Esther Hautzig (son nom de jeune fille est Esther Rudomin) est une écrivaine polonaise, née à Vilnius, l’actuelle Lituanie, et qui écrit en anglais (américain) après avoir émigré d’abord à Stockholm à la fin de la guerre puis aux Etats-Unis.
Dans La steppe infinie elle raconte l’histoire de sa déportation en Sibérie.
Esther appartient à une riche famille juive et a vécu une enfance privilégiée, protégée et choyée par ses parents, ses grands-parents et toute sa grande famille. A l’abri de tout souci matériel, elle aime le jardin de son grand-père qui lui apprend à soigner les fleurs, est heureuse d’aller à l’école, adore sa gouvernante. Rien ne vient troubler ce bonheur, même pas les échos de la guerre qui lui paraissent lointains. Aussi l’arrivée des Russes en Pologne en Juin 1941 retentit-il dans sa vie comme un coup de tonnerre ! Parce qu’ils représentent la classe bourgeoise et capitaliste, ses parents, grands-parents et elle-même, sont en effet envoyés en Sibérie, déportés dans des wagons à bestiaux. Son grand-père est séparé de son épouse et meurt loin d’eux. Esther Hautzig raconte la lutte pour la survie dans ce pays où règne une chaleur torride l’été et un froid insurmontable, sans chauffage, l’hiver. Mais plus que tout, peut-être, c’est la faim qui la tenaille et elle essaie de venir en aide à ses parents qui travaillent tour à tour dans une mine de gypse, puis dans une boulangerie, son père étant ensuite envoyé au front. Elle y apprend le courage et la dignité. Elle dresse des portraits attachants de son père, sa mère et sa grand mère. Sa mère n’accepte jamais la charité, considérant que la pitié est voisine du mépris.
Mais ce qui est le plus intéressant dans ce livre, c’est qu’elle nous livre un point de vue rare de la guerre et de la déportation en Sibérie : celui d’une fillette dans l’adolescence, de dix ans à quatorze ans. Et comme tous les enfants, il est important pour elle de se faire accepter par les autres, d’avoir des amis, de tomber amoureuse. Elle nous parle de l’école, de ses professeurs, ceux qui ne l’aiment pas comme ceux qui lui ouvrent l’accès à la littérature. Elle se prend d’amour pour la beauté de la steppe infinie. Elle aura donc beaucoup de mal à quitter ce pays, à dire adieu à ceux qu’elle aime et ceci d’autant plus que le retour dans le pays natal ruiné par la guerre sera douloureux, toute sa famille restée en Pologne ayant disparu pendant l’Holocauste. Son séjour en Sibérie l’aura donc sauvée, paradoxalement, elle, ses parents et sa grand-mère, d’une mort horrible dans les camps de concentration. Ce livre autobiographique s’achève à ce moment-là mais l’on comprend bien qu’il n’y a plus rien qui les retiennent dans ce pays où les juifs survivants sont accueillis par des messages haineux !
Le récit est un document émouvant sur les épreuves subies par l’enfant et sa famille. C’est aussi une bonne lecture pour les adolescents à partir de la sixième, selon leur niveau de lecture, qui découvriront un aspect de l’Histoire de la deuxième guerre mondiale racontée par une enfant de leur âge.
Esther Hautzig est née à Wilno, en Pologne (aujourd’hui Vilnius en Lituanie), en 1930, dans une famille de notables juifs, elle est envoyée dans un camp, en Sibérie, avec ses parents et sa grand-mère. À la fin de la guerre, Esther Esther apprend qu’elle a perdu tous les membres de sa famille dans l’Holocauste. Elle émigre avec ses parents aux États-Unis, où elle se mariera avec un pianiste Walter Hautzig, aura deux enfants et fera carrière dans l’édition.
Elle est décédée en 2009 à l'âge de 79 ans
Je ne connaissais pas mais ça m'intéresse beaucoup. Je le note pour une prochaine lecture.
RépondreSupprimerDaphné
Découverte un peu par hasard. C'est un document vivant de cette tranche de l'histoire et, comme je le disais, j'ai apprécié que ce soit la vision d'une petite fille, bien différente de l'expérience vécue par la mère ou la grand-mère.
SupprimerUn aspect de la déportation qui nous est moins familier ; un récit qui doit être très intéressant et instructif, je note. Ça me fait penser à une BD lue il y a quelque temps sur la déportation de Lithuaniens en Sibérie, en 1941, accusés de collaboration avec les Allemands : http://legoutdeslivres.canalblog.com/archives/2019/05/22/37356097.html
RépondreSupprimerOui la déportation en Sibérie terrible mais moins cependant que celle des camps de concentration nazis. Je viens voir cette BD.
SupprimerQuelle vie! Oui, ça m'intéresse, bien sûr.
RépondreSupprimerTrès intéressant, en effet.
SupprimerEffectivement, ce récit est publié dans des éditions pour la jeunesse. Je vais voir s'il est disponible à la bibliothèque. Merci, Claudialucia.
RépondreSupprimerOui, elle a écrit d'autres livres pour la jeunesse sur sa grand-mère, en particulier.
Supprimer"Elle se prend d’amour pour la beauté de la steppe infinie." je viens de publier un billet sur le roman de Tchekhov, La steppe, qui dit aussi cet amour, justement !
RépondreSupprimerSinon, très intéressée par ce sujet, comme par toute cette période de l'histoire...
Je vais bientôt lire celui de Tchékhov. Je suis impatiente mais il faut que je finisse avant le jardin de verre.
Supprimerje le note mais pas pour maintenant! Je sors de plusieurs lectures sur l'Holocauste, j'ai besoin de souffler
RépondreSupprimerJe te comprends. L'holocauste, une lecture bien cruelle ! Quoique pendant ce mois de la littérature des pays de l'Est, même si on lit un livre sur un tout autre sujet, on finit toujours pas revenir dans un camp nazi !
Supprimereffectivement, ça a l'air intéressant et je note aussi que c'est "lisible" dès la 6è, une bonne nouvelle.
RépondreSupprimerOui, dès la sixième pour de bons lecteurs ou alors un peu plus tard. Mais très accessible dans l'adolescence.
SupprimerUn livre que j'ai lu et relu à l'adolescence (avec les deux livres d'Aranka Siegal). Je me souviens encore de l'histoire de la grand-mère qui, refusant de partir, s'étend sur son lit et s'endort à jamais.
RépondreSupprimerJe pense que ce passage doit être dans le volume consacré à la grand-mère, quand ils décident de partir aux Etax-Unis. Dans la steppe, ils reviennent en Pologne et découvre que tout est en ruines. Le livre s'achève là, avant leur décision de partir.
SupprimerC'est un récit qui m'a l'air vraiment émouvant. Quelle histoire tragique que celle de ces territoires...
RépondreSupprimerC'est tragique, en effet, et l'on ne peut y échapper quand on lit la littérature de ces pays de l'Est. Mais c'est vrai, aussi, pour la littérature latino-américaine, comment échapper aux violences de dictatures et à celles de la colonisation et du génocide des peuples amérindiens.
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