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lundi 29 juillet 2024

Avignon festival 2024 : Les secrets du radeau de la Méduse

Géricaut le radeau de la Méduse

 

 LES SECRETS DU RADEAU DE LA MÉDUSE

 


 Présentation par le théâtre

Tout le monde connaît le tableau, personne ne connaît l’histoire…
Nombreux sont ceux qui connaissent le chef-d’œuvre de Théodore Géricault Le Radeau de la Méduse, mais combien sont-ils à être au fait de la succession d’évènements tragiques qui conduisirent à ce terrible naufrage ? Combien sont-ils à avoir pu éclairer la lanterne du peintre ? Pierre-Laurent Coste est l’un d’eux, et pour cause, puisqu’il en est un des survivants. Et il a beaucoup de révélations à faire…
 
Le 2 juillet 1816 la frégate La Méduse chargée d'acheminer du matériel, des fonctionnaires et des militaires à Saint Louis du Sénégal s’échoue sur un haut fonds, à quelques encablures de la côte. 

    •    Mal dirigé par le capitaine Duroy de Chaumareys, qui n’a plus navigué depuis vingt ans et ne reçut le commandement du navire qu’en vertu de ses relations dans la cour de Louis XVIII, pressé par un gouverneur avide de mettre la main sur les ressources de ce qui n’est pas encore une colonie française, le navire n’a pas su éviter les bancs de sable d’Arguin pourtant bien connus de tous les marins habitués de la région.
    •    Alors, 147 soldats et membres de l’équipage s’entassent tant bien que mal sur un radeau, tandis que les officiers et les hauts fonctionnaires fuient en chaloupes…
    •    C’est le récit de ce drame que le matelot Pierre-Laurent Coste, l’un des rares rescapés du radeau, qui s’est embarqué tout joyeux pour l’aventure, livre au jeune peintre Géricault.

Voir des extraits du texte de Franck Ferrand sur la Méduse  radio classique


"D’ascendance noble, monsieur Hugues Duroy de Chaumareys, avec ses belles médailles, compte parmi les grands officiers de la marine royale. Il a sous ses ordres quatre navires : l’excellente frégate La Méduse, la corvette l’Écho, un brick un peu lourd, L’Argus, et enfin une flûte trop lente, la Loire, qui retardait tout le convoi, ce qui fait que le capitaine Chaumareys a cru bon de les distancer.
L’équipage pourtant ne fait pas entièrement confiance aux qualités du capitaine. Bonapartistes et républicains se côtoient à bord du navire. On est alors en juin 1816, le frère de Louis XVI règne désormais sous le titre Louis XVIII. Napoléon est reparti pour la deuxième fois après son retour de l’île d’Elbe.

C’est la période de la Restauration. Tous les anciens officiers, toutes les personnes qui ont émigré pendant la Révolution sont de retour. Le capitaine Chaumareys en fait partie bien entendu et n’est pas très sûr de lui parce qu’il n’a pas navigué depuis longtemps. Par ailleurs, il adopte une attitude étrange pour un capitaine de son acabit : il autorise un certain nombre de passagers civils à donner des ordres à sa place à l’équipage."

"Quelle est la mission confiée au convoi la Méduse ? Il s’agit de mener à bon port la petite population envoyée par le nouveau gouvernement de sa Nouvelle Majesté reprendre possession du Sénégal. Le Sénégal était tombé dans l’escarcelle des Anglais à la faveur des guerres napoléoniennes. Il vient tout juste d’être rétrocédé à la France à l’issue du congrès de Vienne. " 

"Donc, il s’agit d’une mission politique importante mais non vitale. Le seul vrai danger du voyage réside dans le caractère incertain de la côte mauritanienne et notamment du fameux banc d’Arguin, une gigantesque bande de sable à fleur d’eau que les cartes de l’époque indiquent mal. Le seul moyen de l’éviter à coup sûr est de prendre très au large sitôt repérer le Cap blanc, de réduire l’allure et de sonder fréquemment.  Par Franck Ferrand "

 

Mon avis


Les secrets du radeau de la méduse : Geoffrey Gallènes


 Cette année 2024 au festival d'Avignon, il y avait deux pièces sur le radeau de la Méduse. L'une se présentait comme une conférence sur l'oeuvre du peintre Géricaut, l'autre, celle que j'ai vue, intitulée Les secrets du radeau de la méduse raconte l'histoire du naufrage et l'horreur vécue par les survivants. Il dénonce, raconté par un simple matelot, la responsabilité et la lâcheté du capitaine et des officiers, tous des nobles proches du pouvoir royal, qui, à bord de leur chaloupe, ont abandonné 147 personnes entassé sur le radeau. Parmi eux des soldats républicains. Il n'y aura que 10 rescapés dont, on s'en doute, aucune femme. 

Le survivant Pierre-Laurent Coste qui est censé raconter l'histoire au peintre, est interprété d'une manière hallucinante par Geoffrey Gallènes, seul en scène, qui donne à voir magnifiquement tous les autres personnages de la pièce. On se sent happé par la présence de ce comédien qui fait revivre ce voyage au bout de l'Enfer. On comprend toutes les souffrances endurées, la soif, - on en arrive à boire son urine-, la famine, le cannibalisme, les maladies, les blessures et l'action incessante du soleil et de l'eau de mer qui brûle, creuse les plaies et dessèche les corps. Une scène en particulier est atroce, vire à la folie, celle du combat pour la survie. Trop nombreux sur le radeau, il leur faut tuer pour faire leur place. Tous sont pris de frénésie et s'égorgent jusqu'à épuisement. Le comédien parvient à nous faire sentir la douleur de ce jeune matelot, doux et timide, amoureux de la belle Angélique embarquée sur le bateau et qu'il voit disparaître, et qui soudain se retrouve semblable à une bête féroce tuant pour ne pas être tué. Une excellente interprétation et une pièce très intéressante pour nous faire comprendre et revivre les douleurs morales et physiques qui se cachent derrière le tableau de Géricault et une réflexion sur l'Homme et les limites de son humanité.

