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jeudi 6 novembre 2025

Naomi Novik : La fileuse d'argent

  
 

Myriem vit dans un petit village où son père est prêteur. Trop généreux, il n’a pas la force de réclamer son dû aux villageois aussi sa famille vit dans la précarité. Quand la mère de Myriam tombe malade, la jeune fille comprend qu’il lui faut agir et c’est elle qui va  passer de foyer en foyer réclamer le paiement aux emprunteurs, soit en espèce, soit en nourriture ou de tout autre manière. Par exemple, chez Wanda dont le père, une brute alcoolique, ne peut rembourser car il boit l’argent de ses dettes, elle décide que Wanda viendra travailler pour sa mère à la ferme. Elle rétablit la prospérité dans sa famille mais s’attire, en tant que prêteuse juive, l’inimitié des gens du bourg. Naomi Novik, écrivaine américaine, dont le père est d'origine lithuanienne et juive, sous la couleur du conte, aborde une réalité qui était celle de l’époque. Les prêteurs étaient d’origine juive, les chrétiens ne pouvant exercer l'usure. D’ailleurs le grand-père de Myriem est un riche prêteur de la grande ville de Vysnia. Mais les parents de Myriem sont compatissants et honnêtes et viennent en aide à Wanda ainsi qu’à son frère Sergey et son petit frère Stepon. Bientôt, ceux-ci n’ont plus de préjugés et forment une famille aimante. Seulement, voilà, la réputation de Myriem de changer l’argent en or arrive à l’oreille des Stariks, un peuple étrange, aux curieux pouvoirs, qui vit dans le pays du froid et a décidé de plonger la terre dans la glace qui leur assure la vie éternelle. Ainsi le roi Staryk ordonne à Myriam de changer l’argent en or et la choisit ( bien contre son gré) pour reine. Pendant ce temps, à la cour, la fille du Duc de Vysnia, Irina, est forcée d’épouser le tsar, (pour son plus grand déplaisir), un gamin malveillant et cruel dont elle découvre qu’il est possédé par un esprit du Mal issu du feu. Le Feu et la Glace ! On imagine la bataille qui va avoir lieu. Le récit polyphonique raconte les aventures de Miryem, Irina et Wanda et les dangers que chacune va affronter. Il leur faudra beaucoup de débrouillardise, de volonté et d’intelligence pour dominer les forces du mal et rétablir la paix.

"J'avais peur. Le Staryk avait des éperons à ses talons et des bijoux à ses doigts qui rappelaient d'énormes cristaux de glace et les voix de toutes les âmes perdues dans le blizzard hurlaient derrière lui. Bien sûr que j'avais peur.

Mais j'avais appris à craindre d'autres choses bien d'avantage : d'être méprisée, dépouillée de ma fierté, petit morceau après petit morceau, moquée, dupée. J'ai levé haut le menton et j'ai dit, avec autant de froideur que je pouvais en rassembler : " Et que me donnerez-vous en échange ?"

La fileuse d’argent est un petit livre ( au moment où j’écris « petit », je vérifie le nombre de pages :  500, tout de même !) de fantasy pour ados qui devrait plaire et emporter l’imaginaire des jeunes lecteurs. Quant à moi, j’aime ce genre de romans où l’auteur possède une imagination débridée et en même temps nourrie par toutes sortes de contes et mythes de divers pays. Avec La Fileuse d’argent, on est au choeur du folklore russe avec ses Baba Yagas, avec son tsar et sa tsarine, ses étendues enneigées, ses isbas blotties au fond des forêts; Andersen nous prend par la main pour nous amener aux confins des pays de glace au palais de la Reine des neiges (sauf qu’ici il s’agit d’un roi), on passe à travers les miroirs comme Alice, on vit dans deux dimensions du temps et puis l’amour ne peut-il pas naître entre deux êtres différents ? Réminiscence de la Bête et la Belle. Les mythes grecs sont revisités, celui de Perséphone et Hadès, car le roi Staryk ne peut rendre visite à la famille de son épouse qu’en hiver, les autres saisons de l’année étant trop chaudes pour lui. Ajoutez à cela une touche moderne :  les  jeunes  héroïnes Myriem, Irina et Wanda rencontreront l’amour et le bonheur mais elles le devront non pas à leur beauté et à leurs cheveux d'or comme la fille du Meunier, mais à leur courage, leur habileté, leur intelligence et leur combativité.  Elles ne seront pas sauvés par le Prince Charmant, ce sont elles qui le sauveront. Soyez persuadées, les filles ! Ce n'est pas en restant soumises et passives que vous vous en sortirez !

 

 

 

Challenge jeunesse chez Pativore

 



lundi 3 novembre 2025

Cédric Sapin-Defour : Où les étoiles tombent

 

 Où les étoiles tombent est le second livre de Cédric Sapin-Defour après Son odeur après la pluie, que je n’ai pas lu mais qui a obtenu un vif succès. J’ai donc eu envie de connaître l’auteur. 

J’ai hésité à écrire ce billet ne sachant pas trop comment aborder ce livre qui parle d’une histoire si douloureuse, si intime, que le traiter comme un objet littéraire me paraissait difficile. Et cependant il l’est comme n’importe quelle autre oeuvre, avec ses défauts et ses qualités, alors je vais essayer.

L’écrivain y raconte comment en Italie, dans la province de Bolzano, Cédric et Mathilde s’envolent en parapente pour éprouver une fois encore cette grisante sensation de liberté et de légèreté, et comment, cette fois-ci, le saut vire au drame, Mathilde s’écrasant en contrebas. Elle est amenée aux urgences, son pronostic vital engagé. Elle survit pourtant à ses multiples blessures et dès lors commence une suite d’opérations pour « réparer » un corps en miettes, pour soigner son polytraumatisme. L’histoire de la lente reconstruction de Mathilde, de ses souffrances et son courage ne peut évidemment que susciter l’admiration mais je me suis demandé pourquoi je n’ai pas ressenti plus d’émotion à cette lecture. C’est là qu’on remet en question sa propre sensibilité et son pouvoir d’empathie. 

