On m'a offert Cinquante nuances de Grey de El James pour la Noël. La première de couverture est belle, je ne sais ce que contient le livre*… et je me lance donc dans cette lecture du roman le plus vendu au monde en 2012.
Anastasia Steele dites Anna, une jeune étudiante un peu coincée, doit aller interviewer, Christian Grey, le patron d'une multinationale, pour le journal de son université. La rencontre a lieu. Evidemment, vous vous en doutez, Grey est jeune et beau "les cheveux sombres, "les yeux de braise" "la voix veloutée comme du chocolat noir", le sourire "secret" .. etc… Pour le reste, c'est le capitaliste dans toute son horreur, matérialiste, faiseur-de-fric, qui étale sa richesse, son avion privé et j'en passe, autoritaire, méprisant, et qui ne dit jamais merci à ses employés. Le genre de patron tête-à-claques, qu'on aimerait bien coincer entre deux délégations syndicales. Vous pensez que ces considérations vont doucher un peu l'ardeur de la demoiselle. Pas du tout! Elle défaille sous le regard "dominateur" et elle reçoit une décharge électrique chaque fois qu'elle lui serre la main. A concurrencer EDF! La solution au problème du nucléaire!
cf p14, P24 p36 etc..."une fois de plus un courant me traverse comme si j'avais touché un fil électrique"..
Et la demoiselle, comme une héroïne de l'époque victorienne, de "rougir" p15 p16, de s'empourprer, de" s'embraser" P34 etc…
BIEN! A ce stade de l'histoire - que je suis parvenue à lire grâce à l'humour liée au décalage entre les actes et les pensées de la jeune Anna, ce qui permet de supporter la sottise du propos - je m'arrête pour réfléchir à ma lecture :
"Bien, me dis-je, j'ai compris, il s'agit d'un roman pour adolescentes romantiques! (Je n'ai rien contre les ados romantiques, elles m'attendrissent! j'en ai été une et j'en ai eu trois chez moi, mes filles!)
Mais… je ne crois pas que je pourrai continuer ma lecture longtemps! Je feuillette, je passe quelques chapitres…
Tiens! La demoiselle aimerait coucher avec le patron mais celui-ci a des scrupules et refuse! Je suis en plein Barbara Cartland!
je passe quelques chapitres.
Tiens! Il lui fait signer un contrat pour être sûr qu'elle ne se retournera pas contre lui ? Bizarre! Et l'imbécile (Anna) signe!
Je passe… Il l'amène alors dans une chambre pleine d'instruments sado-maso! Stupéfaction (de ma part). Il faut dire que de Barbara Cartland au marquis de Sade, l'écart est grand!
Mais me dis-je, la donzelle a compris, elle va se carapater loin de lui à toute la vitesse de ses petites pattes. Pas du tout!
Je passe ... : scène d'amour. érotisme soft. Le sadique ne veut pas effaroucher une vierge. Et puis, lui aussi a été violé quand il était petit! Je suis émue!
Je saute à la fin du roman. La pauvre fille le quitte (enfin!) parce qu'elle n'a pas pu supporter les méchants coups sur ses petites fesses dodues. Hélas! Elle voulait le tirer vers la lumière, son pauvre loulou, mais il est resté un ange noir!
Anastasia Steele dites Anna, une jeune étudiante un peu coincée, doit aller interviewer, Christian Grey, le patron d'une multinationale, pour le journal de son université. La rencontre a lieu. Evidemment, vous vous en doutez, Grey est jeune et beau "les cheveux sombres, "les yeux de braise" "la voix veloutée comme du chocolat noir", le sourire "secret" .. etc… Pour le reste, c'est le capitaliste dans toute son horreur, matérialiste, faiseur-de-fric, qui étale sa richesse, son avion privé et j'en passe, autoritaire, méprisant, et qui ne dit jamais merci à ses employés. Le genre de patron tête-à-claques, qu'on aimerait bien coincer entre deux délégations syndicales. Vous pensez que ces considérations vont doucher un peu l'ardeur de la demoiselle. Pas du tout! Elle défaille sous le regard "dominateur" et elle reçoit une décharge électrique chaque fois qu'elle lui serre la main. A concurrencer EDF! La solution au problème du nucléaire!
cf p14, P24 p36 etc..."une fois de plus un courant me traverse comme si j'avais touché un fil électrique"..
