Mon nom est rouge Orhan Pamuk Compagnie Papierthéâtre |
Mon nom est rouge Orhan Pamuk à La Caserne des pompiers par la compagnie Papierthéâtre .
J'ai lu Mon nom est rouge, le long roman de Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature, il y a quelques années et j'ai donc éprouvé l'envie d'aller voir cette adaptation à La Caserne des pompiers par la compagnie Papierthéâtre .
Le récit se déroule dans l'empire ottoman du XVI° siècle. L'intrigue peut être considérée comme policière puisqu'il y est question d'un cadavre jeté au fond d'un puits qui parle aux lecteurs/spectateurs pour mieux guider la recherche. Mais il est aussi tout autre chose! Il présente une histoire d'amour et surtout il est une réflexion sur les différences fondamentales entre l'art occidental et l'art oriental, sur l'influence de l'un, l'occidental, sur l'autre, et les passions exacerbées que ces interférences déchaînent puisque cela peut aller jusqu'au crime.
Le théâtre de papier et d'ombres présente une belle recherche esthétique, les personnages sont des formes découpées qui évoluent dans des décors de papier. Le spectacle est accompagné par la musique d'un maître iranien mais l'animation reste limitée et répétitive. Le découpage de ce roman complexe en tableaux ne permet pas une mise en scène dynamique. J'ai trouvé l'ensemble assez lent et ennuyeux. Seules les interventions d'un des acteurs présentant les réflexions sur l'art mises en scène d'une manière originale, relancent l'intérêt et rompent la monotonie de ce spectacle.
Le mariage de Figaro Comédiens et compagnies au théâtre des Lucioles mis en scène Jean Hervé Appéré
La pièce de Beaumarchais Le mariage de Figaro est une pièce immense, d'une importance primordiale dans la littérature par sa critique sociale des grands, son annonce de la révolution française, mais aussi par la complexité psychologique des personnages, par sa portée philosophique. Quand Mozart la reprend pour en faire un opéra, il subit la censure de la cour de Joseph II et doit faire en sorte que le livret soit expurgé de tous les passages jugés révolutionnaires parce qu'ils remettent en cause la noblesse et la société monarchique. Qu'à cela ne tienne c'est dans sa musique que Mozart mettra tout le sens de la pièce.
La pièce présentée par Comédiens et compagnie est entrecoupée d'airs de cet opéra mais subit des coupes sombres dans les monologues de Figaro qui contiennent le sens de la pièce. Et finalement ce n'est ni la pièce, ni l'opéra qui sont représentés ici. La mise en scène de Jean Hervé Appéré gomme toute la puissance du Mariage de Figaro pour en faire un divertissement sympathique mais sans grande portée. Certes, il tire le maximum de ses acteurs mais si Figaro bouge bien et peut être comique, il n'est pas à la hauteur pour incarner le tragique de Figaro, ce personnage hors du commun, ni sa portée révolutionnaire; quant au comte c'est un nigaud dont on rit mais qui devrait aussi nous effrayer! Il n'a rien du grand seigneur méchant homme que Beaumarchais a imaginé. Alors, pourquoi ne pas monter une pièce plus légère? Pour moi, une grosse déception!