Pages

PAGES

jeudi 3 février 2022

Douglas Preston : La cité perdue du dieu singe : Honduras

 Douglas Preston, écrivain américain, journaliste au New Yorker et au National Geografic, est l’auteur du livre La cité perdue du Dieu Singe, récit de la découverte archéologique d’une ancienne cité disparue dans la forêt vierge de la Mosquitia en Honduras. Il s’agit de la légendaire Ciudad bianca, la Cité blanche, dédiée au Dieu Singe, dont Cortès se faisait déjà l’écho en 1526 dans une lettre adressée à Charles Quint. Depuis, l’existence de cette cité abandonnée, édifiée par un peuple inconnu, - car ce ne sont pas des Mayas - est devenue le centre de récits et de croyances populaires qui, au cours des siècles, l’ont élevée au rang de mythe.

Nombreux ont été les explorateurs partis à sa recherche et dont certains ont prétendu l’avoir trouvée jusqu’à cette année 2012 où les progrès de la technologie vont permettre de la localiser.

L'emplacement de site archéologique dans le Mosquitia Honduras

Au coeur de la Mosquitia, la jungle la plus dense du monde tapisse des chaînes de montagnes infranchissables, parfois hautes de mille cinq cents mètres, entaillées de ravins escarpés, de cascades vertigineuses et de torrents rugissants. Arrosée par des précipitations diluviennes - plus de trois mètres d’eau chaque année- cette zone est régulièrement victime de crues subites et de glissements de terrain. On y trouve des sables mouvants capables d’engloutir un homme. Le sous-bois est infesté de serpents mortels, de jaguars, de fourrés de griffes de chat, une liane hérissée d’épines crochues qui lacèrent la peau et les vêtements. Dans la Mosquitia, un groupe d’explorateurs aguerris, équipés de machettes et de scies, peut espérer en dix heures de labeur acharné progresser d’un à deux kilomètres.
Mais les dangers liés à son exploration ne sont pas tous d’origine naturelle. Le Honduras connaît, en effet, l’un des plus forts taux d’homicide de l’échelle planétaire. 80% de la cocaïne en direction des Etats-Unis transitent par ce pays, principalement à travers la Mosquitia. Les cartels règnent sur les zones rurales et les villes environnantes.


La cité perdue  ici forêt vierge de la Mosquitia Honduras
 
Evidemment avec cette entrée en matière, vous allez croire ce qui est annoncé dans la quatrième de couverture :  Ce récit, digne des aventures d’Indiana Jones… Mais non ! Cette relation de voyage est tout autre chose !

Enfin, pourtant, en un sens,  oui… Ainsi quand l’auteur se retrouve face à un énorme Fer de lance, un serpent extrêmement agressif, et dont le venin est mortel, ou quand, obligé de se lever dans la nuit, il met le pied sur une couche grouillante de scorpions et d’araignées dont les yeux brillent dans l’obscurité … Brrr!  La pluie ne cesse de tomber transformant en boue le campement, les mésaventures sont nombreuses, dont les pires sont peut-être dues aux insectes piqueurs qui transmettent d’horribles maladies, comme la leishmaniose appelée « lèpre blanche » qui ronge les muqueuses, le nez et les lèvres, ne laissant que des trous béants.

Un Fer de lance
 
Donc oui ! … mais non,  Douglas Preston n’écrit pas un roman mais un document sérieux, détaillé de ce voyage dont les membres sont d’éminents savants, archéologues, professeurs d’université spécialistes des civilisations latino-hispaniques, ethnographes américains ou honduriens… qui sont tous mus par un intérêt passionné pour l’archéologie, pour l’histoire de ce pays et ne sont surtout pas à la recherche d’un trésor mais de la connaissance ! Des cinéastes, un photographe, un écrivain (Douglas Preston) chargés de rendre compte de la mission les accompagnent, des soldats assurant la sécurité. 
 
Chris Fisher anthropologue et ethnologue et Douglas Preston (en tête) sur le site de la Cité

Preston relate les différentes étapes de la recherche de cette ville ancienne et explique comment l’existence de ruines extrêmement importantes est révélée en 2012 grâce à une technologie dernier cri, le Lidar, sorte de radar « qui bombardait au rayon laser une jungle dans laquelle aucun être humain n’avait pénétré depuis peut-être cinq cents ans. ». En Février 2015 a lieu la première expédition sur le site et le début des fouilles. Il y en a eu d'autres par la suite.
Nous découvrons d'abord les villes contemporaines du Honduras où l’équipe fait halte et la situation économique et politique du pays qui vient de subir un coup d'état (un nouveau !). Nous survolons la forêt luxuriante, si incroyablement dense et belle, impressionnante dans sa majesté malgré la déforestation illégale qui gagne certains coins. Nous participons aux premières fouilles du site vers lequel les explorateurs sont héliportés et qui révèlent l'existence de pyramides de terre, d'esplanades aménagées, places, terrains de jeu (?), d'un réservoir d'alimentation en eau pour les cultures. De nombreux objets sont détectés témoignant de la grande habileté d'une civilisation vieille d'un millier d'années. 


