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mercredi 30 décembre 2020

Jack London : L'aventureuse

 

Après quelques mois de lectures assidues et nombreuses, le challenge Jack London est en train de battre de l'aile, certaines lectures ayant lassé les plus fidèles lectrices. Je dois dire, pour mon cas personnel, que me suis réjouie de découvrir certains aspects d’un Jack London que je ne connaissais pas, une grande diversité dans les genres du récit, dans les thèmes, les pays explorés… mais j’ai été indignée par certaines idées propres à la majorité de ses écrits : le racisme et l’affirmation toujours réitérée de la prétendue supériorité de la « race » anglo-saxonne. Il y a de quoi en être découragé(e) même si Jack London est souvent plein de contradictions :  raciste et pourtant, certains de ses personnages récurrents, courageux, fidèles en amitié, sages, sont des amérindiens tels Malemute Kid dans le grand Nord ou dans les mers du sud, le canaque Otoo, homme bon et doux. Socialiste défendant les misérables, il admire  l’homme fort, qui, selon Darwin, triomphera de la sélection naturelle. Un curieux mélange.
Pourtant, Jack London est féministe - avant la lettre - et dans L’aventureuse, il pousse très loin sa conception de la femme libre, indépendante, et se montre ainsi très en avance sur la société.


L’action se passe dans les îles Salomon. David Sheldon est un colon anglais qui gère une plantation en train de devenir fructueuse grâce à ses soins mais il tombe gravement malade. Or, ses employés, des autochtones qui sont traités comme des esclaves, sont sur le point de se révolter. Arrive dans l’île une jeune femme, américaine, belle, fière, intelligente, accompagnée de Tahitiens qui sont sous ses ordres. Joan Lackland, élevée par un père progressiste, sait se servir du lasso et du colt, gréer un navire, diriger un schooner dans les mers du sud, jouer du piano, parler art et littérature, Elle soigne et guérit Sheldon, mate l’insubordination des indigènes. Mais lorsqu’elle décide d’être propriétaire de sa propre plantation, elle se heurte aux principes des hommes de sa classe, David Sheldon en tête, qui estiment qu’une femme ne peut réussir toute seule et que vivre sans être mariée serait une inconvenance.
Avant les gens me cornaient aux oreilles que le mariage était le seul but d’une femme dans la vie : adieu le romanesque ! Mais la ruine de mon père m’a plongée dans l’aventure
Il faudra à Joan beaucoup de caractère pour défendre son indépendance, refuser le mariage, montrer ce dont elle est capable et obtenir le respect. Et il faudra à David Sheldon beaucoup d’aventures, de dangers à surmonter, d’admiration et d’amour envers la jeune fille pour évoluer et être moins conventionnel, moins conservateur et étroit d’esprit en ce qui concerne la femme.
L’aventureuse serait une merveilleux roman d’aventures s’il n’était pas basé sur un racisme affirmé.
Sur cette plate-forme gisaient côte à côte, pressés les uns contre les autres, une vingtaine de noirs. Il était facile de constater, au premier coup d’oeil, qu’ils se situaient au bas de l’échelle humaine. Leurs figures étaient bestiales, asymétriques, leurs corps laids et simiesques.

Il est vrai que les peuples des îles Salomon étaient, pour certains, cannibales, donc ils faisaient peur. Ils étaient tous très hostiles aux blancs qui leur prenaient leur terre, et les faisaient travailler dans des conditions dignes de l’esclavage. Et cela, c’est légitime, on les comprend ! Que London, socialiste, ne le comprenne pas, voilà qui est surprenant et décevant ! Mais c’est là qu’interviennent ses contradictions : le peuple anglo-saxon est supérieur donc il doit conquérir le monde Et la volonté du blanc pénétra la basse intelligence de l’indigène avec un force impétueuse…
et les noirs sont des êtres inférieurs que l’on doit « bien traiter » mais faire obéir ! 

Voilà qui vous gâche tout le plaisir de lire !

Je ferai bientôt le quatrième bilan (et peut-être dernier) du challenge Jack London, encore que j'aurai peut-être envie de lire le Snark avant de m'arrêter et qui sait ? de relire les livres qui ont marqué mon enfance : Croc Blanc et l'Appel de la forêt.  Je verrai et vous ?
 


