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mercredi 22 novembre 2023

Théâtre : Julie Duval : l'odeur de la guerre

 


 

Je n'avais pas pu voir  L'odeur de la guerre au festival d'Avignon en juillet 2023 et voilà que la pièce est programmée à nouveau ce mois de Novembre à Avignon, à la Scala de Provence

L’odeur de la guerre est l’histoire de Jeanne qui cherche à échapper au déterminisme de son milieu et à se libérer des violences qu’elle a subies dans son corps. Née dans un foyer modeste où la parole est difficile, et malgré l’amour de ses parents prisonniers eux-mêmes de leur condition sociale, elle ne connaît de la sexualité que le viol, un « accident » qui laisse des séquelles.

Là où l’école n’a pas réussi, elle va trouver cette libération à travers les cours de théâtre qu’elle suit  lorsqu'elle arrive à Paris et qui ouvrent son esprit à la beauté des mots, de la langue, et à la beauté des sentiments. Là où elle ne peut parler parce qu’elle n’a pas les mots, parce qu’elle n’est « rien », son professeur lui donne l’exemple de Molière mettant en scène des personnages du peuple dans Dom Juan, personnages qui ne sont pas « rien », au contraire, mais vrais et touchants parce qu’ils n’essaient pas d’être autre chose que ce qu’ils sont.

 A travers le sport qu’elle pratique, la boxe thaïlandaise, c’est le corps qui se libère de ses tensions, de ses colères, qui réapprend à bouger, à reprendre possession de lui-même.
« On ne boxe pas pour se battre, pour se bagarrer, pour faire mal, lui dit son coach, la boxe, c’est une question d’équilibre. » 


Photo Émeric Gallego


Jeanne, c’est Julie Duval, la comédienne seule en scène, qui a écrit le texte et interprète sa propre histoire. Elle est tous les personnages et parvient d’un geste, d’un changement de voix, d’une expression du visage, à nous les faire voir, à nous faire partager leurs sentiments. La mise en scène de Juliette Bayi, minimaliste, un banc, un punching ball, des gants de boxe, est efficace, joue sur le corps, son retrait, sa douleur, son affranchissement, et nous transporte dans des espaces différents.
Un bon spectacle, très physique ! Effectivement Julie Duval est boxeuse-comédienne ou comédienne-boxeuse. Elle a de la présence et s’impose aux spectateurs.       

mardi 1 août 2023

Festival d'avignon Off 2023 : Mon festival !


 

Le festival est fini !  Voici les spectacles que j'ai vus classés de cinq à une étoile. Il se révèle que l'année 2023 était un bon cru  ! 

Ma petite-fille a vu seize spectacles parmi les 37 auxquels j'ai assisté dans le OFF. Je trouve que c'est intéressant de  voir ce qu'en pense une adolescente.  On verra que nos avis concordent parfois mais pas toujours, ce dont je me réjouis.   

Je note son avis par des émoticônes: 💚 😁 😡

COUPS DE COEUR   *****

Les Téméraires  (voir mon billet)

Yvonne (voir mon billet)

Kids !(voir mon billet)   💚

Non loin d'ici (voir mon billet)

Pour un oui ou pour un non ! (voir mon billet)

le voyage de Molière ! (voir mon billet)  💚

 Phèdre   (voir mon billet)  😡

 Le huitième ciel (voir mon billet)

 SPECTACLES ****

 Phoenix danse Hip Hop  à La Factory:  Très beau spectacle de danse où les corps des danseurs vivrent à l'unissson de la musique baroque interprété sur uen viole de gambe.

Le Moby Dick (voir mon billet)

Le malade imaginaire donne le La (voir mon billet)    💚

 Boby Lapointe De la racine à la pointe : Mise en scène inventive et fantaisiste pour  animer la fête du langage des chansons de Boby Lapointe, ses jeux de mots, et son brin de mélancolie. Un spectacle très agréable !

L'humour de Proust  (voir mon billet)

Weber à vif  (voir mon billet)

Faraekoto danse hip hop  : Le thème :  deux enfants perdus dans la forêt par leurs parents, comme Hansel et Gretel. L'un est muet, l'autre qui a des jambes en caoutchouc ne peut tenir debout (étonnante souplesse de la danseuse !).  Les deux danseurs sont excellents, la chorégaphie impressionnante, la mise en scène belle et poétique avec mapping en toile de fond montrant la forêt et le loup qui les conduira vers la sortie. Mon petit-fils Ewen  (2 an et demi) était fasciné, les adultes aussi !

 La foire de Madrid de Lope de Vega : Très agréable de voir pour la première fois en France une pièce de cet auteur espagnol du XVI siècle.  Le thème est classique : pendant la foire de Madrid, un jeune homme tombe amoureux d'une jeune femme mariée. Il faut détourner l'attention du mari ! Mise en scène enlevée, bons comédiens. Un agréable moment de théâtre !  💚


LES SPECTACLES INTERESSANTS ***

 Variations énigmatiques : Un brillant exercice de style de Eric-Emmanuel Schmit, mise en scène par Paul- Emile Fourny servis par deux bons comédiens au Chêne noir.

