La poésie engagée aux XIX et XXème siècles
René Depestre est un poète et écrivain haïtien né en 1926. Engagé dans la vie politique de son pays, il participe à la révolte populaire et au renversement du président Haïtien, Elie Lescot en 1946. Incarcéré, il doit s'exiler en France puis à Cuba. il y exerce pendant près de vingt ans d'importantes fonctions aux côtés de Fidel Castro et Che Guevarra. Il quitte Cuba en 1970 pour s'installer en France.
Il publie son premier recueil de poésies en 1945 : Etincelles suivi de Gerbe de sang, Minerai noir, Poète à Cuba, un arc-en-ciel pour L'Occident chrétien, Au matin de la négritude....
Il publie son premier recueil de poésies en 1945 : Etincelles suivi de Gerbe de sang, Minerai noir, Poète à Cuba, un arc-en-ciel pour L'Occident chrétien, Au matin de la négritude....
Son roman Hadriana dans tous mes rêves à recu trois prix dont le prix Renaudot en 1988. En avril 2007, il fut le lauréat du Prix Robert Ganzo de poésie pour son livre La rage de vivre édité aux éditions Seghers.
Il n'y a de salut pour l'homme
Que dans un grand éblouissement
De l'homme par l'homme je l'affirme
Moi un nègre inconnu dans la foule
Moi un brin d'herbe solitaire
Et sauvage je le crie à mon siècle
Il n'y aura de joie pour l'homme
Que dans un pur rayonnement
De l'homme par l'homme un fier
Élan de l'homme vers son destin
Qui est de briller très haut
Avec l'étoile de tous les hommes
Je le crie moi que la calomnie
Au bec de lièvre a placé
Au dernier rang des bêtes de proie
Moi vers qui toujours le mensonge
Braque ses griffes empoisonnées
Moi que la médiocrité poursuit
Nuit et jour à pas de sanglier
Moi que la haine dans les rues
Du monde montre souvent du doigt
J'avance berger de mes révoltes
J'avance à grands pas de diamant
Je serre sur mon cœur blessé
Une foi si humaine que souvent
La nuit ses cris me réveillent
Comme un nouveau-né à qui il faut
Donner du lait et des chansons
Et tendrement la nuit je berce
Mon Hélène ma foi douce ma vie tombe
En eaux de printemps sur son corps
Je berce la dignité humaine
Et lui donne le rythme des pluies
Qui tombaient dans mes nuits d'enfant
J'avance porteur d'une foi
Insulaire et barbue bêcheur
D'une foi indomptable indomptée
Non un grand poème à genoux
Sur la dalle de la douleur
Mais une petite lampe haïtienne
Qui essuie en riant ses larmes
Et d'un seul coup d'ailes s'élève
Pour être à tout jamais un homme
Jusqu'aux confins du ciel debout
Et libre dans la verte innocence
De tous les hommes!
Occident chrétien mon frère terrible
Mon signe de croix le voici :
Au nom de la révolte
Et de la justice
Et de la tendresse
Ainsi soit-il!
La Havane, décembre 1964 - juin 1965 Un arc-en-ciel pour l'Occident chrétien