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dimanche 28 novembre 2021

R.J. Ellory : Le chant de l'assassin


1972. Condamné pour meurtre, derrière les barreaux depuis plus de vingt ans, Evan Riggs n'a jamais connu sa fille, Sarah, confiée dès sa naissance à une famille adoptive. Le jour où son compagnon de cellule, Henry Quinn, un jeune musicien, sort de prison, il lui demande de la retrouver pour lui donner une lettre. Lorsqu'Henry arrive à Calvary, au Texas, le frère de Riggs, shérif de la ville, lui affirme que la jeune femme a quitté la région depuis longtemps, et que personne ne sait ce qu'elle est devenue. Mais Henry s'entête. Il a fait une promesse, il ira jusqu'au bout. Il ignore qu'en réveillant ainsi les fantômes du passé, il va découvrir un secret que les habitants de Calvary sont prêts à tout pour ne pas voir divulguer. (quatrième de couverture)

Un mystère donc que Henry va vouloir percer et qui unit dans le même silence les habitants de cette petit ville typique du West Texas. Ce que j’ai apprécié dans ce roman qui est sans contexte « noir » par son sujet et pas les thèmes qu’il présente, c’est la vision qu’il nous donne de la société américaine de cet Etat. Repliés sur eux-mêmes, xénophobes, sclérosés, soumis à un pouvoir corrompu, celui du shérif de la ville mais aussi de ceux qui sont au-dessus de lui, les habitants se taisent, complices, enchaînés par la culpabilité, ou obligés par la peur et la lâcheté.

On a souvent dit que le mal n’a pas besoin d’autre terreau pour prospérer que le silence et l’inaction des gens de bien.

Mais au-delà de ces aspects, ce qui m’a le plus touchée dans Le chant de l’assassin, ce sont les personnages à qui R.J. Ellory donne vie, des personnages puissants - même ceux qui sont secondaires-  dont certains sont très beaux et touchants. Ils nous offrent une réflexion pleine de sagesse, d’amertume ou de pessimisme, selon chacun d’entre eux, sur la vie mais aussi sur le mal, réflexion empreinte souvent d’une tristesse qui nous touche et nous remue profondément.

De façon différente pour chacun, l’âge adulte leur avait apporté la preuve que le monde n’était pas ce lieu magique auquel ils avaient cru enfants, mais un endroit nettement plus sinistre.

Ellory a une grande connaissance des arrière-boutiques de l’âme humaine et sait nous les révéler au grand jour, habilement, en présentant le thème que l’on peut dire biblique des frères ennemis,  Evan et Carson Riggs, chacun avec leurs zones d’ombres et de faiblesses. Face à eux, Henry Quinn incarne la jeunesse et l’espoir avec une droiture non dépourvue d’intransigeance. 

Aux yeux de Henry, il n’y avait pas réellement de différence entre une parole donnée et une parole tenue. C’était dans sa nature, un point c’est tout.

L’alcool n’arrangeait rien. Henry en savait quelque chose. Il ne faisait qu’exacerber des tendances déjà présentes en vous. Au même titre que l’argent. Ou le pouvoir. Donnez l’un ou l’autre à un homme, et vous ne ferez qu’embraser sa nature profonde et la révéler au grand jour.

La construction du roman qui se déroule en alternance dans des temps différents, celui de Evans Riggs et celui de Henry Quinn, tous deux unis malgré la distance temporelle par leur amour de la musique, donne un rythme au roman et relance sans cesse l’intérêt de l’action.

Un grand roman noir !
 

Lire le billet de Kathel : ICI



 

10 commentaires:

  1. Je suis contente que tu l'aies aimé aussi, c'est un pur roman noir, avec petit quelque chose qui fait qu'il reste en mémoire.

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    1. Oui, je pense qu'il en sera ainsi pour moi. Il a quelque chose en plus, tout simplement le talent de l'écrivain

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  2. J'en ai lu plusieurs de l'auteur, toujours avec intérêt. Je note celui-ci.

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  3. je le note, cela fait très longtemps que je n'ai pas lu de roman noir américain.

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  4. j'avais tellement aimé son premier roman qu'ensuite j'ai un peu décroché mais tu es la 2ème à me vanter celui là alors je vais noter pour une lecture prochaine

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    1. Je suppose que tu parles de Seul le silence qui a une puissance redoutable!

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  5. Ton avis rejoint en effet ton commentaire laissé sur mon billet à propos de "Tuer le fils".. oui, le noir produit aussi de grands romans. Et ta chronique me rappelle que cela fait longtemps que je n'ai pas lu Ellory, c'est un tort !

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  6. Oui,Ellory est un écrivain à part entière et qui a une puissance qui secoue.

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