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mardi 8 septembre 2015

Pete Fromm : Lucy in the Sky



Bien sûr, Pete Fromm, pour moi, c’est d’abord l’inoubliable Indiana Creek et aussi Avant la nuit. C'est le premier auteur qui m’aura amenée à m’intéresser à des histoires de pêche (ou plutôt de pêcheurs) car le sujet de ses livres c’est avant tout l’humain  : c’est à dire nous!
Avec Lucy in the Sky  - qui est un clin d’oeil à la chanson des Beatles- , paru aux éditions Gallmeister, Pete Fromm brosse avec beaucoup de vérité le portrait d’une jeune fille de 14 ans. Pour Lucy, la métamorphose de l'adolescence est un processus douloureux.  La fin de l’enfance, c’est la découverte de la mésentente de ses parents : un père, bûcheron, qui quitte la maison une grande partie de l’année et qui ne témoigne de son affection que par un mot derrière une carte ! Une mère, mariée jeune, qui ne peut plus supporter l’attente, qui meuble sa solitude avec les amants d’un moment. Et puis le corps de Lucy change, la voilà embarrassée par les attentions des garçons, une nouveauté qu’elle accepte mal, elle qui  a toujours eu la tête rasée par son père et qui s’est toujours comportée comme celui-ci le souhaitait, en garçon. Les rapports sexuels sont pour elle une source de tourments et elle se défend de « finir » comme sa mère. Elle ne veut pas tomber dans le piège de l’amour et se retrouver mise de côté, en attente!
Le roman de Pete Fromm est très bien écrit. L'atmosphère de Greats Falls, petite ville du Montana, est bien rendue. La condition féminine aux Etats-Unis dans les classes populaires n’a pas de quoi faire rêver et l’écrivain excelle à faire vivre devant nous ces femmes qui ont dû assumer une maternité non souhaitée alors qu’elles étaient trop jeunes et qui se retrouvent bien vite seules et sans rêves. Il semble qu’il y ait là un déterminisme social et il est très difficile d’y échapper d’où la révolte de Lucy. Mais c’est une fille qui n’a pas froid aux yeux et le dénouement nous laisse sur un interrogation plutôt positive : Peut-être s’en sortira-t-elle?
J’ai donc bien aimé ce livre mais moins que les autres oeuvres de l’auteur, peut-être parce qu’il traite d’un sujet moins original et que j’ai déjà retrouvé dans de nombreux romans américains. Ce qui ne l'empêche pas d'être réussi!

Pete Fromm est un des auteurs favoris des libraires indépendants américains : il a été 5 fois lauréat du prix des libraires du Pacifique Nord-Ouest (PNBA Award), y compris avec Lucy in the Sky.
Ce livre a obtenu un succès critique important à sa sortie aux États-Unis, notamment pour la finesse et la profondeur des personnages féminins. Il vient d’être adapté au cinéma avec Claire Danes dans un des rôles principaux. (Editions Gallmeister)







mardi 1 septembre 2015

Toni Morrison : Beloved




 Toni Morrison : Prix Nobel de Littérature en 1935
Vers 1870, aux États-Unis, près de Cincinnati dans l'Ohio, le petit bourg de Bluestone Road, dresse ses fébriles demeures. L'histoire des lieux se lie au fleuve qui marquait jadis pour les esclaves en fuite la frontière où commençait la liberté. Dans l'une des maisons, quelques phénomènes étranges bouleversent la tranquillité locale : les meubles volent et les miroirs se brisent, tandis que des biscuits secs écrasés s'alignent contre une porte, des gâteaux sortent du four avec l'empreinte inquiétante d'une petite main de bébé. Sethe, la maîtresse de maison est une ancienne esclave. Dix-huit ans auparavant, dans un acte de violence et d'amour maternel, elle a égorgé son enfant pour lui épargner d'être asservi. Depuis, Sethe et ses autres enfants n'ont jamais cessé d'être hantés par la petite fille. L'arrivée d'une inconnue, Beloved, va donner à cette mère hors-la-loi, rongée par le spectre d'un infanticide tragique, l'occasion d'exorciser son passé. (Source Babelio) 
Beloved de Toni Morrison est un roman magnifique qui échappe à toute classification. Ce n’est pas à proprement parler un roman réaliste même s’il parle de toutes les humiliations, les tortures, les souffrances de l’esclavage. Les détails sont terribles, crus et sans complaisance. L'horreur des punitions, la brutalité et la violence, la privation de la liberté qui avilissent l'esclave, le ravalent au rang de la bête, forment un leitmotiv incantatoire et douloureux. Mais le style de l’écrivain transcende la souffrance des individus pour en faire un chant de douleur du peuple noir. Le lyrisme de la prose rappelle les gospels et spirituals qui accompagnaient les fugitifs dans leur recherche de la liberté tout au long du chemin de fer clandestin.
Mais, tout en soulignant le destin du peuple noir, Toni Morrison dresse des portraits individuels inoubliables; en particulier ceux de ces femmes fortes auxquels nous nous attachons comme celle de la grand mère Baby Suggs, une femme qui ne semble ne pas pouvoir plier, chef spirituel de toute la communauté mais qui, dans son immense générosité, sera victime de la mesquinerie de ses semblables. Et puis, Sethe, bien sûr, la mère courage, la mère tragique, qui sacrifie ses enfants dans un geste d’amour grandiose et fou pour leur épargner ce qu’elle a vécu. Une mère qui porte le poids du remords et de la culpabilité durant toute sa vie. Enfin, la frêle Denver qui se révèle de la même trempe que ses aïeules et qui représente peut-être l’espoir dans l’avenir. Autour de ces figures centrales gravite tout une foule de personnages qui forment une humanité étonnante parfois dans ses élans de bonté ou de cruauté mais toujours hautement colorée.
Et puis il y a la dimension fantastique du roman, la présence des morts parmi les vivants, ces esprits qui semblent appartenir à des réminiscences des croyances ancestrales africaines, un fantastique qui côtoie le réel. Mais peut-être faut-il voir ce fantôme, Beloved, comme l’incarnation de la souffrance du peuple noir? C'est peut-être pourquoi quand Beloved est enfin chassée et disparaît, l’espoir est à nouveau permis?
Un grand roman qui occupe une place à part dans la production littéraire des Etats-Unis.

