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lundi 27 juin 2016

Norvège : Le château de Soria Moria et autres contes et le peintre Theodor Kittelsen


Norvège musée des beaux-arts de Oslo : Theodor Kittelsen : Kvitebjørn Kong Valemon  : Le roi ours polaire
Theodor Kittelsen : Kvitebjørn Kong Valemon  : Le roi ours polaire

Contes Norvégiens : le château de Soria Moria 


Le château de Soria Moria, vous en entendrez parler obligatoirement pour peu que vous intéressiez à la littérature et à la peinture norvégiennes. C'est l'histoire d'un petit garçon nommé Halvor qui s'engage comme mousse sur un navire. Lors d'une escale sur une île mystérieuse il part à l'aventure et oublie de rentrer avant le départ du bateau. 
Il va rencontrer successivement trois princesses retenues prisonnières par des trolls dans trois châteaux différents dont le dernier, celui de Soria Moria, (J'adore ce nom), est le plus beau. Il devra libérer les jeunes filles l'une après l'autre en affrontant des trolls de plus en plus épouvantables. Le premier a trois têtes (oui, je sais, c'est déjà pas mal) le second en a six  (ça se corse!)... et le troisième neuf!  Mais comme c'est pour les beaux yeux de la plus belle des princesses dont il tombe amoureux, Halvor n'hésite pas face au danger. Ses épreuves ne sont pas finies pour autant mais je vous les laisse découvrir.
Le schéma est bien celui des contes traditionnels de tous les pays, un voyage initiatique qui permet à un enfant de grandir, de devenir adulte, en faisant face aux difficultés de la vie et en les assumant. Mais bien sûr, nous sommes en Norvège! Nous retrouvons donc le folklore particulier des pays du Froid. Les trolls, toujours monstrueux, sont les descendants des Géants de Glace, ce peuple ennemi des Dieux Ases dont Odin est le chef. 
Les croyances païennes se superposent à celles du Christianisme dans un pays ou la christianisation gagne peu à peu la population souvent soumise à des maîtres qui se convertissent.
Dans les garçons qui rencontrèrent des trolls dans la forêt de Hedal, les trolls sont à la recherche du sang des enfants chrétiens; et dans Le château de Soria Moria, le troll qui entre dans le château s'écrie comme l'ogre du petit Poucet qui hume chair fraîche : "Huttetu! ça sent le sang de chrétien!".

Parmi les sept autres contes du recueil trois sont consacrés au personnage de Askeladd qui est un Cendrillon masculin norvégien très connu des enfants.
  Askeladd, le plus jeune des fils, ne voulait pas partir et restait près de l'âtre à fouiller les cendres comme il l'avait toujours fait."  
Ses deux frères le jalousent. Inutile de vous dire que Askeladd se révélera travailleur, malin, débrouillard et viendra à bout de tous ses ennemis. 

 Theodor Kittelsen (1857-1914) Musée des Beaux-Arts Oslo

Theodor Kittelsen 1857-1914


Theodor Kittelsen est un des peintres norvégiens les plus connus et pour ses paysages et pour ses illustrations de contes populaires. C'est lui qui a fixé l'image que l'on se fait  des trolls car personne ne peut dessiner ces créatures mieux que lui!.

J'avais raconté le conte de Soria Moria à ma petite-fille Léonie (Nini) et sa maman le lui avait lu! Aussi lorsqu'elle est arrivée dans la salle 21 du musée des Beaux-Arts d'Oslo (une jolie salle bien conçue, baignant dans une semi-obscurité, préservant le mystère du conte) elle a poussé un cri de joie en voyant ...




Norvège Musée des beaux-Arts d'Oslo :  Theodor Kittelsen : Le château de Soria Moria
Theodor Kittelsen : La princesse du château de Soria Moria

Theodor Kittelsen : Halvor Le château de Soria Moria
...  les personnages du Conte du Château de Soria Moria illustré par Theodor Kittelsen!

Norvège Théodor Kittelsen : un personnage traditionnel du conte norvégien, la sorcière au long nez
Kittelsen : Sorcière
 La sorcière au long nez qui lui sert à tisonner le feu ou à touiller la soupe est un personnage traditionnel du conte norvégien.

Et puis bien d'autres contes dont je ne suis pas toujours parvenue à trouver la traduction en français.

