Carlo Collodi
Carlo Collodi naît en 1826 à Florence où il mourra en 1890. Il est journaliste puis participe à la lutte pour l'indépendance de l'Italie en 1859. Dans les année qui suivent, il écrit des romans et des pièces de théâtre qui ont peu de succès. Ce n'est qu'en 1881 qu'il va gagner la notoriété en publiant en feuilleton - pour régler une dette de jeu, dit-on- le premier chapitre des aventures de Pinocchio. Il sera achevé en 1883.
Pinocchio signifie en italien "petit pignon"; c'est le fruit de la pomme de pin et cela signifie aussi "petit crevard" dans l'esprit de Collodi, autrement dit quelqu'un de moindre importance, un petit pauvre destiné à la misère et à mourir de faim.
Un livre qui s'adresse aux enfants
L'histoire de Pinocchio a acquis bien vite une renommée internationale. Tout le monde, en effet, connaît cette petite marionnette, même ma petite fille qui, à l'âge de trois ans, se cache le nez quand elle est effrayée non pas d'avoir menti mais que cela se voit! Pinocchio reste un petit pantin de bois tant qu'il n'a pas manifesté son humanité; il doit par apprendre à se maîtriser, à acquérir des valeurs (ne pas mentir, être honnête, être travailleur etc…) pour pouvoir vivre en société, il doit savoir lire et écrire, apprendre un métier. Mais surtout il doit savoir prêter attention aux autres, se dépouiller de son égoïsme et s'ouvrir aux autres. Il ne devient un véritable être humain que lorsqu'il a atteint ce stade de son évolution. C'est évidemment la parabole du passage de l'enfance à l'âge adulte. En ce sens, Pinocchio est un roman d'apprentissage pour les tout petits. Il est en quelque sorte l'histoire de ce que les enfants vivent au quotidien à travers l'éducation parentale, scolaire et sociale. Et c'est pourquoi ils peuvent très facilement s'identifier au pantin en bois : il veu têtre libre, il commet des sottises, manque l'école, n'aime pas obéir et ment …. Mais en même temps c'est un personnage très encourageant : d'abord parce qu'il réussit malgré ses mésaventures à devenir "grand", ensuite parce qu'il y est aidé comme dans les contes par des auxiliaires, magiques ou non, comme la Fée bleue, le grillon, et bien sûr le père aimant, Gepetto.. La transposition du monde de l'enfance dans un monde qui pourrait être vrai mais qui est irréel assure une distanciation pour le jeune lecteur qui lui permet d'être rassuré tout en participant aux aventures terrifiantes que vit le pantin. Les personnages qui incarnent le mal, le chat, le renard mais aussi le directeur du cirque qui est l'ogre des contes sont effrayants mais toujours contrebalancés par les images positives citées plus haut.
Un livre pour les adultes
Ayant lu le livre en traduction française, je ne peux juger de l'intérêt du style qui paraît-il emprunte au Toscan et est écrit dans une langue simple, savoureuse qui
(voir Wikipedia) a contribué à diffuser une langue commune pour tous les enfants italiens.
Le roman est aussi de tous les temps en ce qu'il rend compte avec humour et véracité d'un éternel enfantin, des sentiments contradictoires, des difficultés de l'obéissance et de la soumission à des règles imposées par les adultes, mais aussi de la tendresse, du besoin d'amour, des rêves, des peurs qui peuplent l'univers de l'enfance.
Si Gepetto et la Fée sont les auxiliaires du tout-petit pour atteindre l'âge de raison, ils représentent aussi le monde des adultes, le père et la mère, qui guident, conseillent, remettent dans le droit chemin, se découragent, souffrent mais savent pardonner. Dans un monde qui n'est pas celui des contes de fées, les marchands d'ânes de la cité des jouets, quant à eux, figurent le capitaliste sans scrupules qui emploie de la main d'oeuvre enfantine et donc l'exploiteur qui vit sur le dos des enfants pour s'enrichir.
L'aspect moralisateur du roman pourrait ne pas convenir au lecteur contemporain mais le message qui est à la clef, dégagé de tout discours religieux, peut rassembler car il contient des valeurs laïques que tout parent soucieux de sa progéniture cherche à lui inculquer : l'amour de sa famille et d'autrui, le partage, la solidarité, le respect du travail bien fait, l'idée de l'importance de l'instruction à laquelle Collodi tenait beaucoup, seul moyen pensait-il pour les classes pauvres de sortir de la misère et de l'oppression… Comencini avec son adaptation du film a posé le problème de la liberté de l'enfant. Celui-ci est un être libre, qui doit faire ses propres expériences, l'éducation ne doit pas être répressive, elle doit se contenter d'encadrer l'enfant en douceur et de le mener à sa propre autonomie. Chez Comencini, la Fée n'est pas une gentille maman mais tient plutôt de la sorcière. Elle punit cruellement l'enfant. On voit donc que le livre de Pinocchio est au coeur des problèmes éducatifs de notre époque et qu'il ne cesse d'interroger et d'attiser la réflexion.
La Fée bleue : Gina Lollobridgida dans le film de Comencini
Les aventures de Pinocchio présente aussi la société du XIX siècle en Italie du point de vue des pauvres gens et de la misère qui régnait dans les classes populaires. Sous le conte donc apparaît un roman réaliste très pessimiste où Collodi, âgé, (il a 54 ans quand il écrit), revenu de toutes illusions dénonce la condition lamentable de la classe ouvrière, l'indifférence ou la cruauté des riches, la dureté et l'injustice de ceux qui ont le pouvoir. Il s'élève contre l'exploitation des enfants qui était semblable à son époque à celle que décrivait Victor Hugo en France ou à celle qui règne de nos jours dans les pays en voie de développement honteusement exploités par le riche Occident capitaliste et mondialiste. Nous ne pouvons donc que nous sentir concernés par ce roman toujours d'actualité.
Résultat de l'énigme n°68
Les vainqueurs du jour : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Keisha, Marie Josée, Pierrot Bâton, Thérèse.. Merci à tous!
Le roman : Les aventures de Pinocchio de Carlo Collodi
Le film : Les aventures de Pinocchio de Luigi Comencini
voir livre de Malice: Carlo Collodi Pinocchio