La forêt mouillée de Victro Hugo appartient au recueil de Théâtre en liberté. C’est une comédie en un acte écrit en 1854 pendant l'exil de Hugo à Guernesey et qu'il n'a pas jugé assez bonne à publier ! J'avoue que je suis assez d'accord avec lui ; j’ai du mal à en voir l’intérêt si bien que je n’ai pas grand chose à en dire !
Hugo montre ici un homme ridicule que la nature accable de sarcasmes. Le personnage Denarius (qui signifie denier et rime avec niais) «sous des apparences de contemplateur, est à l’évidence un grotesque qui se méprend entièrement sur la réalité de la vie naturelle.» Son lyrisme est entaché de pédantisme et la nature n’a de cesse de se moquer de lui.
et cela donne ceci :
Denarius :
Yeux purs qui vous ouvrez dans l’ombre au bleu matin,
Douces fleurs, je ne veux aimer que vous.
Choeur des fleurs
Crétin !
Une pierre
Fossile !
L’âne
Âne !
Une grenouille
Crapaud !
Les fleurs
Porte ailleurs tes semelles !
Yeux purs qui vous ouvrez dans l’ombre au bleu matin,
Douces fleurs, je ne veux aimer que vous.
Choeur des fleurs
Crétin !
Une pierre
Fossile !
L’âne
Âne !
Une grenouille
Crapaud !
Les fleurs
Porte ailleurs tes semelles !
Je sais bien que Hugo voulait écrire une comédie à la Shakespeare et que ces papillons et fleurettes qui parlent peuvent rappeler Le songe d'une nuit d'été mais on est loin de la poésie du Songe et la réflexion ne va pas aussi loin.
Le thème traité est léger, presque inexistant : Denarius n’a jamais été amoureux et a horreur des femmes qu’il accable de sarcasmes. Apparaît dans la forêt Balminette accompagnée de madame Antioche qui discutent de leur protecteur respectif. Balminette a trouvé « un vieux », riche, qui lui promet une vie somptueuse. Elle est décidé à abandonner son amant en titre Monsieur Oscar qui est pauvre.
Denarius s’amourache d’elle au premier regard. Ainsi, lui qui méprisait les femmes tombe amoureux à première vue d’une grisette vénale et sans coeur. Il s'agit donc d'une satire de ce genre d'homme qui feint d'aimer la Nature mais ne la comprend pas et qui affirme ne pas s'intéresser aux femmes mais ne les connaît pas ! Evidemment, il s'agit d'une réminiscence transposée du Songe de la nuit d'été, pièce dans laquelle la reine des Fées, Titania, tombe amoureuse d'un homme à tête d'âne.
Peut-être la pièce aurait-elle dû avoir une suite ? Telle qu’elle est, elle s’arrête là. Et il me semble que c’est bien mince pour y trouver un grand intérêt !
La pièce n’a été mise en scène pour la première fois qu’en 1930 et l’on comprend pourquoi !
Lecture commune avec : Margotte, Nathalie
Lecture commune avec : Margotte, Nathalie