Je crois que cela réside, en partie mais en partie seulement, dans la construction de l’ouvrage. On sait que, de nos jours, si l’on ne veut pas s’attirer l’ire des critiques, l’on ne peut pas écrire un récit linéaire, chronologique. La déconstruction est obligatoire, et Cédric Sapin-Defour obéit à ce principe, racontant sa propre quête, vers le lieu de la chute, vers l’hôpital, ses interrogations angoissées sur ce qui est arrivé à son épouse et parallèlement le parcours de Mathilde en ambulance, à l’hôpital, les soins qu’elle reçoit, la rééducation. Les deux récits s’imbriquent l’un dans l’autre. C’est un procédé de suspense mais assez factice quand il s'agit de la réalité et non d'un roman. A moment donné cela fonctionne tant que l’on ne sait pas ce qui est arrivé à Mathilde, ensuite cela paraît émoussé quand on a déjà la réponse à toutes les questions que se pose Cédric avant d’arriver à l’hôpital. 

De plus, on ne peut avoir que le point de vue de Cédric, forcément, puisque les personnages sont réels et non des héros de roman. On apprend tout des sentiments de Cédric, de son amour pour Mathilde, de son empathie pour les souffrances horribles de la blessée mais Mathilde reste un personnage extérieur, vu par lui. Si l’on comprend la peine de Cédric, on reste loin de Mathilde. On ne lutte pas avec elle pour se reconstruire, on ne sait pas ce qu’elle vit intérieurement, on ne peut qu’imaginer ce qu’elle ressent, d’où l’impression d’une certaine froideur, d’une distance, comme si entre le lecteur et le personnage un écran avait été dressé. Alors on compatit, oui, mais on "n’éprouve pas". Je sais bien que l’auteur affirme que « souffrir ne saurait être un spectacle » et c’est bien là que le bât blesse. Quand il s’agit de sa vie intime, il est légitime de ne pas se donner en spectacle mais alors, pourquoi l'écrire ? Et pour ne pas se donner en spectacle, on court le risque de se montrer trop froid, trop loin de son lecteur. 

Par contre j’ai apprécié les qualités littéraires de l’auteur et c’est là que j’ai ressenti de l’émotion dans certains passages du texte qui laissent filtrer des sentiments profonds et nous ramènent à l’universel. 
Par exemple quand il parle de la beauté, du corps humain, de la vie.

« Je vis entouré des forces de la beauté. S’il ne devait rester qu’une seule croyance, ce serait elle. La première fois, c’était le vent dans les herbes hautes, il coloriait le pré du Papou, du vert clair au vert foncé. Ca duré des secondes entières puis le vent s’en est allé. En même temps qu’apparaître, la beauté se retirait. Installée, ce n’est pas la beauté, c’est autre chose.
Puis on s’est revus, dans le ciel, dans les musées, dans les phrases et les pensées. La beauté c’est comme les chanterelles dans un sous-bois, quand on commence à la voir, on ne voit plus que ça. »


« Quelle invention le corps. Le plus évolué des outils n’atteint pas cette horlogerie, l’homme  n’atteindra jamais l’homme. »

« Moi, je croyais que c’était le coeur qui pensait, qui aimait, qui frémissait, qui en faisait trop ou pas assez. En réalité c’est le cerveau. Le coeur, c’est plus joli qu’un cerveau. C’est un oyas en peau d’argile blotti dans la terre et qui irrigue tout autour de lui, quand le cerveau, lui, on dirait le périphérique parisien. Mais c’est là-haut, dans ce lacis clignotant et selon un cadastre électronique rigoureux qu’habitent la gaieté, l’effroi, la tendresse, la poésie, l’émerveillement, la délicatesse, la possibilité de joie, les douces mélancolies, les forces de l’espoir, le don de la nuance, l’arbitrage des peurs, l’accueil de l’autre, les tentations de la violence, la soif de découvrir, le doute, l’imaginaire, les rêves oubliés, les vérités fragiles et toutes ces folies passionnantes qui rendent la vie respirable. »



 

jeudi 30 octobre 2025

Récit de la vie de Frederick Douglass, un esclave américain, écrit par lui-même

Frederick Douglass
 


Frederick Douglass, né Frederick Augustus Washington Bailey en 1817 ou 1818, et mort le 20 février 1895 à Washington, est un orateur, abolitionniste, écrivain et éditeur américain. Esclave depuis sa naissance, il réussit à s'instruire et s'enfuit dans le Nord à l'âge de 20 ans. Là, les abolitionnistes le prennent sous leur protection. Il refuse de porter le nom de son maître et prend un nom tiré de La Dame du lac de Walter Scott. Quand  son livre est sur le point d’être publié en 1845, on l’envoie en Angleterre car sa liberté n’est pas acquise et il court le risque d’être repris et ramené en esclavage. Il y est reçu avec beaucoup d’égards et peut faire, grâce à ses prises de paroles, progresser la cause abolitionniste. Il reste deux ans là-bas; ses amis anglais le rachètent à son maître et lorsqu’il repart aux Etats-Unis, c’est en homme libre.

Sa naissance

L'esclavage noir 

Frederick Douglass est né dans le comté de Talbot dans le Maryland. Sa mère, Henriette Bailey, était esclave et son père blanc, vraisemblablement son propriétaire. Ce qui était assez courant, les maîtres, écrit Douglass, satisfaisant ainsi  "leurs désirs immoraux" et y trouvant "à la fois un profit et un plaisir" en augmentant ainsi le nombre de leurs esclaves.
Frederick a été séparé de sa mère dès la naissance et ne l’a rencontrée que peu de fois, la nuit, quand elle pouvait s’échapper de la plantation voisine pour venir endormir son enfant mais elle devait repartir pour prendre son travail au champ au lever du soleil sous peine d’être fouettée. Frederik n’a pu aller la voir quand elle était malade ni assister à son enterrement. 
« Il était fort commun dans la partie du Maryland d’où je me suis échappé d’enlever les enfants à leur mère à un âge très tendre. »
C’était une politique menée par les esclavagistes pour éviter que des liens trop forts puissent se tisser dans les familles noires. Il ne connaît pas sa date de naissance et pense qu’en 1835 il avait à peu près dix-sept ans.
"La grande majorité des esclaves connaissaient aussi peu leur âge que les chevaux» «  Mon ignorance sur ce point fut pour moi un sujet de chagrin dès ma plus tendre enfance. Les petits blancs savaient leur âge. Je ne pouvais imaginer pourquoi je devais être privé d’un pareil privilège."

