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mercredi 24 avril 2013

René Depestre, poète Haïtien : Il n'y a pas de salut pour l'homme...


La poésie engagée aux XIX et XXème siècles

René Depestre est un poète et écrivain haïtien né en  1926.  Engagé dans la vie politique de son pays, il participe à la révolte populaire et au renversement du président Haïtien, Elie Lescot en 1946. Incarcéré, il doit s'exiler en France puis à Cuba. il y exerce pendant près de vingt ans d'importantes fonctions aux côtés de Fidel Castro et  Che Guevarra. Il quitte Cuba en 1970 pour s'installer en France.

Il publie son premier recueil de poésies en 1945 : Etincelles suivi de Gerbe de sang, Minerai noir, Poète à Cuba, un arc-en-ciel pour L'Occident chrétien, Au matin de la négritude.... 
 Son roman Hadriana dans tous mes rêves à recu trois prix dont le prix Renaudot en 1988. En avril 2007, il fut le lauréat du Prix Robert Ganzo de poésie pour son livre La rage de vivre édité aux éditions Seghers.

Il n'y a de salut pour l'homme

Que dans un grand éblouissement

De l'homme par l'homme je l'affirme

Moi un nègre inconnu dans la foule

Moi un brin d'herbe solitaire

Et sauvage je le crie à mon siècle

Il n'y aura de joie pour l'homme

Que dans un pur rayonnement

De l'homme par l'homme un fier

Élan de l'homme vers son destin

Qui est de briller très haut

Avec l'étoile de tous les hommes

Je le crie moi que la calomnie

Au bec de lièvre a placé

Au dernier rang des bêtes de proie

Moi vers qui toujours le mensonge

Braque ses griffes empoisonnées

Moi que la médiocrité poursuit

Nuit et jour à pas de sanglier

Moi que la haine dans les rues

Du monde montre souvent du doigt

J'avance berger de mes révoltes

J'avance à grands pas de diamant

Je serre sur mon cœur blessé

Une foi si humaine que souvent

La nuit ses cris me réveillent

Comme un nouveau-né à qui il faut

Donner du lait et des chansons

Et tendrement la nuit je berce

Mon Hélène ma foi douce ma vie tombe

En eaux de printemps sur son corps

Je berce la dignité humaine

Et lui donne le rythme des pluies

Qui tombaient dans mes nuits d'enfant

J'avance porteur d'une foi

Insulaire et barbue bêcheur

D'une foi indomptable indomptée

Non un grand poème à genoux

Sur la dalle de la douleur

Mais une petite lampe haïtienne

Qui essuie en riant ses larmes

Et d'un seul coup d'ailes s'élève

Pour être à tout jamais un homme

Jusqu'aux confins du ciel debout

Et libre dans la verte innocence

De tous les hommes!


Occident chrétien mon frère terrible

Mon signe de croix le voici :

Au nom de la révolte

Et de la justice

Et de la tendresse

Ainsi soit-il!



La Havane, décembre 1964 - juin 1965 Un arc-en-ciel pour l'Occident chrétien