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samedi 30 juin 2018

Jean-Marie Blas de Roblès : Là où les tigres sont chez eux (4)



Voici la suite de la  LC que nous proposons Ingannmic et moi. Comme je l’ai expliqué dans le billet 1 nous avons décidé de publier chaque samedi du mois de Juin un texte donnant nos impressions sur ce livre  de Jean-Marie Blas de Roblès : Là où les tigres sont chez eux.
Nous avons divisé arbitrairement le livre en quatre parties.
La première partie du chapitre I au Chapitre VII. Voir Ici
La seconde partie du chapitre VIII à XV Voir ici
La troisième partie du chapitre XVI au XXV Voir Ici

 La quatrième partie du chapitre XXVI a l'épilogue

2léphant et Obélisque :  Bernin/Kircher (source)

Les chapitres de cette dernière partie nous amène au dénouement et au Triste épilogue qui clôt le roman et qui « comme son nom l’indique, hélas…. ».

Où l'on voit encore l’inénarrable et savant Anathase Kircher faire des siennes, comme écrire un traité de sinologie sans avoir mis les pieds en Chine en piquant allègrement les écrits de ses amis voyageurs; ou encore imaginer avec le Bernin le fameux monument à l’éléphant surmonté d’un obélisque couvert de hiéroglyphes dont il propose la traduction ! Croyait-il vraiment en avoir découvert le secret ou mentait-il ?
Ce personnage qui est le pivot central du roman nous a fait voyager dans le temps et dans le foisonnement intellectuel de cette époque. Avec ses idées de génie, son imagination délirante, ses intuitions extraordinaires et ses erreurs monumentales, il a été, tout au long de ce récit, le fil conducteur qui relie entre eux tous les personnages par l'intermédiaire d'Eléazard et ceci bien qu’il soit éloigné d’eux dans le temps et l’espace.  Il faut dire que la démesure de Kircher répond à celle d'un pays comme le Brésil. De plus, il est et c’est sa fonction romanesque, celui qui soulage les tensions, allège la tragédie qui se joue au présent dans ce pays, en nous divertissant. Ses aventures parfois burlesques ou grotesques nous font rire et pourtant l’on ne peut s’empêcher d’avoir une admiration certaine pour lui mêlée à de l’agacement, exactement ce qu’éprouve Eléazard à son égard.

Peu à peu se dénouent tous les récits multiples, celui d’Elaine dans le Mato Grosso, de Nelson dans la Favela de Pirambu, de Moema et de son père Eleazard, de Lorédana repartie dans son pays…  Se dénouent ? Le terme est inexact car la fin reste ouverte mais pessimiste, tragique et violente, au diapason de la situation du Brésil où triomphe toujours le plus fort, le plus riche, le plus crapuleux, où des gens comme le gouverneur Moreira finisse toujours par l’emporter. Sauf peut-être si le plus faible se révolte comme le fait Nelson, minuscule grain de sable qui enraie -mais pour combien de temps-, la course au pouvoir et à la fortune.  Il y a aussi les bonnes volontés, tous ces gens qui luttent pour éradiquer la misère au Brésil.

Si j’ai eu un regret à la lecture de ce roman, c’est que les personnages secondaires ne soient pas plus développés non seulement d’un point de vue psychologique mais aussi au point de vue de leurs aventures. Il faut dire que le roman fait déjà 765 pages et qu’il aurait fallu le doubler !!  La structure du roman qui veut que chaque récit soit enchâssé dans l’autre crée un manque lorsque le récit s’arrête pour ne reprendre que longtemps après, une attente parfois trop longue. De plus, les personnages sont abandonnés à un moment crucial de leur existence et c’est un peu frustrant car on aimerait en savoir plus. Et pourtant, paradoxalement, le lecteur n’a pas besoin de plus pour savoir ce qu'ils deviennent. Une sorte de fatalité pèse sur eux.

Pour conclure, je dirai que ce roman aussi foisonnant que l’esprit d’Anaphase Kircher est une somme de connaissances, de pensées et de réflexions passionnantes et pour moi de découvertes. Il a fallu dix ans à Jean Marie de Roblès pour l’écrire et on  comprend pourquoi; un roman que j'ai beaucoup aimé. 

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Cette LC avec Ingammic en plusieurs billets m’a intéressée. En Septembre-Octobre nous proposerons peut-être de recommencer avec un livre assez riche pour s'y prêter.
Ce n’est pas toujours un exercice facile. Pour ma part, les difficultés que j’ai éprouvées sont les suivantes : Il faudrait pouvoir analyser les personnages et les situations plus longuement, mais en même temps, il ne faut pas trop dévoiler l’histoire pour ceux qui n’ont pas encore lu le livre. Donc, forcément, l’on se censure. Par exemple, nous avions entamé une discussion à propos de la fille d’Eléazard avec Ingammic et sur l’avenir probable de celle-ci mais impossible de poursuivre sur ce sujet sans révéler ce qu’il lui arrive.