L'avare à la Factory, dans une mise en scène grinçante, complètement folle, étonnante, inventive, qui met en relief  la dureté, l'égoïsme du personnage et dénonce la toute puissance d'un père sur ses enfants, d'un maître sur ses valets et d'un riche sur la société. L'avarice dans toute son horreur et pourtant on rit du personnage ! Parfois, malheureusement, le texte est un peu sacrifié -  comme la scène du quiproquo "les beaux yeux de la cassette" - à l'idée de la mise en scène. Très bonne scène, hilarante, avec maître Jacques cuisinier ou cocher !   😀

les fourberies de Scapin (voir mon billet)  😀

La tempête (voir mon billet)  😄

Le secret des conteuses : Agréable rencontre (non sans humour) avec Ninon de Lenclos, Madame de Sévigné, Mademoiselle de Scudéry, Madame Scarron ( la future madame de Maintenon)  pour tous ceux qui aiment la langue du XVII siècle et le raffinement des salons littéraires du siècle.

De l'ambition : Des jeunes gens, l'année du Bac et après... Leur avenir, leurs espoirs, leurs ambitions , leurs échecs. Intéressant ! Un des spectacle préférés de ma petite-fille (13 ans)  💚

Le bonheur de donner (voir mon billet)

Bestiaire végétal : une pièce pour enfants où j'ai amené Ewen, mon petit-fils de 2 ans et demi. Il a aimé. Comme le titre l'indique le bestiaire, insectes, petites bêtes, oiseaux...  sont  suggérés par des végétaux, tiges, paille, feuilles mortes, laissant libre cours à l'imagination. Un beau spectacle.

Le Barbier de Séville Beaumarchais : Le spectacle préféré de ma petite-fille (13 ans). Elle l'a vu deux fois. Interprété par de jeunes comédiens pleins d'énergie et de conviction.  💚💚

Eurydice aux enfers : Une version dans laquelle Eurydice va chercher Orphée aux Enfers mais ne vous attendez pas à une histoire classique ! Vous allez visiter les différents cercles de l'Enfer en ascenseur, y rencontrer de drôles de personnages (mention spéciale à la Mérule et son compagnon au niveau de l'invention et des costumes ) et un gentil animateur qui vous fera les honneurs de l'Enfer !

Frankenstein le cabaret des âmes : Marie Shelley écrit Frankestein devant nous ! Spectacle original.

  La peur (voir mon billet)    😡

Celle qui ne dit pas a dit : Trois femmes, des ouvrières ! L'une qui dit (autre ment appelé, la grande gueule), l'autre qui dit après et la dernière qui ne dit pas ! C'est pourtant la dernière qui, en se libérant, fera bouger les choses ! mais le théâtre du Lilas, nouveau lieu, n'est pas climatisé et j'ai bien souffert !

 

LES SPECTACLES **

L'armoire à poésie : déçue par L'armoire à poésie parce que j'en attendais autre chose ! Je pensais que la poésie s'inviterait dans ce spectacle et que le faux procès qu'on instruit contre elle  - la poésie est inutile et dangereuse parce qu'elle éloigne de la réalité et freine la réussite sociale -  serait vaincu par la beauté des vers. Il y a bien poèmes dans la pièce mais des extraits et mal dits, juste de manière allusive, à toute allure, pour faire place à une histoire d'amour. J'ai bien aimé, par contre, le décor avec le panier et les livres lumineux.

Storm : Ballet  :  Les grands ventilateurs pour suggérer  l'orage et le vent sont hideux et m'ont gênée et, en plus, dirigés vers les spectateurs, ils vous congèlent ! J'étais au premier rang, après avoir cuit au four dans les rues d'Avignon, je me suis retrouvée en Sibérie !  Ce n'est pas bien malin ! C'est dommage pour les danseurs !

Mariés sur le tarmac : Une fable écolo, une critique de la télé réalité que ma petite-fille a bien aimée et elle a bien ri. C'est une pièce amusante mais je sais que je l'oublierai vite.  💚

 Le Montespan : J'ai été déçue par ce spectacle qui a pourtant récolté des Molières. L'histoire de monsieur de Montespan est intéressante mais je n'ai pas aimé l'interprétation de deux des personnages féminins. Comme si pour "montrer" une vieille femme, il suffisait de se casser en deux et de prendre une voix éraillée et désagréable ! La comédienne qui tient tous ces rôles a eu pourtant un Molière d'interprétation. Les goûts et les couleurs ... !   😡

LES SPECTACLES  *

 Le cercle de craie caucasien :  Ennuyeux. J'aime bien Bertold Bretch, pourtant.  😡

Le jeu de l'amour et du hasard : une mise en scène comique mais qui ne rend pas la subtilité du langage, la finesse de l'analyse psychologique : Marivaux mérite mieux !  Les costumes, cet affreux tailleur-pantalon de Sylvia au début, et le décor (un bar ?) ne m'ont pas plu. Ma petite-fille a aimé parce qu'ils l'ont fait rire. C'est la première fois qu'elle voit la pièce et elle ne peut pas en entendre autant que moi, forcément ! J'étais donc heureuse que le spectacle lui ait plu.  💚

L'île des esclaves : Je ne sais si c'est le texte ou la mise en scène mais j'ai trouvé la pièce démonstrative, pesante et quand le metteur en scène, en plus, nous a expliqué ce que veut dire Marivaux et ce que lui, a voulu signifier, j'ai pensé qu'il prenait les spectateurs pour des imbéciles.   😡

dimanche 30 juillet 2023

Yvonne de Witold Gombrowicz mis en scène par le Théâtre brûler Détruire

Au théâtre de la Factory
 

« Le théâtre comme la peste est une crise qui se dénoue par la mort ou par la guérison. »
Antonin Artaud

Yvonne est laide, empotée, timide, peureuse et ennuyeuse. Et c’est par rébellion contre les lois de la nature qui recommandent aux jeunes gens de n’aimer que les filles séduisantes que le fils du Roi la prend pour fiancée. Par crainte du scandale la famille accepte les fiançailles. Mais la venue d’Yvonne à la cour devient rapidement encombrante. Sa seule présence suffit à faire tomber les masques et révèle peu à peu les monstres endormis en chacun.

