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lundi 1 mai 2023

Visiter Paris avec des enfants

La Tour Eiffel photo d'Apolline
  

Initiation parisienne pour les petits-enfants à l'occasion de leur anniversaire respectif :  10 ans et 13 ans, avec, d'abord, CELLE qui a eu, sans surprise, le plus de succès : la tour Eiffel  ! Vue du trentième étage de notre hôtel, elle offrait un spectacle toujours renouvelé :  ils  s'endormaient en la regardant et se réveillaient à l'aube pour l'admirer.


La tour Eiffel vue du 30ième étage de l'hôtel


La Tour Eiffel, le soir



Vue de l'hôtel la tour Eiffel clignote et scintille/ La tour Eiffel à l'aube (photo d'Apolline)


Le musée d'Orsay

 


La visite du musée d'Orsay a été moins réussie en raison  de la foule compacte qui se pressait autour des tableaux. Mais on a pu voir les Caillebotte que je ne voulais pas rater avec les deux nouvelles acquisitions de ce peintre qui a des cadrages hors du commun. 


Caillebotte : les Tournesols


Caillebotte : La promenade en barque

Et bien sûr les autres peintures de Caillebotte avec son saisissant Raboteurs de plancher.

 

Caillebotte : Les raboteurs de plancher et Les toits de Paris en hiver

Si les oeuvres de Monet, Manet, Van Gogh, Degas, Renoir étaient tellement assiégées qu'il était difficile de les admirer, par contre il n'en était pas de même des tableaux d'Emile Bernard  et de Maurice Denis que nous avons pu découvrir ou redécouvrir. 

Mais ce n'est pas une bonne idée de visiter le musée d'Orsay pendant les vacances scolaires ! Je pensais que cette cohue n'était réservée qu'aux grandes expositions mais pas aux collections permanentes ! Les enfants n'ont pas vu grand chose si ce n'est entre quelques "éclaircies" !


Emile Bernard : Madeleine au bois d'Amour et femmes à l'ombrelle

 Promenade dans Paris

 


Plus appréciée, la visite répartie sur trois jours de Paris à pied ou en métro : L'Etoile,  les jardins des Tuileries, le Louvre, le palais royal, les colonnes de Buren,  les fontaines à boules de Pol Bury, la comédie française, l'hôtel de ville...


Louvre et jardin des Tuileries



Palais royal  les colonnes de Buren, jardin du palais royal
   

 

Fontaine  à boules de Pol Bury,
 

Visite de Paris en bateau :


Paris en bateau


Versailles : le château et les jardins


Versailles


Enfin Versailles ! Là, encore une foule compacte dans les appartements du roi au château de Versailles où, comme ont dit mes petits-enfants, ils n'ont vu que les lustres, fort beaux d'ailleurs ! 

 

Pour vous donner une idée de la visite des appartements royaux !  Mon petit-fils, sur la droite, face à un mur de visiteurs
 

Heureusement les jardins sont tellement immenses que l'on peut s'y promener à loisir  sans être gêné par la foule....

 

Versailles : les jardins (phot de A.)

 

Versailles

 

Versailles
 

Et l'après-midi le Grand Trianon et le Petit Trianon ainsi que le Hameau de la reine sont des visites agréables, moins fréquentées, qui ont plu a tout le monde, surtout quand on termine par une bonne glace et des crèpes au chocolat !

 

Le petit Trianon

Le Hameau de la Reine : le temple d'Eros
 

Le Hameau de la Reine

 

Le Grand Trianon

 

J'ai regretté de ne pas avoir commencé le matin par la visite des jardins et de Trianon afin de terminer  par le château où j'ai eu l'impression qu'il y avait moins de monde à partir du milieu de l'après midi. A essayer, donc, quand on visite avec des enfants.


mercredi 20 mars 2013

La Fée aux gros yeux (6) sur les traces de George Sand :


La fée aux Gros Yeux (édit. Autrement dit)


La Fée aux gros yeux est un personnage de conte imaginé par George Sand pour ses petites filles Aurore et Gabielle. Dans les éditions Autrement dit, le livre est accompagné d'un CD. Il a été publié aussi aux éditions Saint-Mont dans la même collection que La Fée poussière, conte dont je vous ai déjà parlé.

