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mardi 5 juillet 2016

Festival OFF d'Avignon 2016 : Ma folle otarie de Pierre Notte au théâtre des Halles

Brice  Hillairet

Nous avons pu assister aujourd’hui à l’avant-première de Ma folle otarie de Pierre Notte. Si je tenais absolument à voir ce spectacle, c’est que j’avais été séduite par La Pédagogie de l’échec du même auteur, pièce mise en scène par Alain Timar, donnée au festival d’Avignon l’année dernière, satire cruelle en même temps qu’hilarante du monde de l’entreprise, de ses hiérarchies, de ses férocités.

Ma folle Otarie est une pièce d’un tout autre genre, plus noire car l’humour n’y joue pas le rôle de soupape de sécurité ! Nous sommes plongés dans un univers où il nous faut découvrir la réalité sous l’image, la cruauté de la vie sous la fantaisie et l’imaginaire le plus débridé! Une invitation à l’imagination.
Le personnage -brillamment  interprété- par Brice Hillairet est un homme timoré, qui n’a jamais pu vivre sa vie, qui n’a jamais osé élever le ton, jamais osé s’affirmer, voire se révolter. Son seul amour épistolaire, Esmaralda, est morte dans un accident d’avion, avant de l’avoir connu, en venant le rejoindre de son pays lointain.
Or voilà que le postérieur du jeune homme se met à enfler jusqu’à atteindre un diamètre impressionnant.  Cette affreuse disgrâce qui le rend frère de l’otarie est comme la métaphore d’une vie ratée, la matérialisation de tout ce qui va mal dans l’individu, de tout ce qui conduit à la la marginalisation, à la différence. Voilà notre héros viré de son travail, au chômage, provoquant l’hilarité des employés de Pôle Emploi et les moqueries des enfants et des adultes. Cruauté devant la différence, exclusion de tous ceux qui sortent des normes. Il devient un "freak" présenté comme un monstre de foire pour satisfaire la curiosité malsaine du public.
Le texte est parfois d’une grande fulgurance poétique et fait naître de belles images. Après son suicide quand l’homme au « gros cul » flotte dans l’eau, nous voyons les vagues qui le secouent, les herbes marines qui se révèlent être les longs cheveux de sa bien-aimée Esméralda, un univers marin ou brille le diamant noir qu’il lui a offert. Et puis il y a la demoiselle-otarie aux yeux ronds qu’il va secourir, éprouvant pour la première fois le bonheur d’être utile à quelqu’un, le premier pas vers la délivrance.
Quant à la mise en scène, très serrée, précise, elle exige du comédien quelques prouesses. Celle de jouer dans un petit carré de lumière, tour à tour ascenseur, rame de métro où il est bloqué mais aussi représentation de son univers mental, enfermement dans ses angoisses et dans son monumental physique.
Un très bon spectacle donc à voir et à savourer!

2 commentaires:

  1. Un spectacle et un sujet étonnants, merci pour ta chronique, Claudialucia.

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    1. Oui, c'est un texte assez étrange,en tout cas qui surprend. Difficile à dire. il faut un bon comédien comme c'est le cas ici.

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