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dimanche 18 février 2018

Roy Jacobsen : le prodige



J’ai énormément aimé Les invisibles de Roy Jacobsen. Aussi c’est avec plaisir que j’ai découvert Le prodige qui est un livre également réussi même s’il est très différent. Le roman Les invisibles avait pour cadre des îles norvégiennes perdues dans le vaste océan, balayées par la tempête, illustrant la beauté et la sauvagerie de la nature. Le prodige, au contraire décrit une banlieue populaire d’Oslo, dans un milieu modeste, où l’espace est réduit à un petit appartement rendu encore plus exigu par la location d’une  chambre à un locataire. L’espace se réduit encore et le confort aussi. C’est que la mère de Finn, vendeuse de chaussures, doit élever toute seule son fils et, de plus, recueillir Linda, six ans, la fille de son ex-mari, à la mort de celui-ci. La mère de la fillette n'est pas capable de s'occuper d'elle.

Nous sommes dans les années 1960. Le narrateur est Finn, un garçon de neuf ans. Il raconte la vie quotidienne, décrit ce qui se passe autour de lui et observe sa mère dont le comportement n’est pas toujours clair pour lui. C’est l’occasion de constater combien les adultes sont incompréhensibles, parfois, aux yeux des enfants. J’aime cette manière de raconter, où tout n’est pas dit, où les actes des personnages gardent leur part de mystère, quitte à recevoir une explication plus tard.
On suit la vie de cette famille, on voit leurs difficultés financières et les drames qui se tissent à l’intérieur des liens familiaux. Finn adore sa mère mais tout se gâche entre  les deux : l’enfant est jaloux du nouveau locataire Christian, peut-être aussi de la petite soeur car il a peur que sa mère ne l’aime plus. Linda est une enfant traumatisée, au comportement un peu bizarre mais très attachante. C’est pour Finn l’occasion de découvrir l’amour fraternel avec le zeste d’agacement naturel que tout aîné éprouve pour la petite dernière, particulièrement collante !En protégeant la petite soeur, il découvre aussi la violence de ses réactions, ce qui l’amène à s’interroger sur sa véritable nature.
Certes Le prodige est moins original que Les invisibles. C'est un roman d'initiation qui montre le passage de l'enfance à l'adolescence en milieu urbain et, en ce sens, il est plus attendu. Mais Roy Jacobsen est aussi heureux dans l’art de peindre la nature déchaînée que les crises psychologiques que traversent les personnages, adultes ou pas !
Un beau livre, profond, que j'ai lu avec plaisir !


28 commentaires:

  1. Tu es très convaincante tu donnes envie

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    1. tant mieux ! C'est vraiment un bon livre même si ma préférence va à Les invisibles.

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  2. Ma bibli ne propose que Les bûcherons.

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    1. J e n'ai pas lu les bûcherons; je suis curieuse de savoir s'il va te plaire.

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  3. "Les invisibles" sont enfin arrivés à la bibliothèque, je vais le réserver. Et il y en a un autre "Les bûcherons".

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    1. Tu vas te régaler avec les invisibles! C'est tellement bien écrit !

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  4. encore un titre que je vais engranger

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  5. Je suis plutôt tentée par Les invisibles... déjà noté pour un emprunt en bibliothèque.

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  6. C'est déjà beaucoup d'être "un livre profond" ! Il y a tellement de livres légers, légers...
    Un titre a gardé en mémoire donc. Bonne journée, ClaudiaLucia.

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    1. Les liens tourmentés entre les personnages, la complexité des rapports familiaux, les non-dits, la compréhension de l'adolescence, comme si on la vivait de l'intérieur, les difficultés d'une mère qui élève seule ses enfants... Et l'amour aussi qui lie les Linda, Finn et sa mère. Toutes sortes de thèmes qui donnent un profondeur au récit initiatique.

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  7. Beau et profond ? Je note le nom de Roy Jacobsen avant d'aller à la bibliothèque. Bonne après-midi, Claudialucia.

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  8. ça a l'air tristounet, tout de même, peu de lumière, peu de joie, ou peut-être mon impression est fausse?

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    1. C'est moi qui n'ai peut-être pas assez souligné l'amour qui lie les trois personnages. Le fait aussi que le petit garçon défend Linda et lutte contre les adultes qui la croient demeurée. Il est le seul à se battre pour sa petite soeur. Donc il y a de l'espoir, de la lumière, mais c'est vrai que c'est triste aussi.

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  9. Comme tu sais bien exposer ce récit!
    J'ai aimé ce livre qui porte le titre de "Child wonder" en anglais Etonnement d'enfant?
    Une belle phrase d'introduction de la part de l'auteur dont la traduction serait proche de -comment perdre son innocence sans perdre son âme. Ce roman est dédicacé à ces enfants mêmes qui ne la perdent pas. Je les aime tous- qui traduit bien l'esprit du livre.

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    1. Etonnement d'enfant ? C'est vrai que cela résume bien l'état d'esprit de Finn.
      Il n'y a pas de phrase d'introduction dans la version française ?

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    2. Je ne sais, je l'ai lu en anglais... à toi de me dire. 😉

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    3. Le point d'interrogation était de trop ! Une erreur de frappe. Je voulais dire qu'il n'y avait pas de phrase d'introduction dans la version française et je me demandais pourquoi les traducteurs l'avaient omise..

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  10. Merci d'avoir mis les liens, ça m'a permis d'avoir plusieurs avis et après les avoir lu, le sujet ne me tente pas trop... ( ce n'est pas grave, j'ai plein de choses à lire :-)

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    1. Oui, c'est bien de lire des avis différents, surtout quand ils sont contradictoires.

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  11. Je n'avais pas trop accroché mais j'aime bien la manière dont tu parles de ce livre. C'est marrant de voir que ce qui t'as plu est justement ce qui m'a dérangé. Comme quoi on ne voit jamais un livre de la même manière : on lit les mêmes mots mais pas la même chose.
    Daphné

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    1. C'est vrai, c'est marrant ! Nous sommes en contradiction totale sur ce point, tu n'aimes pas les non-dits, ce qui est suggéré, qui n'est pas expliqué. Mais tu y as vu des qualités que j'ai moi aussi notées.

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  12. Bonjour Claudialucia, voilà le genre d'histoire qui devrait me plaire. Merci. Bonne journée.

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  13. Une histoire qui pourrait me tenter également.

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  14. Tu en parles bien. Si je suis plus tentée par "Les Invisibles", celui-ci semble à découvrir aussi !

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