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mardi 11 septembre 2012

Tom Bullough : Mécaniques du ciel, la vie deConstantin Tsiokolvsky :



La terre est le berceau de l'humanité. Mais peut-on passer sa vie entière dans un berceau? écrit Constantin Edouardovitch Tsiolkovski  (1857_1935) qui est considéré comme le père et le théoricien de l'astronautique moderne. C'est la vie de ce génial physicien, autodidacte et visionnaire, que nous conte Tom Bullough dans Mécaniques du ciel.

Le roman commence avec la découverte de l'univers du petit "Kostia" à Korostovo où le père de l'enfant, bûcheron d'origine polonaise, vit avec sa famille. Les paysages de neige, la rencontre avec un loup, les promenades en Kibitka, les courses folles sur les glaces de la rivière en dégel, les traditions religieuses et les contes hantés par Baba Yaga, la vieille sorcière, rythment l'enfance du petit garçon, recréant l'ambiance de la vieille Russie, ses coutumes, ses mentalités. Mais l'enfant va bientôt vivre deux évènements qui vont marquer sa vie : Il échappe de peu à la mort en contractant la scarlatine qui le laisse sourd et sa mère, Maria Ivanovna  meurt. C'est son imagination, l'irrésistible attrait qu'il éprouve pour le ciel et l'espace infini qui lui permet de vivre ces moments de souffrance.

Kostya imagina qu'il venait de quitter la surface courbe de la Terre et qu'il montait plus haut que la tour de l'église Vladimirskaya, à travers les épais nuages, dans les régions élevées où les oies traçaient une flèche ne migrant au printemps et à l'automne, et où La Viatka se réduirait à une tête d'épingle dans l'incommensurable forêt- à peine distincte, oubliée aussitôt que vue...

 Dans ce milieu modeste mais aimant, dans ce pays aux moeurs encore féodales, l'intelligence précoce de l'enfant éclate. Nous le retrouvons à Moscou où malgré sa surdité il enseigne la physique pour gagner sa vie. Son génie nourri de rêves combiné à son exceptionnelle intelligence lui permet d'élaborer des théories qui serviront de base, bien des années après, à l'envoi d'hommes dans l'espace.
Le récit suit un ordre chronologique, chaque chapitre correspondant à une date précise, ce qui donne lieu à des scènes fragmentées souvent conçues comme des nouvelles avec un début et une chute. La progression du récit n'est pas due à un déroulement linéaire avec une montée progressive de l'intérêt mais est assuré par le passage du temps  montrant Constantin Tsiolkovsky aux différentes époques de sa vie. J'ai beaucoup aimé les deux scènes qui encadrent le roman, l'une au début, l'autre à la fin,  l'une montrant l'enfant face à un loup dans la vaste taïga, l'autre décrivant l'atterrissage dans la forêt sibérien de deux cosmonautes russes dont l'un, Leonov, est le premier piéton de l'espace, et leur face à face angoissant avec une meute de loups. Ainsi à plus d'un siècle de distance la scène semble se renouveler confrontant ces deux hommes du XX siècle à l'enfant qui les as envoyés dans l'Espace.

Tom Bullough  réussit  à captiver son lecteur dans cette évocation à la Tolstoï d'une enfance russe -  c'est la partie que j'ai préférée- puis dans la description du jeune homme que sa surdité éloigne des autres, sympathique pourtant bien qu'un peu à part. Si le lecteur est admiratif de la grandeur d'un esprit qui peut voir aussi loin et aussi bien dans le futur, il s'intéresse aussi au personnage du roman, modeste, attachant, à ses amitiés et ses amours, ses recherches et ses intuitions, si bien que le roman est d'une lecture intéressante et très agréable.







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