite, il tombe amoureux de Jenny,  et ils vont vivre un amour platonique et heureux, au cours de promenades bucoliques dans la ville enchantée. Ils décident de se marier mais lorsqu’ils retournent à Oslo, l’enchantement se dissipe. Jenny s’aperçoit qu’elle n’est pas amoureuse et refuse de se donner à Helge. Les deux jeunes gens se séparent. Le père de Helge, homme mûr mais encore séduisant va alors aider Jenny déprimée. Désolée de ne pouvoir aimer vraiment, en quête d'amour, elle en fait son amant. Je ne vous en dis pas plus quant aux conséquences de son geste.
L’analyse psychologique des personnages est complexe. Ce sont des êtres tourmentés, pleins de contradictions. Jenny veut être indépendante mais elle a besoin d'un mari, d'un guide, pour s'appuyer sur lui. Elle se donne sans amour à un homme mais elle ne peut se consoler d'avoir trahi son idéal de pureté.  D’apparence forte, indépendante, sûre d’elle, elle va se révéler fragile. Elle brave la société mais ne parvient pas à se libérer de sa morale et de ses lois sévères. Tous sont marqués plus ou moins par la religion et par la morale sociale, et s'ils les refusent, ils en subissent le joug, les femmes plus que les hommes.
j’ai beaucoup aimé la première partie à Rome où l’on a le temps de s’attacher aux personnages dans un décor plein de charme et la troisième partie qui montre l’errance physique et morale de Jenny et le retour à Rome. La seconde partie à Oslo m’a paru beaucoup plus théorique et donc moins intéressante. Sigrid Undset y expose ses idées sur la femme à travers plusieurs personnages, Gunnar Heggen, prenant ici une grande importance. On y découvre pourtant des portraits et des analyses psychologiques très fortes, celles d’une grande écrivaine qui pénètre dans les méandres des consciences humaines pour en révéler les profondeurs : ainsi le couple Gram, les parents de Helge, lié par la haine, avec la noirceur corrosive de l’épouse jalouse, le mépris féroce de l’époux prisonnier d’un lien qu’il ne supporte plus.
Paru en Norvège en 1911, ce roman a fait scandale mais au-delà des controverses qu’il a fait naître, il a le mérite de poser des questions jamais abordées avant Ingrid Undset et de le faire avec franchise.  Une femme peut-elle prétendre à la liberté sexuelle sans être mise au ban de la société, peut-elle élever son enfant seule? Doit-elle si elle se marie, abandonner son travail, son art si elle est peintre, et se soumettre à la volonté de son mari? Une femme est-elle destinée à être mère, épouse et rien d’autre? Il n'est pas sûr que Sigrid Unset réponde entièrement par l'affirmative si l'on en juge par le dénouement pessimiste de son roman que les féministes de l'époque n'ont pas manqué de lui reprocher!
Mais on comprend combien ces questions remettaient en cause les fondements de la société en Norvège à cette époque, pourquoi en France, en 1929, il méritait encore « un avertissement aux lecteurs », et  l’intérêt qu’il peut avoir de nos jours dans de nombreuses sociétés.


20 commentaires:

  1. Voilà bien une auteur à découvrir, je n'ai jamais lu bien que je l'ai noté souvent son roman principal
    tu me titilles là

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  2. Je ne pense pas avoir lu cette auteure, même si certains titre m'évoquent de vagues souvenirs. Le roman d'aujourd'hui me tenterait bien.

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    1. Il vaut le coup même s'il n'est pas mon préféré!

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  3. vous partez quand? j'ai entendu parler de cette auteure, il faudra que je me décide à la lire

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  4. Je ne connais pas cette romancière et comme Dominique et Aifelle, je serais curieuse de la lire et pourquoi pas avec ce titre - un billet plein de bonnes questions pour ce 8 mars. Bonne journée, Claudialucia.

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  5. C'est une auteure que j'aimerai découvrir depuis longtemps ... Mais je commencerai peut-être plutôt par "Christine Lavransdatter".

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    1. J'ai vraiment énormément aimé Christine Lavransdatter et c'est sûr que je veux le relire car il y a bien longtemps que je l'ai découvert.

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    2. Finalement, j'ai uniquement trouvé "Printemps" à la bibliothèque. Mais je ne suis pas déçue de ma lecture, au contraire, même si j'ai l'impression que ce roman est un peu en marge des autres écrits de Sigrid Undset ...

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    3. Moi j'ai trouvé Jenny et pas Printemps à ma bibliothèque!Mais j'ai acheté Vidgis la Farouche et je te le passerai si tu veux quand je l'aurai lu.J'ai lu Printemps il y a bien longtemps. Je me souviens que cela m'avait plu mais je ne peux pas te dire s'il est en marge des autres écrits car mes souvenirs sont trop flous.

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    4. C'est gentil mais je pense que je vais laisser passer un peu de temps avant de reprendre un livre de cette auteure, pour repartir vierge d'a priori (bons ou mauvais) :-) Et puis j'espère arriver à bout de Kristin ...

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  6. je ne la connais pas du tout ! quel beau portrait d'elle, à travers cette Jenny. C'est très certainement une femme que je vais lire très bientôt.
    J'aime beaucoup la façon que tu as de préparer tes voyages, à travers la littérature :)

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    1. C 'est très agréable d'aller dans un pays en ayant des connaissances littéraires mais j'ai encore du "travail" de lectures pour connaître vraiment.

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  7. Fabuleux ! Grace à tes futurs voyages, je découvre de nouveaux horizons. Je note évidemment cet auteur que je ne connais pas du tout mais dont les thèmes m'intéresse. C'est dommage que la partie à Oslo ne décrivent pas plus la société de l'époque... En plus, du portrait psychologique, cela aurait été complet...

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    1. Si elle décrit la mentalité de l'époque dans une certaine classe sociale; en m^me temps elle expose les interrogations de Unset sur le rôle de la femme; Ce que j'ai moins aimé c'est l'aspect théorique des discussions.

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  8. Je l'ai lu avec ravissement il y a des années de cela. J'avais aimé, effectivement, ses récits de vie de femmes. Il faudrait que je prenne le temps de la relire. Et merci pour sa photo : je ne l'avais jamais vue.

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