Ce roman a été lu dans le cadre du blogoclub de Sylire et Lisa


Chez Titine Blog Plaisirs à cultiver

lundi 1 septembre 2014

Joyce Maynard : Les filles de l'ouragan




Les filles de l'ouragan de Joyce Maynard conte l'histoire de deux fillettes nées le même jour dans le New Hampshire dans les années 50. Signe distinctif : Elles sont "soeurs d'anniversaire"  car elles ont été conçues toutes les deux le jour du fameux ouragan qui a dévasté le pays. Un peu mince comme lien surtout pour deux enfants aussi dissemblables, vivant dans des familles si éloignées par l'esprit, les goûts et le milieu social. Les Plank sont des ruraux, conservateurs, et la mère est très religieuse et collet monté. Ils élèvent strictement mais avec attention leurs nombreuses filles. Les Dickerson sont bohêmes, déboussolés, la mère est peintre, le père est un raté, toujours en train de partir sur les routes pour placer une de ses inventions. Tous deux semblent souvent oublier jusqu'à l'existence de leurs enfants, Ray et Dana.
Dana Dickerson au physique ingrat est passionné par l'agriculture, Ruth Plank, très belle, est artiste jusqu'au bout des doigts; elle adore dessiner. Aucune affinité entre elles et pourtant la mère de Ruth tient à perpétuer ce lien avec obstination même quand les parents de Dana déménagent. Chacune va faire sa vie de son côté jusqu'au moment où va leur être révélé le secret de leur existence.

Je dis tout de suite que ce secret ne m'a pas du tout convaincue! Qu'on le devine très rapidement ne m'a pas trop gênée mais le fait qu'il repose sur la psychologie des personnages par contre oui! Les  réactions de chacun me paraissent fausses et l'intrigue invraisemblable. Je n'en dirai pas plus pour ne pas tout révéler.

Par contre j'ai aimé suivre le parallèle entre les deux personnages dont la vie est présentée sous le point de vue de Dana ou Ruth. Il s'agit d'un roman d'initiation réussi dans lequel le lecteur découvre la vie familiale parfois douloureuse de chacune, les relations avec leur père  et leur mère respectifs, leurs études, la découverte de l'amour. Les personnages sont attachants et nuancés. Le roman permet de découvrir ce qu'était la vie dans cet état d'Amérique dans les décennies 50 et suivantes. En fait le récit couvre une cinquantaine d'années. Nous explorons des milieux différents qui offrent un beau panorama social. Le contexte historique est présent avec l'assassinat de John Kennedy, la guerre du Vietnam, le mouvement hippie, le concert de Woodstock...

Une lecture agréable  que j'ai lu avec plaisir même si elle n'a pas été un coup de coeur.

A propos de Joyce Maynard on parle souvent de JD Salinger avec qui elle eut une liaison quand elle avait 18 ans. Il avait 35 ans de plus qu'elle. C'est pourquoi je ne peux m'empêcher de noter l'immense différence de conception entre Les filles de l'ouragan (2012), très classique dans la forme et le style et L'attrape-coeur, (1951) ce petit brûlot littéraire inclassable, révolutionnaire par son style et ses idées, qui lui aussi traite de l'adolescence, roman qui a enthousiasmé  la génération de mes jeunes années bien qu'il ait choqué  le public par son langage cru et les thèmes traités. L'attrape-coeur reste un chef d'oeuvre de la littérature américaine toujours étudié dans les lycées. Je ne l'ai plus relu depuis la fac!

 Joyce Maynard

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Durham, New Hampshire , le 05/11/1953
Biographie :
Connue pour avoir fréquenté, à l'âge de dix huit, le mystérieux et mythique J. D. Salinger, Joyce Maynard est également écrivain.
Si son portrait réaliste de Salinger n'avait pas bien été reçu par la critique, ses romans, en revanche ont connu un meilleur succès. En France, sont notamment parus Prête à tout (Pocket, 1995), adapté au cinéma par Gus Van Sant, et Baby Love (Denoël, 1983).
En 2010, les éditions Philippe Rey publie Long week-end (Labor Day), comédie douce-amère sur un jeune homme et sa mère qui voient leur existence bouleversé le jour où ils sont abordés par un évadé...
Son roman To Die For (Prête à tout) est adapté au cinéma par Gus Van Sant en 1995 dans le film du même nom. Elle y raconte en la romançant l'affaire Pamela Smart (en), jeune femme qui avait séduit un adolescent de 15 ans afin qu'il assassine son mari. Il s'agit d'une affaire largement médiatisée aux États-Unis où c'est le premier procès entièrement diffusé à la télévision. 



LC dans le cadre du blogoclub et Lisa et Sylire