 

Théâtre des LUCIOLES – Salle Fleuve – du 29 juin au 21 juillet à 10h15 

LES SECRETS DE LA MEDUSE de Geoffrey Callènes et Antoine Guiraud

Distribution : Geoffrey CALLENES
Mise en scène : Antoine GUIRAUD




dimanche 28 juillet 2024

Festival d'Avignon 2024 : Mes spectacles


Où est l'heureux temps où j'étais capable, comme Eimelle, d'aller voir près de 40 pièces du festival d'Avignon puis de rentrer chez moi pour écrire un billet sur chacune d'entre elles ? Là, je crie grâce ! J'ai écrit précédemment sur les pièces que j'ai préférées et je fais une récapitulation ici,  juste pour mémoire, des 28 spectacles auxquels j'ai assisté en comptant ceux destinés aux enfants (pour mon petit-fils de 3 ans).

DIMANCHE 30 JUILLET


Les trois Molière au vieux balancier 18H durée 1H10

LUNDI 1ER JUILLET


L’os à moelle  Le petit Chien LUNDI 1ER JUILLET 16H   (voir billet)


MARDI 2 JUILLET

Un mari idéal Oscar Wilde 14H30 durée 70 min sortie à 15H40 Notre-Dame


An irish story     18H20  La Scala de Provence (voir billet)


MERCREDI 3 JUILLET



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Montaigne par Hervé Briaux Mercredi 3 juillet 12H30   durée 1H
Intéressant, bien sûr ! C'est Montaigne qui nous parle du haut de sa librairie et on ne peut qu'apprécier les thèmes qu'il développe, sa modernité.

JEUDI 4 JUILLET

Agathe royal 15H05 Les Gémeaux  Durée  1H25

Les femmes savantes Alya 18H15 1H30 Espace Alya ( voir billet)

VENDREDI 5 JUILLET

Le bourgeois gentilhomme Le chêne noir 12H  durée 1H30 (voir billet)

Visites à Mr Green 20H (  Les Gémeaux )


DIMANCHE 7 JUILLET

Le menteur de Corneille 11H45 durée 1H30 Girasole   (voir billet)

 Les femmes savantes  Molière 18H15  AYLA (voir billet)

LUNDI 8 JUILLET



 

 

 

 

 

 

 

Cyrano de Bergerac   10 H chien qui fume mise en scène de JP Daguerre compagnie le Grenier de Babouchka. Mise en scène enlevée,  bien pour l'interprétation.

 

MARDI 9 JUILLET

Moman  Grumberg    10H15 la scala  (voir billet)

Le Cid  Corneille19H15 le chêne noir+ durée 1H30 (voir billet)


MERCREDI 10 JUILLET

Romeo et Juliette Shakespeare 14H durée 1H15    Espace roseau teinturiers    

Boris Vian    21H15  La Scala de Provence (voir billet)


JEUDI  11 JUILLET








 

 

 

 

 

 

 

Le secret des secrets de Benoit Soles durée 1H25 Actuel Théâtre 15H50 

 Présentation par la compagnie

Jason Gray, le fils du conservateur de la British Library, vient d’enterrer son père. De retour au « Dernier Mot », le café de la bibliothèque, il retrouve Susan, sa petite amie archiviste et Billy, un jeune comédien paraplégique. C’est alors que Megan, une étudiante en histoire, vient lui remettre une enveloppe… de la part du défunt. Testament, ou dernier message ? Non, juste un code : 1036.a.38 ! Ainsi débute leur quête, une véritable chasse au trésor, à travers livres et parchemins, de Londres à Moscou et du XVIIe siècle à nos jours. Alors, découvriront-ils le Secret des secrets ?
Une pièce basée sur une histoire vraie.

Distribution
 
Texte et mise en scène Benoit Solès
Basée sur les recherches académiques de Megan Piorko, phd.
Interprétation Mathilde Moulinat, Montaine Fregeai, Axel Godard, Gabriel Gozlan
Décor Juliette Azzopardi et Jean-Benoit Thibaud Vidéos Mathias Delfau Lumière Denis Schlepp Musique Romain Trouillet Costumes Nathalie Bérard-Benoin Assistante mise en scène Sophie Nicollas   Collaboration artistique Gilbert Pascal Chorégraphe Philippe Jamet Stagiaire Eléa Collet
 

C'est une  pièce que ma petite fille a aimé parce qu'il s'agit de jeunes gens, parce que l'histoire lui a plu. De beaux décors, des projections lumineuses pour voyager dans le temps et l'espace.

VENDREDI 12 JUILLET

Le malade imaginaire en la majeur 11H 55 durée 1H20  Conditions des soies (pièce vue l’année dernière et revue pour ma petite-fille)

Le Misanthrope Thomas Le Douarec, écrit par Molière 15h50  -  LUCIOLES  salle  mistral (voir billet)


SAMEDI 13 JUILLET




 

 

 

 

 

 

 

 

 


L’étrange affaire Emilie Artois 14H30 durée 1h30 Espace roseau teinturiers

Le jeu de l’amour et du hasard  Marivaux Girasole 17H15  (pièce vue l’année dernière et revue pour ma petite-fille. Quand elle aime une pièce  !) 

 

LUNDI 15 JUILLET




 

 

 

 

 

 

 

 

Les secrets de la méduse 10H15 durée 1H25 LES LUCIOLES ( je vais écrire un billet pour BOOK TRIP en mer)


Mardi 16 JUILLET


Hip Hop est-ce bien sérieux ? 14H25  pièce vue avec mon petit-fils ( 3 ans)


C’est pas du vélo ! – Cie Monde à Part 18h30 ECOLE DU SPECTATEUR ( petit-fils 3 ans)


MERCREDI 17 JUILLET

Le carnaval des animaux ESPACE ALYA 9H50  pièce vue avec mon petit-fils ( 3 ans)


Heureux les orphelins   Les GEMEAUX 16H45   Electre d’après Giraudoux


JEUDI 18 JUILLET

Arthéphile  Nulle autre voix16H  durée 1H  (voir billet)

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Créatures La Scala de Provence 19H30

Un spectacle étrange, curieux, sur Amboise Paré et sur la fille monstrueuse, qui a réellement existé à la cour de France du temps de Catherine de Médicis et a inspiré le conte de la Belle et la Bête. D'après L'Infante sauvage de Mario Pasa.


