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samedi 15 novembre 2025

Friedrich Dürrenmatt : Les physiciens


Les Physiciens de l’écrivain suisse Friedrich Dürrenmatt  (1921-1990) est une pièce qui raconte l’histoire de fous… pas si fous ! Et pourtant, au départ on se laisse embarquer dans une histoire qui paraît effectivement n’avoir aucun sens. Disons que le lecteur (je ne peux dire le spectateur, parce que je n’ai pas vu la pièce, malheureusement) se retrouve dans un imbroglio qui sème le trouble. On ne sait trop où l’auteur veut en venir !

Dans un hôpital psychiatrique la directrice, la médecin-chef Mathilde von Zahnd, a regroupé  ses malades par métier et donc trois physiciens se retrouvent ensemble dans une aile du bâtiment. L’un d’eux qui se prend pour Newton vient d’étrangler une infirmière et nous apprenons par l’inspecteur qui enquête sur le meurtre que ce n’est pas la première ! Une autre a été étranglée pas un autre malade, celui qui se prend Einstein. Le troisième physicien, Mobius, n’a pas encore tué la sienne ( mais cela viendra, il suffit de patienter.)

 


Les Physiciens à L'Elysée de Lyon


Plus tard nous découvrons que les trois physiciens ne sont pas fous. Désolée de vous donner le mot de la fin mais c’est difficile de faire autrement si l’on veut révéler le sens de la pièce ! 

 Newton et Einstein sont en réalité des espions venus des Etats-Unis et d’Union Soviétique pour récupérer l’invention du génial Mobius, celui-ci ayant détruit son oeuvre pour qu’elle ne soit pas exploitée pour le Mal. 
Evidemment, on pense tout de suite à la récupération des savant nazis par les deux blocs opposés après la deuxième guerre mondiale. J’ai lu l’histoire de Wernher Von Braun, par exemple, qui, après avoir travaillé pour Hitler, reçu par les Américains, s’est mis au service de la NASA. C’est tout à fait le sujet de cette pièce et d’une manière moins datée et pour poser le problème de morale de manière plus générale, nous nous retrouvons toujours face à la célèbre formule de Rabelais : «  Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Comme je ne connais pas Friedrich Dürrenmatt mais que la date de cette pièce correspond en gros à celles de Ionesco et Beckett, je me suis demandé si ce théâtre ne rejoignait pas le théâtre de l’Absurde. Je n’ai rien trouvé là-dessus mais cette pièce m’y fait penser par son côté burlesque et son apparent manque de sens. 

 

Chez Cléanthe