A travers la force comique et destructrice du texte de W. Gombrowicz, le Théâtre Brûler Détruire accouche d’un spectacle radical et furieusement joyeux à l'esthétique puissante et ambitieuse. Un spectacle physique grave et brûlant comme une danse passionnelle entre tragédie et burlesque, sauvagerie et tendresse. Un spectacle de troupe débordant de vie, débordant du plateau. C’est l’expérience d’un théâtre cruel et drolatique, une comédie humaine ou irrévérence devient langage visuel. Car si le théâtre est incohérent, idiot, incompréhensible et violent c’est qu’il est le reflet du monde. N'est-ce pas ? Il n’y aurait entre la scène et la salle que la distance d’un objet à son image. Très proche. Vous êtes très proche.

 

Mon avis

"Elle ne parle pas, elle ne dit rien. Mais ne rien dire, ne serait-ce pas sournoisement tout insinuer ? Insupportable. Brûler détruire la mollichonne." C'est par cette phrase que le Théâtre Brûler Détruire présente la pièce du dramaturge polonais Wiltold Gombrowicz et, effectivement, que de force dans ce silence et quel déchaînement de violence il va  provoquer ! Une mention spéciale à la comédienne, Lea Lévy, qui joue le rôle d'Yvonne. Exprimer autant sans dire un mot, quel exploit !

Cette tragédie de l'absurde qui rappelle par certains aspects Ubu Roi et le théâtre de Ionesco dénonce tous les abus de pouvoir, toutes les formes de domination, celles d'un dictateur sur ses sujets, de l'homme sur la femme, du fort sur le faible, du persécuteur sur sa victime, celles de la beauté qui exclut, du groupe qui rejette la différence. Et c'est vrai que nous ne pouvons que nous sentir concernés !

Brûler, détruire, c'est effectivement, ce que fait la troupe de comédiens qui nous entraîne avec eux dans la folie, le grotesque, la cruauté et pourtant nous fait rire !  Une aventure théâtrale surprenante, ahurissante, loufoque, puissante, tragique et pourtant, - pour reprendre les mots du texte ci-dessus -, "furieusement joyeuse "!

Quelle pièce ! Quelle mise en scène  ! Quels comédiens !

La dernière pièce de "mon" Festival vue le 29 Juillet 2023 à 20H 50 ! On ne pouvait finir mieux!

 

FACTORY THEATRE
 
YVONNE
 
D'après WITOLD GOMBROWICZ
Traduction K. Jelenski & G. Serreau
Par le THÉÂTRE BRÛLER DÉTRUIRE
Mise en scène
Chloé Bourhis
Clément Le Roux
Avec
Mélissandre Archimbaud
Quentin Carpentier
Matthieu Gabanelle
Léa Levy
Clément Le Roux
Johann Poels
Création lumière
Thomas Ozeray
Scénographie
Clément Le Roux
Régie lumière
Thomas Ozeray
Régie son
Chloé Bourhis
Production
Théâtre Brûler Détruire
Avec le soutien de la Fabrique des Arts de Carcassonne Agglo.
Avec 7 nominations, Yvonne a remportée 4 prix lors de la cérémonie des Jacques 2023. Meilleur Spectacle 2023, Meilleure Actrice (Léa Levy), Meilleur Acteur (Johann Poels), Meilleure Création Lumière (Thomas Ozeray)
« Une inventivité foisonnante, j’aime la noirceur lumineuse avec laquelle ils éclairent cette pièce, elle est monstrueuse et résonne très fort aujourd’hui. »
Lionel Lingelser, Munstrum Théâtre

Non loin d'ici de John-Patrick Shanley

 



 THEATRE LES GEMEAUX

« Un Pagnol à l’Irlandaise »

Cette comédie dramatique raconte l’histoire de deux célibataires quarantenaires, Anthony et Rosemary.
Anthony a passé toute sa vie dans la ferme familiale, enfermé dans sa solitude. Rosemary, qui vit dans la ferme voisine depuis toujours, l’attend … laissant s’écouler les années éternellement.

Alors que le père d'Anthony menace de le déshériter et de vendre la ferme, le rêve de Rosemary s’effondre. Et si Anthony venait à s’envoler loin, loin d’ici ?...

Dans cette pièce, John Patrick Shanley propose une introspection, à la fois drôle et émouvante, sur nos rêves et nos désirs, enfouis sous la chape du déni et de la fuite. La remise en cause des certitudes et des peurs est douce et familière car l’histoire qui nous est présentée est à la fois proche et éloignée de notre quotidien. 

