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lundi 14 mars 2022

Josef Rufin Wybicki et Adam Mickiewicz : La mazurka de Dabrowski, Hymne national de la Pologne

Jan-Henrik Dabrowski
 

J'ai découvert La Mazurka de Dabrowski  en lisant Pan Tadeucz de Mickiewicz (voir ICI). Ainsi, au début du poème, le jeune Tadeucz revient, après avoir fait ses études universitaires, dans sa maison natale où il revoit toute son enfance : 

Même la vieille horloge verticale à carillon

Dans sa vieille armoire à l'entrée d'un renfoncement il reconnut,

 Et avec une joie enfantine il tira sur son cordon,

 Pour entendre cette vieille mazurka de Dabrowski.

De même à la fin de l'oeuvre, en 1812, quand tous les militaires polonais se préparent à partir à la guerre contre la Russie, il y a une fête, suivie d'un concert, donnée en l'honneur des fiançailles de Tadeucz et Sozia en présence du général Dabrowski lui-même. C'est le juif Jankiel, fervent patriote polonais, merveilleux musicien, cymbaliste, qui redonne son heure de gloire à ce chant :  

Le coup était si bien donné, était si puissant,

Que les cordes résonnèrent telles des trompettes d'airain,

Et de ces trompettes vers le ciel s'envola l'air bien connu,

la marche triomphale : " La Pologne n'a pas encore péri!"

Marche Dabrowski vers la Pologne!"

Et tous de reprendre en choeur le " Marche Dabrowski" !

 

 La Mazurka de Dabrowski : hymne national de la Pologne

de Josef Rufin Wybicki

La Pologne n’a pas encore péri,
Tant que nous vivons.
Nous reprendrons par le sabre,
Ce que la violence étrangère nous a pris.

Marche, marche Dąbrowski,
De la terre italienne vers la Pologne;
Sous ta direction,
Nous nous unirons avec la Nation. (bis)

Nous passerons la Vistule,
nous passerons la Warta,
Nous serons Polonais.
Bonaparte nous a donné l’exemple,
Comment nous devons vaincre.

Marche, marche Dąbrowski,
De la terre italienne vers la Pologne;
Sous ta direction,
Nous nous unirons avec la Nation. (bis)

Comme Czarniecki vers Poznań
Après l’invasion suédoise,
Pour sauver la Patrie,
Revint par la mer.

Marche, marche Dąbrowski,
De la terre italienne vers la Pologne;
Sous ta direction,
Nous nous unirons avec la Nation. (bis)

Larmes aux yeux,
Un vieux dit à sa jeune fille,
« Écoute ! Il semble que les Nôtres
Battent le tambour. »

Marche, marche Dąbrowski,
De la terre italienne vers la Pologne;
Sous ta direction,
Nous nous unirons avec la Nation. (bis)

 

Jan-Henrik Dabrowski

Jan-Henrik Dabrowski
 

La mazurka porte le nom du général Dabrowski, un des héros de la Pologne. C’est à lui que l’on doit, en 1796, la formation des légions polonaises qui servaient dans l’armée française. A l’époque de la création de ce qui est devenu l’hymne national polonais, les légions polonaises aidaient l’Armée révolutionnaire française de Bonaparte pendant les campagnes militaires en Italie en attendant de pouvoir combattre leurs ennemis pour délivrer la Pologne. Mais pendant longtemps Napoléon les a considérés comme chair à canon les envoyant combattre à Haïti pendant la révolte des esclaves,  en Italie et en Allemagne. 

Enfin, en 1806, la guerre franco-prussienne a redonné espoir aux patriotes. Napoléon Bonaparte a demandé à Dąbrowski et Wybicki d’aller aider l’armée française dans les parties de la Prusse peuplées par des polonais. Ainsi, en Novembre 1806, les deux généraux arrivent à Poznań et sont accueillis par les habitants chantant ce qui deviendra l’hymne national polonais.

De plus, après l’insurrection de Grande-Pologne en novembre 1806 et la victoire de Napoléon contre les forces prusses à Friedland en 1807, Napoléon Bonaparte décide de fonder un nouvel Etat polonais : Le grand duché de Varsovie (qui disparaîtra avec lui), création qui est loin de répondre aux espoirs du peuple.  Cependant avec la déclaration de guerre contre la Russie, en 1812, les patriotes reprennent courage. On sait comment cela se terminera.

 

La Bérezina

Josef Rufin Wybicki : L'auteur de la Mazurka de Dabrowski

Josef Rufin Wybicki

Josef Rufin Wybicki est un officier, homme politique et écrivain polonais. Chargé d'organiser les légions polonaises de l’Armée d’Italie commandée par le général Bonaparte, il écrit les paroles de ce chant, en 1795, pour donner courage aux soldats polonais exilés de leur pays. C'est ce qui explique qu’il fasse allusion à Bonaparte dans ce texte car les Polonais avaient foi en lui pour retrouver l'indépendance de leur pays rayé de la carte par les trois grandes puissances qui se l'étaient partagé, La Russie, l'Allemagne, l'Autriche..  
On ne connaît pas l'auteur de la musique. Ce chant a été chanté en Pologne pendant tout le XIX siècle surtout pendant les soulèvements nationaux qui se sont soldés par des échecs et qui ont obligé de nombreux polonais à l'exil.  En 1918, la Pologne devient un état indépendant. En 1919, elle choisit les couleurs de son drapeau mais ce n'est qu'en 1927 que la Mazurka de Dąbrowski devient l’hymne national polonais.
 

Stefan Czarniecki : Héros polonais du XVII siècle

Stefan Czarniecki

Stefan Czarniecki est un noble polonais né en 1599 et mort en 1665. Commandant militaire, voïvode de Kiev, il a participé à de nombreuses batailles en particulier contre les Russes et les Suédois. Dans l'hymne national il est question de Czarniecki et son nom est lié à la ville de Poznan, située au bord de la Warta, à l'ouest de la Pologne. 
C'est une allusion à la guerre polono-suédoise qui a eu lieu  de 1665 à 1668. En se retirant de la Pologne, l'armée suédoise envahit le Danemark. En raison de la coalition contre les Suédois qui l'unit aux Danois, le commandant polonais et sa division composée de six mille guerriers à cheval, basés à Poznan, gagnent le Danemark et traversent le détroit à cheval, héroïque traversée hivernale jusqu'à l'île d'Als.

Stefan Czarniecki : la traversée

 

 

La Mazurka de Dąbrowski

4 commentaires:

  1. Encore une très belle invitation à continuer la découverte de l'histoire si riche de la Pologne, merci !

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    1. Oui et c'est là que l'on s'aperçoit de la tragédie vécue par ces pays de l'Est toujours occupés par l'un ou par l'autre !

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  2. Donner espoir, les chants servent à ça aussi, bien sûr.
    Je continue, grâce à toi, à découvrir. Gracias

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    1. De l'espoir... et à entraîner les hommes à la guerre. Je me méfie du nationalisme mais je dois avouer que dans un pays sans cesse envahi et occupé, où l'on te fait disparaître de la carte, il y a de quoi éveiller la haine et la révolte.

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