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Victor Hugo : Les misérables, Cosette
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Cosette balaie |
"L’homme se relevait et allait s’en aller lorsqu’il aperçut au fond, à l’écart, dans le coin le plus obscur de l’âtre, un autre objet. Il regarda, et reconnut un sabot, un affreux sabot de bois le plus grossier, à demi brisé et tout couvert de cendre et de boue desséchée. C’était le sabot de Cosette. Cosette, avec cette touchante confiance des enfants qui peut être trompée toujours sans se décourager jamais, avait mis, elle aussi, son sabot dans la cheminée. C’est une chose sublime et douce que l’espérance dans un enfant qui n’a jamais connu que le désespoir. Il n’y avait rien dans ce sabot. L’étranger fouilla dans son gilet, se courba et mit dans le sabot de Cosette un louis d’or. Puis il regagna sa chambre à pas de loup."
Colette
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Carl Larsson : roses de Noël (Hellebore) |
Sido, la mère de Colette est athée. On ne fête donc pas Noël chez elle .
"Il vous paraîtra étrange que mes Noëls d'enfant -là-bas on dit "nouel"-
aient été privés du sapin frais coupé, de ses fruits de sucre, de ses
petites flammes. Mais ne m'en plaignez pas trop, notre nuit du vingt
quatre était quand même une nuit de célébration à notre silencieuse
manière. Il était bien rare que Sido n'eut pas trouvé dans le jardin,
vivaces, épanouies sous la neige, les fleurs de l'ellébore que nous
appelions roses de Noël. En bouquet au centre de la table, leurs
boutons clos, ovales, violentés par la chaleur du beau feu, s’ouvraient
avec une saccade mécanique qui étonnait les chats et que je guettais
comme eux.
Nous n’avions ni boudin noir, ni boudin blanc, ni dinde aux marrons, mais les marrons seulement, bouillis et rôtis, et le
chef-d’œuvre de Sido, un pudding blanc, clouté de trois espèces de
raisins – Smyrne, Malaga, Corinthe – truffé de melon confit, de cédrat
en lamelles, d’oranges en petits dés.
Puis, comme il nous était loisible de veiller, la fête se prolongeait en veillée calme, au chuchotement des journaux froissés, des
pages tournées, du feu sur lequel nous jetions quelque élagage vert qui crépitait sur la braise comme une poignée de gros sel...
Quoi, rien de plus ? Non rien. Aucun de nous ne souhaitait davantage, ne se plaignait."
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Tove Jansson |
Tove Jansson : Noël
"Plus on est petit, plus Noël est important. Sous le sapin, Noël est énorme. C’est une jungle verte avec des pommes rouges et des anges tristes qui tournent sagement sur eux-mêmes au bout de leur fil et surveillant l’entrée de la forêt primitive. Celle-ci s’étend à l’infini dans les boules en verre. Grâce au sapin, à Noël, on se sent protégé de tout.
Noël est toujours empli de bruissements. Chaque fois, il y a des bruissements mystérieux avec du papier argenté, du papier doré, et du papier de soie, tout plein de papier brillant qui entoure tout et dissimule tout, et donne l'impression que l'on peut gaspiller tant qu'on veut.
Parfois on se réveille la nuit et l'on entend le bruissement agréable que maman fait en emballant les cadeaux. Une nuit, elle a peint le poêle de petits paysages et des bouquets sur tous les carreaux jusqu'en haut.
Elle prépare des rennes en pain d'épice avec des têtes rigolotes, enroule les biscuits en forme de chat, avec un raisin de Corinthe au milieu du ventre. Lorsqu'elles sont arrivées en Suède, ces pâtisseries n'avaient que quatre pattes mais au fil des ans, elles en ont eu un nombre de plus en plus important, ce qui donnait aux chats un air sauvage et décoratif. " (recueil : L'art de voyager léger)
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Carl larsson |
Je suis en Creuse pour les fêtes avec mes enfants et petits-enfants. Je vous souhaite à toutes et à tous un joyeux Noël et beaucoup de joie.
A bientôt!