 

VENDREDI 19 JUILLET

La force du coquelicot Espace Roseau 17H05 durée 1H20 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Neveu de Rameau de Diderot Les Lucioles 20H 

interprètes / intervenants
: Florent Barnaud, Olivier Baumont, Pascale Bordet, Gabriel Le Doze, Jean-Pierre Rumeau, Nicolas Vaude, Alessio Zanfardino
Théâtre le Ranelagh


Très intéressant, bien interprété. Un peu long. Le texte de Diderot est  riche,  passionnant et saute d'une idée à l'autre sans s'arrêter ! On aurait besoin, comme dans une lecture, d'avoir une pause pour y réfléchir !




vendredi 26 juillet 2024

Avignon : Festival OFF 2024 : quelques pièces contemporaines : L'os à moelle de Pierre Dac, Nulle autre voix de Maissa Bey, Moman de Jean-Claude Grumberg, Irish Story de Kelly Ruisseau, Boris Vian

 





Pierre Dac : l'os à Moelle




 L’Os à moelle : Pierre Dac 


L’Os à moelle au Festival Off Avignon 2024, au Théâtre Le Petit Chien du 29 juin au 21 juillet 2024 à 16h. Mise en scène : Anne-Marie Lazarini

Interprètes : Cédric Colas, Emmanuelle Galabru, Anne-Marie Lazarini, Michel Ouimet
Durée : 1h
Spectacle à partir de 13 ans

Mon avis :

Créateur du journal humoristique L'os à Moelle en 1930, organe officiel des loufoques, qui eut un immense succès, Pierre Dac qui est juif a quitté la France en 1943 pour rejoindre l'Angleterre où il devient la voix de Radio-Londres et de Les français parlent aux français. Sous l’absurde et le rire, la vision politique de l’accession de Hitler au pouvoir dont il dénonce les dangers qu'il fait courir à la paix et la démocratie dès 1933. Un spectacle intéressant et d’actualité ! Vu une semaine avant les élections !


 Nulle autre voix de Maissa Bey

 


"Elle a tué un homme, son mari. Elle sort de prison, quinze ans après. Mais, après avoir purgé sa peine, a-t-elle vraiment retrouvé la liberté ? Être une femme en Algérie est déjà propice à l’enfermement et au silence. Être une femme condamnée pour avoir ôté la vie d’un homme est au-delà des mots. Un texte sur la violence ordinaire d’une société qui ne pardonne rien aux femmes, sur la violence réelle qu’une femme peut subir dans la honte et la douleur – jusqu’à ce que, parfois, elle commette l’irréparable."

Nulle autre voix

 Arthéphile 16H  durée 1H
Texte Maissa BEY | Adaptation théâtrale et mise en scène Kheireddine LARDJAM | Interprétation Linda CHAÏB et Salah GAOUA | Création lumières Manu COTTIN | Son Thibaut CHAMPAGNE | Chargée de
production Marion GALON
Production COMPAGNIE EL AJOUAD | Coproduction Institut français d’Algérie à Tlemcen | Avec le soutien du Palais de la Culture de Tlemcen.

 

Maïssa Bey

L'écrivaine : " son père, instituteur, mort sous la torture de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, Maïssa Bey dit avoir reçu en héritage la langue française, qu’il lui a enseigné avant même qu’elle aille à l’école : « Il m’a transmis cela comme quelque chose de très précieux, car, pour lui, la langue permettait d’aller vers l’autre, de le comprendre ». Elle est l’autrice d’une dizaine de romans, de recueils de poésie et de nouvelles, ainsi que de trois pièces de théâtre, avec toujours en toile de fond cette Algérie natale et plus particulièrement la condition des femmes.
 Dans la lignée, Nulle autre voix, roman percutant, se fait le témoignage bouleversant d’une femme qui soigne les maux avec les mots, après avoir commis l’irréparable aux yeux de la société."
« Mon rapport à la langue française est un rapport d’amour. Je n’ai aucun complexe à écrire et à m’exprimer en français. L’essentiel est de pouvoir dire ce que j’ai à dire, ce que je ressens, mes colères et mes révoltes. Il n’y a pas de différence entre l’intime et l’écrit. » (Jeune Afrique)

Le créateur de la compagnie et  metteur en scène : "Il y a plus de quinze ans, Kheireddine Lardjam a créé la compagnie El Ajouad (les généreux) au Creusot en Bourgogne-Franche-Comté, territoire sur lequel il développe son travail artistique grâce aux soutiens renouvelés en production et diffusion de nombreux lieux nationaux.
La Compagnie El Ajouad aspire à affirmer des orientations fortes, celle d’un théâtre engagé au coeur d’un territoire, celle d’un théâtre d’aujourd’hui pour parler d’aujourd’hui.
C’est pourquoi dans le projet que propose la compagnie El Ajouad une place importante est faite aux auteur.ice.s et aux poète.sse.s vivant.e.s, français et étranger.e.s, à ceux et celles qui nous racontent des histoires d’aujourd’hui."

"La première violence est de s’arroger le droit de disposer de l’autre. Du corps de l’autre. Au nom d’une supériorité légitimée par la naissance, le sexe, l’argent, la position sociale ou encore par des lois humaines ou divines."

Mon avis

Une belle pièce engagée et tragique sur le thème de la femme algérienne (mais pas seulement), sur son droit de décider d'elle-même, d'être maîtresse de son corps, de ne pas entrer dans le moule voulu par la société, d'être indépendante, en un mot d'être libre ! La comédienne Linda Chaïb est incroyable dans ce rôle de colère et de révolte. Elle est accompagnée par la belle voix grave de Salah Gaoua qui chante en arabe des chansons pleines de mélancolie qui exaltent le texte de Maïssa Bey.

 

Moman  de Jean-Claude Grumberg

 

Moman pourquoi les méchants sont méchants ?

"C’est la vie entre une mère et son fils, c’est l’enfance sans père, c’est une histoire pleine de fantômes, c’est un théâtre pour de grands enfants qui aiment leur mère. 
C’est une pièce sur le courage, la résistance à l’adversité.
 Et ça crie, ça pleure, ça chante, entre rêve et réalité, entre humour et gravité, pour le meilleur de l’humanité, entre tendresse et brutalité.
 Que devons-nous à nos mères dans ce que nous sommes devenus ?"

Moman  de Jean-Claude Grumberg Mardi 9 Juillet   10H15 la Scala de Provence

Distribution : Clotilde MOLLET,  Hervé PIERRE
Mise en scène : Hervé PIERRE,  Clotilde MOLLET,  Noémie PIERRE
Musique : Hugo VERCKEN
Décors : Noémie PIERRE
Costumes : Siegrid PETIT IMBERT
Lumières : Nieves SALZMANN

Mon avis

Une belle pièce où Grumberg parle de son propre passé, raconte la vie d’un enfant élevé par une mère seule dans un foyer modeste, les loyers impayés, la peur d’être sans toit, la fatigue, la tristesse souvent, et pourtant, surtout, la tendresse, le dévouement, le courage, l’amour d'une mère pour son enfant. Le spectacle est divisé en deux parties, l'une avec la mère et le fils encore enfant, l'autre avec le fils adulte et sa mère vieillissante. Les deux comédiens Hervé Pierre et Clothilde Mollet endossent, indifféremment, le rôle de la mère et celui de l’enfant.  Ils sont convaincants et font passer tous les sentiments qui agitent les personnages.  Ils nous font rire et nous touchent tour à tour. J’ai beaucoup aimé et ma petite fille (14 ans) aussi. 

