Dans Leçons de conduite d'Anne Tyler, Maggie Moran se rend à l’enterrement du mari de sa meilleure amie Serena. Son mari Ira l’accompagne. Le trajet en voiture, les retrouvailles avec les amis d’enfance dans le cadre de cette cérémonie peu banale, Serena étant toujours aussi excentrique, vont être le prétexte d’une remise en cause de leur couple. Il ne peut pas y avoir plus dissemblables, en effet, que Maggie, bavarde, insouciante, légère et Ira, introverti, taciturne, sérieux. Une occasion de faire le point sur leur couple. Remontent alors à la surface les différents, les reproches, les regrets accumulés au cours des années de vie commune.
Au départ le récit est assez classique et il m’a fallu un moment pour y adhérer mais peu à peu j’ai découvert la subtilité de l’analyse psychologique des rapports entre mari et femme, mais aussi des autres personnages qui se retrouvent, vieillissants, après des années d’absence. Perte des illusions, des espoirs de la jeunesse, de la passion que l’on croit inconditionnelle.
Tout au long du voyage et des échanges du couple, apparaît l’usure de cette longue vie matrimoniale, les déceptions, les malentendus. Non pas vraiment la fin de l’amour mais plutôt la naissance d’un consensus qui s’établit et qui finit par une acceptation de l’autre, un lien moins exaltant mais réel qui n’a plus rien à voir avec les rêves de la jeune fille qu’était Maggie.
Anne Tyler mène cette analyse tout en nuances et d’une grande perspicacité avec beaucoup de finesse tout en sachant nous amuser même si le rire se révèle grinçant. Bien que ce ne soit pas un thème qui m’attire, j’ai été prise par le grand talent de cette écrivaine et par sa chronique caustique, ironique, mais aussi nostalgique, qui est faite de petits riens et nous laisse une impression de désenchantement tant les travers et les faiblesses de la nature humaine nous sont révélés au grand jour.
Prix Pulitzer 1989