Theodor Kittelsen : Esprit de l'eau
Theodor Kittelsen : Skogtroll (1906)
Avec Nini nous avons constaté que les Trolls avaient une fâcheuse manie de se fondre dans les paysages et, en particulier, de se cacher dans les arbres! Dans la forêt de Balestrand, Sognefjord,  nous en avons rencontré beaucoup mais nous n'avons pas été dupes!

Norvège Sognefjord :  Troll caché dans cet arbre de la forêt de Balestrand
Troll de la forêt de Balestrand

A bon entendeur, salut! si vous allez vous promener par là-bas!

mercredi 15 juin 2016

Oslo : La National Galleriet et les peintres de la mer au musée de la marine norvégienne

Johan Christian Dahl (1788-1857) Larvik au clair de lune (1838)

Le musée national des Beaux-Arts (National Galleriet)

Je vous ai déjà amené  au musée national des Beaux-Arts d'Oslo pour y voir Edvard Munch. Mais j'y ai vu aussi les salles consacrées aux peintres norvégiens dont je vous ai parlé avant mon départ.

Je suis donc allée à la recherche de mes peintres préférés, Harald Sohlberg :  quatre tableaux dont le magnifique Nuit d'hiver à Rondane (dans les Montagnes). Allez je ne résiste pas à vous le montrer à nouveau!

Harald Sohlberg : nuit d'hiver à Rondane

je voulais voir aussi Nicolaï Astrup et il n'y avait qu'un seul tableau de lui. Heureusement vous verrez que j'ai été comblée à Bergen.

Nicolaï Astrup (1880-1928) : Soir de printemps à Jolster

Cependant les  deux plus grands peintres norvégiens avec Munch sont : Johannes Christian Dahl, le premier peintre romantique norvégien, ami de Caspar Friedrich, professeur réputé dont les élèves ont constitué une lignée de peintres célèbres instituant l'âge d'or de la peinture norvégienne : Thomas Fearnley, Peder Balke...


Johan Christian Dahl  : Hiver dans le Sognefjord (1827)
Thomas Fearnley : le glacier de Grindelwald (1838)

Peter Balke (1804_1887) Phare de la côté norvégienne (1855)

j'adore la palette de ce peintre!

Pede Balke (1804_1887) : debout dans le brouillard (1864)

Et Christian Krogh,  peintre naturaliste

Grâce à l'abondance de ses oeuvres dans les musées d'Oslo et ensuite de Bergen, j'ai pu apprécier la maîtrise et la force de son oeuvre ainsi que la diversité de ses thèmes, des scènes historiques aux Marines peignant les pêcheurs en mer, aux scènes engagées sur le plan social montrant la misère ouvrière, à la peinture de la vie familiale, quotidienne, des mères et de leurs enfants. C'est aussi un portraitiste remarquable. Le tableau que je préfère de lui est le déchirant portrait de L'enfant Malade.

Christian Krohg  (1852-1925) : l'enfant malade


Christian Krohg

Christian Krohg : fatiguée

                                     

     Les peintres de la mer au musée de la marine à Bygdoy

(Norsk Maritimtmuseum)


Christian Krohg  (1852-1925) : la voile roulée
Si je n'ai pas eu le temps de visiter le musée de la Marine sur la presque île Bygdoy, j'ai tout de même pu y admirer une petite exposition sur les peintres de Marine du XIX au XX siècle. Il n'est pas étonnant, dans un pays comme la Norvège, que les peintres peignent des Marines, vivant au bord de fjords, dans des pays où l'on se déplaçe plus aisément en barque que par route et où l'on tire la plus grande partie de ses revenus de la pêche. Ils s'y sont presque tous essayé même s'ils ne se sont pas obligatoirement spécialisés dans les paysages de la mer et des bateaux!  C'est pourquoi on y retrouve les grands noms de la peinture norvégienne : un joli panorama.