 

Irish story de Kelly Ruisseau



Kelly Ruisseau nous raconte l’enquête qu’elle a menée pour tenter de retrouver son grand-père, Peter O’Farrel, né dans les années 30 en Irlande du Sud, parti s’installer en Angleterre dans les années 50 et qui disparaît dans les années 70. En traversant les époques, les frontières géographiques et linguistiques, la comédienne polymorphe propose un voyage au cœur d’une famille, avec ses secrets et ses non-dits et livre une histoire si intime qu’elle en devient universelle, de toute une famille marquée par l’exil.
 

« An Irish Story :  Une histoire irlandaise est l'histoire d'une enquête, celle que mène Kelly Rivière alias Kelly Ruisseau pour retrouver Peter O'Farrel, son grand-père irlandais qui a mystérieusement disparu dans les années 1970. A-t-il été englouti par une vague géante au large des îles d’Aran ? Est-il parti rejoindre les rangs de l’IRA en tant que chef de l’armée rebelle ? Ou est-il simplement parti acheter des cigarettes en sifflotant, pour ne jamais revenir, comme le raconte la légende familiale ?» https://www.proarti.fr/collect/project/an-irish-story/0
 

Mon avis

Très bon spectacle avec une excellente comédienne qui joue tous les personnages avec humour et justesse.  Bilingue, elle passe du français à l'anglais, imitent tous les accents, titillent les ridicules des uns (les anglais) ou des autres (les Français), hommes, femmes, jeunes et vieux, et nous fait revivre à travers les aventures de ses grands-parents le passé d’une Irlande déchirée et les drames intimes qui ont traversé sa famille. Mon ado a apprécié aussi.

Irish story  
du 29 juin au 10 juillet relâche les 1, 8 juillet
18h20 1h25
SCALA PROVENCE (LA)
Langue principale : français
Public : Tout public à partir de 14 ans


Boris Vian

 


 

 Présentation

Un voyage musical et poétique captivant, Boris Vian apparaît tout à la fois véhément, sarcastique, tendre et immanquablement drôle ! 

Poèmes et chansons interprétés par Frédéric Jacquot et Guillaume Nocture. Des textes abordant les thèmes phares de l’œuvre de Boris Vian. 

Nous montrons ici la dimension intemporelle de ses sujets de prédilection : l’absurdité de la guerre, le mercantilisme des dirigeants, la violence à l’endroit de la jeunesse, la position parfois peu enviable de la femme dans le couple, l’amour et le quotidien tumultueux des rapports amoureux. 

Tour à tour véhément et sarcastique mais aussi tendre et admiratif du beau sexe, toujours enclin à la rigolade. Un moment de joie et de plaisir offert à ceux qui savent réfléchir et s’amuser !

Mon avis 

Quelle agréable soirée passée avec Boris Vian, entre poésie et humour, grâce à Frédéric Jacquot et à Guillaume Nocture et, qui plus est, avec un public amoureux du poète et qui vibre à chaque chanson. Heureuse aussi de voir que ma petite fille apprécie et entre dans l'univers de Boris Vian avec plaisir.

BORIS VIAN à la Scala : Distribution

  • Frédéric Jacquot : Comédien
  • Guillaume Nocture : Comédien
  • Jean-Marie Galey : Metteur en scène
  • Boris Vian : Auteur


jeudi 25 juillet 2024

Avignon Festival 2024 : le XVII siècle : Corneille : Le Menteur, Le Cid

 

Quelle chance, pendant ce festival d’Avignon, de voir réunies, dans deux théâtres différents, la tragi-comédie de Corneille Le Cid qui a bercé mon enfance et celle de tous les élèves de ma génération et la comédie baroque Le Menteur que je ne connaissais pas et que j’ai découvert avec beaucoup de plaisir ! A l’époque on n’étudiait, outre le Cid, que les tragédies de Corneille et les comédies nous étaient inconnues. Il paraît que Le Menteur va être au programme du Bac en 2025.


 Le MENTEUR

 

Dorante, son père et le valet

L’argument

Alors qu’il vient de terminer ses études de droit, Dorante revient à Paris, bien résolu à profiter des plaisirs de la capitale. En compagnie de son valet Cliton, il rencontre deux jeunes coquettes, Lucrèce et Clarice,  aux Tuileries et s’invente une carrière militaire pour les éblouir.  S’ensuit un imbroglio diabolique mêlant : jeunes femmes, père et ami. Faisant fi de l’honneur, des serments d’amitié et d’amour, Dorante s’enferre dans un engrenage de mensonges qui déclenche d’irrésistibles quiproquos. Les jeunes femmes n’étant pas en reste de supercherie, on se demande qui sera le vainqueur de ce jeu de dupes. Ce chef d’œuvre en alexandrins ramène sur la scène le joyeux et brillant Corneille, auteur de L’Illusion comique.


Alexandre Bierry Dorante et son Valet Cliton Benjamin Boyer

Mon avis

L’action de la comédie de Corneille Le Menteur se déroule dans un décor mobile figurant les maisons des jeunes filles qui s’ouvrent pour suggérer de larges espaces comme les jardins des Tuileries et rappellent aussi un castelet, les visages des personnages apparaissant dans le cadre des fenêtres comme des marionnettes. Il faut dire que tous vont bien se laisser mener en bateau par Dorante qui tire les ficelles !

 On y voit un hilarant Dorante (Alexandre Bierry excellent avec un vrai tempérament comique)  se débattre dans des mensonges toujours plus énormes, toujours plus invraisemblables et l’on attend, bien sûr, qu’il s’emmêle les pinceaux et finisse par recevoir le châtiment qu’il mérite ! Et bien non ! Il retombe toujours sur ses pieds. A moins que l’obligation de se marier à la fin de la comédie ne soit une punition ! Pour un séducteur débutant, ce n’est vraiment pas de chance !

