1834. L’esclavage vient d’être aboli à La Barbade. C’est ce que le maître de la plantation La Providence, annonce à ses esclaves mais il ajoute qu’ils ont l’obligation de travailler comme apprentis chez lui pendant six ans. Ils sont libres mais ne peuvent s’en aller, travail harassant dans le champ de cannes à sucre, le contremaître, fusil en bandoulière, les sifflets, le fouet, les coupas, la fatigue, le chagrin : « Liberté est le nom de la vie qu’ils avaient toujours connue. ».
C’est alors que Rachel décide de fuir. Elle veut retrouver ses enfants qui ont été vendus les uns après les autres, à des âges différents, et dont elle conserve le souvenir précieusement dans son coeur : Micah, Mary Grace, Mercy, Cherry Jane, Thomas Augustus sans compter ceux qui sont morts en bas âge. Rachel n’ignore pas le sort que l’on réserve aux esclaves fugitifs, les risques qu’elle encourt si on la rattrape et le fait qu’elle soit libre n’y changera rien.
Cette longue route semée de dangers à la recherche de ses enfants est jalonnée par de belles rencontres, comme celle de Mama B, une vieille femme, généreuse et forte, qui la conduit à Bridgetown, la capitale de la Barbade où elle retrouve Mary Grace. Mais sa recherche l’amène plus loin encore en Guyane Britannique et à Trinidad. Les descriptions des paysages donnent une idée de la grandeur de la nature sauvage que cette mère courage doit affronter.
Dès qu'ils furent sur l'eau, Rachel eut l'impression qu'ils avaient perdu le contrôle des choses. Elle en avait senti les prémices à Georgetown et les plantations - cette sensation que les arbres, le fleuve, les buissons, les oiseaux, les insectes, et même le ciel commençaient à reprendre le pouvoir. Mais lorsqu'ils se furent éloignés de la berge et commencèrent à dériver, Rachel comprit qu'il étaient à la merci de la nature."
Les retrouvailles avec ses joies mais aussi ses peines, de nouvelles séparations, les enfants adultes ayant choisi une autre direction, le deuil aussi, accompagnent Rachel dans ce roman qui tout en décrivant l’horreur de l’esclavage, les souffrances physiques et morales infligées, montrent la profondeur des séquelles que la privation de liberté laissent dans l’âme. Pourtant la fin porte un message d’espoir.
Avec La liberté est une île lointaine Eleanor Shearer écrit un premier roman intéressant et plein d'émotion.
Eleanor Shearer est une écrivaine britannique, petite-fille d'immigrants caribéens venus au Royaume Uni en 1948.
Issue
de la génération Windrush, Eleanor Shearer a toujours été fascinée par
l’histoire des Caraïbes et s'est rendue à Sainte Lucie et à la Barbade
pour interviewer des militants, des historiens et des membres de sa
famille.
La liberté est une île lointaine, son premier roman, est le fruit de ses recherches.
Eleanor est diplômée en sciences politiques de l'Université d'Oxford.
Elle partage son temps entre Londres et Ramsgate sur la côte du Kent.
Sur la génération windrush lire cet article ICI
Un beau titre pour ce roman sur un sujet important. J'en prends note.
RépondreSupprimerLa Barbade, comme Tituba de Maryse Condé? Cela devrait m'intéresser. Je le note dans le Pense-Bête de Babélio
RépondreSupprimerJ'ai lu ton billet en diagonale car ce roman est dans ma PAL. Je n'ai pas encore trouvé le temps de le lire.
RépondreSupprimerL'esclavage a été aboli, mais les affranchis sont quand même obligés de continuer à travailler en esclaves, et même libres, ils encourent des risques s'ils s'enfuient ? C'est dingue, ça ! Mais comment c'est possible ? Bref, ce contexte me perturbe trop pour que je me lance. Je serais énervée tout le long, je pense. Déjà là, je bous.^^
RépondreSupprimerDrôle de liberté ! je n'ai pas beaucoup lu sur ce thème, je le note.
RépondreSupprimerun roman que je vais noter mais parfois la longueur de mes listes me fait peur !
RépondreSupprimer