Hans Gude (1825-1903) : coucher de soleil sur le fjord de Kristiana (1872)

Anders Morsen Askevold (1835-1900) Naeroyfjorden
Karl Edvard Diriks (1855_1930) L'hiver sur la jetée de Dobak


Oslo musée de la marine Thorlof Holmboe (1866-1935) Bateau du Nordland au soleil de minuit
Thorlof Holmboe (1866-1935) Bateau du Nordland au soleil de minuit

Wilhem Otto Peters (1851-1935) : les pêcheuses de crabes (1911)
Einer Halvdans Berger (1890_1961) Flotte de pêche au port

Aksel Revold(1887-1962)

Karl-Erik Harr  1978  (1940-)



dimanche 12 juin 2016

Oslo : La presque-île de Bygdoy : Le musée des bateaux vikings/ Le musée folklorique / Le musée du Fram

Oslo musée du bateau viking presque île de Bygdoy Vikingskipshuset
musée du bateau viking

La presque-île de Bygdoy est l'une des plus agréables promenades à faire à Oslo et ceci d'autant plus que vous êtes avec un enfant. D'abord vous pouvez prendre le bateau au port, face à la mairie, et faire une courte et plaisante traversée; ensuite vous pouvez visiter tout à pied, d'un musée à l'autre, il y en a tant et pour tous les goûts! Vous ne pourrez tous les voir en un seul jour!

Le deuxième musée préféré de Léonie (6 ans), après le musée zoologique et le parc botanique d'Oslo est :

Le musée des bateaux vikings : Vikingskipshuset

Oslo Le musée des bateaux vikings : Vikingskipshuset
Le drakkar viking de Gokstad
Les trois bateaux vikings du musée ont été retrouvés dans l'Oslofjord et sont les tombeaux de personnages importants. Le drakkar d'Oseberg date de 834, celui de Gokstad de 900. Celui de Tune a été pillé et les restes sont plus fragmentaires.

Oslo Le musée des bateaux vikings : Vikingskipshuset Le bateau viking d'Oseberg
Le bateau viking d'Oseberg
 
Oslo presqsue île de Bygdoy Le musée des bateaux vikings : VikingskipshusetLe bateau viking d'Oseberg
Le drakkar d'Oseberg
 
 Dans le bateau d'Oseberg on a retrouvé les squelettes de deux femmes, l'une âgée de 50 à 70 ans, l'autre de 25 à 40 ans. On pense qu'il s'agit d'une puissante volve (sorcière) et l'autre, la plus jeune, de sa fille ou d'une servante. Elles étaient accompagnées dans la mort par 15 chevaux, 4 chiens et un taureau sacrifiés sur le drakkar.
Les objets en bois, mobilier, bijoux, armes, outils que l'on y a retrouvés sont d'une grande richesse comme le chariot, le seul connu de la période viking ou les traîneaux admirablement sculptés.

Oslo musée des nateaux vikings Chariot Viking trouvé dans le drakkar
Chariot Viking trouvé dans le drakkar

Le musée folklorique : Norsk Folkmuseum 

Oslo Norsk Folkmuseum : maison rurales presque-île de Bygdoy
Norsk Folkmuseum : maison rurales
Le musée des arts et des traditions populaires de Norvège regroupe des maisons de zones rurales ou urbaines représentatives des différentes régions de Norvège. Nous en avions vu un à Stockholm. Au début mai, beaucoup de ces édifices étaient fermés et les animations à la ferme aussi. Tout commence en Norvège à partir du 15 mai ou parfois début juin. L'intérêt, c'est qu'il y a peu de visiteurs et que la promenade est agréable et reposante. Les quelques maisons visitables sont intéressantes. 
Les maisons rurales dont certaines datent du moyen-âge, sont construites avec des rondins de bois, ont des toits fermés par de l'écorce de bouleaux, réputée imputrescible, elle-même recouverte de tourbe où l'herbe pousse en liberté, ce qui constitue une bonne isolation dans ces pays froids. Bien sûr, elles nous ont rappelé les maisons du village de Nicolaï Astrup. Certaines arborent de belles sculptures.



Oslo presque île du Bygdoy Norsk Folkmuseum maison urbaines musée folklorique
Norsk Folkmuseum maison urbaines

Fenêtre maison ouvrière : photo de Léonie
Intérieur maison d'ouvrier :  Photo Léonie
Oslo presque île du Bygdoy Norsk Folkmuseum maison urbaines musée folklorique
Immeuble bourgeois de Christiana (Oslo)
L'intérieur de cet immeuble d'Oslo reconstitue les appartements de toutes les classes sociales du XIX siècle au XX siècle. A l'étage, le décor qui a servi pour la pièce de Ibsen : La maison de poupée.

