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mercredi 20 décembre 2017

Victor Hugo : Han d'Islande



Han d'Islande est le premier roman de Victor Hugo. Il l'a écrit alors qu'il avait 18 ans et était très amoureux d'Adèle Foucher. Il transpose dans le roman les difficultés que les deux amoureux rencontrent auprès de leurs parents respectifs hostiles à leur mariage. Mais cette transposition est dramatisée par le prisme romanesque qui grandit et magnifie tout.

Ordener,  Ethel et le prêtre

Le roman est donc avant tout une histoire d'amour contrarié. Ordener, le fils du vice-roi est amoureux d'Ethel dont le père, Schumaker, déchu de ses titres, privé de sa fortune par le roi, est emprisonné dans une forteresse avec sa fille. Ordener n'a pas révélé son identité, son père faisant partie des ennemis de Schumaker mais il promet de sauver ce dernier d'un complot qui vise à le faire condamner à mort. Pour cela, le jeune homme doit  retrouver une cassette dérobée par Han d'Islande. Elle contient des papiers qui prouveront l'innocence de Schumaker. N'écoutant que son courage le jeune homme se lance aux trousses du monstre.

Han d'Islande et son ours

Victor Hugo dit avoir eu pour modèle Walter Scott très apprécié des romantiques pour ses romans historiques et couleur locale. Le jeune auteur, en effet, place l'action dans la Norvège de la fin du XVII siècle sous le règne de Christian VI. Il n'est jamais allé dans ce pays mais par contre il connaît bien la culture scandinave, la mythologie et l'Edda, un des textes anciens fondamentaux.
Mais plus que Scott, ce sont les romans gothiques d'Ann Radcliffe et Lewis qui semblent l'inspirer. Ainsi le monstre Han d'Islande dont l'origine semble être divine, est mi-homme, mi-bête. Doté d'une force surhumaine et d'une intelligence démoniaque, il aime le Mal pour le mal.  Il prête à sourire, du moins pour le lecteur moderne, quand il arrache le crâne de son fils assassiné et s'en sert pour boire le sang de ses victimes. Cela m'a rappelé une histoire vraie, celle-là, racontée par Théophile Gautier dans son Histoire du romantisme.  Avec ses amis appartenant comme lui au petit cénacle, tous admirateurs passionnés de Victor Hugo,  ils buvaient de la bière dans un crâne que Gérard de Nerval avait volé à son père, médecin aux armées! Ils auraient tous aimé que ce fût le crâne d'une belle demoiselle morte de phtisie mais hélas ! c'était plus vraisemblablement les restes d'un soldat moustachu, mort au combat ! 

A cela Victor Hugo ajoute un intrigue politique. Les mineurs opprimés par la tutelle royale se révoltent pour s'en libérer.  Orderner, un peu malgré lui se trouvera mêlé à ces mineurs et à la bataille féroce qui les oppose aux armées royales. Mais les mineurs sont-ils vraiment coupables ?  Apparaît   la sympathie que Hugo manifestera envers les humbles et les misérables.
On y trouve d'ailleurs déjà de nombreux thèmes chers à sa maturité : dans les personnages, Orderner, noble, courageux, solitaire, est une sorte de brouillon d'Hernani et, si ce n'est pas lui qui est proscrit, c'est sa fiancée et son beau-père ! Ethel, vertueuse, courageuse et douce est une Dona Sol avant la lettre !  De même le thème du monstre est déjà présent que l'on retrouvera dans L'homme qui rit ou Notre-Dame de Paris.
Les réticences de Hugo envers la peine de mort sont aussi traitées dans Han d'Islande et développées à travers le personnage du bourreau et les condamnations à mort du dénouement.

Ajoutons qu'il y a quelques belles scènes bien menées lorsque Ordener et son compagnon de voyage se retrouvent dans la maison du bourreau et de sa femme au milieu de l'orage ! Brrrr ! Ou encore de vraies scènes de comédie quand le bourreau discute des bons côtés de son métier avec Han d'Islande ! Ou quand celui-ci marchande le prix de son cadavre au bourreau et le roule dans la farine !
Le roman n'est certainement pas le meilleur de Victor Hugo. On a parfois l'impression qu'il part un peu dans tous les sens tant il est complexe par la multiplicité des intrigues, le grand nombre de personnages, la structure du roman. En effet, Hugo croise les récits racontant l'histoire des personnages dans des espaces différents mais sans respecter l'ordre chronologique. Ce qui n'empêche pas l'auteur de retomber sur ses pieds et nous avec, si bien que j'ai pris du plaisir à lire le livre.




Lecture commune dans le cadre du Challenge Victor Hugo avec Nathalie

et Miriam (en janvier)

12 commentaires:

  1. Me suis un peu ennuyée, c'est quand même pas très bien fichu. Heureusement qu'il ne s'est pas arrêté là !

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    1. Oui, oui, oui, c'est assez mal fichu ! Mais il s'en sort le jeune Hugo et il a du mérite car il n'a pas choisi la facilité !
      Ceci dit, heureusement qu'il ne s'est pas arrêté là, je suis d'accord !

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  2. Et pourquoi pas? je ne l'ai pas lu, je ne voyais pas du tout ce genre d'histoire, en fait.

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    1. Je ne m'attendais pas à ce genre de roman de style "frénétique" pour reprendre une formule de Nodier !

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  3. encore un titre à ajouter à ma liste de classiques jamais lus

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    1. On découvre à tout âge ! Il est vrai que ce n'est pas le meilleur Hugo mais je suis heureuse de le connaître !

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  4. Ça fait penser à du Scott, en effet. Il faudrait que je me replonge dans Hugo, que j'aimais beaucoup adolescente, mais qui m'effraie aujourd'hui par rapport à un Zola ou un Balzac.

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    1. Je continue à aimer (et même beaucoup) "L'homme qui rit" et "Les Misérables" pour ne citer que mes préférés. Ce qui ne m'empêche pas d'aimer de même Zola et Balzac si différents !

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  5. Il fallait bien débroussailler ses idées en les mettant sur papier pour ensuite poursuivre sa carrière d'écrivain. Je me souviens vaguement d'avoir lu ce livre.

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    1. Et oui, il faut bien commencer et il fait son apprentissage en y mettant pas mal d'ambition. Il aurait pu faire plus simple!

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  6. Aïe ! Vous appuyez là où ça fait mal : je ne l'ai pas lu.... Mais pour l'instant, sur la table de nuit, pas question d'ajouter un livre au risque de tous les faire tomber dans la ruelle.

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    1. On peut très bien s'en passer, ce n'est pas un chef d'oeuvre.Quant à la pile qui menace de s'effondrer, je connais bien cela !

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