Et la demoiselle, comme une héroïne de l'époque victorienne, de "rougir" p15 p16, de s'empourprer, de" s'embraser" P34 etc…
BIEN! A ce stade de l'histoire - que je suis parvenue à lire grâce à l'humour liée au décalage entre les actes et les pensées de la jeune Anna, ce qui permet de supporter la sottise du propos - je m'arrête pour réfléchir à ma lecture :
"Bien, me dis-je, j'ai compris, il s'agit d'un roman pour adolescentes romantiques! (Je n'ai rien contre les ados romantiques, elles m'attendrissent! j'en ai été une et j'en ai eu trois chez moi, mes filles!)
Mais… je ne crois pas que je pourrai continuer ma lecture longtemps! Je feuillette, je passe quelques chapitres…
Tiens! La demoiselle aimerait coucher avec le patron mais celui-ci a des scrupules et refuse! Je suis en plein Barbara Cartland!
je passe quelques chapitres.
Tiens! Il lui fait signer un contrat pour être sûr qu'elle ne se retournera pas contre lui ? Bizarre! Et l'imbécile (Anna) signe!
Je passe… Il l'amène alors dans une chambre pleine d'instruments sado-maso! Stupéfaction (de ma part). Il faut dire que de Barbara Cartland au marquis de Sade, l'écart est grand!
Mais me dis-je, la donzelle a compris, elle va se carapater loin de lui à toute la vitesse de ses petites pattes. Pas du tout!
Je passe ... : scène d'amour. érotisme soft. Le sadique ne veut pas effaroucher une vierge. Et puis, lui aussi a été violé quand il était petit! Je suis émue!
Je saute à la fin du roman. La pauvre fille le quitte (enfin!) parce qu'elle n'a pas pu supporter les méchants coups sur ses petites fesses dodues. Hélas! Elle voulait le tirer vers la lumière, son pauvre loulou, mais il est resté un ange noir!
Vous l'avez compris, ce roman m'a horripilée non parce qu'il traite de l'érotisme et des relations pervertis de la sexualité entre hommes et femmes mais parce qu'il aborde ce sujet grave avec légèreté et sans réflexion comme pour le banaliser alors que les femmes sont victimes dans nos pays et partout de violences au quotidien. Je veux bien que le roman soit une source d'évasion mais là il me paraît carrément douteux. Ajoutons-y le style bêtifiant, les personnages qui ne sont que des coquilles vides, des stéréotypes, et l'absence de contexte social ....
Oui, je crois rêver! Un roman aussi navrant est un best seller mondial** et une trilogie qui plus est! Lu par des millions de femmes! Ce n'est pas tant le niveau littéraire du roman qui m'afflige, ... enfin si tout de même! mais...! Je crois qu'il a été écrit par une écrivaine qui sait très bien ce qu'elle fait : une sorte de pastiche des romans Harlequin au départ, pour mieux "ferrer" sa lectrice plus tard avec un changement de registre, comme un pêcheur sa truite! Non, ce qui me met en colère, c'est que ce livre passe pour être une revendication féministe, un appel à la liberté sexuelle… Ce qui me met en rage, c'est de voir présenter comme une libération sexuelle pour la femme, le fait de se laisser dominer, subjuguer au point de perdre tous ses repères, par un mâle dominateur. Ce qui me met en ébullition c'est que l'on puisse introduire une confusion entre sexualité et masochisme ou sadisme! Et ce qui me fait passer par dessus bord, c'est que je ne peux m'empêcher de penser que les millions de mâles dominateurs dans le Monde, les sadiques, les violents, les violeurs, les machos, les bofs, les intégristes de tous bords, bref, tous ceux qui considèrent les femmes comme des paillassons, ont encore de beaux jours devant eux si j'en juge par cet engouement féminin pour cette "littérature" qui véhicule une image aussi méprisante de la femme!
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* Oui, je sais, je suis ignare comme me l'a dit ma fille, ne pas connaître El James!
** Erika Leonard, mieux connue sous le pseudonyme E. L. James, est l'auteur britannique de la romance érotique Cinquante nuances de Grey. En 2012, le magazine Time a nommé l'auteur dans sa liste annuelle : The 100 Most Influential People in the World.