La maltraitance, la cruauté de l’esclavage

Cette photo a dénoncé la cruauté de l'esclavage, interdite par Trump


Au cours de sa vie d’esclave Fredrick Douglass change de maîtres plusieurs fois. A la mort du capitaine Antoine, ses biens sont partagés entre sa fille Lucrèce et son fils André. Douglass est cédé à Lucrèce comme l’un des  « objets de succession », une humiliation difficile à supporter pour le jeune homme. Douglass décrit avec horreur ces scènes où les esclaves sont séparés de leur famille, les mères de leurs enfants :
« Un seul mot prononcé par un blanc suffisait pour séparer à jamais, contrairement à tous nos désirs, à nos prières, à nos supplications, les amis les plus tendres, les parents les plus chers, pour briser les liens les plus forts… »

Au cours de ce partage, les esclaves sont traités comme du bétail «mélangés pêle-mêle avec les chevaux, les brebis, les cochons, comme si tous eussent occupé le même rang sur l’échelle des êtres », examinés de manière dégradante, sans respect pour la pudeur et l’intimité des femmes et des jeunes filles. Ces humiliations sont le quotidien des esclaves qui doivent comprendre qu’il ne faut jamais dire la vérité aux maîtres et se plaindre, jamais essayé de se justifier même si l’on est innocent, jamais regarder le maître ou une femme blanche dans les yeux. 
A ces souffrances morales s’ajoutent les sévices physiques, le fouet, le viol, le manque de nourriture. Tant que les enfants ne sont pas en âge de travailler, ils sont nus hiver comme été, les adultes ont deux tenues par an quelle que soit l’usure du vêtement. Ils dorment par terre, souffrent du froid. Certains blancs manifestent un sadisme évident, éprouvant du plaisir à fouetter un esclave, à le blesser, l’estropier ou le tuer. Il ne sera jamais poursuivi. Par exemple, chez son  maître le capitaine Antoine, le surveillant Mr Plummer « était toujours armé d’un fouet fait de peau de vache et d’un gros et lourd bâton. Je l’ai vu couper et balafrer si horriblement le visage des femmes que mon maître même se mettait en colère à cause de sa cruauté. ». Pourtant, ajoute Douglass, son maître n’était pas « un propriétaire humain » et il semblait prendre lui aussi un réel plaisir à fouetter ses esclaves. L’enfant assiste, dès son plus jeune âge, au martyre de sa tante Esther accrochée par les mains à un crochet planté dans une solive, le dos ruisselant de sang, un spectacle qu’il ne pourra jamais oublier. Le maître reproche à la jeune fille d’avoir rejoint un jeune noir qui lui faisait la cour. On comprend que c’est parce qu’il convoite la jeune femme pour lui.
"Plus elle criait haut, plus il fouettait fort, et c’était à l’endroit où le sang coulait le plus abondamment qu’il fouettait le plus longtemps ».« S’il avait été de bonnes moeurs, on l’aurait cru intéresser à protéger l’innocence de ma tante, mais ceux qui le connaissaient ne le soupçonneront pas de posséder une pareille vertu."

Dans le domaine de la cruauté ceux qui, comme le révérend Daniel Weeden et le révérend Mr Hopkins qui étalent leur foi et leurs principes moraux et  religieux,  sont les pires.  
De Mr Hopkins, il affirme : « Le trait principal qui caractérisait son gouvernement était de fouetter les esclaves avant qu’ils le méritassent. »
« Un regard, un mot, une mouvement, une méprise, un accident, un manque de force physique, toutes ces choses là peuvent en tout temps servir de prétexte pour infliger un châtiment. »

 
 Douglass va très loin dans l’accusation  puisqu’il affirme  que « la religion du sud ne sert qu’à cacher les crimes les plus horribles, qu’à justifier les atrocités les plus affreuses, qu’à sanctifier les fraudes les plus détestables. ». 

A la fin de son livre, il se sentira d’ailleurs obligé d’ajouter qu’il ne vise pas la vraie religion et les chrétiens sincères qui suivent la doctrine du Christ, mais l’hypocrisie religieuse de ceux qui se servent de la religion pour dominer, contraindre et justifier l'esclavage.


La lecture comme moyen d’émancipation

 


Quand Frederick est transféré à Baltimore, il a la chance d’avoir pour maître Mr Auld  chez qui il est bien traité et bien nourri, et surtout sa femme, Mme Auld qui considère les esclaves comme des êtres humains. Elle apprend l’alphabet au petit garçon qui commence à épeler mais son mari lui explique qu’il est interdit et dangereux d’apprendre à lire aux esclaves : 

« Plus on donne à un esclave, dit-il, plus il veut avoir.
Un nègre ne doit rien savoir, si ce n’est obéir à son maître, et faire ce qu’on lui commande.
Or si vous enseignez à lire à ce nègre (ajouta-t-il en parlant de moi) il n’y aurait plus moyen de le maîtriser. Il ne serait plus propre à être esclave. »


Dès lors l’enfant prend conscience de l’importance de l’instruction et puisque Sophia Auld refuse de continuer ses leçons, il se lie d’amitié avec des petits blancs pauvres qui lui apprennent à lire en échange de nourriture. Douglass comprend alors le mot abolition et décide qu’il ne veut pas rester esclave toute sa vie. En attendant, il acquiert de bonnes compétences au niveau de la lecture et  apprend aussi à écrire. Il lit The Columbian Orator, un ouvrage anti-esclavagiste, et commence à comprendre que l’esclave doit jouer un rôle important dans la lutte pour la liberté. Douglass est marqué par un dialogue entre un esclave et son maître. Dans ce passage, le maître présente à l'esclave des justifications de l'esclavage, que ce dernier réfute, jusqu'à ce que le maître soit convaincu du caractère immoral de cette servitude. Le dialogue s'achève par la victoire de l'esclave et, et par l'obtention de sa liberté. Douglass doit certainement ses talents d'orateur à ce livre. 


« Plus je lisais, plus je ne sentais porté à haïr ceux qui me retenaient dans les fers. Je ne pouvais les  regarder que comme une troupe de voleurs favorisés par la fortune, qui avaient quitté leur patrie pour aller en Afrique, nous avaient volés de force, entraînés loin des lieux de notre naissance et réduits en esclavage sur une terre étrangère. »

L’instruction agit pour lui comme une révélation, une fulgurance qui, malgré des moments de découragement où il cède au désespoir, ne le quittera pas. Il décide de s'enfuir vers le Nord dès qu’il le pourra.