LC Ingammic Voir Ici LC1
LC Ingammic Voir Ici LC 2
LC Ingammic Voir Ici LC 3
LC Ingammic voir Ici LC 4

12 commentaires:

  1. Belle conclusion, et je te rejoins sur les difficultés liées à ce type de LC : comment alimenter les billets sans en dire trop. Peut-être qu'au lieu de suivre une ligne chronologique, il serait plus facile de suivre une ligne thématique, un peu comme tu l'as fait d'ailleurs, dans certaines de tes avis. Mais cela pourrait être déterminé à l'avance (par exemple, le premier billet évoque les personnages, le second l'intrigue, etc.). On en reparlera à la rentrée !
    J'avoue être un peu restée sur ma faim car comme tu le dis, il n'y a pas vraiment de dénouement. Ce que j'attendais surtout, c'est que toutes les routes se rejoignent mais finalement elles restent parallèles jusqu'au bout. La manière dont se termine la partie avec Elaine m'a en revanche beaucoup émue, pas toi ? Elle est à la fois belle et tragique.
    Et c'est vrai ce que tu dis, que le récit sur Athanase contrebalance la noirceur de l'intrigue contemporaine, mais je me suis demandée quel était le but de l'auteur (comme je l'écris dans mon billet) en faisant ce parallèle entre passé et présent...
    Rendez-vous à la rentrée, pour une autre aventure qui nous procurera je l'espère autant de plaisir !

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  2. Oui, Le sort d'Elaine est si terrible et le style de l'auteur en rend tout le tragique. il y a un si fort contraste entre la petitesse de l'être humain et la forêt qui l'entoure. C'est là que j'aurais aimé continuer à suivre ce qui lui arrivait mais en fait cela aurait peut-être affadi le récit. La laisser seule, si démunie dans cet enfer de végétation, est plus impressionnant et touche plus.
    Et tu as vu ce qui arrive à Moéma. Je m'y attendais depuis le début ! Du moins je le craignais !
    Quant à Kircher et le Brésil, je t'ai répondu dans ton blog, le personnage est à la mesure du pays, inclassable, grandiose, hors norme !

    Très bonne idée pour la prochaine LC de ce style. Et si on se lançait dans le premier tome de Proust ou un roman de Woolf ? Au moins on sait qu'il y aurait de la matière !!

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    1. Proust me tenterais bien, oui... j'ai les premiers volumes de"La recherche" sur mes étagères depuis une éternité !

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    2. Alors c'est d'accord ! On en parle en septembre !

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  3. Je me souviens du foisonnement de ce roman hors norme, lu il y a quelques années; tes billets m'ont rafraîchi la mémoire.
    (Pourrais-tu renouveler l'url de T&P dans ta colonne ? Merci.)

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    1. Et voilà, c'est fait ! merci de m'avoir avertie ! Je suis très occupée en ce moment et pas souvent chez moi, c'est pourquoi je ne viens régulièrement dans les blogs amis en ce moment et je n'avais pas vu ton changement d'adresse.

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  4. Souvent lorsque l'on s'attache aux personnages l'on aimerait réécrire leur histoire, imlaginer une autre fin que celle prévue par l'auteur pour eux, aussi peut-être n'est ce pas un mal que dans ce roman l'auteur les abandonne à un instant crucial ? La fin de leur histoire (qui correspond à un passage vers... ) est alors ouverte, comme la vie et ce n'est pas un mal...

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  5. Quelle aventure que cette lecture commune! Tu m as donné envie de le lire mais c'est un investissement de temps! On verra plus tard j ai un programme de lectures bien rempli

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  6. Et bien il n'y a plus qu'à trouver le moment de le lire, hélas pour moi ce ne va pas être pour tout de suite, cet hiver peut-être.
    Bravo pour cette analyse, beau travail !

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  7. Joliment menée cette aventure à "quatre yeux". Un plaisir à lire et une envie de découvrir plus avant.

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  8. Tu fais mouche, Claudialucia. Tes billets me donnent une seule envie : lire ce roman. Merci à toi !

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  9. Le titre de ce roman ne m'était pas inconnu et le fait que je l'associait à "Rouge Brésil" (que je n'ai pas lu non plus, si ça se trouve il ne parle pas davantage du Brésil qu'il y a d'éléphants au Brésil) me laisse penser que j'avais une très vague idée du sujet. Les romans érudits comme cela m'intriguent toujours mais me convainquent rarement complètement. Est-ce que c'est le même genre que Confiteor (si tu l'as lu) ?

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