Pages

Affichage des articles dont le libellé est Music Hall de Jean-Luc Lagarce. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Music Hall de Jean-Luc Lagarce. Afficher tous les articles

dimanche 24 juin 2018

Music Hall de Jean-Luc Lagarce Théâtre Artéphile Festival d'Avignon 2018



Music Hall est une pièce de Jean-Luc Lagarce qui est le témoignage des années de galère qu’il a vécues au cours de ses tournées en France, officiant dans des salles inadaptées et sordides, recevant un accueil qui ne fut pas toujours chaleureux. C’est son double théâtral, la Fille -à qui il donne la parole - qui est chargée de transmettre cette expérience. Et c’est ainsi que se construit devant nous et peu à peu, comme un puzzle dont on retrouve les morceaux, ce personnage d’actrice fragile, usée, qui chante des chansons démodées (Joséphine Baker ?) et qui pourtant lutte pour maintenir son image tout en ne recevant plus qu’un accueil teinté de dérision, voire de mépris… jusqu’au moment où abandonnée par ses collaborateurs, dans une salle minable, devant une salle vide, les feux de la rampe s’éteindront.
La langue de Jean-Luc Lagarce est très particulière, bribes de phrases parfois sans sujet,  mots qui reviennent comme un leitmotiv pour caractériser le personnage et peut-être le figer dans le temps : « indolent »« goguenard » ou proverbes « qui peut le plus… »,  refrain lancinant qui rend le personnage à la fois dérisoire et émouvant.
Il y a quelque chose de très beau dans ce personnage interprété avec finesse par Héléna Vautrin, c’est son refus de se laisser aller, sa lutte pour renvoyer une image glamour d’elle-même, et même si l’on devine qu’elle se grise d’une gloire passée qui n’a peut-être jamais existé, qui le sait ? la Fille conserve sa dignité et l’on se sent le coeur serré, envahi par la nostalgie de l’échec.  Un bel hommage de Jean-Luc Lagarce aux comédiens !

D’habitude, le rôle est confié à une actrice plus âgée, mais la jeunesse de Héléna Vautrin n’est pas gênante et l’on peut imaginer l’actrice telle qu’elle a été et telle qu’elle veut toujours être pour paraître devant son public.  Elle est seule en scène car l’on n’entend que la voix de deux hommes de la troupe symbolisés par deux micros. Là et déjà plus là ! Tout repose donc sur sa présence et elle est à la hauteur !

La mise en scène de Florian Simon dont la gestuelle est réglée avec précision, au millimètre près, souligne le manque de naturel de la Fille qui semble rejouer devant nous et éternellement la gloire des années passés.  Elle n’est pas elle-même mais l’image qu’elle veut donner d’elle. Ses manières compassées, sa sophistication, montrent qu’elle est toujours sur scène dans un spectacle qu’elle se donne à elle-même : changement de perruques,  robes pailletées, ongles laqués que l’on abandonne un à un sur le plancher comme une petite part de soi-même, bras émaillés d’argent et d’or, contrastent brutalement avec la mesquinerie de l’accueil, le tabouret qu’on lui refuse ou qu’on lui fait payer très cher, l’abandon du public et la solitude qui est la sienne. A noter la beauté des costumes, l'harmonie des couleurs, volonté de souligner plutôt que l'échec de l'artiste, sa grandeur ou tout au moins son panache même s'il est construit sur du vent.
Une très belle scénographie de Léa Mathé avec des jeux de lumière qui mettent en relief chaque déplacement, chaque geste jusqu'au bout des doigts, des clairs-obscurs qui sculptent l'espace scénique. C’est aussi la lumière qui matérialise la fameuse porte indispensable à l’entrée de l’artiste mais qu’on lui refuse si souvent, et illumine le voile qui sert de décor, le rideau de scène qui va se fermer à jamais.

Un très beau spectacle. Un coup de coeur !



MUSIC HALL de Jean-Luc Lagarce
 
Durée : 1h
Théâtre ARTÉPHILE
5 bis, rue Bourg Neuf

à 17h35 : du 6 au 27 juillet - Relâches : 8, 15, 22 juillet

CIE 03

Metteur en scène : Florian Simon 
Interprète(s) : Héléna Vautrin 
Scénographie : Léa Mathé
Création Lumière : Fabien Colin 
Création Musicale : Seb Lanz 
Voix : Bertrand Beillot, Etienne Delfini-Michel 
Costumes : Les costumes de Lie 
Diffusion : Elodie Couraud

Lire aussi Claudel/Kahlo/Woolf au théâtre Artéphile

VU aussi au théâtre Artéphile


 MON GRAND PERE

Les tragédies et l’accessoire. Les secrets que l’on enfouit d’une génération à l’autre et les codes familiaux que l’on se passe, d’un mot, d’une bribe de chansons, d’une expression dont on a perdu l’origine… Une famille… Celle qui traverse le très beau texte de Valérie Mréjen est au-delà de la banalité des convenances : on y a l’adultère flamboyant, la méchanceté ostensible, l’extravagance assumée, le dédain des conventions…







LA MENINGITE DES POIREAUX

Qui se souvient de François Tosquelles ? De ce Don Psyquichotte qui révolutionna la psychiatrie asilaire du XXe siècle ? Voici la joyeuse épopée de ce psychiatre catalan, membre du POUM, résistant, surréaliste… qui offrit aux malades un journal en guise de médicamental. Une invitation à faire la révolution permanente au ralenti, pour être sûr de n’oublier personne.