« Je reconnus que pour rendre un esclave content, il faut l’empêcher de penser, obscurcir ses facultés morales et intellectuelles, et autant que possible anéantir en lui le pouvoir de raisonner. 
Il faut l’amener à croire que l’esclavage est une chose juste; et on ne peut le réduire à cet état de dégradation que lorsqu’il a cessé d’être un homme. »


Douglass souligne aussi que si l’esclavage est nocif pour l’esclave et sape ses qualités morales, il ne l’est pas moins pour le maître. Ainsi Sophia Auld, pleine de bonté et de gaîté, sous l’influence de l’esclavage perd ses qualités humaines : « Hélas! Ce bon coeur ne devait pas rester longtemps ce qu’il était »
Après une tentative ratée d’évasion, Frederick Douglass va s’enfuir mais il ne racontera pas comment il a pu réussir car le récit, à l'époque, aurait pu nuire à ceux qui l’avaient aidé et compromettre les chances d’autres fugitifs.

Le récit de la vie de Frederick Douglass, un esclave américain, écrit par lui-même a été publié le 1er mai 1845 et, dans les quatre mois suivant cette publication, cinq mille exemplaires ont été vendus. En 1860, près de 30.000 exemplaires ont suivi. Il a été lu par Harriet Beecher-Stowe, abolitionniste qui écrit La Case de l'oncle Tom en 1852, roman qui a bien contribué à servir la cause antiesclavagiste même si, de nos jours, on lui reproche son paternalisme.


J'ai lu le livre de Frederick Douglass  après avoir découvert le roman de Perceval Everett, James, ICI . On voit combien Everett s'est inspiré des écrits des anciens esclaves.

lundi 27 octobre 2025

Jacques Prévert : La chanson des sardinières


Dans son blog Miriam raconte sa visite à Douarnenez et elle note que la ville s'est construite autour de la richesse locale, la sardine. Richesse mais pas pour tout le monde ! C'est là qu'a eu lieu la première grève féminine des Penn Sardin, surnom donné aux ouvrières qui travaillaient dans les usines de sardines. 

 Lire le billet de Miriam Ici 

 En écho au billet de Miriam, Aifelle publie dans son Bon Dimanche, la chanson des Penn Sardin,  chantée pendant la grève de 1924-25 et qui a été reprise pendant la célébration du centenaire de la grève : "Pemp real a vo !" ( "cinq réaux ce sera")

 A écouter dans le blog Aifelle Ici 

Les Sardinières ont aussi chanté une chanson anarchiste de la Belle époque  qui est restée comme La chanson de sardinières et dont le refrain est : 

 Saluez, riches heureux,
Ces pauvres en haillons
Saluez, ce sont eux
Qui gagnent vos millions.

Des ouvrières furent licenciées après l'avoir chantée à l'usine en 1924. Cette chanson interdite est une sorte "d'hymne national" douarneniste.

La chanson de sardinières Voir ici

En  1905, il y avait eu une première grève des Penn Sardin pour obtenir d'être payées à l'heure et non au cent de sardines. En 1924, l'exploitation de ces ouvrières est telle qu'éclate la grande grève des sardinières qui a eu un écho national, entraînant la solidarité des travailleurs, partout en Bretagne et dans le reste de la France. 

Quel que soit l'âge, de 12 ans à 80 ans, ces femmes travaillent dans les conserveries à raison de 10 heures par jour et de 72 heures d'affilée. La loi de 1919 sur les 8 heures de travail n'est pas respectée. Elles réclament (entre autres) vingt centimes d'augmentation. Les heures passées à l'usine dans l'attente du poisson ne sont pas payées, les  heures supplémentaires ne sont pas majorées, les heures de travail de nuit (en principe interdit pour les femmes) ne sont pas majorées. Les revendications vont porter sur tous ces points. 

Enfin Ingammic a rédigé un billet sur un livre : Un belle grève de femmes d'Anne Grignon.

 Lire son billet Ici du 15 mars 2024   

"Elles sont ouvrières dès l’enfance, pour certaines à partir de huit ans -on contourne, quand le manque d’argent se fait trop criant, la loi qui impose d’en avoir au moins douze- dans des conditions difficiles. Le travail se fait debout et à un rythme infernal, dans des structures exhaussant l’inconfort des chaleurs estivales comme des froids hivernaux, chargées d’odeurs de saumure et d’entrailles. Et leurs journées se prolongent avec l’entretien de la maison -qui comme leurs tenues, se doit d’être impeccable-, le linge à laver (sans machine) mais aussi les tâches administratives comme la tenue des comptes dont elles s’occupent généralement, car la plupart maîtrisent mieux le français que leurs époux." Ingammic

 

Douarnenez : la grève de sardinières

"La grève, soutenue par le maire Daniel Le Flanchec, animée par un comité de grève et supportée entre autres par Lucie Colliard et Charles Tillon  pour la CGTU, commence le 21 novembre 2024 dans une fabrique des boîtes. Elle s'étend le 25 à toutes les usines du port. Les 1600 femmes (sur 2 100 grévistes), sont chaque jour en première ligne des manifestations, au cri de « Pemp real a vo ! » (« Cinq réaux ce sera , c'est-à-dire 25 sous, ou 1,25 franc). Les patrons sont intraitables. Et les choses s'enveniment dans la deuxième quinzaine de décembre lorsqu'ils font appel à seize "jaunes" (briseurs de grève), recrutés dans une officine spécialisée de la  rue Bonaparte à Paris. Le préfet destitue le maire communiste, Daniel Le Flanchec. La grève déborde Douarnenez.  Elle devient un enjeu national. Le , au débit  de L'Aurore, les jaunes tirent plusieurs coups de feu sur Le Flanchec, l'atteignant à la gorge, blessant grièvement son neveu et touchant quatre autres personnes.