Dorante forme avec Cliton (Benjamin Boyer, lui aussi très bon, très amusant) un couple Maître-Valet qui n’est pas sans évoquer celui de Dom Juan et de Sganarelle, avec des ressorts comiques bien rôdés : la stupéfaction et la réprobation de Cliton effaré par les mensonges de Dorante qui paraît souvent en mauvaise posture mais prend de plus en plus d’assurance. Tout va crescendo ! Le reste de la distribution est au diapason.
 A la manière d’une opérette, l’intrigue  est rythmée par des chansons, des musiques légères, entraînantes. La mise en scène de Marion Bierry est vive, enlevée, étourdissante! Un vrai plaisir théâtral !  Une réussite  

LE MENTEUR DE CORNEILLE
GIRASOLE 11H35 durée 1H30

 
Mise en scène : Marion BIERRY
Distribution : Alexandre BIERRY,  Benjamin BOYER,  Brice HILLAIRET,  Marion LAHMER,  Serge NOEL,  Mathilde RIEY ou Maud FORGET
Assistant mise en scène : Denis LEMAITRE
Décor : Nicolas SIRE
Adaptation : Marion BIERRY
Costumes : Virginie HOUDINIERE,  Virginie H.
Création lumière : Laurent CASTAINGT


 Le CID

 


Présentation par la compagnie

Chimène aime Rodrigue et Rodrigue aime Chimène… jusqu’à ce que cet amour ne devienne impossible au regard de l’honneur et que ne s’insinue dans leurs jeunes âmes ce dilemme insondable.
 
Le Cid est un sujet narratif et exalté qui parle avant tout du cœur, dans les sens multiples du terme : il est le siège du courage, mais aussi le lieu dynamique de l’action, des passions, du désespoir. La pièce explore une véritable cartographie de cet organe, épicentre d’une vaste étendue de sentiments, de ce territoire complexe fait de labyrinthes, d’écueils et d’abîmes.
 
Et elle a en son temps emporté celui du public qui a fait savoir, lors de sa création en 1637, que c’était la première fois qu’il ne s’ennuyait pas : actions, suspens, combats, l’histoire est invraisemblable, romanesque et les spectateurs sont plongés dans le feu de l’intrigue.
 
Le Cid fait aujourd’hui partie de nous et de notre inconscient collectif. Nous avons un rapport presque fusionnel avec ses vers et ses conflits…
 
Frédérique Lazarini en propose une version dynamique, baroque, poignante et profondément méditerranéenne qui fait la part belle aux rites et à l’action, à un personnage féminin, Chimène, affirmé et audacieux, à l’initiation de ces jeunes héros qui embrassent leurs fonctions, conjurant la mort, choisissant l’honneur, défiant l’autorité de l’état et appelant l’amour sans pouvoir jamais en contrôler toute la dimension passionnelle.
Le classique le plus enflammé de notre répertoire théâtral ! 


Le Cid : Arthur Guezennec photo Arthur Enard


Mon avis

J’ai beaucoup aimé cette mise en scène de Frédérique Lazarini car la pièce, enfin débarrassée des règles du théâtre classique du XVII siècle qui l’a toujours entravée, peut être ce qu’elle est réellement,  pleine de bruits et de querelles, bouillonnante sous la fureur des sentiments amoureux et du désespoir,  farouche avec ses combats à l’épée qui ont lieu sur scène,  fière et belliqueuse avec ces guerriers au sens de l’honneur exacerbé qui les pousse à la violence. Si l’on est loin, de nos jours, des idéaux de la société du XVII siècle et de ces thèmes,  le combat entre l’amour et l’honneur, la vengeance, l’on est complètement pris dans ce tourbillon de passions et l’on y adhère sans se poser de questions.
 

Rodrigue et Chimène : photo Arthur Enard

 

Deux surprises au niveau de la conception des personnages :
 

Chimène ( Lara Tavella) que, dans la tragédie classique l’on voit noble, hiératique, solennelle, est ici vue comme une petite fille à peine sortie de l’enfance,  primesautière, amoureuse, rêvant devant sa robe de mariée, semblable à une autre héroïne, la Juliette de 15 ans, fragile, gâtée, rêveuse et gaie. Cette interprétation n’a pas été du goût de tout le monde tant elle tranche avec la tradition mais personnellement j’ai beaucoup aimé. On la voit peu à peu se transformer et mûrir sous le coup du chagrin et du deuil et réclamer vengeance mais toujours éprise, luttant contre sa passion. C’est un parti-pris vraiment intéressant  !

Deuxième surprise : Jusqu’à maintenant j’ai toujours cru que Don Gomes (Cedric Colas qui incarne un comte hautain, orgueilleux et sans pitié) avait été vaincu par le Cid parce que celui-ci était le plus fort au combat. La scène du duel montre que Don Gomes, trop sûr de lui, trop arrogant, a montré de la négligence devant son jeune adversaire et que celui-ci en a justement profité ! Rodrigue l'emporte sur Don Gomes parce que celui-ci l'a sous estimé !

Toute la distribution est parfaite avec un Rodrigue, beau, courageux, ardent en amour et au combat. Arthur Guezennec excelle dans ce rôle. L’amour des jeunes gens ne s’expriment pas platoniquement selon la règle du théâtre classique (de la bienséance), les deux jeunes gens sont emportés dans des embrassements fougueux et l’on ressent le déchirement qui est le leur face à une situation tragique dont ils sont les victimes.

Quelques changements sont intervenus par rapport à la pièce, la suivante Elvire est remplacée par un homme (Guillaume Veyre très convaincant), le personnage de l’infante est supprimé. Par contre le prince dont Don Sanche est le précepteur prend une présence inattendue sous les traits d’une jolie marionnette manipulée avec douceur et tendresse.

 

LE CID DE CORNEILLE

LE CHENE NOIR

Distribution : Cédric COLAS,  Arthur GUEZENNEC,  Philippe LEBAS,  Lara TAVELLA,  Guillaume VEYRE,  Hugo GIVORT
Mise en scène : Frédérique LAZARINI
Marionnette : Félicité CHAUVE
Lumière : Xavier LAZARINI,  François CABANAT
Assistant lumières : Tom PEYRONY
Musiques : François PEYRONY
Costumes : Dominique BOURDE,  Isabelle PASQUIER
Combats : Lionel FERNANDEZ
Scénographie : François CABANAT 

 

 

mercredi 24 juillet 2024

Avignon : Festival 2024 Le XVIIème siècle : Molière : Les femmes savantes, Le Bourgeois gentilhomme, Le misanthrope

 

 Bélise ( Pauline Paoli) dans Les femmes savantes festival d'Avignon 2024

 

Quand j'amène ma petite-fille (14 ans) au festival de théâtre d'Avignon et même si j'essaie d'aller voir avec elle quelques contemporains, il lui faut des classiques ! Et parmi les classiques, le roi Molière ! Qui a dit que les ados n'aimaient pas Molière ? Amenez-les au théâtre et vous verrez !

