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mardi 22 juillet 2014

Ionesco : Le roi se meurt mis en scène par Alain Timar, théâtre des Halles Festival OFF 2014




Tandis que le festival d'Avignon bat son plein, que les salles sont combles et les terrasses de café envahies, je continue à voir des spectacles dans le In comme dans le Off et de vous en faire part. Voici une pièce vue il y a déjà un moment, au début du festival : Le roi se meurt de Ionesco au théâtre des Halles.

Alain Timar, le metteur en scène du théâtre des Halles, scène permanente d'Avignon, dont j'ai tant aimé l'année dernière Ubu Kiraly  a fait travailler les jeunes acteurs de l'académie de Shanghaï. Le roi se meurt est le fruit de cette collaboration. Notons tout de suite un des attraits du spectacle la langue chinoise  comme une musique qui rythme l'action.
Le metteur en scène imagine qu'une jeune troupe de théâtre s'empare de la pièce et la porte sur scène en utilisant tous les matériaux qui tombent sous la main. L'enthousiasme des jeunes comédiens est souligné par une mise en scène pleine de facéties, de trouvailles, avec des décors et des accessoires fantaisistes, qui met en relief l'absurdité du pouvoir. La mise en scène  et la direction d'acteurs sont intelligentes mais ne peuvent tout à fait compenser le manque de maturité  des comédiens lorsqu'il leur faut interpréter le vieux roi et son entourage et le refus de la mort. Le spectacle est pourtant plein de vie et d'inventivité. Mais le choix de la pièce est peut-être un peu trop ambitieux pour ces jeunes acteurs qui n'en sont pas moins prometteurs et touchent par leur sincérité et leur fraîcheur..
 Le spectacle est intéressant et donne une version originale d'un des chefs d'oeuvre de Ionesco.


 Le roi se meurt  au Théâtre des Halles 11H
en chinois surtitré en français
Académie de Théâtre de Shanghaï
Coprod : Théâtre des Halles
Interprètes : Wang Ke, Lu Meng Meng, Wang Pei Yi, Mai Long, Li Fei Ran, Zhang Yi Wei
Mise en scène, scénographie : Alain Timár
Assistant à la mise en scène : Hong Bin
Décor et accessoires : Ye Dan Qing
Costumes et maquillage : Li Ting Yi
Lumière : Zhou Pei Pei
Son : Xue Liming
Avec l’aide technique de : Quentin Bonami 
Coproduction :
Académie de Théâtre de Shanghai et Théâtre des Halles – Scène d’Avignon.
Manifestation organisée dans le cadre de France-Chine 50


chez Eimelle

Ivan Gontachrov, Oblomov Caserne des pompiers festival OFF 2014




Le roman d'Ivan Gontachrov, Oblomov, a été publié en 1859. Il conte l'histoire d'un propriétaire terrien atteint de la maladie de la paresse. Une incapacité d'agir le caractérise. Il passe son temps allongé sur un divan à planifier ce qu'il fera… demain! Un moment, l'amour que lui inspire Olga semble pouvoir le tirer de son apathie chronique mais  ce sentiment qui  le tire vers la vie ne sera pas suffisant pour le pousser à l'action.
Le héros de Gontacharov a donné lieu à un terme en Russie  utilisé pour désigner une personnage qui refuse de vivre : l'oblomovisme aussi célèbre que le bovarysme chez nous.

C'est ce roman adapté à la scène que Daniel Rossel met en scène en mêlant chant, musique et voix chorales car il arrive aux comédiens de prendre la parole à deux, trois ou plus comme pour renforcer le personnage, le multiplier, il arrive aussi qu'ils soient tous couchés, opiniâtrement endormis. C'est que nous sommes tous des Oblomov, nous posant des questions sur le sens de notre vie. Qui n'a jamais été atteint, ne serait-ce qu'un instant, par le sentiment de l'inanité de l'existence? A quoi riment nos actes répétitifs? Qu'est-ce qui est réellement important? Et si nous n'allons pas jusqu'à refuser de nous lever le matin, Oblomov n'en reste pas moins notre frère, celui qui refuse les faux-semblants, qui met sciemment une distance entre lui et la vie.
La scénographie souligne ce refus d'Oblomov en divisant la scène en deux  par une sorte de barrière qui est à la fois réfléchissante et transparente. La vie n'est plus qu'une ombre qui se reflète sur cette paroi derrière laquelle évoluent les amis d'Oblomov, les vivants. Ils  apparaissent aux yeux d'Oblomov comme estompés, entourés de brume sauf quand ils le rejoignent  sur le devant de la scène pour l'exhorter à vivre, le disputer au néant. Entre cet anti-héros et le monde une séparation se dresse, consentie et même souhaitée. La tension tragique cède souvent au comique, quand Oblomov s'endort debout et tombe comme une masse sur le sol par exemple. Les comédiens se livrent à un ballet, tournant autour du personnage central, soulignant par leur allées venues son inaction. Un spectacle intéressant et riche servi par de bons comédiens.


Oblomov Caserne des Pompiers 15H durée 1H30

Mise en scène : Dorian Rossel
Collaboration artistique : Delphine Lanza

Dramaturgie : Carine Corajoud

Scénographie et costumes : Clémence Kazémi et Sibylle Kössler

Régisseur général : Laurent D’Asfeld

Assistant à la mise en scène : Clément Lanza

Chargée de production Suisse : Muriel Maggos

Chargée de production France : Mathilde Priolet

Photo : Nelly Rodriguez

Consultantes musique : Patricia Bosshard, Anne Gillot
Avec :
O’ Brother Company : Elsa Grzeszczak, Jean-Michel Guérin, Fabien Joubert, Paulette Wright
Cie STT : Rodolphe Dekowski, Xavier Fernandez-Cavada, Delphine Lanza
Production : Cie STT et O’Brother Compagny

Co-productions : Théâtre Forum Meyrin, Le Salmanazar, Comédie de Reims, Théâtre Gérard Philipe
Soutiens : Fondation Meyrinoise pour la Culture, Fondation Ernst Göhner, Loterie Romande, Spedidam, DRAC CHampagne Ardenne, ORCCA, Festival en Othe.
La Cie STT est conventionnée avec le DIP de l’Etat de Genève, les Villes de Genève et de Lausanne. Associée au Théâtre Forum Meyrin.

Chez Eimelle