On apprend que deux conserveurs, Béziers et Jacq, ont remis aux jaunes la somme de 20 000 francs (l'équivalent de 25 000 heures de travail de leurs ouvrières). Ils risquent la cour d'assises. Le préfet menace de porter plainte contre le syndicat des usiniers. Le 7 janvier, ce dernier pousse à la démission ses membres les plus durs. Le 8 janvier, après 46 jours de grève, des accords sont signés : toutes les heures de présence à l'usine sont désormais payées, les femmes obtiennent un relèvement de leur salaire horaire à un franc, une majoration de 50 % des heures supplémentaires et de 50 % pour le travail de nuit.  La grève est victorieusement terminée le alors que des briseurs de grève ont tiré sur le maire Daniel Le Flanchec le ." (wikipédia)



Quant à moi, j'ai tout de suite pensé à ce poème de Jacques Prévert que j'aime depuis longtemps :  une sorte de valse triste et lancinante qui raconte un conte de fées inversé avec le refrain qui revient en début et à la fin du poème comme s'il ne pouvait y avoir de fin à la misère des ouvrières. A tel point que cette danse avec la répétition de "tournez, tournez", évoquant un manège d'enfants plein de joie et d'insouciance, dépeint, au contraire, l'éternelle continuation du malheur.

 

Jacques Prévert, Chanson des Sardinières 

 

Paul Gruyer : conserverie de sardinières

Ce poème fut écrit par Jacques Prévert en 1935 à l'occasion d'une fête bretonne à Saint-Cyr, localité de Seine-et-Oise. Il a été publié en 1949 dans un recueil intitulé Spectacles.

 

Tournez tournez
petites filles
tournez autour des fabriques
bientôt vous serez dedans
tournez tournez
filles des pêcheurs
filles des paysans


Les fées qui sont venues
autour de vos berceaux
les fées étaient payées
par les gens du château
elles vous ont dit l’avenir
et il n’était pas beau


Vous vivrez malheureuses
et vous aurez beaucoup d’enfants
beaucoup d’enfants
qui vivront malheureux
et qui auront beaucoup d’enfants
qui vivront malheureux
et qui auront beaucoup d’enfants
beaucoup d’enfants
qui vivront malheureux
et qui auront beaucoup d’enfants
beaucoup d’enfants
beaucoup d’enfants...
 

Tournez tournez
petites filles
tournez autour des fabriques
bientôt vous serez dedans
tournez tournez
filles des pêcheurs
filles des paysans 

 

 Joséphine Pencalet

 

Première femme a être élue conseillère municpale
 

 

Joséphine Pencalet est l’un des visages de cette lutte victorieuse. En 1925, elle est élue conseillère municipale sur la liste présentée par le Parti communiste français. Election rapidement invalidée par le Conseil d'État, puisque les femmes n'ayant pas le droit de vote, elles ne sont pas considérées comme éligibles. Elle s'insurge contre cette annulation, mais le PC, qui avait pourtant fortement médiatisé sa candidature et son élection, ne la suit pas. Amère, s'estimant "utilisée", Joséphine Pencalet refusera de voter jusqu’à sa mort, en 1972. La petite sardinière bretonne reste cependant l'une des premières élues municipales en France." ( TV5 Ici

 

 Une autre chanson : Ecoutez le bruit de leurs sabots

 


 

Et même une BD : le choeur des sardinières

 


 
 
 Une autre BD : les Chasseurs d'écume
 
 

 
Ta loi du ciné signale une autre BD, Les chasseurs d'écume (Debois/Fino), qui raconte l'histoire de la sardine à Douarnenez et dans un des tomes la grève des Penn Sardin.

vendredi 24 octobre 2025

Séverine Cressan : Nourrices

 

En 2013, j’ai lu le très intéressant roman d’Isabelle Marsay Le fils de Jean-Jacques Rousseau. L’auteur de l’Emile malgré son traité d’éducation, a, en effet, abandonné ces cinq enfants aux Enfants trouvés, une sorte de mouroir où les bébés, non pas obligatoirement trouvés mais abandonnés légalement par leur famille, mouraient en grand nombre dès les premiers jours. A l’époque 90% des enfants de cette institution mouraient en bas âge. Les survivants étaient confiés à des nourrices, au sein d'un foyer misérable. Là, la malnutrition, le manque de soins et d'hygiène et les sévices achevaient de les tuer. 

Dans son roman Nourrices, Séverine Cressan nous place du point de vue des nourrices et décrit comment le «commerce du  lait» permettait d’exploiter odieusement ces femmes qui, poussées par la misère, donnaient leur lait en sevrant leurs propres enfants prématurément. Elles étaient à la fois exploitées par un homme, appelé le meneur, qui se chargeait de les amener à la ville chercher les bébés et prélevait une partie de leur gain mais exploitées, aussi, par leur mari qui empochait le reste de l’argent pour aller le boire. Les bébés confiés par des familles aisées ( les femmes de la bourgeoisie ne devaient pas allaiter) rapportaient plus que les nourrissons des Enfants trouvés.

Le personnage imaginé par Séverine Cressan, est une jeune femme aimante, Sylvaine, qui s’occupe consciencieusement et avec tendresse des enfants qui lui sont confiés. Ce n’est pas toujours le cas, certaines femmes sans scrupules prennent trop de nourrissons et les laissent mourir. Par une nuit de lune, Sylvaine, attirée par des pleurs, trouve près de sa chaumière un bébé abandonné sous un arbre. Près d’elle, un carnet écrit, on l’apprendra plus tard, par la jeune mère de l’enfant. Ce passage rappelle un peu les contes de fées traditionnels pas si « féériques », au fond, mais, au contraire, sombres et graves, où les enfants perdus dans les bois sont les proies de prédateurs en tout genre. Lors de cette découverte, Sylvaine cesse d’être humaine, elle est animal,  « à quatre pattes » « elle feule », « elle flaire», « félin », « hermine », « biche », ou « louve ». 
Cette comparaison de la femme avec l’animal apparaît sous une double forme dans le roman : maternité magnifiée dans la description de l’allaitement, avec cette étroite fusion des corps de la mère et de l’enfant, avec ce qu’elle représente ici d’instinctif, de primitif, de sensuel, mais aussi d’amour et de beauté, un peu comme les Maternités des peintres de la Renaissance ;  mais aussi maternité méprisée,  salie par les hommes qui en  font le « commerce » et  traitent les les femmes comme du bétail selon leur degré de rentabilité.

"Petit animal entêté, le nourrisson rampe vers la poitrine offerte, cherche le téton de ses lèvres ouvertes. Il le saisit à pleine bouche, aspire avec tant de force que c'en est douloureux. Le lait jaillit facilement. Pendant que le nouveau-né tête, la nourrice l'enveloppe de sa chaleur, le nourrit de ses caresses, le contient de ses mains câlines."