Editions Saint-Mont

Barbara, gouvernante de la petite Elsie, a été surnommée la fée aux gros yeux parce qu'elle était "mystérieuse et très savante et parce qu'elle avait d'énormes yeux clairs, saillants et bombés que la malicieuse Elsie comparait à des bouchons de carafe."
Or cette gouvernant est étrange. Malgré ses gros yeux, elle est à moitié aveugle et se cogne à tous les objets mais elle refuse de porter des lunettes prétextant qu'elle y voit mieux que tout le monde. Non seulement elle a peur des chauves-souris (ce qui peut se comprendre) mais elle est démesurément effrayée par n'importe quels oiseaux, fussent-ils les plus charmants. Ni fauvettes, ni mésanges ou rouge-gorges ne trouvent grâce à ses yeux. De plus, elle a un secret. Chaque soir elle se retire dans son pavillon au fond du jardin et sa lumière reste allumée toute la nuit. Que fait-elle? Elsie n'aura de cesse de le découvrir. Un soir, Barbara accepte de l'amener chez elle mais il leur faut traverser le jardin où elles rencontrent Mr Bat, le précepteur des frères d'Elsie. Mais pourquoi déplaît-il autant à  la fée? Que lui reproche-t-elle? Allez! je vous mets un peu sur la voie en précisant que Bat en anglais signifie chauve-souris!

L'ombre de Mr Bat (édit. Autrement dit)



Elsie, sa gouvernante et l'inquiétant Mr Bat (édit. Saint-Mont)

Comme toujours le récit de George Sand à ses petites filles a un but pédagogique qui réflète ses préoccupations scientifiques. Le conte témoigne, en effet, de l'intérêt porté par George Sand aux papillons qu'elle collectionnait.

Les papillons en robe de bal

Dans cet extrait chacun est convié à un bal et y vient pourvu de ses plus beaux atours :

Puis, tout à coup, elle s'écria :
- En voici un! c'est la princesse nepticula marginicollella avec sa tunique de velours noir traversée d'une large bande d'or. Sa robe est en dentelle noire avec une longue frange. Présentons-lui une feuille d'orme, c'est le palais de ses ancêtres où elle a vu le jour. Attendez ! Donnez-moi cette feuille de pommier pour sa cousine germaine, la belle malella, dont la robe noire a des lames d'argent et dont la jupe frangée est d'un blanc nacré. Donnez-moi du genêt en fleurs, pour réjouir les yeux de ma chère cemiostoma spartifoliella, qui approche avec sa toilette blanche à ornements noir et or. Voici des roses pour vous, marquise nepticula centifoliella. Regardez, chère Elsie ! admirez cette tunique grenat brodée d'argent...

On sait combien Sand se passionne pour les sciences et les nouvelles théories. Avec La Fée aux gros yeux, Aurore et Gabrielle apprennent le nom des papillons mais surtout leur grand mère les amène à réfléchir sur l'idée qu'il y a des mondes imperceptibles à l'oeil humain et que, s'il y a un infiniment grand, il existe un infiniment petit. Cette préoccupation correspond aux recherches du XIX siècle sur l'atome.

Il y a des êtres infiniment petits, dont on ne devrait pas parler sans respect, répliqua miss Barbara, qui ne faisait pas attention à la fatigue de son élève. Il y en a qui échappent au regard de l'homme et aux plus forts grossissements des instruments. Du moins, je le présume et je le crois, moi qui en vois plus que la plupart des gens n'en peuvent voir. Qui peut dire à quelles dimensions, apparentes pour nous, s'arrête la vie universelle ? Qui nous prouve que les puces n'ont pas des puces, lesquelles nourrissent à leur tour des puces qui en nourrissent d'autres, et ainsi jusqu'à l'infini ? Quant aux papillons, puisque les plus petits que nous puissions apercevoir sont incontestablement plus beaux que les gros, il n'y a pas de raison pour qu'il n'en existe pas une foule d'autres encore plus beaux et plus petits dont les savants ne soupçonnent jamais l'existence.

Le côté Merveilleux est privilégié aussi. Mais l'écrivaine joue sur la polysémie du mot Fée. 

Longtemps on l'avait surnommée miss Frog (grenouille), et puis on l'appela miss Maybug (hanneton), parce qu'elle se cognait partout ; enfin, le nom de fée aux gros yeux prévalut, parce qu'elle était trop instruite et trop intelligente pour être comparée à une bête, et aussi parce que tout le monde, en voyant les découpures et les broderies merveilleuses qu'elle savait faire, disait :
- C'est une véritable fée !


D'autre part Elsie voit Mr Bat se transformer en chauve-souris et s'échapper de son mouchoir. Pourtant ....
Quand Elsie eut bien dormi, elle trouva fort invraisemblable que M. Bat eût le pouvoir de devenir homme ou bête à volonté. A déjeuner, elle remarqua qu'il avalait avec délices des tranches de boeuf saignant, tandis que miss Barbara ne prenait que du thé. Elle en conclut que le précepteur n'était pas homme à se régaler de micros, et que la gouvernante suivait un régime propre à entretenir ses vapeurs. 

