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lundi 3 octobre 2011

Festival du Polar : Villeneuve-Lez-Avignon 2011

Le cloître Saint Jean : Crime scene do not cross

C'est dans le magnifique cadre de la Chartreuse que s'est déroulé, du Vendredi 30 Septembre au 2 Octobre 2011, le septième festival de Villeneuve-Les-Avignon qui mettait à l'honneur cette année le polar venu du Nord. A cette occasion, sept écrivains scandinaves étaient présents à côté d'auteurs et d'illustrateurs français, une cinquantaine d'écrivains au total et vous devez vous douter que j'ai fait le plein de livres à cette occasion! Pas autant que ce que j'aurais aimé mais.. soupir...  Sagesse, sagesse! Le festival était riche en évènements et il m'a fallu choisir.

Tout d'abord samedi après midi une table ronde sur le thème : Le polar, miroir de la société


qui réunissait de gauche à droite : Christian Roux, Jean-Hugues Oppel, l'interprète,  Ake Adwardson, le journaliste-écrivain Hubert Prolongeau.
Les écrivains ont montré à travers leurs oeuvres respectives que le roman policier ou plutôt le  roman noir en mettant en scène les oubliés de la société, mettait le doigt sur les injustices, les dysfonctionnements de cette société. Tous ont précisé qu'écrire était pour eux une urgence, quelque chose qui répondait à un besoin profond même s'ils ne se disent pas "engagés" au sens politique du mot. Et tous sont d'accord pour dire que si écrire est un travail, cela n'empêche pas le plaisir.   Ecrire un livre, c'est une question de deux ou trois ans, alors mieux vaut choisir un sujet qu'on aime avec des personnages qui nous sont chers a affirmé Christian Roux.
J.H. Oppel a cité Victor Hugo écrivant Les Misérables, Ake Edwarson, Dostoievsky avec Crime et châtiments comme les plus grands auteurs de romans noirs tant il vrai que tout grand écrivain qui se fait le reflet d'une société qui fonctionne sur la misère et l'exploitation, le crime et la malhonnêteté, ne peut qu'écrire des romans noirs.
 Enfin Ake Edwardson a parlé - et j'ai  particulièrement apprécié cette intervention- de la responsabilité de l'écrivain par rapport aux morts qu'il décrit. Faisant allusion aux mauvais romans qui jouent sur l'horreur et qui font appel aux ressorts du  voyeurisme, il a précisé que le romancier a un engagement moral. S'il montre la mort, c'est avec respect et non comme une distraction morbide, c'est pour révéler ce qui ne va pas autour de lui. Christian Roux a surenchéri en précisant que quand une personne meurt, c'est toute une galaxie qui s'éteint. Un bon romancier doit en être conscient quand il écrit.

Ensuite signatures des livres achetés  :

Le suédois Ake Edwarson  dédicace le polar : Le ciel se trouve sur terre. C'est le dernier de la série  dans lequel évolue Erik Winter, son commissaire, personnage récurrent.  Ake Edwarson avait dit adieu à son héros dans un roman précédent, parce que nous a-t-il expliqué après dix livres et quinze années passées avec lui, j'avais peur de ne plus rien avoir à dire d'intéressant sur lui. Mais  il ne faut pas me croire, je suis un menteur d'où le retour de Erik Winter : Il faut dire que je voulais savoir ce qu'il devenait, j'avais presque envie de décrocher mon téléphone pour le lui demander."


Gunnar Staalesen et Leena Lehtolainen que je vais découvrir avec pour l'un : La belle dormit cent ans et pour l'autre Coeur de cuivre

Gunnar Staalesen est né à Bergen, en Norvège, ville industrielle ou côtière où il situe l'action de ses romans. Son personnage est le détective privé Varg Veum. La Belle dormit cent ans est son troisième roman.
Leena Lohtolainen est lauréate de plusieurs prix finlandais. Coeur de cuivre est le troisième épisode des aventures de l'inspectrice Maria Kallio. Enfin une femme! Il y avait d'ailleurs une table ronde à laquelle je n'ai pu assister, hélas :  Le Héros est une femme.


