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dimanche 21 août 2022

Martha Hall Kelly : Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux (1)


La trilogie de Martha Hall Kelly portent des noms de fleurs :
Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux (Pocket 660 pages); Un parfum de rose et d’oubli ( Pocket (648 p) et Le Tournesol suit toujours la lumière du soleil Pocket 684 pages


Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux (tome 1)

La maison des Ferriday

Tous ces titres fleuris m’ont fait penser à des expressions qui le sont tout autant : fleur bleue ou eau de rose*… D’où inquiétude quand on me les a prêtés. Moyennant quoi, je me suis retrouvée avec ce tome 1, Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux, en pleine invasion de la Pologne par les nazis en septembre 1939 (pillages, bombardement, privation de liberté, de nourriture, emprisonnement, déportation) et bientôt enfermée dans un camp de concentration, le tristement célèbre camp pour femmes de Ravensbruck… et avec le moral dans les chaussettes !


Le récit suit la vie de trois personnages :

Caroline Ferriday

Caroline Ferriday, fille d’une illustre et riche famille américaine, dont l’auteure a découvert l’existence récemment. C’est la maison aux lilas de Caroline qui a inspiré le titre du roman.  Celle-ci a consacré sa vie à des oeuvres charitables, notamment pendant la guerre de 1940 pour venir en aide aux Français, puis après la guerre, aux polonaises mutilées, survivantes du camp de Ravensbruck. Sa famille deviendra le sujet des romans suivants.

Kasia un jeune polonaise, adolescente, dont on suit d’abord la jeunesse insouciante, entre son amie juive Nadia, son amoureux Pietrick et sa famille bien-aimée jusqu’à  l’arrivée des nazis. Résistante, elle est arrêtée et déportée à Ravensbruck en même temps que sa mère et sa soeur. C’est un personnage fictif mais qui représente la réalité de toutes les femmes déportées dans ce camp.
La description de la vie au camp, les privations, la faim, les coups, les humiliations, la mort omniprésente, les expériences médicales que subissent ces femmes, sont absolument atroces. Bien sûr, j’ai lu beaucoup de littérature sur ce sujet, mais rien ne peut faire que l’on s’y habitue !

Herta  Oberheuser, médecin à Ravensbruck

Enfin Herta Oberheuser, le médecin du camp qui a mené des expériences médicales atroces sur les prisonnières et a participé à leur élimination. C’est aussi un personnage historique dont l’écrivaine a suivi le procès après la libération des camps. Condamnée à la prison, elle a été rapidement libérée et a exercé le métier de pédiatre en toute impunité ! L’intérêt du personnage est renforcé par le fait que l’on assiste à son évolution :  adolescente, membre de la jeunesse nazie, elle admire Hitler et adhère peu à peu à son idéologie, puis, lorsqu’elle découvre Ravensbuck, elle hésite devant les crimes qui y sont commis pour enfin y adhérer totalement au nom de la grande Allemagne. Autre intérêt à travers la vie de Herta  : le statut de la femme dans l’Allemagne de cette époque, les entraves voire les interdictions qu’elle rencontre pour faire ses études de médecine, le mépris des hommes médecins, et dans les camps de jeunesse, la façon de considérer les jeunes filles comme des « pondeuses » , pourvoyeuses de bons petits aryens !

 Certes le livre n’est pas au niveau des plus grands de la littérature des camps, Jorge Semprun ou Primo Levy, et l’on ne peut le comparer. Il n’a pas la portée philosophique et la profondeur des oeuvres de ces immenses écrivains. 

Martha Hall Kelly est une bonne conteuse, elle s’intéresse à des histoires, celles de ses héroïnes, de leur milieu social, leur histoire d’amour, et elle les place dans un contexte historique tragique qu’elle connaît bien. Elle nous touche à travers la tragédie qu’elles vivent. J’ai été intéressée par les personnages, en particulier par Kasia et Herta, et par l’époque historique. La documentation est solide, la lecture aisée.

*J’ai découvert que les titres anglais étaient plus sobres : Lilac Girls.

Challenge  Pavé de l'été chez Brize : Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux Pocket 660 pages

 

14 commentaires:

  1. Hum, j'aurais eu de la crainte aussi au vu du titre. ^_^ Sinon, bah, après Le pain perdu, je fais une pause sur le sujet.

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    1. Oui, il faut parfois faire une pause ! C'est nécessaire.

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  2. Contente de pouvoir lire et le résumé et ton analyse. Malheureusement, trop de mal à lire sur ces sujets en ce moment... La solastalgie me guette pour employer un mot fort.

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  3. Je me demandais qui était cette auteure (repérée sur les plages). Je regarde souvent ce que lisent les gens à la plage. Et bien vous m’apportez la réponse. Pas très gai mais j’y jetterai un œil.

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  4. Cette tendance aux titres longs et/ou infidèles à l'original devient vraiment agaçante.
    Même si ce roman n'appartient pas à la littérature concentrationnaire au sens strict, comme les récits de Primo Levi, de Semprun et d'autres, il peut participer à sa façon au devoir de mémoire de la Shoah, d'après ce que tu en dis, et peut-être attirer vers ce sujet un plus large public ?

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    1. Il ne s'agit pas seulement de la Shoah. Ici ce sont des polonaises résistantes qui sont arrêtées. Mais il y a aussi Nadia, la petite amie juive.

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  5. Je ne connaissais pas du tout... si cela repose sur des personnages réels pourquoi pas...

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    1. Oui, deux des personnages sont réels et pour Herta Oberheuser, tristement réelle !

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  6. Tu évoques une trilogie. Les deux autres portent sur quel thème ?

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    1. Je vais commenter les deux autres; Je n'ai pas aimé le second.

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  7. Je ne connaissais pas cette trilogie, qui me permet de découvrir Herta Oberheuser …

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    1. Les deux autres livres ne portent pas sur les camps de concentration.

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