Sylvaine recueille l'enfant trouvée dans le bois et s’attache à elle.  Aussi quand la petite Gladie, l’autre nourrisson qui est sous sa garde, meurt,  Sylvaine l’enterre et lui substitue la fillette pour continuer à toucher l’argent de l’allaitement. Elle l'élève avec amour ainsi que ses deux garçons. 
Désormais deux récits alternent, celui de Sylvaine et celui de Zaïg, la mère de la petite fille, orpheline placée dans une ferme et abusée par le fermier.

Nourrices décrit une réalité sociale terrible dans un monde où la misère déshumanise et conduit à l’horreur face à ces hommes qui ne voient dans les femmes et les nourrissons qu’une marchandise pour laquelle on a droit à un pourcentage de perte.  

"Le meneur est revenu. Il avance à pas lourds en s'appuyant sur son bâton de marche. Son panier d'osier dans lequel sont entassés les nourrissons, formant dans son dos une excroissance difforme (...) Les nouveaux-nés sont-ils toujours en vie ? Combien ont survécu à ce voyage de plusieurs jours, à dos d'homme indifférent... Ils sont trois. L'un des nouveaux nés est mort. De froid ou de faim, peu importe. Il n'a pas supporté ce voyage éprouvant. L'autre est en piteux état : sa peau est recouverte par endroits de pustules. Il peine à ouvrir les yeux et n'émet qu'une faible plainte, semblable au miaulement d'un chaton perdu. Le dernier semble assez vigoureux."

Le roman révèle les pires instincts de ceux qui ont le pouvoir, le patron d’une grande ferme ou le père de famille bourgeois, qui violent les filles de ferme ou les jeunes servantes sans qu’elles puissent se protéger et se libérer. Il parle du statut de la femme à une époque qui n’est pas si lointaine.

Pourtant grâce au beau personnage de Sylvaine, grâce à son alliance avec la nature, naît la poésie. Ses enfants sont les enfants de la Lune, de la Terre et du Vent. C’est la Tempête, en effet, qui préside à la naissance de son petit dernier au cours de cette longue nuit d’accouchement où Sylvaine se retrouve seule dans la cabane secouée par le Vent. De même, la guérisseuse, la vieille Margot, représente  l’acceptation des forces de la nature, la sagesse et l’apaisement. La solidarité qui se crée entre les femmes face à l’adversité, face à l’exploitation, permet de donner une touche d’espoir au récit.
 

Ce roman  présente des qualités d’écriture et un sujet à la fois original et intéressant. 

mardi 21 octobre 2025

Joel Dicker : La Très Catastrophique Visite du Zoo

 


Comment expliquer cette très catastrophique visite du zoo, visite de la classe de Joséphine accompagnée de son institutrice Mademoiselle Jennings et du directeur de son école ? C’est ce que la petite Joséphine, va expliquer à ses parents. 

Tout a commencé quand leur classe « spéciale » a été  intentionnellement inondée et que les six élèves et leur institutrice ont dû intégrer l’école voisine des « enfants normaux ».

 Mais qui a pu commettre cet acte criminel, l’inondation de l’école spéciale et pourquoi ? Les enfants décident de mener l'enquête,  aidés par la grand-mère de Giovanni, qui adore les histoires policières.

Cela n’ira pas sans mal et sans incidents ! Chacun de ses enfants, par ailleurs attachants, ayant des problèmes et n’entrant pas dans le moule et la logique des adultes. L’intégration dans la nouvelle école n’est pas évidente.  

Le récit mené par la fillette qui présente les évènements de son point de vue, naïf, logique jusqu’à l’absurde, se veut léger et amusant. Et c’est vrai que l’on peut rire de l’avalanche d’incidents qui s’enchaînent et submergent les adultes, le policier, le père Noël et ce sympathique Directeur qui fait  son possible pour que les élèves de l’Ecole Spéciale se sentent à l’aise et surtout leur maîtresse, la belle Mademoiselle Jennings. 

J’ai bien aimé certains passages qui m’ont fait sourire comme lorsque le directeur s’efforce de faire comprendre aux élèves ce qu’est la démocratie ou lorsque les enfants font tout, lors de cette fameuse visite au zoo, pour que Mademoiselle Jennings tombe amoureuse du directeur. Mais malgré tout j’ai eu du mal avec cette fausse naïveté. J’avais pourtant aimé Le Petit Nicolas à l’époque de sa parution mais, là, il m’a semblé que je lisais un livre pour enfants. Comme il arrive souvent avec ce procédé,  je me disais que le second degré ne pouvait pas être perçu par les enfants et qu’il était trop simpliste pour s’adresser aux adultes.

 La quatrième de couverture évacue le problème en affirmant : «  Et c’est justement le tour de force de ce livre, mêlant plusieurs niveaux de compréhension, qui émerveillera lecteurs de tous âges et tous horizons. ». C’est possible, si l’on veut lire ce roman juste pour s’amuser.  Mais il m’a laissée sur ma faim car l’écrivain aborde des sujets sérieux comme l’école inclusive, par exemple, mais en le délayant dans les bons sentiments alors que, tout au moins en France,  c’est un sujet  beaucoup plus complexe. Finalement, j’ai été partagé entre l’amusement, parfois, et l’agacement, souvent, pour ce roman qui reste superficiel.

 

samedi 18 octobre 2025

Challenge Bulgarie : Bilan Final

Sofia
 

 Au sommet de la colonne, la sculpture en bronze d’une femme représente Sophie (Sofia en bulgare) : une couronne de lauriers dans sa main droite et une chouette en équilibre sur son bras gauche, elle incarne la sagesse (Sophia en grec) et le destin.

 *

 Voici le bilan final du Challenge pour la Bulgarie ! Vous avez été dix à y participer en comptant Sacha qui a initié un autre challenge bulgare au mois de Septembre et le bilan est de 50 livres dont certains titres reviennent plusieurs fois. Je ne peux parler de tous mais au moins de ceux qui ont remporté le plus de lecteurs : Viktor Paskov, Kapka Kassabova, Maria Kassimova-Moisset, Theodora Dimova sont en tête.

 

Les auteurs contemporains 

 


Ce sont les auteurs contemporains qui ont été les plus lus avec en tête Viktor Paskov (1949-2009)  et sa ballade pour Hoenig qui revient six fois. S'il a été unaniment salué par tous, Sacha, pourtant, émet quelques réserves tout en reconnaissant ses qualités :

Fanja : Une belle surprise côté Bulgarie. Un roman court qui tourne la tragédie en comédie et y mêle beaucoup de tendresse et un soupçon de fantastique, avec des personnages qui savent rester dignes dans la pauvreté extrême. Une belle histoire d'amitié et de solidarité, de passion aussi, autour de la musique et de l'art de la lutherie. 