 On se rassure en se disant que c’est « non loin d’ici ». La pièce parle d'amour, de deuil et de transmission. Les personnages ressemblent à des archétypes qui, se fissurant, expriment une humanité touchante, comme dans une photo de Raymond Depardon. Ils transmettent un message d’espoir : il n’est jamais trop tard pour vivre librement. Mais pour cela il faut s’affranchir des atavismes familiaux… Et le plus tôt sera le mieux !


Mon Avis

La qualification d'un Pagnol à l'irlandaise ne me paraît pas bien choisie ! Non, le ton n'est pas celui de Pagnol et nous sommes loin de la faconde, du soleil et des mas provençaux. La pièce nous parle du froid et de la solitude, de "taiseux" qui ne savent pas exprimer pas leurs sentiments, des années qui s'écoulent avec le passage triste (mais beau) des saisons, des envies de suicide, des rêves d'évasion. 

Nous vivons en Irlande, dans des fermes isolées, nous pourrions être en Lozère sur les hautes terres... La comparaison avec le film de Raymond Depardon me paraît plus juste. 

Nous sommes dans un pays où le père est prêt à enlever la ferme à son fils parce qu'il "n'aime" pas la terre même s'il la travaille laborieusement, cette terre, et y consacre sa vie. Le ton est juste et vrai, entre émotion et humour.

La pièce est comme une petite musique douce, mélancolique, rythmée par les belles images en écran de fond, aux couleurs de l'automne, de la neige et de la floraison, en un retour qui paraît éternel ! Et on aimerait qu'ils se disent, "je t'aime ", ces deux-là, au lieu de vivre seuls, crevant de solitude, chacun dans sa maison familiale, après la mort de leurs parents. Heureusement, la pièce se termine par une jolie note d'espoir !



Un beau spectacle que j'ai beaucoup aimé et bravo aux quatre comédiens!

 

 NON LOIN D'ICI
 
Auteurs

John Patrick Shanley, Adaptation : Julie Delaurentis 

 


Interprètes / Intervenants

  • Mise en scène : Manuel Olinger
  • Interprète(s) : Pierre Santini, Gregori Derangère, Michèle Simonnet, Julie Delaurenti
  • Lumières : Didier Brun
  • Musiques : Jean-François Farge
  • Décor : Virgile Baron
  • Costumes : Atelier Des Petites Mains
  • Régisseuse : Floriane Vaesken
  • Photos : Aurore Vinot

 

Cie Div'Art L-D-19-234

Produit par la compagnie Div'Art avec la participation de Gilles Bonamy.
Soutenu par la SPEDIDAM, Le Parc naturel régional Normandie Maine et le Conseil Départemental de l'Orne.


 

samedi 29 juillet 2023

Le Moby Dick de Lina Lamara


 

 

Ishmael, est embauché chez les dockers du Havre en janvier 2002 en tant qu'ouvrier docker occasionnel (ODO). C'est sa première fois sur un port. Dans cet univers opaque et masculin, il se lie doucement d'amitié avec "les camarades" avant d'assister à la plus grande grève connue sur le quai et dans le monde. Cette crise des "ports-morts" devient symbole de barricade et le porte-conteneur, une bête immonde à abattre. Ishmael ne connaît rien au monde des dockers, il est pris en main par Koubiac, le plus paternel de la bande. Ishmael rencontre La Poigne, Chico, L'Aiguille, Le Grand, Sidi Saïd et le Capitaine Achab qui vient d'amarrer.
Ishmael rencontre ces personnalités dans un univers fascinant. On découvre leur monde, leur routine, leur culture. Être docker, c'est rentrer dans une famille et aimer son travail, sa besogne !
Des nouvelles mesures pour augmenter leur cadence et l'accident de l'un d'entre eux mettent le feu aux poudres. La solidarité des dockers étant sans égal, leur grève devient mondiale en un rien de temps. Les dockers bloquent les porte-conteneurs que le capitaine Achab compare à un cachalot immonde. Face à cet évènement, les transports de marchandises se multiplient par voie terrestre et aérienne. Les routes saturent pendant que la congestion des porte-conteneurs s'allongent sur les eaux.
Dans les médias, "le port mort" est le sujet principal. Passant pour de "simples râleurs", les dockers sont soudainement pointés du doigt et pris pour les responsables d’un fléau écologique sans nom. Les gouvernements trouvent dans cette crise, la réponse presque parfaite. "Docker, l’enfer !".
Les ouvriers se retrouvent coincés entre des civils en colère, les représentants de force de l'ordre et des médias prêts à faire sensation.
Les quais deviennent le bord de leur précipice, les conteneurs, leur prison.


 Mon avis : 

A partir d'un fait historique la grève des "ports morts" qui témoigne de la fin d'un monde où l'on n'a plus besoin de dockers mais d'ingénieurs pour conduire les machines - le spectacle intitulé Le Moby Dick de Lina Lamara qui est aussi à la mise en scène, nous offre un voyage entre deux :  réalité historique et sociale et littérature car cette grève qui se déroule à l'ombre fabuleuse du Moby Dick, sous la conduite du capitaine Achab, personnage réel ou échappé du roman de Melville, prend une dimension fantastique. 
 
En effet, les décors sont impressionnants!  L'immense container qui occupe le centre de la scène, démantelé par une équipe de comédiens, dockers aux gros bras plus vrais que nature, se transforme  tour à tour en échelles, grues de levage, échaffaudages et enfin navire gigantesque! 
 