Jon Hallur Stefansson avec le livre L'incendiaire.  Cet écrivain islandais est notamment le traducteur en islandais de JK Rowling et Julio Cortazar. 
Après Brouillages, L'incendiaire est son second roman












Oui, je sais, au niveau des scandinaves présents il me manque le suédois Arne Dahl et Arni Thorarinsson mais ne me le faites pas remarquer,  mon banquier a dit non et non, c'est non! J'en ai des regrets mais pas éternels car je trouverai bien le moyen de me procurer un jour leurs livres!

Enfin  il fallait bien faire honneur aux français :  Sylvie Deshors et Christian Roux






 On voit ici l'illustrateur Mako dédicaçant la BD  : Octobre noir, fruit d'un travail collectif avec Daeninckx.













Ajoutons que Michel Bussi a obtenu le prix des lecteurs du festival avec Les Nymphéas noirs



 Dimanche : Lectures Boréales, dans un beau cadre de verdure, d'extraits de textes d'écrivains scandinaves par l'acteur Antoine Coesens. Un régal tant par les textes que par le talent du comédien.


Enfin pour clôturer la journée : une pièce de théâtre-oratorio : Requiem pour Miss Blandish à partir d'un roman JH Chase Pas d'orchidée pour Miss Blandish par la Compagnie Subito.





Voir le compte rendu 1 Ici  et 2 Ici de Lystig

Nous avons fait une rencontre sympathique pendant le festival :  Lire au jardin. Je vous envoie vers le commentaire qu'elle a rédigé sur la pièce de théâtre sur Miss Blandish Ici
Voir aussi le billet de Wens 1 Ici et 2 Ici

Stefan Zweig : Voyage dans le passé

 


Le Voyage dans le passé de Stefan Zweig est le récit d'un amour passionné, menacé par des circonstances extérieures tragiques.
Louis est un jeune homme pauvre et ambitieux. Il a dû subir l'humiliation de servir dans des maisons bourgeoises pour payer ses études. Il est maintenant chimiste et entre dans un grand laboratoire. Le directeur, monsieur le Conseiller, remarque  très vite sa compétence, son intelligence brillante et son ardeur au travail. C'est pourquoi lorsque le vieillard est malade, il demande au jeune homme de venir habiter chez lui et le prend comme assistant. C'est avec réticence que Louis accède à la demande de son patron mais dès qu'il est présentée à la maîtresse de maison il tombe éperduement amoureux d'elle et réciproquement. Cependant le Conseiller l'envoie en mission au Mexique. Un exil de deux ans, une éternité aux yeux des amoureux. Mais la guerre de 1914-1918 éclate et cette séparation va durer neuf ans. Lorsque tous deux parviendront à se revoir, que restera-il de leur amour?
L'histoire nous paraît bien connue et somme toute banale puisqu'elle est le sujet de la plupart des romans du XIXème siècle français : Balzac, Flaubert, Stendhal, Constant... avec toutes les variantes possibles et qui peut se résumer ainsi :  Un jeune homme pauvre est amoureux d'une femme mariée, un peu plus âgée que lui, amour impossible et contrarié.
Et Louis, effectivement, est dans la situation de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir lorsqu'il arrive dans la maison de son maître, tendu, sur la défensive, s'attendant à être traité en domestique et qu'il rencontre Madame de Rénal. La comparaison s'arrête là car si Madame de Rénal tombe immédiatement amoureuse de Julien, lui par contre décide de la séduire par ambition. Louis n'a pas ce cynisme et son amour pour l'héroïne de Zweig est subit, ardent , "fanatique" et partagé.
Ceci dit je n'ai pas été intéressée par cette histoire. Si l'on veut se passionner pour ce genre de récit mieux vaut lire le magistral, riche et incontournable chef d'oeuvre de Sthendal : Le Rouge et le Noir auquel j'ai comparé l'intrigue.
Non, l'intérêt de ce voyage dans le passé réside ailleurs et surtout dans le style de Stefan Zweig.
Très rapide, ce roman, presque une nouvelle, s'attache surtout à l'observation du sentiment amoureux, de son évolution, de son dépérissement, analyse où Stefan Zweil excelle. Le récit est encadré par deux évènements majeurs, la guerre de 14-18 qui sépare les deux personnages et le défilé de Heidelberg qui peint la montée du nazisme. La description de cette marche militaire pleine de de haine et de bruit qui rythme la recherche de leur amour est un éblouissement stylistique. Le poème de Verlaine avec la métaphore des ombres solitaires et glacées du Colloque sentimental montre avec une nostalgie poignante que l'on ne peut faire revivre le passé.