Entre conte et réalité, la romancière manie l'ironie avec finesse mais laisse la fin ouverte. Libre à nous de croire au Merveilleux ou de le nier!

Le Berry : Sur les traces de George Sand : La mare au diable (7)






mardi 19 mars 2013

Le Berry : sur les traces de George Sand, Corambé dans Histoires de ma vie (5)


Parc de la maison de Nohant : Corambé

Dans le parc du domaine de Nohant, la maison de George Sand, on découvre une curieuse statue. Il s'agit d'une figure féminine en bronze sombre et or,  à la silhouette gracile et aux yeux cernés de noir à l'égyptienne. Elle se dresse sur une grande feuille et lève un bras comme pour danser.
 Il s'agit de la représentation de Corambé sorti tout droit de l'imagination d'Aurore Dupin quand elle était enfant et imaginé par la sculptrice François Vergier en 1991 :

Lorsqu’en 1816, Hippolyte, son demi-frère, rejoignit son régiment de hussards, Aurore se retrouva seule à Nohant avec Deschartres et sa grand-mère, dont la santé s’altérait. La mélancolie la submergea. Elle était à la recherche d’un idéal. On lui enseignait le catéchisme, mais elle voulait une religion qui lui soit propre. Elle inventa sa divinité personnelle : Corambé. (...)
 Elle lui éleva un autel au cœur du petit bois où elle prit l’habitude de se réfugier. Le culte cessa quand le sanctuaire fut découvert.
Aurore jouissait à Nohant d’une grande liberté. Ses lectures n’étaient pas contrôlées et elle jouait et travaillait aux champs avec les enfants du pays. Mais elle abordait l’adolescence. Le désir de retourner vivre auprès de sa mère était toujours lancinant, et les conflits avec sa grand-mère devenaient récurrents. Celle-ci prit alors la décision de la mettre en pension à Paris au couvent des Dames augustines anglaises. Elle avait quatorze ans. À Paris elle espérait revoir sa mère, et un changement de vie lui plaisait. 
(site George Sand)

Voilà ce qu'en écrit George dans dans Histoires de ma vie : 

"... puisque toute religion est une fiction, faisons un roman qui soit une religion ou une religion qui soit un roman. Je ne crois pas à mes romans, mais ils me donnent autant de bonheur que si j' y croyais. D' ailleurs, s’il m’arrive d'y croire de temps en temps personne ne le saura, personne ne contrariera mon illusion en me prouvant que je rêve.  Et voilà qu'en rêvant la nuit, il me vint une figure et un nom. Le nom ne signifiait rien que je sache : c’était un assemblage fortuit de syllabes comme il s’en forme dans les songes. Mon fantôme s’appelait Corambé, et ce nom lui resta. Il devint le titre de mon roman et le dieu de ma religion.
En commençant à parler de Corambé, je commence à parler non-seulement de ma vie poétique, que ce type a remplie si longtemps dans le secret de mes rêves, mais encore de ma vie morale, qui ne faisait qu'une avec la première. Corambé n’était pas, à vrai dire, un simple personnage de roman, c’était la forme qu’avait prise et que garda longtemps mon idéal religieux. (...)
Corambé se créa tout seul dans mon cerveau. Il était pur et charitable comme Jésus, rayonnant et beau comme Gabriel ; mais il lui fallait un peu de la grâce des nymphes et de la poésie d' Orphée. Il avait donc des formes moins austères que le dieu des chrétiens et un sentiment plus spiritualisé que ceux d’Homère. Et puis il me fallait le compléter en le vêtant en femme à l’occasion, car ce que j’avais le mieux aimé, le mieux compris jusqu'alors, c’était une femme, c’était ma mère. Ce fut donc souvent sous les traits d’une femme qu’il m’apparut.
    
Voyager avec une enfant

Si la visite de la maison a été trop longue pour ma petite fille (3  ans), elle a par contre adoré le parc de Nohant  et en particulier Corambé qu'elle a pris pour une fée : La Fée aux Gros Yeux. Un des contes que la grand mère George Sand  racontait à Aurore et Gabrielle et dont je vais bientôt vous parler.