 

14 commentaires:

  1. Il est pénible hein ? Je n'ai pas lu celui-ci mais tu retranscris très bien ce que l'on peut ressentir à la lecture de certains de ses romans, en mode "ahhhh... mais non ! Oh la la !"
    J'ai un billet en stock et j'ai toujours quelques titres à lire. Je me fixe l'objectif raisonnable de lire Martin Eden au premier semestre 2021 !

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    1. Oh! oui, il est pénible et comme tu dis : Oh! la la! Dommage car il a des qualités de conteur extraordinaires. Rien de tel dans Martin Eden et c'est vraiment le livre à lire ! Je ne ferme donc pas le challenge, il y a encore de beaux ouvrages à découvrir.

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  2. Comme je me suis procurée une "anthologie" dont je n'ai lu pour l'instant qu'un titre, c'est sur que je relirai du London, et j'ai en plus noté plusieurs titres grâce à ton challenge (notamment Le peuple de l'abîme ou La peste écarlate) mais je peux difficilement m'engager sur une date butoir, mon programme 2021 étant déjà bine chargé... Mais même si l'aventure s'arrête ici, tu peux (ainsi que toutes celles et ceux qui ont été plus assidus que moi) être fière du bilan, vous nous avez offert des propositions d'une belle richesse, et d'une belle variété !

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    1. Non, je ne vais pas l'arrêter puisque certains d'entre vous ont envie de continuer. Prend ton temps, donc et fais-moi signe quand tu le publies. Les deux que tu veux lire sont intéressants.

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  3. Franchement oui, tes citations... J'ai l u des récits d'explorateurs en Afrique au 19ème siècle qui étaient moins pires.

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    1. Montaigne parlait des cannibales avec beaucoup plus d'humanité et de largeur d'esprit !

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  4. Désolée, je n'ai rien lu pour le challenge ( mais bon, je vais eviter ce roman, vu le racisme) alors que je viens de m'acheter Croc blanc. J'ai relu l'appel de la forêt, il y a deux ans et j'avais ebaucoup aimé mais je ne me rappelle plus de croc blanc...

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    1. Moi aussi je voudrais relire Croc Blanc, depuis le temps j'ai beaucoup oublié aussi. On pourrait faire une LC ???

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  5. Ravie de voir que le Challenge London était encore ouvert. Je viens de visionner le DVD de Martin Eden (qui était indisponible à la médiathèque) J'écrirai dans la foulée un billet.
    Pour l'instant je suis occuper à lire ailleurs, peut être que je reprendrai des livres de London, mais pas dans le proche avenir.

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    1. J'attends donc ton billet sur le dvd. Le challenge reste ouvert, donc, et, bien sûr, on a besoin de s'arrêter parfois.

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  6. J'allais dire que tu avais trouvé le titre pour me relancer, mais la fin de ton billet me fait changer d'avis. J'espère toujours lire au moins un dernier livre pour le challenge. Peut-être une biographie, pour comprendre ces contradictions, et "Construire un feu". C'était une très bonne idée de challenge en tout cas.

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    1. Construire un feu, c'est une très belle nouvelle et la BD de Chabouté qui l'adapte l'est tout autant. Oui, une biographie est un bon moyen d'aborder l'auteur.

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  7. Je n'ai pas encore chroniqué dans le cadre du challenge, mais je viens de finir L'Appel de la Forêt qui m'a beaucoup plu ! Merci à toi de cette initiative. En lisant les différentes chroniques, cela permet vraiment d'avoir une vision beaucoup plus large des oeuvres de Jack London même si, je le comprends, certains propos peuvent décourager le lecteur du XXIème siècle.
    Patrice - Et si on bouquinait

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    1. Je lirai avec plaisir ton billet sur l'Appel de la forêt. Oui, les propos racistes sont très pénibles même si l'on essaie de se replacer dans la mentalité de l'époque de London, si l'on sait qu'il a fallu un siècle pour évoluer et qu'il y a encore tant de racistes dans ce monde.

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