Entre un père danois, pasteur, mariée à une française gauchiste, nouvelle vague et provocatrice, directrice d’un cinéma d’art et d’essai, une enfance à Bordeaux qui s’interrompt par le choc du divorce de ses parents bien mal assortis, Paul Hansen, le héros de notre histoire, se retrouve en prison à Montréal. Il a rejoint son père exilé au Quebec, plus exactement à Thetford Mines (voir ICI), dans le paysage cataclysmique d’une mine d’amiante exploitée à ciel ouvert. Pourquoi est-il en prison ? Pourquoi partage-t-il la cellule de Patrick Horton, motard appartenant à la sinistre bande des Hells Angels, malabar patibulaire qui ne rêve que d’ouvrir les gens en deux, selon son expression favorite? C’est ce que nous apprendrons peu à peu au cours du récit.
Ce que j’aime dans ce roman, c’est d’abord son ancrage dans le réel que ce soit celui des années 60-70 en France ou à partir des années 75 au Canada. Le roman s’établit, en effet, sur un va-et-vient entre le présent et le passé, entre la France et Le Canada (et plus rapidement le Danemark). Jean-Paul Dubois n’épargne pas les deux pays où il vit, et peint les travers de la France et ceux de son pays d’élection.
Ce que j’aime aussi ce sont les personnages auxquels on s’attache malgré leurs faiblesses ou leurs défauts. Paul Hansen est un homme qui aime le travail bien fait et qui a, dans ses relations envers les autres, beaucoup d’empathie et de gentillesse. Homme à tout faire de la résidence Excelsior, c’est avec dévouement qu’il s’occupe des personnes âgées de l’immeuble, et avec sérieux et compétence de l’entretien de la cité. Son histoire d’amour avec Winona, une indienne algonquine est belle et triste. L’amour qu’il porte à son chien montre que son humanisme et sa compréhension des autres ne concernent pas seulement l’espèce humaine mais s’étendent aussi aux animaux. Quant à son pasteur de père, Johanes Hansen, que dire de lui ? Qu’il est bien poignant quand on a perdu la foi, de devoir continuer pour vivre à faire un métier en lequel on ne croit plus ! Et que la dérive de cet homme, au demeurant sympathique, crée un sentiment de compassion et de nostalgie devant une vie irrémédiablement gâchée.
Mais si la tristesse est présente dans le roman, l’humour aussi, essentiellement dans le personnage de Horton, le détenu assassin. Il faut dire qu’il vaut mieux être dans les petits papiers de cette armoire à glace ! Et heureusement, pour Paul Hansen, c’est le cas ! Avec Patrick Horton, on assiste à des scènes savoureuses comme celle où il a peur d’une souris ou celle où il découvre la bible.
Pourtant si Horton, nous fait rire, il n’est pas lui-même exempt de tragique. Jean-Paul Dubois, avec ce personnage, parle de l’enfance malheureuse, de ceux qui n’ont pas de chance dans la vie. De même, il dénonce, à travers le personnage du syndic qui prend le pouvoir dans la résidence Excelsior, Edouard Sedwick, le règne du pragmatisme, et de l’efficacité qui fait fi de tout humanité et ne connaît pas le mot solidarité. Le mépris de ce technocrate, « archétype du fourbe cauteleux, du chacal sournois » envers ceux qui sont sous ses ordres, la déshumanisation des rapports humains que Sedwick introduit dans la résidence, sont dans le collimateur de l’écrivain et renforcent la sympathie que nous éprouvons envers Paul Hansen.
Un bon roman donc, entre rire et émotion, avec des personnages pour qui l’auteur éprouve une tendresse qu'il nous fait partager.
Prison de Bordeaux à Montréal |
Ce que j’aime aussi ce sont les personnages auxquels on s’attache malgré leurs faiblesses ou leurs défauts. Paul Hansen est un homme qui aime le travail bien fait et qui a, dans ses relations envers les autres, beaucoup d’empathie et de gentillesse. Homme à tout faire de la résidence Excelsior, c’est avec dévouement qu’il s’occupe des personnes âgées de l’immeuble, et avec sérieux et compétence de l’entretien de la cité. Son histoire d’amour avec Winona, une indienne algonquine est belle et triste. L’amour qu’il porte à son chien montre que son humanisme et sa compréhension des autres ne concernent pas seulement l’espèce humaine mais s’étendent aussi aux animaux. Quant à son pasteur de père, Johanes Hansen, que dire de lui ? Qu’il est bien poignant quand on a perdu la foi, de devoir continuer pour vivre à faire un métier en lequel on ne croit plus ! Et que la dérive de cet homme, au demeurant sympathique, crée un sentiment de compassion et de nostalgie devant une vie irrémédiablement gâchée.
Mais si la tristesse est présente dans le roman, l’humour aussi, essentiellement dans le personnage de Horton, le détenu assassin. Il faut dire qu’il vaut mieux être dans les petits papiers de cette armoire à glace ! Et heureusement, pour Paul Hansen, c’est le cas ! Avec Patrick Horton, on assiste à des scènes savoureuses comme celle où il a peur d’une souris ou celle où il découvre la bible.
Pourtant si Horton, nous fait rire, il n’est pas lui-même exempt de tragique. Jean-Paul Dubois, avec ce personnage, parle de l’enfance malheureuse, de ceux qui n’ont pas de chance dans la vie. De même, il dénonce, à travers le personnage du syndic qui prend le pouvoir dans la résidence Excelsior, Edouard Sedwick, le règne du pragmatisme, et de l’efficacité qui fait fi de tout humanité et ne connaît pas le mot solidarité. Le mépris de ce technocrate, « archétype du fourbe cauteleux, du chacal sournois » envers ceux qui sont sous ses ordres, la déshumanisation des rapports humains que Sedwick introduit dans la résidence, sont dans le collimateur de l’écrivain et renforcent la sympathie que nous éprouvons envers Paul Hansen.
Un bon roman donc, entre rire et émotion, avec des personnages pour qui l’auteur éprouve une tendresse qu'il nous fait partager.