 Une seule femme au milieu de ce monde masculin.
 
Angoisse du néant, indignation, désarroi de se sentir inutiles dans une mondialisation de l'économie qui n'a plus rien d'humain, peur du chômage, drames personnels... mais aussi amitié, solidarité, c'est tout cela que transmet ce texte. 
 
Et quand la troupe exécute une danse virile, emplie de colère sur une chorégraphie de Morgan L'Hostis,  orchestrée par des airs d'opéra, on a vraiment l'impression d'entrer dans une autre dimension et d'assister à une tragédie lyrique marquée par le destin.

 Un excellent spectacle !

 LES GEMEAUX

LE MOBY DICK

Horaire : 11h35

Lieu : Salle du Dôme

Relâches : 
Mercredis 12, 19 et 26/07

Durée : 1h20

De : Lina Lamara

Mise en scène : Lina Lamara

Avec : Alain Leclerc, Akim Chir, Adrien Bernard-Brunel, Alexis Desseaux, Alex Metzinger,

Valérie Zaccomer, Nicolas Soulié, Stéphane Titeca, Antonio Macipe, Pierre Benoist

Chorégraphies et assistanat à la mise en scène : Morgan L’hostis

ScénographieVincent Para et Nadia Lamara

Création lumière : Marie Ducatez

Musiques : Kenzy Lamara

Costumes : Virginie H.

Création visuelle : Philippe Sheraf

Régisseuse son : Marion Hennenfent

Production :  Compote de prod, 8256 Street et La Neuvième production

 

Soutiens : spectacle créé au Théâtre des Franciscains, ville de Béziers et à l'Espace 1500, ville d'Ambérieu en Bugey

vendredi 28 juillet 2023

Le huitième ciel de JeanPhilippe Daguerre, auteur et metteur en scène

 

Au théâtre actuel : Florance Pernel et Charlotte Matzneff

Agnès Duval a construit 27 buildings dans 27 pays d’Europe pour un immense groupe de BTP. Forte de sa « réussite » et de sa Légion d’honneur, elle décide de prendre une pré-retraite bien méritée pour profiter de la vie, de sa famille et de sa fortune. Mais une rencontre inattendue va faire voler en éclats son monde et ses convictions… et l’obliger à se réinventer.

Le huitième ciel est un spectacle réjouissant d'où l'on sort heureux et réconciliés avec la nature humaine. Ce qui n'arrive pas souvent ! Et cela fait du bien, pour une fois, une pièce qui ne broie pas du noir et qui adopte un point de vue optimiste. Agnès Duval, joliment interprétée par Florence Pernel, a passé sa vie à construire des buildings, a exercé le pouvoir que donnent l'argent et sa position sociale à la tête d'une entreprise. Peu importe les expropriés, les gens chassés de leur  maison, les passe-droits et autres exactions nécessaires pour réaliser son "oeuvre"... elle a réussi ! Aussi est-il difficile pour elle de se retrouver sur la touche lorsqu'elle prend une retraite anticipée qui la rejette dans le néant ! 
C'est peut-être le moment de se rendre compte qu'elle est passée à côté de sa fille et de son mari, qu'elle ne s'est intéressée à personne d'autres qu'à elle-même !  Si vous avez la chance de voir la pièce, vous saurez ce qui va provoquer sa prise de conscience ! 
La pièce est pleine d'humour et d'émotion. Tous les comédiens de la compagnie Babouchka ( Le voyage de Molière) incarnent avec sensibilité et brio de beaux personnages qui nous touchent et nous font rire.  Et tant pis pour ceux reprochent à la pièce ses "bons sentiments" puisqu'elle nous invite à gratter le ciel et nous donne de l'espoir !

   

LE HUITIEME CIEL  THEATRE ACTUEL 19H30

Distribution
Texte et mise en scène Jean-Philippe Daguerre
Interprétation Florence Pernel, Bernard Malaka, Charlotte Matzneff, Marc Siemiatycki, Antoine Guiraud, Tanguy Vrignault
Décor Juliette Azzopardi et Jean-Benoît ThibaudCostumes Alain BlanchotLumières  Moïse Hill 
Création musique et assistant mise en scène Hervé Haine
Production Le Théâtre Actuel – La Bruyère, Le Grenier de Babouchka, Le Théâtre de la Renaissance, RSC P, Théâtre Rive Gauche et Macal Prod

Photos © Grégoire Matzneff

 

jeudi 27 juillet 2023

Stefan Zweig : La peur mise en scène par Elodie Menant à la Scala de Provence

 

A la Scala de Provence

 

 LA SCALA DE PROVENCE : LA PEUR

Présentation du programme du Off

 Un univers à la Hitchcock.

Dans les années 50, Irène, mère au foyer, trompe son mari, Fritz, avocat pénal. Un soir, une femme l’interpelle à la sortie de chez son amant. Elle prétend être la petite amie de ce dernier, interdit à Irène de revenir le voir et lui réclame de l’argent en échange de son silence. Dès lors, Irène vit dans la hantise que son mari apprenne sa liaison et s’enferme dans le mensonge. Entre Hallucinations, manipulations, quête de la vérité, cette pièce nous tient en haleine de bout en bout… jusqu’au dénouement final saisissant, véritable renversement de situation. Du grand Stefan Zweig !