Sacha : "Portrait de la vie quotidienne d’un quartier très pauvre où chacun tente de survivre et de ne pas sombrer dans la folie, cette Ballade pour Georg Henig recèle de magnifiques passages sur la vie de quartier, l’amitié et la solidarité, comme sur l’art de la lutherie. Si je lui ai trouvé des longueurs et une certaine lourdeur psychologique (Victor Paskov semble prisonnier de la nostalgie, y compris d’un temps qu’il n’a pas connu lui-même), j’ai été sensible à ce vibrant hommage aux artistes/artisans d’art et à cette immersion dans la Bulgarie d’après-guerre. "

 


 Kapka Kassabova ( née en 1973) revient six fois, appréciée par tous, mais c'est Miriam qui semble être une inconditionnelle de cette écrivaine et qui a lu le plus de titres de l'auteur :  Elixir, Lisière, l'Esprit du lac, Anima. 

 Lisière, Alexandra : Kapka Kassabova sait aussi capter l'attention du lecteur. Lisière est un récit riche d’informations géographiques, historiques, culturelles et ethnographique que j'ai eu grand plaisir à découvrir. Mais c’est surtout l’humain qui interpelle dans cet ouvrage. Ces destins brisés par les guerres idéologiques, religieuses, économiques… On est choqué par les cruautés des uns et bluffé par la capacité de résilience de autres. 

 Anima, Miriam : "Anima raconte la vie pastorale dans ces montagnes des Balkans. Vie pastorale où le nomadisme est encore très prégnant : nomadisme des origines, nomadisme des Roms, et tout simplement transhumance annuelle à la recherche des pâturages d’estive. L’autrice situe les différentes tribus nomades dans cette mosaïque de populations qui constitue les Balkans. Bulgares, mais aussi turcophones, hellénophones. En filigrane, le souvenir des tapis, des yourtes venus d’Asie Centrale ou d’Anatolie. 

 


Ensuite  Maria Kassimova-Moisset  : Rhapsodie balkanique a été lu 5 fois mais il n'a pas fait l'unanimité

Enthousiaste: 

Patrice  : "C’est un roman très fort, un témoignage à valeur universelle sur les préjugés, le poids de la religion, des conventions, mais aussi un livre mettant en scène des personnages forts auxquels il est difficile de ne pas s’attacher. Une très belle découverte pour cette rentrée littéraire et une vraie maîtrise pour un premier roman."

OU non

Anne-Yes "C’est une lecture qui aurait du me plaire et qui pourtant m’a ennuyée. Je n’ai pas accroché, sans que j’arrive vraiment à pointer pourquoi. La fin m’a parue abrupte."

Ingammic : "Le récit se construit par fragments au fil d’allers-retours temporels, et est régulièrement entrecoupés d’intermèdes où l’auteure entretient des conversations imaginaires avec ses personnages, inspirés de ses ascendants -Miriam était sa grand-mère paternelle. (...). Ces passages m’ont agacée, en me donnant l’impression que Maria Kassimova-Moisset s’imposait dans le texte pour fournir des explications superflues sur sa démarche, interrompant mon immersion dans l’intrigue." 

 

 

Theodora Dimova : Les dévastés a été citée trois fois et Sacha a aussi lu  Mère.  

Miriam :  Hommes exécutés, femmes en deuil, déportées… une réalité bien triste. Et pourtant je suis restée scotchée à écouter leur voix, à imaginer leurs histoires. Un roman très touchant, très sensible.

Sacha : Surtout, j’ai été soufflée par la plume de Théodora Dimova (et sa traduction de toute beauté). Les dévastés est à lire d’urgence !

 


 
  

Elitza Guieorgieva les cosmonautes ne font que passer :  ce roman a été cité trois fois

Alexandra : Les cosmonautes ne font que passer est un ouvrage plus profond qu’il n’y parait au premier abord. C’est un roman initiatique sur la perte de l’innocence. Il y a l'avant (avant l’effondrement des régimes communistes en Europe et la fin de la dictature en Bulgarie) et l'après (qui n’est pas très emballant non plus).

Keisha : "Voilà un livre qu'on ne lâche pas, au ton décontracté et malicieux, dévoilant sans appuyer les réalités des changements en Bulgarie et le passage de l'enfance à l'adolescence de l'héroïne dont on ne connaît pas le nom, tiens. Cela se savoure comme un bonbon acidulé, tout en souriant et parfois soupirant. "

 


Rene Karabash : Vierge jurée trois lecteurs

Passage à l'est : "Ces deux aspects – le style, la structure – rendent le roman bien plus intéressant et riche que ne le fait le résumé qui m’avait d’abord donné l’impression qu’il s’agissait d’un livre de fiction sur la condition féminine dans une société autre – et plus archaïque – que celle de la France

 


Yordan Raditchkov : Les récits de Tcherkaski  (2)

Patrice "Si je ne suis pas forcément ce genre de lecteur qui se laisse porter par le côté magique de certaines nouvelles, j’ai apprécié le style et la construction de celles-ci, certains éléments de l’histoire se répétant d’une nouvelle à l’autre. Sa façon de décrire les paysans et le milieu dans lequel ils vivent vaut à lui seul le détour. "

 


 

 Abraham Wagenstein  (2)

Claudialucia : "Ainsi nous apparaît ce vieux quartier de Plovdiv, avec le pittoresque de ses populations mêlées, avec ses commerces débordants de denrées orientales, et le peuple si divers, si bariolé, le grand père et ses amitiés, ses disputes et ses réconciliations, toute une vie chaleureuse et dense évoquée dans un style prolixe, vivant, plein de sève." 

  


 

Anton Dontchev : (2) avec un beau roman historique Les Cent frères de Manol

Miriam "J’ai aimé ces personnages nombreux, ces contes, ces mythes, tragédie  sans  cesse recommencée. J’ai aimé ce récit complexe loin du manichéisme où même le pire tortionnaire révèle son humanité et les héros, leurs faiblesses."