Et quand on me demande si je n'en ai pas assez de voir toujours les mêmes pièces, cela me fait rire ! Car vous pouvez assister chaque année à une représentation de L'Avare, Le bourgeois gentilhomme, Tartuffe,  les femmes savantes... peu importe, ce n'est jamais le même ressenti ! Et c'est cela, le spectacle vivant, toujours différent, toujours renouvelé, selon les metteurs en scène, leur inventivité,  les interprétations,  la sensibilité, le brio des comédiens, les transpositions dans des époques différentes, les décors, les lumières, les costumes... Ce que j'aime dans la mise en scène, c'est lorsque, tout en donnant leur lecture personnelle, en nous surprenant et nous touchant, les metteurs en scène savent respecter l'auteur et se mettre au service de la langue. Des idées, de la personnalité, oui, mais du respect !  Ras le bol de ceux à l'égo surdimensionné qui méprisent le texte et l'auteur et se croient supérieurs à lui. Et oui, c'est la mode surtout dans le In !

Il m'arrive même souvent  poussée par ma petite-fille d'aller revoir la pièce deux fois de suite, et même il y a deux ou trois ans, de revoir quatre fois Beaucoup de bruit pour rien car Shakespeare est son deuxième auteur préféré.

LES FEMMES SAVANTES



 Parlons du spectacle des Femmes savantes mis en scène par Jean Hervé Appéré par Comédiens et Compagnie, revu deux fois à quelques jours d'intervalle.

L'Argument

"Henriette qui aime Clitandre se voit contrainte par sa mère, Philaminte, d’épouser Trissotin, un médiocre poète à la mode qui, tout comme Tartuffe, essaie de s’introduire dans la maison pour s’enrichir. Le père, Chrysale, heureusement accompagné de son frère, Ariste, va essayer d’empêcher ce mariage en affrontant les foudres de sa femme, Philaminte, de sa soeur Bélise et de son autre fille, Armande, trois femmes savantes qui essaient de régenter le monde… de leur maisonnée.
 Les Femmes savantes veut offrir un moment de spectacle complet : cruel, tendre, comique, musical, un délicieux projet pour Comédiens & Compagnie qui expérimente depuis 15 ans une certaine idée de la commedia dell’arte, faite de bouts de ficelles et d’imagination."

Présentation par la Compagnie

"Après La Princesse d’Élide, Le Mariage forcé et Le Malade imaginaire, Comédiens & Compagnie et Molière sont de nouveau réunis avec Les Femmes savantes. Cette comédie drôlissime s’en prend aux sots, aux pédants et aux hypocrites. Ce superbe texte en alexandrin s’amuse à dévoiler les sottes lourdeurs d’une société patriarcale contre la naïveté de suffragettes intégristes, la lutte pour le pouvoir… à l’intérieur du cadre familial, l’ennui profond des salons mondains. Une satire incisive de ceux qui savent ou plutôt qui croient savoir et qui cherchent à imposer leur vision du monde. Toute ressemblance avec notre actualité ne peut être qu’accidentelle... 
Encore une fois cette comédie est emblématique de notre savoir-faire, à savoir : présence gestuelle, improvisations raisonnablement dosées, musique et chants, danses et pantomimes avec un respect du texte (le travail sur les alexandrins cherche à trouver la fluidité suffisante pour faire passer le vers avec sa force intrinsèque sans en entraver la justesse, la vérité. Ce travail esquissé dans La Princesse d’Élide dont le premier acte et le début du deuxième étaient en vers, trouve ici son aboutissement) qui n’entrave pas la gaieté communicative de la comédie. Un spectacle pour tous, un spectacle populaire dans le sens noble du terme, accessible, ne rimant pas avec pauvreté ou vulgarité mais nous l’espérons, avec richesse, pour ne pas dire en l’occurrence, préciosité et humanité."


Les femmes savantes  à l'époque du Charleston. Clitandre est vêtu comme Tintin !


 Mon avis :

 Un excellent spectacle où effectivement l'alexandrin, souple, naturel, aisé, s'écoule librement ! Transposé  à l'époque des Années folles, les comédiens sont portés par la musique de Bartok, Ravel, le Jazz et le Charleston... On danse, on chante, on rit, on réfléchit aussi.  Molière condamnerait-il l'éducation des femmes, leur refuserait-il l'accès à l'étude, aux sciences ? 

Mais il n'en est rien, c'est la sottise que Molière réprouve, celle de Trissotin, l'écrivain ridicule et ampoulé,(un Guillaume Collignon loufoque à souhait), celle des trois femmes Philaminte, Bélise et Armande, qui admirent les faux-semblants, la fausse culture et affiche le mépris du corps et de l'amour. Non des femmes savantes mais des femmes snobs dont l'affectation n'a d'égale que la vanité. Armande et Philaminte sont d'ailleurs vêtues en homme comme si elles renonçaient à leur féminité. 

On rit de la lâcheté de Chrysale (Fred Barthoumeyrou), le père, mais on le comprend quand on voit arriver son petit bout de femme furibonde (Ana Isoux) qui en effraierait plus d'un !  Tous les comédiens sont d'ailleurs très bons avec une mention spéciale pour l'interprétation de Bélise (Pauline Paoli) qui croit tous les hommes amoureux d'elle. Cruauté aussi comme toujours dans Molière quand Armande s'aperçoit que son mépris affiché du mariage lui a fait perdre celui qu'elle aimait, Clitandre qui s'est tourné vers sa soeur Henriette. Un très bon spectacle ! Si le festival avait duré plus longtemps (écourté par les JO)  je sens que ma petite-fille aurait voulu le voir une troisième fois!