Oslo presque île du Bygdoy Norsk Folkmuseum maison urbaines musée folklorique Henrik Ibsen décor de la Maison de poupée
Le salon de La maison de poupée
 Oslo Norvège Folkmuseum  décor de la Maison de poupée musée folklorique
Décor au théâtre pour la première de La Maison de poupées

Le musée du  FRAM Frammuseet


Oslo  Le musée du  FRAM, bateau polire de Fridtjof Nansen Frammuseet
Le Fram

Le musée Fram raconte l'histoire du Fram, navire polaire qui fut construit avec une coque spéciale, renforcée, pour l'explorateur Fridtjof Nansen. Au lieu d'être broyé quand il était pris par les glaces, le vaisseau se soulevait. Il était retenu prisonnier mais ne subissait pas de dommages. La visite de cet immense navire, du pont supérieur aux salles des machines, les films qui jalonnent la visite, les photographies des explorateurs et de leurs activités, les instruments, les vêtements, les objets qui permettent d'imaginer la vie quotidienne dans le bateau pris dans les glaces du Pôle et les jeux instructifs à l'intention des enfants (mais aussi des plus grands!) font du Fram un beau musée moderne et interactif.  


Oslo Films, photographies de la vie à bord du Fram au Pôle Frammuseet
Films, photographies de la vie à bord du Fram au Pôle

Norvège Oslo Films, photographies de la vie à bord du Fram au Pôle frammuseet
Films, photographies de la vie à bord du Fram au Pôle

A l'extérieur, une belle pelouse face au fjord et au port d'Oslo nous accueille pour un pique nique ensoleillé.

Norvège Port d'Oslo vu de la  presque-île de Bygdoy Musée du Fram
Port d'Oslo vu de la  presque-île de Bygdoy Musée du Fram

Norvège Oslo  presque-île de Bygdoy Frammuseet
Oslo  presque-île de Bygdoy Musée du Fram

Sur cette presque-île nous n'avons pas eu le temps de voir le musée du Kon-Tiki et le musée de la Marine norvégienne situé à côté du Fram.

 

 

dimanche 5 juin 2016

Edvard Munch : Oslo Munchmuseet, une déception!/ Oslo National Galleriet/ Bergen Kunstmuseum

Norvège Bergen musée des beaux-arts Kode 3  Edvard Munch Jeune femme assise 1892 (musée de Bergen)
Edvard Munch Jeune femme assise 1892 (musée de Bergen)

 Munchmuseet

Je me faisais une joie d’aller visiter le musée Edvard Munch d’Oslo, le plus riche concernant l’artiste puisque celui-ci a donné ses collections à la ville qui a construit ce musée pour leur servir d’écrin: 1100 toiles, 4500 dessins et 18 000 oeuvres graphiques! 

Le musée présentait, en ce début mai 2016, une exposition mettant en relation Mapplethorne et Munch. Je n’aime pas Mapplethorne, ce photographe que je trouve, froid, nombriliste pour ne pas dire narcissique. Il se met en scène devant l’objectif et explore la sexualité. Mais peu importe! C’est Munch qui m’intéresse!

Quelle déception en arrivant au musée d’apprendre qu’il n’y a pas d’exposition permanente des tableaux de Munch. Je me suis donc retrouvée dans des salles qui mettaient beaucoup plus en valeur Mapplethorne que Munch, du moins c’est l’impression que j’ai eue, perdue dans l’avalanche de photographies de l’invité plus abondantes que les tableaux du peintre. Et comme l’univers du photographe est limité à un thème, les oeuvres de Munch l’étaient aussi. Impossible de découvrir la richesse du peintre norvégien qui peint, certes la sexualité, mais aussi l’angoisse existentielle, la difficulté de vivre, la maladie, la mort, les rapports familiaux. Impossible de voir aussi l’évolution de l’artiste d’un style à l’autre, l’évolution de la couleur qui, chez lui, est si particulière, si riche, signifiante et symbolique. C’est pourtant ce que l’on attend d’un musée Munch! C’est comme si au musée Picasso à Paris, vous ne pouviez voir ses oeuvres qu’en nombre limité et ceci au profit d’un autre artiste. Une expérience très frustrante.

Bien sûr, un musée, pour être vivant doit se renouveler et je comprends bien la nécessité des évènements temporaires. Mais que l’on ne puisse voir d'autres oeuvres, du moins une partie, indépendamment,  quand on vient de si loin pour les admirer, c’est tout de même dommage. En fait, il faut le savoir, si vous visitez le musée Munch, tout dépendra donc, pour le découvrir avec plaisir et dans toute sa richesse, de l’artiste qui lui est associé et de vos goûts. Ah! si j'avais pu voir l'expo précédente Van Gogh-Munch! Le prochain invité sera Jasper Johns.