 

Mon avis

 Non, ce n'est pas du grand Stefan Zweig ! C'est tout autre chose que Stefan Zweig ! C'est du Elodie Menant, la metteuse en scène, qui a tiré à soi l'oeuvre de l'écrivain pour en faire une pièce féministe ! Donc, on peut même dire que c'est tout à l'opposé de la nouvelle et des idées de Stefan Zweig.

En fait, dans la nouvelle, Irène, la femme adultère, est soulagée, heureuse et reconnaissante à son mari quand elle est pardonnée et que le cauchemar se termine. (voir ci-dessous mon billet que je republie). Quand j'ai lu le livre, cela m'a d'ailleurs un peu choquée qu'elle réagisse ainsi et qu'elle accepte ce que son mari lui avait fait ... Je ne développe pas plus pour vous laisser l'effet de surprise du dénouement. Puis, je me suis dit qu'il ne fallait pas juger avec la mentalité de mon époque. En 1920, date de la publication de la nouvelle, une femme de ce milieu ne pouvait penser autrement!  

Dans la pièce de théâtre, non seulement Irène n'est pas soulagée mais, encore, elle est révoltée et s'indigne. Elle juge que son mari, aussi, a mal agi envers elle, que les torts sont partagés et que le pardon doit être réciproque. C'est pourquoi Elodie Menant a transposé sa pièce dans les années 50, à l'aube de la timide et très relative indépendance de la femme.

Et pourquoi pas ? Peut-être est-ce dommage que le personnage du mari soit plus violent qu'il ne l'est dans la nouvelle. Il n'est pas nécessaire de le rendre antipathique. Le procédé qu'il emploie pour obtenir l'aveu de sa femme est déjà assez cruel !  Stefan Zweig est plus subtil dans l'analyse de ses personnages.

L'interprétation est bonne, la peur, les tourments des personnages sont bien rendus.

 Je n'ai pas trop aimé le décor, les murs très hauts de cet appartement, enserrant les personnages, m'ont gênée.

Un pièce intéressante !

 

PS :  Ma petite-fille (13 ans) s'est ennuyée. Elle dit que les personnages font beaucoup d'histoires pour pas grand chose ! L'adultère ?  Après tout, une femme a  bien le droit d'avoir un autre amoureux si elle ne veut plus de son mari ! 2023 ! Et oui, nous ne sommes plus en 1920 ni même en 1950 !

 

Interprètes / Intervenants

  • Mise en scène : Elodie Menant
  • Interprète(s) : Hélène Degy, Aliocha Itovitch, Ophélie Marsaud, Elodie Menant
  • Régisseur : Damien Peray
  • Costumière : Cecile Choumiloff
  • Créateur lumière : Olivier Drouot
  • Constructeur : Olivier Defrocourt
Compagnie Carinae

 

LA SCALA DE PROVENCE

La peur
Durée : 1h15
du 7 au 29 juillet - Relâches : 10, 17, 24 juillet

à 19h30

 

 

LA PEUR  de Stefan Zweig

La peur est une nouvelle de Stefan Zweig  dans laquelle l’écrivain analyse les sentiments d’une femme infidèle en butte à un chantage.

Irène Wagner a un amant, un pianiste de milieu modeste. Un jour qu’elle sort de chez lui, elle est abordée par une femme d’apparence vulgaire qui lui reproche de lui avoir pris son amant. Désormais la peur s’empare de la jeune femme. L’inconnue la suit et la fait chanter, lui extorque de l’argent. Un jour, elle va jusqu’à s’introduire chez elle en présence de son mari et ses enfants. La peur devient  obsession, vire au cauchemar dans une sorte de crescendo étouffant malgré les tentatives de son mari qui s’aperçoit de son trouble et semble prêt à l’écouter. Elle n’ose plus sortir de chez elle, vit dans l’attente d’une catastrophe, se sent constamment menacée.

"Elle se sentait malade. Elle devait parfois s'asseoir subitement, tant son coeur était pris de palpitations violentes ; le poids de l'inquiétude répandait dans tous ses membres le suc visqueux d'une fatigue presque douloureuse, qui refusait pourtant de céder au sommeil;"

Stefan Zweig analyse les sentiments de cette grande bourgeoise, femme de magistrat, qui toujours eu une vie protégée et facile. N’est-ce pas par ennui et non par passion qu’elle a pris un amant ?

"Blottie paresseusement dans la tranquillité d’une existence bourgeoise et confortable, elle était tout à fait heureuse aux côtés d’un mari fortuné, qui lui était intellectuellement supérieur, et de leurs deux enfants. Mais il est une mollesse de l’atmosphère qui rend plus sensuel que l’orage ou la tempête, une modération du bonheur plus énervante que le malheur. La satiété irrite autant que la faim, et la sécurité, l’absence de danger dans sa vie éveillait chez Irène la curiosité de l’aventure."

Elle prend alors conscience de tout ce qu’elle va perdre si son mari découvre son infidélité :  ses enfants, un mari qu’elle aime, une vie aisée… Il se passe peu de choses dans cette nouvelle, tout tient dans l’intensité dramatique que Stefan Zweig a su créer. C’est avec une rare maîtrise qu’il analyse la psychologie de ce personnage féminin dont on l’impression qu’il a le pouvoir de pénétrer la conscience et de la mettre à nue devant nous.