LES FEMMES SAVANTES MOLIÈRE
https://www.comediensetcompagnie.info/les-femmes-savantes
 18H30 durée 1H40 Espace Alya
Mise en scène de  JEAN HERVÉ APPÉRÉ
7 comédiens et 2 musiciens
Comédiens & Compagnie

FRED BARTHOUMEYROU Chrysale / Julienv 
; VALÉRIE FRANÇAIS  Philaminte
 ; ANA ISOUX Armande / Piano ; 
MÉLANIE LE DUC ou AUDREY SAAD  Henriette 
; STÉPHAN DEBRUYNE ou BORIS BÉNÉZIT Ariste / Martine / Violoncelle
 PAULINE PAOLINI Bélise
;  ANDRÉ FAUQUENOY Clitandre / Vadius
 ; GUILLAUME COLLIGNON Trissotin / Trompette ; 
JONATHAN JOLIN Le Notaire / Clarinette / Percussion

Crédit photo : Castanéa/Nicolas BARBARIN
Direction des chants ANA ISOUX
Pantomimes LiONEL MENARD
Chorégraphie SOPHIE PECOUD
Costumes DELPHINE DESNUS
Lumières EDWIN GARNIER



 LE BOURGEOIS GENTILHOMME 

 


L’argument
 

Riche Bourgeois, M. Jourdain veut acquérir l’éducation des personnes de qualité et s’élever dans le monde au-dessus de sa condition.  Il décide de commander un nouvel habit et  fait venir des maîtres d'armes, de danse, de musique et de philosophie, et se couvre de ridicule
Il fait la cour à Dorimène, une marquise veuve, amenée chez lui par son amant, un comte indélicat qui profite de la sottise de monsieur Jourdain pour lui soutirer de l'argent.
Sa femme et Nicole, sa servante, se moquent de lui, puis s'inquiètent pour Lucile, la fille de monsieur Jourdain  amoureuse de Cléonte que M. Jourdain refuse car il n’est pas noble.

Mon avis

Je crois que l'affiche résume bien la mise en scène, le grain de folie qui secoue cette représentation d'un Bourgeois gentilhomme complètement échevelée et survoltée. Les costumes baroques, magnifiquement colorés, burlesques, originaux, avec les perruques surdimensionnées, échevelées, donnent le ton en conférant aux personnages une dimension à la fois comique et onirique, renforcés par le maquillage outrancier, visage blanc, joues orangées qui rappellent le cirque.

 

Bastien Ossart : Monsieur Jourdain


 Et c'est en même temps très beau, fantaisiste, amusant : Ô ! les frisettes roses de Liwen Liang quand elle est Lucile ou son énorme noeud jaune à pois noirs sur la tête, façon coiffe alsacienne, quand elle est marquise ! Ou encore la citrouille coiffée par Monsieur Jourdain sacré Mamamushi.

 

Liwen Liang : Lucile, la fille de monsieur Jourdain

Nous n'avons pas devant nous des personnages réels mais des personnages surgis d'un esprit en délire et qui évoluent sur la scène dans des pantomimes et des danses, une véritable comédie-ballet (mais sans Lully) comme l'a voulu Molière au son de musiques diverses, opéra, boléro, sacre du printemps. Le personnage du Bourgeois acquiert une certaine démesure dans ses ridicules et son obsession nobiliaire. J'ai aimé que la pièce soit respectueuse du texte mais s'en éloigne parfois en introduisant des variantes, en particulier les deux fables de La Fontaine extrêmement bien dites et bien venues. Encore un excellent spectacle et très original.

De Molière
Adaptation et mise en scène Bastien OSSART
Compagnie Théâtre Les Pieds Nus
Avec Bastien OSSART, Iana Serena DE FREITAS, Mathilde Guêtre-Rguieg, Benoît MARTINEZ, Nicolas QUELQUEJAY, Liwen LIANG
Costumes Théâtre Les Pieds Nus

Lumières Florian DERVAL


LE MISANTHROPE

 

L'argument

Alceste hait les mondanités et dénonce l'hypocrisie de ses semblables. Son ami Philinte est plus mesuré et représente l'idéal de l'honnête homme du XVII siècle. Alceste critique le sonnet d'Oronte et a un procès sur le dos. Malgré sa misanthropie, il est pourtant fou amoureux de Célimène, jeune et belle veuve, coquette et frivole qui ne correspond pas du tout à ses idées. Il finira par renoncer à la société et à l'amour.

Dans le plus grand respect de l'alexandrin, cette mise en scène transposée dans le monde des réseaux sociaux, des influenceuses et des jet-setters nous montre à quel point l'homme, en 350 ans, n'a pas changé 

  

Le misanthrope : Célimène et ses amis
 

Mon avis

 Et oui, une transposition dans le temps, cette fois-ci dans notre présent avec smartphone, selfie, boîte, alcool, guitare électrique et rock. Et à n'importe quelle époque... Molière ? c'est juste, c'est vrai ! L'hypocrisie, les amitiés superficielles, le vide des relations humaines, les moqueries, la méchanceté voire la cruauté, tout est là !  J'ai bien ri lors de la scène où Oronte (Le Douarec ) lit son sonnet à Alceste (Jean-Charles Chagachbanian) pris au piège de ses propres contradictions. Mais tout ne fait pas rire dans cette pièce où se joue l'une des comédies humaines les plus noires de Molière. Un bon spectacle !

 

LE MISANTHROPE MOLIERE

LES LUCIOLES 15H50  Durée 1h55 - Dès 10 ans

 Compagnie Le Douarec

Mise en scène de Thomas Le Douarec 

Comédiens : Valérian Béhar-Bonnet, Jean-Charles Chagachbanian, Caroline Devismes, Jules Fabre, Thomas Le Douarec, Théo Lima, Philippe Maymat, Jeanne Pajon, Justine Vultaggio




Nous avons revu aussi une pièce vue l'année dernière Le malade imaginaire en La majeur déjà commentée  Et les Trois Molière .






dimanche 7 avril 2024

Théâtre : Sophocle : Antigone

 

Antigone de Sophocle Entre danse et théâtre

J’ai assisté à la représentation de Antigone de Sophocle à La Scala de Provence dans la mise en scène de Laurent Hatat  et Emma Gustaffon.