J'ai fini par comprendre qu'en fait, si vous voulez voir une exposition permanente des oeuvres de Munch, il fallait aller au musée des Beaux-Arts d’Oslo, la Nationalgalleriett et, de même, au  Kunstmuseum de Bergen.

Heureusement, aussi, j’avais vu des très belles oeuvres de lui à Stockholm à la Thielska Galleriet Ici

                                      Edvard Munch à la National Galleriet

Munch : La danse de la vie

Edvard Munch (1863-1944) est considéré comme le plus grand peintre de l’Europe du Nord.  Il fut l’élève de grands artistes norvégiens comme Christian Krogh et Frits Thaulow. Il a participé à l’aventure de l’art  au tournant du XIX siècle et du XX siècle, sensible à différents courants artistiques lors de ses nombreux voyages à l’étranger. A Paris, en particulier, il rencontre les impressionnistes et post-impressionnistes comme Manet, Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Degas, Caillebotte. En Allemagne, il se tourne vers le symbolisme et sa peinture annonce l'expressionnisme. Il s’essaie aussi à différentes techniques comme l’eau forte, l’estampe, la lithographie, la gravure sur bois. L'art photographique a lui aussi transformé son oeuvre.
Son enfance est marquée par les décès de sa mère morte de la tuberculose alors qu’il a cinq ans et de sa soeur aînée emportée par cette maladie en 1977. Son père meurt en 1889 et son frère Andreas en 1895. Il est lui-même de santé fragile et présente des troubles mentaux. Il écrit : "J'ai reçu en héritage deux des plus terribles ennemis de l'humanité - la tuberculose et la maladie mentale - la maladie, la folie et la mort étaient les anges noirs qui se sont penchés sur mon berceau." On comprend alors qu'il soit hanté par les thèmes de la maladie et de la mort qui sont récurrents dans son oeuvre et qu'il soit en proie à une angoisse existentielle qui s'exprime dans toute son oeuvre.

Munch : L'enfant malade (détail)
Ce tableau, il le peint de mémoire en souvenir de sa soeur Sophie morte de la tuberculose. Il avait quatorze ans.  Il rappelle celui de Christian Krogh, lui aussi extrêmement émouvant. Exposé en 1886, il déclenche un scandale car il est considéré comme inachevé avec les stries qui raient le tableau comme si l'artiste avait passé sa rage sur la toile. Munch reprendra six fois ce tableau, jusqu'en 1932 : " certains me reprochent d’en avoir peint des quantités – Mais je dis : quand je suis tellement habité par cette image – et – n’est-ce pas aussi valable que de peindre des centaines de pommes ou de violons sur une table ? " Colère devant la mort, obsession qui le quitte rarement et qui trouve son apogée dans le Cri.
 
Le cri
Il existe cinq versions du Cri qui est considéré comme l'oeuvre majeure du peintre. Le paysage à l'arrière représente le fjord d'Oslo vu de Ekeberg. Evidemment ce n'est pas le réalisme du paysage qu'a cherché à rendre Munch mais l'angoisse qui étreint l'homme en proie à la déréliction. Les couleurs en particulier le rouge du ciel et ses vagues sinueuses, les tourbillons de l'eau semblables à un grand maelstrom  (on peut y voir des similitudes avec la peinture de Van Gogh), tout paraît animé d'une malveillance envers l'être humain et d'un mouvement formidable qui semble vouloir l'aspirer et l'emporter bien loin. L'homme qui porte les mains à son visage dans un geste de désespoir présente sur lui les stigmates de la mort.
Je me promenais sur un sentier avec deux amis — le soleil se couchait — tout d'un coup le ciel devint rouge sang je m'arrêtai, fatigué, et m'appuyai sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville — mes amis continuèrent, et j'y restai, tremblant d'anxiété — je sentais un cri infini qui se passait à travers l'univers et qui déchirait la nature. »

Mélancolie ( musée des beaux-Arts Oslo)
Mélancolie est considéré comme le premier tableau symboliste de Munch, faisant du peintre un précurseur de l'expressionnisme. Les couleurs cessent d'être réalistes et l'artiste ne cherche plus à reproduire ce qu'il voit mais un état d'âme.