Keisha est seule à avoir lu Le roi d'argile de Dobromir Baïtchev qu'elle nous recommande : "une lecture coup de coeur pour moi et à remercier l'éditeur j'ai laissé traîner ce livre sur les étagères près de deux ans, honte à moi, mais une fois commencé, je ne l'ai pas lâché."  Seule aussi Fanja a lu Gieorgui Gospodinov ; seul Patrice avec Albena Dimitrova Sacha  avec Zinaïda Polimenova ;  Passage à l'Est avec  Sevda Sevan  : "Cette légèreté de la touche de l’autrice dans l’agencement du récit marque également son rapport à l’Histoire, qui est toujours présente mais sans être particulièrement incarnée par les personnages." et un policier Claudialucia avec Elena Alexieva.

 

Les auteurs classiques 

 

Ivan Vazov

 

 Les écrivains classiques sont beaucoup moins représentés Yordan Yovkov  (1880-1937)  et Ivan Vazov  ( 1850-1927)

 


 

Yordan Yovkov : Un compagnon

Sacha : "Yordan Yovkov nous fait vivre l’absurdité de la guerre et nous émeut grâce à ce cheval qui ne paie pas de mine, mais qui s’attire le respect et l’affection des hommes par sa loyauté sans faille. C’est un récit intemporel et touchant qui méritait bien cette mise en valeur éditoriale et qui donne envie de lire d’autres nouvelles de Yovkov."

 

 

 Ivan Vazov : sous le joug

Je(claudialucia) suis la seule à l'avoir lu. Je le recommande chaudement surtout si vous allez en Bulgarie. Vous trouverez Ivan Vazov partout, les plaques des noms des rues, les portraits dans les musées, les statues sur les places, c'est le nom du grand théâtre de Sofia. J'ai eu l'impression que ne pas connaître Ivan Vazov en Bulgarie, c'est comme ne pas connaître Victor Hugo en France !  

Claudialucia : "Tous les ingrédients sont là pour faire de ce roman un plaisir de lecture, émotion, aventures, héroïsme, trahisons, dangers, amitié, amour et rire mais aussi connaissance d’un peuple, de ses coutumes et ses croyances, rencontre de ses héros et de ses disparus, de sa révolte contre le joug ottoman qui le soumet, de la souffrance d'une répression injuste et sanguinaire.  Un beau roman. "  

 

Sofia : Théâtre Ivan Vazov
  

Et ne pas oublier "notre" Jules Verne avec Le Pilote du Danube et Kereban le têtu

 

*** 

Anne-Yes 

 Rhapsodie balkanique de Maria Kassimova-Moisset

 

Claudialucia

 Challenge Bulgarie : Littérature Histoire Art qui se joint à moi ?

Les Héros nationaux bulgares : Hristov Botev, Vassil Levski, Hadji Dimitar

Sofia la cathédrale Nevsky et le musée des icônes

Sofia : les édifices religieux : églises, mosquée, synagogue 

 Les peintres bulgares  : Vladimir Dimitrov-Maïstora dit Le Maître et Radi Nedelchev 

 Les peintres bulgares de Plovdiv  (1) : Vladimir Dimitrov Le Maître et Radi Nedelchev

Les peintres bulgares de Plovdiv (2) : Dimiter Kirov et Georgi Bojilov-Slona

Каракачани : En Bulgarie, les karakatchans, un peuple nomade d'origine grecque
 
 Le monastère de Rila

Elena Alexieva : Le prix Nobel  

Theodora Dimova : les dévastés 

Anton Dontchev : Les cent frères de Manol

 Elitza Guieorgieva : Les cosmonautes ne font que passer

Kapka Kassabova : Elixir 

Victor Paskov : Ballade pour Georg Hanig

Yordan Raditchkov  : Le poirier/ Les noms

Yordan Raditchkov : les récits de Tcherkaski

Ivan Vazov : sous le joug

Jules Verne : Le pilote du Danube 

Jules Verne : Kereban le têtu 

Yordan Yovkov Un compagnon mon billet 

Yordan Yolkov Soirée étoilée mon billet

 Wagenstein Abraham : Abraham Le poivrot (1)

Wagenstein Abraham : Abraham le Poivrot :  Plovdiv (2)

 

Fanja

Le pays du passé de Gueorgui Gospodinov 

 Paskov  Viktor : La Ballade de Goerg Henig


Ingammic 

Rhapsodie balkanique de Maria Kassimova-Boisset 

 

Alexandra Je lis je blogue
 

Elitza Guieorgieva : Les cosmonautes ne font que passer 

 Kapka Kassabova : Lisière

Viktor Paskov Ballade pour Georg Henig  

 

Keisha : 

Le roi d'argile de Dobromir Baïtchev

 Elitza Guiergieva :  Les cosmonautes ne font que passer

Miriam 

Carnets bulgares 

 Monastère de Rila (1)

 Monastère de Rila Les fresques (2)

 Monastère de Rila : promenade et musée (3)

Theodora Dimova : Les dévastés 

Anton Dontchev : Les cent frères de Manol

Kapka Kassabova Elixir ou la vallée de la fin des temps

Kapka Kassabova : L'esprit du lac 

Kapka Kassabova : Lisière 

Kapaka Kassabova : Anima 

Rene Karabash : La vierge jurée 

Marie Kassimova-Moisset :  Rhapsodie balkanique 

Alexandre Levy : Carnets de la Strandja : d'un mur à l'autre 1989-2019 

Paskov Victor : La ballade pour Georg Henig

Jules Verne : Kereban le têtu 

Jules Verne : Le pilote du Danube 

Angel Wagenstein :  Adieu Shangaï

Angel Wagenstein : Le pentateuque ou les cinq livres d'Israel

  

Passage  à L'Est :

 Quelque part dans les Balkans  :  Sevda Sevan

Rene Karabash : Vierge Jurée

Patrice  

Albena Dimitrova : Nous dînerons en français

Yordan Raditchkov : les récits de Tcherkaski 

 Maria Kassimova-Moisset : Rhapsodie balkanique

Sacha  

 Sacha initie un challenge bulgare dans son blog : voir ici

 Theodora Dimova : Les dévastés

Theodora Dimova : Mères 

Rene Karabash : Vierge jurée

Maria Kassimova-Moisset : Rhapsodie balkanique

Viktor Paskov : La Ballade pour Georg Henig

Zinaïda Polimenova : Nucleus, ce qui reste quand il n'y a plus rien

  Yordan Yovkov : Un compagnon





 

chez Sacha