Pour autant les chercheurs n'affirment pas qu'il s'agit de la cité légendaire. Prudents, ils insistent cependant sur le caractère extraordinaire de cette découverte archéologique majeure et sur l'importance des vestiges qu'ils ont retrouvés. Depuis cette date les fouilles ont continué. 


L'homme-jaguar

Dans la livre de Douglas Preston, nous partageons les recherches érudites pour déterminer ce qu’était cette civilisation pré-hispanique qui a érigé la Cité blanche et la raison de leur départ brutal. Avec, bien sûr, une incursion vers les Mayas et  le site de Copan. L'intérêt du groupe ne se limite pas à l'archéologie mais englobe aussi les espèces végétales et animales et montre l'incroyable biodiversité de ce lieu où les hommes n'avaient plus pénétré depuis des siècles. Toute une foule de détails nous est donnée aussi sur le retour de l'expédition et ce qui arrivé à l’équipe de chercheurs par la suite. Preston présente les attaques et les controverses, souvent partisanes semble-t-il, que les chercheurs ont  subi de la part de détracteurs dont certains sont des universitaires.

Copan : site Maya

L'écrivain observe et note les évènements dont il est lui-même le témoin. Il tient un journal au jour le jour. Il dresse le portrait vivant, parfois haut en couleurs (comme l'ex-trafiquant de drogue d'un cartel colombien aux méthodes expéditives !) de chaque membre du groupe. Il procède aussi par interviews auprès de scientifiques, d'historiens, de médecins, sur des sujets variés pour les approfondir, il enquête avec une curiosité qui embrasse toutes les aspects de la recherche. Il élucide pour nous tout ce qui pourrait paraître obscur et nous apporte une foule de connaissances.

Je vous laisse découvrir les détails de ce documentaire intéressant qui nous fait découvrir plusieurs facettes de l’Honduras et de ses richesses patrimoniales.

             La Cité blanche recréée suite à la première expédition en 2015. Source site Gaia Merveille


Dans une sorte de large bassin qui dépassait à peine du sol, on pouvait voir le haut de dizaines de sculptures en pierre incroyablement élaborées. Au milieu des feuilles et des lianes, des objets recouverts de mousse prenaient forme dans la lumière crépusculaire de la forêt. La première chose que je vis fut la tête d’un jaguar rugissant, puis le rebord d’un pot orné d’une tête de vautour et d’autres grands récipients en pierre gravés de serpents; à côté d’eux se trouvaient un ensemble d’objets qui ressemblaient à des trônes ou à des tables, dont les bords et les pieds étaient pour certains, gravés de ce qui ressemblait à première vue à des inscriptions et des glyphes.



10 commentaires:

  1. Ha mais oui, ce mois sous l'angle récit de voyage, c'est plus mon truc. Et je crois que le Honduras te vaudra une récompense?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est tout de même pas pour la "récompense" que je l'ai lu mais parce que je n'avais pas de livres disponibles dans ma PAL et par curiosité pour la littérature de ces pays auxquels,nous dit Ingammic,personne ne s'est intéressé pour l'instant. J'ai cherché aussi Le Bélize et la Bolivie mais je n'ai pas trouvé de traductions françaises. Les textes sont soit en espagnol,soit en anglais. Dommage car j'aurais bien aimé en découvrir certains!

      Supprimer
  2. Je lis vos billets avec plaisir parce que je fais partie de celles qui ne connaissent pas grand chose à la littérature de cette partie du monde. Il ne faut pas avoir froid aux yeux pour se lancer dans ce genre d'expédition. Ça doit être très excitant pour les chercheurs ce terrain vierge. On se demande ce qui est le plus dangereux des cartels ou des bestioles, sans compter les controverses des collègues.

    RépondreSupprimer
  3. Tu es trop forte !! Et ça a l'air palpitant, je m'empresse de noter. J'ai publié moi aussi aujourd'hui un billet d'un auteur non latino mais dont le roman a pour sujet la conquête de Mexico par Cortes. Une fiction, pour le coup, mais fort bien documentée et passionnante également.

    RépondreSupprimer
  4. Entre les narco-trafiquants et les dangers de la nature, mieux vaut visiter ce pays entre les pages d'un livre.

    RépondreSupprimer
  5. Ton billet est passionnant, merci, comme doit l'être la lecture de cet ouvrage, un grand voyage, temporel et géographique.

    RépondreSupprimer
  6. qu'il est impressionnant ce fer de lance!
    belle découverte en tout cas!

    RépondreSupprimer
  7. Ca ne rappelle pas la cité perdue de Z de David Grann ?

    RépondreSupprimer
  8. Cela fait très envie, un roman d'aventure et des antiquité précolombiennes! Tout ce que j'aime

    RépondreSupprimer
  9. Bonsoir Claudialucia, j'ai lu plusieurs romans de Douglas Preston et Lincoln Child avec leur héros récurrent Pendergast. Et j'ai lu des romans de Preston tout seul mais je ne savais pas qu'il avait écrit des récits. Je pense que cela doit être passionnant. Bonne soirée.

    RépondreSupprimer

Merci pour votre visite. Votre message apparaîtra après validation.