Madone

et Kunstmuseet de Bergen : Kode 3

Bergen : musée des Beaux-Arts  Edvard Munch : Inger à la plage
Edvard Munch : Inger à la plage (1889)


L'exposition Munch du musée des beaux-Arts de Bergen est somptueuse. Les premières toiles montrent l'influence de l'impressionnisme dans l'oeuvre d' Edvard Munch. Inger est la plus jeune soeur du peintre Edvard Munch. Elle a quatorze ans. Certes, Inger est seule, rêveuse, peut-être mélancolique, mais ces portraits d'elle en robe blanche, en repos, dans un cadre paisible contrastent avec l'ensemble de l'oeuvre du peintre. J'y vois, un moment de détente à Åsgårdstrand où l'artiste  a loué, pendant l'été 1889, unlogement de vacances et où il semble baisser la garde. Plus tard il y achètera une maison.
Edvard Munch Inger au coucher de soleil (1888) musée des beaus-arts de Bergen
Edvard Munch Inger au coucher de soleil (1888)

Norvège musées des beaux-Arts de bergen Edvard Munch Matin (1884)
Edvard Munch Matin (1884)

Kunsmuseet de bergen Kode 3 Edvard Munch : femme se coiffant 1892
Femme se coiffant (détail)


Salle Edvard Munch : Kunstmuseet de Bergen Kode 3
Salle Munch : Kunstmuseet de Bergen
Les salles suivantes montrent un changement dans la manière de peindre de Munch. On y retrouve Mélancolie, une autre version de la peinture déjà découverte à Oslo, une des toiles peintes par l'artiste qui s'inspire du désespoir amoureux de son ami Jappe Nilssen. Munch, lui-même, a eu une vie amoureuse agitée et il considère l'amour comme un tourment qui apporte la douleur, celle de la jalousie, de la séparation. La femme représente des pôles contraires, attirance et peur, Eros et Thanatos. Les couleurs ne sont pas naturelles, les formes sont stylisées et les courbes des rochers et de la plage semblent rendre compte du tourment de l'âme. Le peintre peint par aplats entourés de lignes sombres comme Gauguin qu'il avait rencontré à Paris et qui exerça aussi sur lui une grande influence.

Musée des Beaux-arts de bergen Edvard Munch : Mélancolie  détail (1894_1896)
Edvard Munch : Mélancolie détail  (1894_1896)
Edvard Munch, fidèle à son habitude, a peint toute une série de femmes ou de jeunes filles sur le pont ou sur la jetée. (voir ci-dessous Femmes sur le pont et Filles sur le pont)  A priori, la beauté des jeunes filles, les couleurs éclatantes des robes qui empruntent au nabisme, paraissent optimistes voire gaies. Mais les lignes de fuite, raides et vertigineuses, l'invraisemblance des couleurs, les traits courbes du pinceau, la noirceur de l'eau que contemplent les fillettes, peuvent jeter un trouble sur leur avenir et réfutent l'optimisme en créant une sensation de malaise; mêmes caractéristiques très nettes dans La danse de la vie (voir ci-dessus) avec la symbolique des couleurs blanche, rouge et noire et le reflet de la lune sur la mer semblable à un i comme un cri aigu et sinistre.. A noter les mains cadavériques de la femme en noir qui représente la vieillesse. On voit combien Munch est en avance sur son temps puisqu'il annonce l'expressionnisme qui n'apparaîtra réellement que vers les années 1905 en Allemagne.
Edvard Munch Femmes sur le pont (1902_1903) Bergen
Femmes sur le pont (1902_1903) Bergen
Filles sur le pont
Les  visages des personnages dans les deux tableaux ci-dessous Au chevet de la morte (1895) et Soirée sur l'avenue Karl Johan (1892) sont, comme dans le Cri, ceux de morts vivants. Des crânes aux orbites creuses regardent fixement devant eux, et, certains d'entre eux, de couleur verte, portent déjà les marques de la décomposition des chairs sur eux. Rappel de la mort imminent qui nous guette tous, au chevet d'une morte comme dans les rues d'une grande ville.

Bergen Musée des Beaux-Arts Bergen kunstmuseum Edvard Munch  : Au chevet de la morte (1895)
Edvard Munch  : Au chevet de la morte (1895)

 Musée des beaux-Arts de Bergen Edvard Munch; soirée sur l'avenue karl Johan 1892
Soirée sur l'avenue Karl Johan (1892)


Bergen musée des Beaux-Arts Munch paysage d'hiver de Thüringen 1906
Munch paysage d'hiver de Thüringen 1906