Une lecture prenante, d’une telle force et d’une telle acuité que l’on ne peut s'arrêter dans la lecture jusqu’au dénouement. Pourtant celui-ci ne m'a pas surprise car je m’y attendais un peu mais, à mon avis, ce n'est pas ce qui est important. 

 J’ai lu cette nouvelle parce que je vais assister à la pièce adaptée à la scène  au festival d’Avignon le 16 juillet à La Scala de Provence. Je vous dirai ce que j’en pense en temps voulu. Je dois dire que je suis curieuse de voir comment on peut rendre au théâtre cette urgence de la lecture qui s'empare du lecteur et cette profondeur dans l’analyse.

 

mercredi 26 juillet 2023

Racine : Phèdre mise en scène Laurent Domingos



 

Présentation programme Théâtre Le roi René

Une mise en scène corporelle, sauvage et mystique, par la Minuit44, spécialiste de Racine.

Phèdre, reine d’Athènes, possédée par Vénus, brûle de désir pour Hippolyte, le fils de Thésée, son époux. Mais ce roi que l’on croyait mort, est de retour des Enfers. Le désir honteux de Phèdre se transforme alors en sentence mortelle.

L’ajout du personnage de Vénus, empruntée à "Hippolyte Couronné” d’Euripide, nous interroge sur la notion du libre arbitre. Tantôt acrobate perchée sur son mât, tantôt musicienne dissimulée dans le public, la déesse actionne les rouages de la tragédie, et piège les personnages entre désir, honte, aveu, jalousie et vengeance.


 Mon avis

 Phèdre est ma pièce préférée de Racine, celle dont je connais des passages par coeur, celle dont la langue m'enchante, dont la musicalité me touche le plus "Dieux ! Que ne suis-je assise à l'ombre des forêts"... "Le ciel n'est pas plus pur que le fond de mon coeur ". C'est celle qui nous plonge au plus profond des mythes grecs, qui approche de plus près le monstre que chacun porte en soi, Phèdre, la fille de Minos et de Pasiphaé, entre ombre et lumière, entre le Bien et le Mal. 

C'est la pièce qui, aussi, pose avec le plus d'intensité la question de la liberté de l'Homme et où Racine, le janséniste, nous révèle sa foi en la prédestination : " C'est Vénus toute entière à sa proie attachée". Effectivement, chaque personnage de la pièce paraît avoir le choix :  Thésée quand il appelle la vengeance divine sur la tête de son fils Hippolyte ; Aricie quand elle ne dit pas à Thésée que son fils est innocent et surtout Phèdre lorsqu'elle avoue son amour à son beau-fils puis accuse le jeune homme par l'intermédiaire d'Oenone, sa suivante. Tous ces personnages vont inexorablement à leur perte, tous sont entraînés vers une fin tragique. C'est que Dieu (ici Vénus) ne permet pas qu'ils échappent à leur destin.

C'est pourquoi le metteur en scène, Laurent Domingos, a une très belle idée en introduisant le personnage de Vénus emprunté à Euripide. Il  fait de la déesse - qui arbore tout au long du spectacle un sourire cruel -  un démiurge qui manipule les humains, tire les ficelles comme s'il s'agissait de marionnettes,  et à la fin, ébauche un geste triomphal lorsqu'elle les amène là où elle voulait !

Les comédiens ont tous une diction parfaite, un beau phrasé et une humanité qui touchent le spectateur. La mise en scène dynamique, violente, à la mesure de la tragédie, les costumes et les armures qui rappellent que Thésée et Hippolyte sont des guerriers prompts à tirer l'épée, les jeux d'ombre et de lumière, tout m'a plu dans cette mise en scène de la tragédie.

Un coup de coeur !

  PS : j'ai voulu amener ma petite-fille (13 ans)  voir Phèdre. Comme elle s'était ennuyée ( c'est peu de le dire ) à la représentation de Berénice récemment, j'espérais que Phèdre où il y a plus d'action, de revirements de situations, de coups de théâtre, lui plairait !  Et bien, c'est raté ! Je crois qu'il faut abandonner l'idée de lui faire aimer Racine ! Tant pis ! Elle aime Molière, Beaumarchais, Marivaux, Shakespeare...

 LE ROI RENE

PHEDRE RACINE 

à 17h30

 du 7 au 29 juillet - Relâches : 10, 17, 24 juillet

Interprètes / Intervenants

  • Mise en scène : Laurent Domingos
  • Interprète(s) : Alexiane Torres, Thomas Silberstein, Laetitia Lebacq, Luna Mitti, Aurélie Cuvelier Favier, Guillaume Blanchard, Laurent Domingos
  • Son/Lumière : Sarah Ancel
  • Scénographie/Costumes : Delphine Ciavaldini

 

Compagnie Minuit44

mardi 25 juillet 2023

Nathalie Sarraute : Pour un oui ou pour un non

 

 

 Au théâtre du Cabestan

Pour un oui ou pour un non est une pièce de théâtre de Nathalie Sarraute, créée comme pièce radiophonique en décembre 1981, publiée en 1982 et représentée pour la première fois au théâtre en 1986. C'est la pièce la plus jouée de Nathalie Sarraute, avec plus de 600 représentations professionnelles depuis sa création. (Wikipedia)

Deux amis proches, pour une expression maladroitement employée, déclenchent une guerre qui met en cause leur amitié, leur partage, leur complicité. Les mots se chargent de comique, de tragique, de ridicule et d’absurde pour aboutir à un échange verbal qui fait de ce texte une tragi-comédie contemporaine unique.