Antigone, Ismène, Polynice et Etéocle sont les enfants de Jocaste et d’Oedipe qui sans le savoir a épousé sa mère et est devenu le roi de Thèbes. Tous appartiennent à la famille de Labdacides marquée par la fatalité.
Après la mort d’Oedipe, Polynice et Etéocle se disputent le pouvoir et Polynice appuyé par les Argiens attaque Thèbes. Thèbes triomphe mais les deux frères sont morts. Créon, leur oncle, prend le pouvoir. Il ordonne d’enterrer Etéocle mais refuse toute sépulture à Polynice qu’il considère comme un traître. Antigone décide d’ensevelir son frère malgré l’interdiction. Elle sait qu’elle risque la mort. Découverte, elle est enfermée vivante et se pend. Son fiancé Hémon, fils de Créon, se suicide et la mère d’Hémon aussi.
Dans la pièce de Sophocle, Antigone juge que les lois de Dieu sont supérieures au pouvoir humain et elle se dresse contre la tyrannie de Créon. Ce dernier représente l’Hybris, l’orgueil démesuré de l’homme qui se prétend l’égal de Dieux.  Il représente ici la raison d'état supérieure pour lui au règles de la morale.
Au-delà de la signification religieuse, Antigone est devenue le symbole de tous ceux qui s’élèvent contre le pouvoir lorsqu’il est synonyme d’injustice ou d’inhumanité. Elle s’insurge contre l’illégitimité et le Mal en  politique.

Le texte traduit par Irène Bonnaud et Malika Hammou est moderne, direct et beau et résonne toujours de manière aussi actuelle quant au message qu’il fait passer depuis près de  2500 ans qu’il ne cesse de nous parler ! Il nous dit qu’il faut savoir dire non au pouvoir lorsque celui-ci est injuste. Et c’est bien sûr un message toujours vrai qui ne cesse de nous interpeller dès que nous tournons nos regards vers le présent. C’est pourquoi j’ai moins apprécié le texte moderne ajouté à celui de Sophocle pour nous « donner des exemples d’injustice et de lutte à notre époque », comme si le spectateur n’était pas capable de comprendre tout seul, comme si le texte n’était pas assez clair !

Que Sophocle ait choisi une femme pour nous montrer cette vérité n’est pas anodine. Créon ne supporte pas la désobéissance mais il l'accepte encore moins venant d’une femme !  Et ce n’est pas, non plus, inintéressant de savoir que c’est une toute jeune fille (les femmes grecques étaient mariées en moyenne vers l’âge de 14-15ans) et Antigone est sur le point de célébrer son mariage avec Hémon. J’ai d’ailleurs bien aimé l’interprétation d’Antigone toute pétrie d’indignation envers le mal, d’intransigeance envers ceux qui ne pensent pas comme elle (sa soeur Ismène ), de courage et de fragilité pourtant devant la mort. Ismène est un personnage secondaire. Elle représente ceux qui, silencieux, n’approuvent pas mais ont peur d’intervenir. Pourtant, elle ne manque pas de courage lorsqu’elle veut partager le sort de sa soeur et la comédienne qui interprète le rôle permet de souligner son importance. La majorité n’est-elle pas plutôt Ismène qu’Antigone quand il s’agit de risquer sa vie ? Par contre, l’interprétation de Créon joué par une femme m’a paru moins convaincante, pas assez naturelle, un peu trop déclamatoire. Je ne suis jamais arrivée à voir le personnage ni à ressentir de l’émotion à travers elle.
Ce que j’ai le plus apprécié dans la mise en scène, c’est le mélange entre le théâtre et la danse, le mouvement laissant place à la parole, la parole le cédant au mouvement, une danse sur une musique originale qui est très belle en harmonie avec le texte et signifiant par rapport aux évènements. La scène est couverte de fibres noires qui est à la fois la terre qu’Antigone dépose par poignées sur le corps de son frère, mais qui représente aussi le destin, les danseurs dessinant leurs évolutions, traçant des arabesques sur la noirceur du sol éclairé de rouge, troué de sang.

Antigone : Texte Sophocle


Traduction Irène Bonnaud et Malika Hammou


augmentée de textes commandés à Julie Ménard


Conception et mise en scène Laurent Hatat & Emma Gustafsson


Avec Mathilde Auneveux, Flora Chéreau, Sylvie Debrun, Bouba Landrille Tchouda, Claire-Lyse Larsonneur, Samir M’Kirech


Assistant à la mise en scène Mathias Zakhar


Création musicale Laurent Pernice


Création lumière Anna Sauvage


Régie générale et plateau Roméo Rebiere


Administration et production Henri Brigaud et Elena Le Junter


mercredi 22 novembre 2023

Théâtre : Julie Duval : l'odeur de la guerre

 


 

Je n'avais pas pu voir  L'odeur de la guerre au festival d'Avignon en juillet 2023 et voilà que la pièce est programmée à nouveau ce mois de Novembre à Avignon, à la Scala de Provence

L’odeur de la guerre est l’histoire de Jeanne qui cherche à échapper au déterminisme de son milieu et à se libérer des violences qu’elle a subies dans son corps. Née dans un foyer modeste où la parole est difficile, et malgré l’amour de ses parents prisonniers eux-mêmes de leur condition sociale, elle ne connaît de la sexualité que le viol, un « accident » qui laisse des séquelles.

Là où l’école n’a pas réussi, elle va trouver cette libération à travers les cours de théâtre qu’elle suit  lorsqu'elle arrive à Paris et qui ouvrent son esprit à la beauté des mots, de la langue, et à la beauté des sentiments. Là où elle ne peut parler parce qu’elle n’a pas les mots, parce qu’elle n’est « rien », son professeur lui donne l’exemple de Molière mettant en scène des personnages du peuple dans Dom Juan, personnages qui ne sont pas « rien », au contraire, mais vrais et touchants parce qu’ils n’essaient pas d’être autre chose que ce qu’ils sont.

 A travers le sport qu’elle pratique, la boxe thaïlandaise, c’est le corps qui se libère de ses tensions, de ses colères, qui réapprend à bouger, à reprendre possession de lui-même.
« On ne boxe pas pour se battre, pour se bagarrer, pour faire mal, lui dit son coach, la boxe, c’est une question d’équilibre. » 


Photo Émeric Gallego


Jeanne, c’est Julie Duval, la comédienne seule en scène, qui a écrit le texte et interprète sa propre histoire. Elle est tous les personnages et parvient d’un geste, d’un changement de voix, d’une expression du visage, à nous les faire voir, à nous faire partager leurs sentiments. La mise en scène de Juliette Bayi, minimaliste, un banc, un punching ball, des gants de boxe, est efficace, joue sur le corps, son retrait, sa douleur, son affranchissement, et nous transporte dans des espaces différents.
Un bon spectacle, très physique ! Effectivement Julie Duval est boxeuse-comédienne ou comédienne-boxeuse. Elle a de la présence et s’impose aux spectateurs.