Mercredi  : Sur les traces de George Sand : La fée aux gros yeux (6)









mercredi 13 mars 2013

Le Berry : Sur les traces de George Sand avec la Fée Poussière (3)



Quand on voyage avec une petite fille de trois ans et que l'on veut partir avec elle sur les traces de George Sand dans le Berry,  il n'y a rien de mieux que de lui lire La fée Poussière, un conte que George Sand a  imaginé pour ses petites filles, Aurore et Gabrielle, les filles de son fils Maurice et de Lina.
Lire? Non car le conte est bien difficile à la fois par le sujet et la langue mais raconter, oui! Tout en tournant les pages délicieusement illustrées par Ghislaine Dodet dans la série contes Anaïs aux éditions Saint-Mont…



Autrefois, il y a bien longtemps, mes chers enfants, j'étais jeune et j'entendais souvent les gens se plaindre d'une importune petite vieille qui entrait par les fenêtres quand on l'avait chassée par les portes. Elle était si fine et si menue, qu'en eût dit qu'elle flottait au lieu de marcher, et mes parents la comparaient à une petite fée. Les domestiques la détestaient et la renvoyaient à coups de plumeau, mais on ne l'avait pas plus tôt délogée d'une place qu'elle reparaissait à une autre.
Elle portait toujours une vilaine robe grise traînante et une sorte de voile pâle que le moindre vent faisait voltiger autour de sa tête ébouriffée en mèches jaunâtres.
La fée Poussière est méprisée par tous et on la chasse avec un plumeau. Pourtant, elle invite la petite fille à l'appeler par trois fois dans la nuit afin de pouvoir la rejoindre dans son palais enchanté où elle  apparaît à l'enfant sous la forme d'une belle dame resplendissante. Car la fée Poussière n'est pas celle que l'on croit. Sans elle, le monde minéral ne nous offrirait pas ses joyaux les plus beaux et rien de solide n'existerait sur cette terre.

Tout ce que tu vois là, me dit-elle, est mon ouvrage. Tout cela est fait de poussière ; c'est en secouant ma robe dans les nuages que j'ai fourni tous les matériaux de ce paradis. Mon ami le feu les avait lancés dans les airs, les a repris pour les recuire, les cristalliser ou les agglomérer après que mon serviteur le vent les a eu promenés dans l'humidité et dans l'électricité des nues, et rabattus sur la terre ; ce grand plateau solidifié s'est revêtu alors de ma substance féconde et la pluie en a fait des sables et des engrais, après en avoir fait des granits, des porphyres, des marbres, des métaux et des roches de toute sorte.



George Sand nous convie alors à un voyage dans le temps, dans le "laboratoire" de la Fée où s'élabore la matière, où les corps gazeux deviennent solides après avoir illuminé l'espace. Et la fée confectionne, à partir de la poussière, devant les yeux émerveillés de la fillette, une savante cuisine. Elle pile, pulvérise, mélange, met au feu de savantes préparations qui deviennent granit, grès, sable, quartz, ardoises… Elle emprisonne aussi des animaux  et des végétaux mystérieux dans une gangue de calcaire, de silice et d'argile, témoins des vies passées qui ont laissé leur place à d'autres car la Nature est toujours en perpétuelle évolution. Tout disparaît pour renaître encore sous de nouvelles formes. Lorsque la fée dit au revoir à l'enfant, elle lui donne un morceau de sa robe de bal :

Tout disparut, et, quand j'ouvris les yeux, je me retrouvai dans mon lit. Le soleil était levé et m'envoyait un beau rayon. Je regardai le bout d'étoffe que la fée m'avait mis dans la main. Ce n'était qu'un petit tas de fine poussière, mais mon esprit était encore sous le charme du rêve et il communiqua à mes sens le pouvoir de distinguer les moindres atomes de cette poussière.
Je fus émerveillée ; il y avait de tout : de l'air, de l'eau, du soleil, de l'or, des diamants, de la cendre, du pollen de fleur, des coquillages, des perles, de la poussière d'ailes de papillon, du fil, de la cire, du fer, du bois, et beaucoup de cadavres microscopiques ; mais, au milieu de ce mélange de débris imperceptibles, je vis fermenter je ne sais quelle vie d'êtres insaisissables qui paraissaient chercher à se fixer quelque part pour éclore ou pour se transformer, et qui se fondirent en nuage d'or dans le rayon rose du soleil levant.


Ce conte est une petite merveille de poésie. Il peut être lu à plusieurs degrés. On  voit que George Sand était convertie au darwinisme et que le récit est une manière de faire comprendre  l'évolutionnisme à ses petites filles tout en les plongeant dans le Merveilleux et le rêve… Quant à Nini, la petite admiratrice de George Sand, elle n'a certes pas tout compris mais elle a adoré la Fée Poussière qui vit dans un palais magnifique et qui a des robes de princesse. Et vous pouvez lui demander qui est George Sand! Elle vous répondra que c'est la mamie d'Aurore et de Gabrielle et qu'elle raconte de belles histoires!


Suite Lundi :  Le Berry : Sur les traces de George Sand (4)