Mon avis

 Quel plaisir de voir  pour la première fois sur scène cette pièce que j'ai lue et appréciée il y a déjà bien des années !

Imaginez deux amis d'enfance, avec tout ce que cela comporte de moments partagés, de complicité, de souvenirs communs. L'un d'eux réussit très bien socialement. Quand l'autre, qui se sent peut-être dévalorisé, se vante d'avoir réussi, le premier  lui répond : " C'est bien, ça !".

 Pas de quoi fouetter un chat, semble-t-il ! Oui, mais ... cela dépend comment la phrase est dite et comment on la reçoit. De fil en aiguille, les deux amis vont vider leur sac et mettre des  mots sur des riens, petites mesquineries, jalousies, sentiments refoulés, mais qui, une fois exprimés, se révèlent au grand jour. Et voilà comment, pour un oui ou pour un non, la belle amitié est brisée.

Les amis interprétés par Pablo Chevalier, Josselin Girard, se font face sur la scène et tiennent les spectateurs en haleine !  Tout le jeu, qui procure un vif plaisir, consiste à l'interprétation d'une phrase que le ton de la voix, les pauses,  les respirations, éventuellement le geste accompagnateur, peuvent rendre élogieuse ou péjorative. Il fallait d'excellents comédiens pour donner à entendre toutes les nuances de la langue française, de ses intonations, et il fallait Nathalie Sarraute pour jouer ainsi avec le langage et pour peindre avec tant de subtilité la psychologie de l'âme humaine !

Encore un coup de coeur !

PS : J'ai décidé de n'écrire dans mon blog que sur "mes" spectacles "coup de coeur"  ou sur ceux que j'ai aimés, mais j'en vois beaucoup d'autres que j'apprécie diversement ou pas du tout !  ( 37 )  Et plus j'en vois, plus j'aime le théâtre !

 

LE CABESTAN

du 7 au 29 juillet

à 10h00

Interprètes / Intervenants

  • Mise en scène : Bruno Dairou
  • Interprète(s) : Pablo Chevalier, Josselin Girard
  • Design graphique : Camille Vigouroux
  • Scénographie : Philippe Robinet
  • Perspectives (Cie des)

     

Julien Delpech et Alexandre Foulon : Les Téméraires

Les Téméraires

 

1894. L’affaire Dreyfus coupe la France en deux.

D’un côté, l’armée et l’État propageant des fausses rumeurs baignées d’antisémitisme ; de l’autre, Émile Zola et Georges Méliès.

L’un avec sa plume, l’autre avec la première caméra au monde, mais tous deux aidés par leurs incroyables femmes, s’engagent dans une lutte pour la vérité. Si la défaite semble toute tracée, leurs courages en auront décidé autrement.

Mon avis :
 
Une très belle pièce au théâtre des Gémeaux : le combat d'Emile Zola et celui de Méliès  contre l'injustice, l'intolérance et l'antisémiste. Téméraires, en effet, ils l'étaient ces deux hommes ! Ils firent tout, mettant leur confort, leur liberté et jusqu'à leur propre vie en jeu, pour faire reconnaître l'erreur judiciaire et le mensonge des tribunaux militaires qui ont innocenté sciemment le vrai coupable. Ils dénoncent, l'un par un film, l'autre par ces écrits, ce scandale d'Etat. Un grand moment d'émotion, ce qui n'empêche pas le rire car l'humour est bien présent ! On vibre en écoutant le fameux J'accuse! et on découvre avec intérêt des extraits du film de Méliès qui fut censuré en France mais qu'il put projeter partout en Europe et en Amérique. On rit en assistant, par exemple, au "tournage" du film de Méliès !
L'Histoire avec un grand H se mêle à celle plus intime de Zola qui mène une double vie, partagé entre son épouse, une femme étonnante, d'une grande force, sa maîtresse et les enfants qu'il eut d'elle.  
Ces beaux personnages, Zola, Méliès et le lieutenant-colonel Picquart ( Ce dernier a dénoncé le scandale pour innocenter Dreyfus), leurs femmes, nous touchent d'autant plus que l'interprétation est excellente, certains comédiens assumant plusieurs rôles avec autant de maîtrise. Une mention spéciale pour le comédien Stefane Dauch, qui incarne Zola. Une ingénieuse scénographie vient ajouter au plaisir du spectacle.

photo Grégoire Matzneff


Un coup de coeur !

 

THÉÂTRE LES GÉMEAUX

Horaire : 17h05

Lieu : Salle des Colonnes

Relâches : 
Mercredis 12, 19 et 26/07

Durée : 1h30

De : Julien Delpech et Alexandre Foulon

Mise en scène : Charlotte Matzneff

Assistée de : Manoulia Jeanne

Avec : Stéphane Dauch, Armance Galpin, Antoine Guiraud, Romain Lagarde, Barbara Lamballais
Sandrine Seubille, Thibault Sommain

Musique : Mehdi Bourayou

Costumes : Corinne Rossi

Lumières : Moïse Hill

Scénographie : Antoine Milian

Production : Marilu Production, Le Grenier de Babouchka, IMAO , Place 26